Janvier ! La rentrée littéraire des éditions Gallimard
«De dix à quatorze ans, j'ai connu l'amour. Je ne le savais pas, j'aurais dit qu'il s'agissait d'amitié. J'ai fait le rapprochement bien plus tard, après m'être essayée à ce qu'il est convenu d'appeler amour : ce que j'avais connu à dix ans n'était pas d'une autre nature. À ceci près qu'il n'entrait dans la joie d'alors ni saisons ni brouillards, ce qui est rarement le cas entre adultes. C'est la sécurité affective dont j'ai le souvenir, la sécurité absolue nous baignant comme une mer chaude qui me fait appeler amour ce que nous avons partagé, Sybil et moi. Nous vivions là un privilège, une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres.»Puis le froid est venu. Il m'a fallu longtemps pour admettre que Sybil s'était détachée de moi, et encore des années pour comprendre que j'en savais bien peu sur elle.L. C.
«Je ne savais pas que les enfants avaient failli se faire tuer dans le volume précédent.Quand j'ai appris que c'était Pépère qui avait fait le coup, j'ai pigé un truc : qui ne connaît pas Pépère ne sait pas de quoi l'être humain est capable.»Benjamin Malaussène
«C'était trop. Trop vite, trop tôt. Trop peu préparé à ce nouvel assaut de souffrance et de regrets. Trop de colère contre le destin. Trop de morts. Trop de prières et de miséricorde. Trop de Toussaint aux beaux jours. Trop de plus jamais.»En l'espace de six mois disparaissent successivement la mère et le frère de l'auteur. Tandis qu'ils affrontent la maladie surgit un secret qui réécrit l'histoire de la famille.
Walter Benjamin, l'un des plus grands mythes intellectuels du vingtième siècle, est toujours parmi nous. Un groupuscule d'extrême gauche porte son nom et réalise des actions militantes énigmatiques, tandis qu'un poète se suicide à la BNF à la suite d'une conférence sur le penseur. Alertés par cette mort étrange, trois spécialistes de Benjamin se lancent à la recherche de son dernier manuscrit. Le trio nous entraîne dans une enquête vertigineuse, véritable labyrinthe de fragments, où à chaque nouvelle page se dessine un peu plus la figure de Walter Benjamin.Roman polyphonique virtuose, Le vingtième siècle donne à penser notre contemporanéité de manière singulière et originale, et à relire l'histoire du siècle passé comme celui dont Benjamin aurait été le héros.
«Zack ne marchait pas, il mesurait sa foulée. Zack ne lisait pas, il enregistrait. Zack ne randonnait pas, il grimpait. Zack ne se passionnait pas pour la NFL, il mettait au point des modèles mathématiques capables de prédire, avec une marge d'erreur infinitésimale, la composition de la meilleure équipe de football américain virtuelle. Le fantasy football... Et quelle fantaisie ! Zack incarnait la sacro-sainte technologie en marche. Zack était orange mécanique.»À Manhattan, Éléonore vit avec Zack, créateur d'une start-up en pleine ascension - une licorne. Journaliste, elle enquête sur l'entreprise d'un brillant physicien, en passe de révolutionner nos modes de communication. Son invention, un implant cérébral qui permet de «louer» la pensée des autres, attise toutes les convoitises. Projetée au coeur du système capitaliste désincarné, Éléonore découvre la cruauté d'une société qui a oublié la saveur de l'intime et l'importance des idéaux. C'est alors que surgit l'amour, tout droit venu du passé.Course à la sur-performance, dérive de l'art contemporain, folie de l'intelligence augmentée, ce roman porte sur le monde actuel un regard acéré, plein de vivacité, d'humour et d'insolence.
Au fil d'une mémoire capricieuse, Emmanuel Venet explore le capharnaüm dont nos vies sont faites - chair, paroles, histoire, culture. Avec humour, l'auteur évoque son enfance lyonnaise et son éducation à l'ombre de parents pénétrés de religion catholique et de valeurs conservatrices, son parcours spirituel, ses désillusions amoureuses, ses affinités littéraires, ou encore son expérience de psychiatre.Si les vingt-six chapitres de cet abécédaire se présentent comme des nouvelles autonomes, de A comme «auberge» à Z comme «Zweig», leur suite dessine - dans une langue splendide frayant entre récit intime, réflexion, anecdotes savoureuses et poésie - un itinéraire, et un monde intérieur fait de pièces et de morceaux, de rencontres et de surprises, de lieux communs et d'événements singuliers.
«Je regardais Maman, je n'arrêtais pas de la regarder. Elle était belle comme une actrice sans maquillage. Maman ôtait les noyaux avec une épingle à chignon. Elle avait les doigts rouges de jus de cerise comme si elle avait pratiqué une autopsie à main nue. Papa est arrivé et lui a donné une tape près de l'épaule. Elle a sursauté et s'est concentrée sur les cerises. Les photos du prospectus gondolaient sous les taches de jus. J'ai regardé mes parents à travers le fond de mon verre. Ils étaient rétrécis et avaient l'air de ce qu'ils ne sont jamais : oniriques.»Après plusieurs années à Paris, Lily est de retour dans les Vosges, où elle a grandi. Elle crée un jeu de miroirs sensible entre son passé et son présent, entre Paris et la campagne. Les détails du quotidien dans son village ravivent en elle les défaillances de ses premiers pas dans l'édition, le souvenir des auteurs, des cafés, et celui d'un amour croisé à Saint-Germain-des-Prés.Lily, qui se heurtait naïvement au métro, aux vitrines, se heurte au langage de la campagne, aux fêlures de son enfance, aux images de son père disparu et de sa mère enfuie de sa chambre d'hôpital, que tout le monde cherche. La jeune femme pose un regard poétique et malicieux sur tout ce qui l'entoure, observe avec légèreté personnages et parfums, lieux et sensations, comme si seule l'inépuisable variété des choses infimes pouvait lui rendre un peu ce qui lui manque le plus.
S'apercevant un matin qu'elle ne fait plus de rêves, la journaliste Camille Dutilleul part à leur recherche. Son enquête la mène à un groupe de scientifiques qui étudient l'influence de l'eau sur les songes : il y aurait chez les endormis, transmis par l'eau, un royaume unique et commun. Mais leur principal sujet d'études, Andrea, un jeune poète napolitain, est malade. Lui non plus ne rêve plus et sa peau bleuit.Camille l'enlève. Commence alors une cavale au ralenti dans un monde gagné par le virus de la hâte. De la rue Bernoulli à la Touraine, de Belgrade à Istanbul, les rêveurs de tous les pays s'unissent contre ce qui fait écran entre eux.Roman d'aventures, polar existentiel, La disparition des rêves nous embarque dans un fabuleux road trip.
«Je marchais à pas lents de bout en bout dans la Maison, et la traîne de fourrure me suivait comme un lourd serpent louvoyant. Bêtes fauves, bois de camphre, pin qui brûle et pain qui fume, j'emplissais la Maison de chaleur et de lumières. J'en étais la force vitale, l'organe palpitant dans un thorax de charpentes et de pignons.»Hantée par un âge d'or familial, une femme décide de passer toute son existence dans la grande maison de son enfance, autrefois si pleine de joie. Pourtant, il faudra bien, un jour ou l'autre, affronter le monde extérieur. Avant de choisir définitivement l'apaisement, elle nous entraîne dans le dédale de sa mémoire en classant, comme une aquarelliste, ses souvenirs par saison. Que reste-t-il des printemps, des étés, des automnes et des hivers d'une vie?