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Les classiques du dimanche
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La ballade de la geôle de Reading
Oscar Wilde, Frans Masereel, Jean Guiloineau
- Interferences
- Domaine Anglo-Sason
- 9 Avril 2025
- 9782909589510
Publiée en 1898, d'abord sans nom d'auteur, avec le seul
matricule C.3.3., La Ballade de la geôle de Reading, inspirée par son
séjour en prison, est la dernière oeuvre d'Oscar Wilde parue de
son vivant. Écrivain célèbre, esthète et dandy, dramaturge
connu de tout Londres, homosexuel notoire et homme à
scandale, Oscar Wilde fut arrêté et condamné le 25 mai 1895 à
deux ans de travaux forcés pour « outrage aux bonnes moeurs »
à la suite d'un procès humiliant.
Si la Ballade nous parle de l'exécution d'un soldat pendu pour
avoir tué sa femme par jalousie, elle est aussi et surtout un
moyen d'aborder des thèmes bien plus larges, depuis les
conditions de vie des prisonniers jusqu'à des interrogations sur
la culpabilité, la responsabilité, individuelle et collective, sur
l'amour et la mort. -
Pedro Pdramo est l'une des plus grandes oeuvres du XX' siècle, un classique contemporain. Tout comme Kafka et Faulkner, Rulfo a su mettre en scène une histoire fascinante, sans âge et d'une beauté rare : la quête du père qui mène Juan Preciado à Comala et à la rencontre de son destin, un voyage vertigineux raconté par un choeur de personnages insolites qui nous donnent à entendre la voix profonde du Mexique, au-delà des frontières entre la mémoire et l'oubli, le passé et le présent, les morts et les vivants.
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Inédit en français, Les cendres de Gramsci (Le ceneri di Gramsci) est le plus célèbre des recueils de poèmes de Pier Paolo Pasolini. Publié en Italie chez Garzanti en 1957 et lauréat du prestigieux prix Viareggio (ex aequo avec Les Poésies de Sandro Penna, dans la section poésie, Le Baron perché d'Italo Calvino et Valentino de Natalia Ginzburg, dans la section récit), il est traduit aujourd'hui intégralement pour la première fois en français. Seulement quelques poèmes avaient été déjà traduits et intégrés dans des anthologies dans les années 1980. Le volume est composé de onze poèmes datés de 1951 à 1956. Le titre est emprunté à un poème imaginé devant la tombe d'Antonio Gramsci, pas loin de celle de Shelley (comme nous le fait remarquer Pasolini lui-même dans une note), au cimetière non-catholique de Rome. Plusieurs poèmes font référence à des évènements de l'époque, entre autres l'accusation d'obscénité vis-à-vis de son roman Ragazzi di vita. L'écriture poétique du recueil tend à la prose, effleure l'essai, on reconnait les circonvolutions de la pensée propre à Pasolini, ses paysages, ses prises de position, ses questionnements, son lyrisme en action. C'est une écriture en vers à la fois intellectuelle et populaire, qui cherche à dépasser cette binarité, pour affirmer une nouvelle « poésie civique ». Notre édition est bilingue italien-français.
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Nous avons les mains rouges
Jean Meckert
Coup de coeur- Joelle Losfeld
- Arcanes
- 16 Janvier 2020
- 9782072870477
C'est en 1947 que Jean Meckert publie Nous avons les mains rouges.
Quatre mois avant Sartre, il s'attaque à la Résistance et à l'épuration qui a accompagné la Libération.
De quoi parle ce roman noir et puissant ? Laurent Lavalette est embauché dans la scierie de d'Essartaut, un veuf qui vit dans les montagnes avec ses deux filles et un homme à tout faire, Armand.
Laurent apprend vite que le patriarche est à la tête d'un réseau de résistants qui n'a pas déposé les armes et qui, régulièrement, organise des expéditions pour punir ceux qui se sont enrichis durant la guerre tandis que d'autres se battaient. Malgré les réticences de Laurent à s'engager dans des mesures expéditives, il prête cependant parfois main forte.
Pour ses partisans qui n'ont pas mesuré leurs efforts durant la Guerre, la Libération a un goût amer, elle ne tient pas ses promesses d'égalité, de justice et de grand chambardement. Toutefois cette lutte sanguinaire laisse Laurent perplexe : « Laurent se demanda un moment en quoi cette doctrine différait du fascisme contre lequel ces résistants avaient combattu. » Comme dans la plupart des romans de Meckert mais aussi dans ceux qu'il écrira plus tard pour la Série Noire sous le pseudonyme d'Amila, le protagoniste de Nous avons les mains rouges est cet homme droit mais seul, réfractaire aux embrigadements de tout genre.
Passionnant document sur un moment d'Histoire trouble et peu visité, ce roman est dans le même mouvement profondément humain.
Présenté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche
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«L'Histoire d'un coeur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais pas mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet [...]. Cela n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. Je veux apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles - en étant une moi-même.» Flaubert, Lettre à Edma Roger des Genettes, 19 juin 1876.
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Morphine
Mikhaïl Boulgakov
Coup de coeur- GINKGO
- Petite Bibliotheque Russe
- 9 Décembre 2022
- 9782846795081
Morphine, publié en 1927, mais dont l'idée germa dès 1917, alors que l'écrivain était responsable du dispensaire d'un chef-lieu de canton, relate le destin tragique d'un médecin devenu morphinomane.
« Le 17 janvier. Tempête, pas de consultation. Ai lu pendant mes heures d'abstinence un manuel de psychiatrie, il m'a produit une impression terrifiante. Je suis fichu, plus d'espoir. J'ai peur du moindre bruit, je hais tout le monde quand je suis en phase d'abstinence. Les gens me font peur. En phase d'euphorie, je les aime tous, mais je préfère la solitude. » Le journal halluciné d'une descente aux enfers, dans les affres du manque, aux limites de la folie, par l'auteur du Maître et Marguerite.
Dans la superbe traduction de Marianne Courg - 1992.
Le récit Morphine fut publié en décembre 1927, dans la revue Le Travailleur médical. En fait, le dessein premier de l'oeuvre est bien antérieur puisque Mikhaïl Boulgakov avait commencé à travailler sur ce texte dès la fin de 1917.
Il songeait alors à écrire un roman qu'il voulait intituler Maladie. L'ouvrage devait rendre compte de l'état d'esprit d'un Boulgakov bouleversé par les événements révolutionnaires. Certes il ne pouvait être question de publier un tel livre en Russie mais, en ces années-là, l'écrivain envisageait sérieusement d'émigrer. Ces circonstances expliquent sans doute pourquoi Mikhaïl Boulgakov revient en 1927 à un projet vieux de dix ans, elles expliquent pourquoi ce récit possède une telle intensité romanesque, un tel impact psychologique. Texte tendu à l'extrême, Morphine est aussi un véritable cryptogramme autobiographique où Mikhaïl Boulgakov expérimente pour la première fois cette structure en abyme qui sera magistralement utilisée dans Le Maître et Marguerite.
Il s'agit du journal d'un jeune médecin, le docteur Poliakov, affecté juste après la Révolution russe à un poste dans une clinique rurale. Il y sera le seul médecin, assisté d'Anna, une infirmière dévouée. Il est atteint d'un mal qui n'est jamais nommé dans le récit, mais dont seule la morphine parvient à atténuer les effets. À ceci s'ajoute l'isolement et la solitude, nouveaux pour cet homme habitué à la grande ville où il a suivi ses études. Poliakov tombe alors dans la toxicomanie sous le regard impuissant d'Anna, qui voit augmenter les commandes de morphine pour le dispensaire. Bientôt, le narrateur éprouvera les affres du manque et sombrera dans la détresse et la folie, dont seul le suicide le sortira.
Le journal du médecin retrace la chronique de sa dépendance à la morphine, de sa première injection à la dernière un an plus tard.
Il vit d'abord l'euphorie - Puis le désespoir. Le docteur Poliakov décrit minutieusement sa déchéance, la fréquence des injections et leurs effets. Il exprime sa détresse et raconte sa dépendance de plus en plus forte à la drogue. Il écrit dans son journal de bord : « Je suis empoisonné, ce n'est pas un journal mais l'histoire d'une maladie ».
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Rendez-vous à Positano
Goliarda Sapienza
Coup de coeur- Le Tripode
- Meteores
- 14 Juin 2018
- 9782370551641
Rendez-vous à Positano est un roman d'amour, un texte dédié à une femme et un lieu. Dans l'après-guerre, Goliarda Sapienza découvre un modeste village hors du temps, niché tout près de Naples : Positano. Elle y fait la connaissance d'Erica, une jeune femme qui allait devenir pendant près d'une vingtaine d'années une soeur d'âme. Longtemps après la disparition de son amie, en 1985, l'écrivaine décide de revenir sur cette histoire pour sauver de l'oubli ce qui fut balayé par le destin.
"Que se réjouissent les admirateurs que l'inoubliable Modesta a entraînés à sa suite dans l'inépuisable Art de la joie. Et que salivent aussi les novices. Nul besoin d'avoir les clés du temple pour accéder à ce nouveau trésor. Puisque Goliarda n'a jamais suivi l'ordre des choses, ils peuvent entrer dans son oeuvre par la porte de sortie. L'éblouissement n'épargnera personne [...]"
Marine Landrot, Télérama -
Paris, 1944. Guillaume Arnoult recherche, après quatre ans de guerre, les traces d'Irène. Il la retrouve au moment où il apprend la condamnation à mort d'Hersent, journaliste politique, qu'il a connu familièrement pendant ses années de jeunesse... Avant de rejoindre une unité combattante comme correspondant de guerre, il passe avec Irène une longue nuit au bord d'une plage du Nord. Ce n'est pas la plage de Scheveningen, mais la mer est là, près d'eux, dont la rumeur accompagne leurs angoisses, leurs souvenirs et l'obsession, surtout, du meurtre et de la trahison... On ne refait pas le passé, mais après cette nuit-là, peut-être Guillaume et Irène sauront-ils mieux «où est la vie, et ce qui vaut la peine d'être vécu».
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Les liaisons dangereuses
Pierre Choderlos de Laclos
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 3 Mars 2011
- 9782070119370
Il y a des livres dont le succès ne surprend personne. Les Liaisons dangereuses, en 1782, n'est pas de ceux-là. L'auteur, un officier d'artillerie, n'a guère de réputation dans le monde des Lettres. Son libraire prévoit un tirage convenable, mais prudent : 2000 exemplaires. Le roman sort en mars. On se l'arrache. On le dénonce, on l'admire, on le dénonce en l'admirant. C'est «le mécanisme même de la scélératesse développée dans tous ses ressorts». Chacun fait des «applications» : de quel libertin réel ce «délicieux infâme» de Valmont est-il le portrait ? L'auteur n'est pas épargné : «Parce qu'il a peint des monstres, on veut qu'il en soit un.» Le libraire, lui, ordonne une réimpression. Cela ne fait que commencer. Il est difficile de cerner les raisons d'un succès. À écouter les premiers lecteurs, celui des Liaisons tiendrait en partie à l'ambiguïté du livre. L'auteur est-il lui-même un Valmont de garnison, ou a-t-il au contraire fait oeuvre morale en dénonçant les mauvaises moeurs ? Vaine question : Laclos a très habilement décentré la question morale. Et puis, quand on aurait expliqué les motifs du succès, que dire de sa durée ? Les livres à la mode se démodent ; pas les Liaisons. Très vite, les héros se mettent à vivre dans l'imaginaire du public. Bientôt, ils montent sur le théâtre. Marie-Antoinette chante Les Adieux de la présidente de Tourvel, romance. Les imitations, suites ou «suppléments» fleurissent. Les rumeurs circulent. On aurait interdit la vente de l'ouvrage. Mais la première condamnation attestée date de 1823 : la Restauration n'a pas apprécié cette peinture de la société d'Ancien Régime. Plus tard, la critique marxiste verra dans le roman le pamphlet politique d'un homme déçu par l'aristocratie. Des écrivains, Baudelaire, Gide, Suarès, Giraudoux, Malraux, apportent leur pierre à l'édifice. Et des illustrateurs : à chacun sa lecture, du néoclassicisme aux éclairages les plus crus. On continue à s'emparer des héros de Laclos pour leur faire vivre d'autres aventures. Chez Pascal Quignard, Merteuil exilée rencontre Jane Austen. Certaines incarnations font date. Jeanne Moreau est aussi inoubliable au cinéma en 1959 (Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim, dialogues de Roger Vailland) qu'au théâtre en 2007 (Quartett de Heiner Müller, 1982). Il y aura d'autres pièces, d'autres films, d'autres actrices (Glenn Close) regardées par d'autres écrivains (Philippe Sollers), deux cents ans après une Révolution dont l'oeuvre de Laclos aurait été l'une des «causes secrètes». On peut désormais tout savoir des Liaisons sans avoir lu le roman. Mais on peut aussi le lire : après tout, c'est l'un des plus grands livres qui soient. Il est publié ici d'après une édition rare, datée de 1787 et sans doute préparée par Laclos lui-même. Suit un éventail de réactions, de critiques, d'adaptations, de continuations et d'images qui
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En exergue de cet étonnant récit, une histoire juive : «Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Étoile ? Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine.» Voici, annoncé en quelques lignes, ce qui anime le roman : l'inguérissable blessure raciale.À travers le narrateur, Raphaël Schlemilovitch, en trajets délirants, mille existences qui pourraient être les siennes passent et repassent dans une émouvante fantasmagorie. Mille identités contradictoires le soumettent au mouvement de la folie verbale où la tragédie la plus douloureuse se dissimule sous la bouffonnerie. Ainsi voyons-nous défiler des personnages réels ou fictifs : Maurice Sachs et Otto Abetz, Lévy-Vendôme et le docteur Louis-Ferdinand Bardamu, Marcel Proust et les tueurs de la Gestapo française, le capitaine Dreyfus et les amiraux pétainistes, Freud, Rebecca, Hitler, Eva Braun et tant d'autres, comparables à des figures de carrousels tournant follement dans l'espace et le temps.
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Si c'est un homme
Primo Levi, Martine Schruoffeneger, Philippe Claudel
- Pocket Documents Et Essais
- 1 Octobre 1988
- 9782266022507
Ce témoignage est l'un des premiers sur les camps d'extermination nazis.
« On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur.
Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité. »
Angelo Rinaldi
« Ce volume est aussi important que la Bible. Un Livre fonda une religion humaniste il y a des millénaires. Un autre Livre raconte la fin de l'humanité au XXe siècle. » Frédéric Beigbeder -
«Je suis une mouette. Non, ce n'est pas ça... Vous vous souvenez, vous avez tiré une mouette ? Survient un homme, il la voit, et, pour passer le temps, il la détruit... Un sujet de petite nouvelle... Ce n'est pas ça... (Elle se passe la main sur le front.) De quoi est-ce que je ?... Je parle de la scène. Maintenant, je ne suis déjà plus... Je suis déjà une véritable actrice, je joue avec bonheur, avec exaltation, la scène m'enivre et je me sens éblouissante. Et maintenant, depuis que je suis ici, je sors tout le temps marcher, je marche et je réfléchis, je réfléchis et je sens que, de jour en jour, mes forces spirituelles grandissent...» Le motif de la pièce tout entière est contenu dans cette réplique de Nina : comme le soulignent les traducteurs, ce qui domine là, c'est «l'illusion, la déception, l'essor, la désillusion, le fait d'être tourné vers le futur et d'attendre l'irréel, ou de regarder vers le passé et d'attendre que ce passé découvre un espoir d'y voir ce qui n'y était pas, une réconciliation possible».
C'est la version originale de la pièce, plus longue, écrite en 1895, qui est donnée ici. En annexe, la version académique, stanislavskienne, toujours jouée depuis 1896.
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« Sous le pont Mirabeau coule la Seine »... Parmi les vers que les amoureux de poésie murmurent de temps à autre, bon nombre, sans aucun doute, proviennent des pages vivifiantes d'Alcools. Ce recueil révèle la fascination d'Apollinaire pour l'esprit nouveau des premières années du XXe siècle. Il nous fait don de mots en liberté qui chantent la mélancolie des souvenirs d'amours défuntes, la magie des légendes rhénanes, la beauté mouvementée de la vie urbaine moderne. Un véritable kaléidoscope.
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Dans le demi-monde parisien de la Belle Époque, un jeune homme fin et séduisant, que l'on surnomme Chéri, s'introduit chaque jour chez Léa de Lonval, une courtisane d'une cinquantaine d'années. Alors que les deux amants semblent inséparables, l'annonce du mariage de Chéri avec la jeune Edmée sonne le début de l'incompréhension mutuelle, aiguisant la conscience du passage du temps et la crainte d'une solitude irrémédiable. Publié en 1920, Chéri opère un tournant dans l'oeuvre de Colette, lui assurant reconnaissance et succès. Après l'avoir adapté pour le théâtre, avec la collaboration d'un jeune dramaturge, elle en imagine une suite en 1926 : La Fin de Chéri. Explorant les dégâts de la rupture amoureuse comme ceux de la Grande Guerre, ce second roman montre un homme incapable de goûter à la liesse des Années folles. De cet être désenchanté, Colette a fait l'une de ses plus célèbres créatures romanesques.
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Avec le langage même de la vie, l'auteur relate la confession d'un garçon d'étage voyeur et onaniste. L'humanité, considérée comme un entomologiste regarde les insectes, y semble cruellement dépersonnalisée, ce qui est une façon de peindre le malaise de l'homme moderne.
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Oeuvres complètes Tome 1 ; théâtre, poésie
Jean Racine
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 3 Mars 1999
- 9782070115617
Republier les éditions originales de Racine, c'est l'immerger dans son contexte littéraire immédiat ; aussi chacune des tragédies est-elle suivie des textes critiques qu'elle a pu susciter à sa création : la célèbre Dissertation sur le Grand Alexandre rédigée par Saint-Évremond, La Folle Querelle ou la Critique d'Andromaque, comédie de Subligny montée par Molière sur son théâtre, l'Entretien sur les tragédies de ce temps de De Villiers, etc. Les préfaces des différentes éditions des pièces sont également reproduites. Ces textes aident à comprendre le déroulement de la création racinienne, à évaluer les enjeux des oeuvres et l'accueil qu'elles ont reçu, à mesurer les résistances que Racine, malgré ses triomphes et ses appuis, n'a cessé d'affronter, ainsi que la manière dont il a, selon les cas, tenu compte, ou non, de ces critiques.
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Le Père Noël existe-t-il ? À six ans, Buddy n'en doute pas. Sa certitude lui vient de Sook, sa tante bien-aimée qui l'élève loin de ses parents divorcés, peu après sa naissance. Mais son père, dont il ne sait rien, souhaite sa présence à La Nouvelle-Orléans pour Noël. Il part, la mort dans l'âme, avec un seul espoir, un espoir absurde : voir la neige. Un inconnu l'accueille, chaleureux mais étrange, qui, pour l'enfant, vit dans un luxe inouï, entouré d'amis et de jolies femmes. Vient la nuit de Noël dans une maison en fête. Buddy désorienté ne peut dormir. Et dans son insomnie, à l'aube, lui viendra la douloureuse révélation. Pas de traîneau dans la cheminée, pas de clochettes, mais des paquets disposés sous le sapin traditionnel par un père qui se voudrait aimant et généreux. Il repartira pourtant avec un somptueux cadeau dont il rêvait, un avion à sa taille et comme prêt à s'envoler, mais une souffrance va rester présente en lui, «une souffrance qui jamais ne m'a quitté, jamais ne me quittera». Truman Capote, l'«enfant terrible» des lettres américaines, salué comme un maître de l'écriture à dix-huit ans, montre une fois de plus, dans ce bref conte autobiographique doux-amer, sa maîtrise absolue du style et témoigne de cet art de « sous-écrire» qu'il évoquait récemment dans la préface de son dernier recueil, Musique pour caméléons.
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À la suite d'une épidémie d'encéphalite qui ne frappe que les hommes, les femmes les remplacent dans leurs rôles sociaux, et c'est une Présidente, Sarah Bedford, féministe dure, qui s'installe à la Maison-Blanche. Le Dr. Martinelli, qui recherche un vaccin contre l'encéphalite, est enfermé avec d'autres savants à Blueville, dans une «zone protégée» qui les tient à l'abri de l'épidémie mais dans un climat de brimades, d'humiliations et d'angoisse. Martinelli acquiert vite la conviction que son vaccin ne sera pas utilisé, du moins sous l'Administration Bedford. C'est paradoxalement chez les femmes qu'il trouvera ses alliées les plus sûres et par les femmes qu'il sera libéré. Mais, une fois Bedford remplacée à la Maison-Blanche par une féministe modérée, Martinelli saura-t-il s'adapter à une société où les hommes ne jouent plus qu'un rôle subalterne?
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Une trop bruyante solitude
Bohumil Hrabal
- Robert Laffont
- Pavillons Poche
- 1 Décembre 2015
- 9782221188743
" Si je suis venu pour quelque chose au monde, c'est pour écrire Une trop bruyante solitude. " Bohumil Hrabal.
Hanta, ouvrier depuis trente-cinq ans dans une usine de papiers destinés au recyclage, boit de la bière, déambule dans les rues de Prague, lit et ressasse la mission dont il s'est lui-même investi : sauver la culture en arrachant à la mort des trésors injustement condamnés. Instruit presque malgré lui par la lecture des ouvrages interdits destinés au pilon, il va faire renaître ces chefs-d'oeuvre sous la forme d'une autre oeuvre : les pages broyées sont transformées en balles de papier décoratives et décorées. Bientôt, il se retrouve seul, entouré de ses créations.
Divers incidents et personnages tragi-comiques viennent émailler cette fable sensible et émouvante qui est aussi un cri de révolte lancé à l'assaut des sociétés totalitaires.
Publié en 1976 à Prague, Une trop bruyante solitude est le chef-d'oeuvre d'un des plus grands écrivains tchèques. Il a été adapté au cinéma par Vera Caïs en 2011 avec Philippe Noiret dans le rôle principal. -
Charles Yellowplush, fils d'une mère à la vertu incertaine, est contraint dès son plus jeune âge d'embrasser la très instructive profession de valet de pied. Après des débuts décevants, il parvient à entrer au service du fils d'un pair d'Angleterre, viveur sans scrupules. Yellowplush a un penchant inné pour la distinction et le raffinement aristocratiques, dont après tout on peut jouir même aux côtés d'un jeune lord sans fortune, tricheur, voleur et prêt à toutes les fourberies. De ce maître mémorable, il recevra des leçons qu'il saura mettre à profit - la principale étant peut-être que la loyauté, si belle qu'elle soit, n'a pas l'absolu devoir d'empiéter sur un salutaire instinct de survie. William Makepeace Thackeray (1811- 1863), auteur de La Foire aux vanités et de Barry Lyndon, rival de Dickens à l'ironie mordante, fut l'un des plus grands romanciers anglais du XIXe siècle.
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Chaque bled, même paumé, a son héros. À Enigma, Géorgie, où la canicule suce la terre, on guette depuis des mois l'arrivée d'une Cadillac. On attend l'enfant prodigue du pays, le Chanteur de Gospel, une sorte de messie dont chaque passage s'accompagne de mystères. Il va, cette fois, chanter en souvenir de Mary Bell, l'autre soleil d'Enigma, une gamine poignardée soixante et une fois. Le shérif le sent, ce crime sacrilège rendra la foule difficile à tenir. Les idoles sont fragiles et l'amour comme la haine peuvent être gravés sur les mains d'un même homme. Qui sait ce que la folie qui couve en ville réservera au Chanteur ?...
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"placé du côté de la légèreté, du sourire, le roman de pouchkine est unique dans la littérature russe : il n'apprend pas à vivre, ne dénonce pas, n'accuse pas, n'appelle pas à la révolte, n'impose pas un point de vue, comme le font, chacun à sa façon, dostoïevski, tolstoï, ou, plus près de nous, soljénitsyne et tant d'autres, tchekhov excepté.
En russie, chacun peut réciter de larges extraits de ce roman-poème qui fait partie de la vie quotidienne. a travers l'itinéraire tragique d'une non-concordance entre un jeune mondain et une jeune femme passionnée de littérature, il est, par sa beauté, par sa tristesse et sa légèreté proprement mozartiennes, ce qui rend la vie vivable. " andré markowicz, qui s'applique depuis des années à faire connaître la richesse de la littérature classique russe, propose ici une remarquable traduction en octosyllabes rimés du chef-d'oeuvre de pouchkine.
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Les critiques ont compris dès sa parution que cette oeuvre constituait l'effort le plus ambitieux de son auteur.En octobre 1948, Faulkner notait à propos de Parabole : «C'est l'histoire du Christ dans l'armée française, un caporal et une escouade de douze hommes, un général qui est l'Antéchrist, et qui l'attire au sommet d'une colline pour lui offrir le monde. Symbolique et irréel... Le corps du caporal est choisi pour celui du soldat inconnu. Le Christ revit dans la foule.»Parabole est une métaphore : «Quand le dernier glas du destin aura sonné et disparu du dernier et dérisoire rocher suspendu inamovible dans le dernier couchant rouge», disait Faulkner en parlant de l'homme, «il y aura quand même un bruit, un seul : celui de sa petite et inépuisable voix, parlant encore.»Faulkner tente ici l'impossible : élever cette «petite voix» de l'écrivain perdu dans un siècle d'aliénation à la puissance des grandes orgues de l'humanisme.
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L'Amant de Lady Chatterley et autres romans
David Herbert Lawrence
Coup de coeur- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Octobre 2024
- 9782072995606
Le plus célèbre des couples nés de l'imagination de D. H. Lawrence est celui que forment Constance, une aristocrate, et Mellors, un garde-chasse. Publié à compte d'auteur en 1928, circulant sous le manteau jusqu'en 1959, encore objet d'un procès pour obscénité en 1960, L'Amant de Lady Chatterley fit scandale, en raison notamment de sa description de la sexualité féminine. Mais il devrait rester dans les mémoires à un autre titre : c'est un très grand livre. Joyce, Woolf, T. S. Eliot ont été sensibles à la guerre que mena Lawrence contre le roman réaliste «à l'ancienne», en faveur de l'effacement de la frontière entre roman et poésie. «Ne me donnez rien de fixe, rien de figé, rien de statique», disait-il. Femmes amoureuses est un roman «jamais contenu, jamais confiné, jamais dominé de l'extérieur». Le réel y est fractal. Lawrence écrit vite puis il reprend ses manuscrits, les révisions sont incessantes, il faut épouser la vérité changeante de l'instant. L'expression doit privilégier non l'achèvement, mais le processus, non la stabilité, mais le vacillement. Toile de fond du recueil de novelettes (La Coccinelle, Le Renard, La Poupée du capitaine) ici joint aux deux grands romans, la guerre de 14 est passée par là, marquant l'écriture de Lawrence. Le soufre des adultères victoriens paraît éventé ? Le romanesque selon Lawrence reste une «bombe». S'engouffrent par la brèche ainsi ouverte «des sentiments nouveaux, vraiment nouveaux, une lignée entière de nouvelles émotions».