Tom, psychiatre israélien à l'hôpital de Hod Hasharon près de Tel Aviv, soigne plusieurs patients, parmi lesquels Hephraïm Steiner, musicien octogénaire, et Roshan, jeune Palestinienne enceinte mais enfermée dans le déni de sa grossesse. Deux cas passionnants pour ce médecin dont les recherches portent sur l'inaudible, sur la communication intra-utérine - et qu'obsède ce qu'il a vécu et croit avoir entendu, le 11 septembre 1995, depuis le ventre de sa mère, alors que se jouait dans l'espace un drame : Soyouz ne répondait plus.
C'est par hasard, à la faveur d'un documentaire, que Jeanne découvre Jack Preger:un homme hors du commun, fermier au pays de Galles devenu médecin sur le tard. Il arpente les bidonvilles de Calcutta et soigne sans relâche les plus démunis.La jeune femme part alors en Inde, décidée à écrire un livre avec lui. Mais le vieil homme n'a aucune envie de se confier.Pendant ce temps, en France, sa mère se bat de toutes ses forces contre la maladie. Pourquoi Jeanne éprouve-t-elle le besoin de partir si loin précisément à ce moment-là? Que cherche-t-elle à travers Jack?Au fil du voyage, des liens invisibles se tissent peu à peu entre les trois personnages, chacun réparant quelque chose chez l'autre, avec ses manques, ses blessures et sa part de lumière.
Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été?
Elsa a sept ans lorsque sa mère devient pour la première fois propriétaire. Dans le nouvel appartement, il y a une moquette vert menthe à poils ras, une chambre bleue avec des lits superposés, un frigidaire jaune, un palmier dans le crépuscule sur un mur de la salle de bains. La nuit, la mère ne dort pas. Elle fume. Blottie sous sa couette, l'enfant regarde les cloques qui boursoufflent le plafond.
L'Âge de détruire est l'histoire d'une violence qui passe de mère en fille. Un cycle infernal, dont il faudrait s'échapper ; et pour cela avancer jusqu'à atteindre, peut-être, l'âge de détruire.
Il est un temps où la mémoire réclame sa part de souvenirs, fidèles ou embellis, ou encore distordus par le passage des jours. Soixante-sept ans : c'est un âge raisonnable pour se livrer à cet exercice. Souvenirs de la classe de neige, à l'époque des premiers tire-fesses (ou « tire-flemme », en Suisse romande), souvenirs d'un bref séjour à l'École des beaux-arts, au temps de l'adolescence, souvenirs d'un labeur éprouvant, sans lendemain, souvenirs de la mort aussi ; et puis souvenirs de la famille, et notamment de trois oncles : l'un a combattu aux côtés du général Leclerc après avoir été enrôlé de force dans la Wehrmacht ; un autre a fait la guerre d'Indochine ; quant au troisième, fils d'un important fasciste italien, il est devenu un diplomate influent de la construction européenne. Trois oncles, trois fantômes qui reviennent toujours, confiant à leur neveu leur fierté, leurs souffrances, leurs petits et grands secrets, comme autant de moments douloureux de l'Histoire de France.
L'auteur évoque aussi les villes de sa jeunesse : Strasbourg, Paris, Lausanne, Aoste, Athènes, et enfin Arles, où il vit.
Et pour finir, un récit, entre réalité et fiction : deux vieux artistes vont mourir. Qui se souviendra de ces oubliés de l'Histoire de l'art ? Une histoire bâtie comme un bref roman noir.
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.
La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l'érable, mais elle n'entre pas dans la maison. Elle n'y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l'après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c'est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu'elle a de la chance avec la lumière d'octobre, la cour de la maison, l'érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu'à elle dans l'air chaud et bleu.
Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée de tous.
«Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer.Elle se le répéta bien un million de fois toutes les années qui suivirent. Elle eut d'ailleurs une hésitation, peut-être valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrée, à écouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pétaient et miaulaient sous leurs draps à cause de leurs rêves lascifs tout juste pubères. Peut-être valait-il mieux abdiquer, enrager, et se délecter de sa rage, puisqu'il y a un plaisir dans l'abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivité et du dépit, le plaisir du drapage dans la dignité, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres là-bas au loin s'amusent et se goinfrent, qu'est-ce que j'ai fait dans mes vies antérieures pour mériter ça, oh comme je suis malheureuse.Peut-être aussi que le jeu n'en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n'est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n'est désirable que parce qu'il est le jeu.»Véronique Ovaldé, à travers l'histoire d'une famille frappée par une mystérieuse tragédie, ausculte au plus près les relations que nous entretenons les uns avec les autres et les incessants accommodements qu'il nous faut déployer pour vivre nos vies.
Ils ne m'aiment pas et je ne les aime pas. Sans l'insistance de Suzanne Maupu, on se serait débarrassés les uns des autres sans autre forme de procès. Je n'aurais jamais su qui était mon père et peut-être n'en aurais-je pas été plus maudit pour autant. J'aurais mis le monde entre ces gens et moi.Moissons 2015, au coeur de la Beauce. Yanis, dix-sept ans, est de retour dans la ferme fortifée des Maupu, où il a séjourné quelques étés, petit. L'adolescent métis fait tache dans le décor:il vient des cités de Dreux, il a les cheveux longs et c'est un élève brillant. Il fait peur aussi. Que veut-il? Venger sa mère, Soraya, longtemps en confit avec les Maupu? Demander réparation pour lui-même?Le patriarche le rejette, les fils et les brus cachent à peine leur mépris. Suzanne, la femme du patriarche, fait exception, heureuse de retrouver dans les traits du jeune homme ceux de son fils mort à moto. Pourtant, ce n'est pas vers elle que Yanis se tourne mais vers un saisonnier américain, comme lui orphelin, dont il tombe amoureux.Le fils errant donne à entendre la voix émouvante d'un être en devenir, qui se débat avec ses origines et, par ses questions, par l'urgence de son désir, ébranle un monde archaïque.