De quelle espèce les Anglais descendent-ils ? Pourquoi les Allemands arrivent-ils toujours en retard à un rendez-vous ? Les Chinois sont-ils aussi sages qu'ils veulent bien le dire ? Est-il vrai que les Irakiens parlent exclusivement en usant de métaphores ? Les Français auraient-ils oublié leurs bonnes manières ?
À toutes ces questions, et bien d'autres, Populations répond sans détour.
Anne-James Chaton, I Have the solution for the planet est la première publication dédiée au travail plastique de l'écrivain et performeur Anne-James Chaton. L'ouvrage rassemble 18 séries d'oeuvres réalisées entre 2003 et 2022, accompagnées de textes inédits de l'éditeur et écrivain Frédéric Boyer, de l'historienne de l'art et critique Jo Melvin, d'Emmanuel Tibloux, directeur de l'EnsAD, et d'un entretien entre le musicien Carsten Nicolai et Anne-James Chaton réalisé au cours du printemps 2022.
Anne-James Chaton est écrivain. C'est ce qu'on dit de lui le plus souvent. Il est aussi musicien et performeur, et traverse depuis plusieurs années les paysages de la poésie sonore expérimentale. Anne-James Chaton est aussi artiste plasticien. Sa production s'est toujours faite plus discrète que ses oeuvres littéraires. Les terrains d'expérimentations sont pourtant les mêmes, il s'agit toujours d'écriture.
I have the solution for the planet fait état des lieux de cette production et rassemble pour la première fois dix-huit séries d'oeuvres réalisées entre 2003 et 2022. Les séries sont volontairement éclatées dans l'ouvrage, se déjouant de toute tentative de lecture purement chronologique ou thématique. Car chaque série tient à une autre, et la répétition, le bégaiement de certaines d'entre elles produit cet effet de saturation indispensable pour s'immerger dans le travail.
Le principe qui guide la présentation des oeuvres a été de ne pas systématiquement les reproduire. Car si certaines d'entre elles ont une matérialité physique définitive, d'autres viennent ici trouver une forme nouvelle, spécifique à la page.
Des notices rédigées par Anne-James Chaton sont reproduites. Comme des règles de composition, elles exposent l'apparition et le fonctionnement de chaque série. L'ensemble est ponctué par la publication de trois textes inédits signés par l'éditeur et écrivain Frédéric Boyer, par l'historienne et critique d'art Jo Melvin, par Emmanuel Tibloux, directeur de l'EnsAD, et se conclut par un entretien entre Carsten Nicolai et Anne-James Chaton réalisé au cours du printemps 2022.
« A-t-on des nouvelles de monsieur de La Pérouse ? » aurait demandé Louis XVI alors qu'il s'apprêtait à mon- ter sur l'échafaud. Nous sommes en 1793 et malgré tous les efforts de l'expédition de recherche dirigée par l'amiral d'Entrecasteaux, il n'y a aucune trace du lieutenant de vaisseau Jean François de Galaup, comte de La Pérouse, parti de Brest le 1er août 1785 pour un voyage d'exploration autour du monde aux commandes de L'Astrolabe et de La Boussole. Le mystère n'a fait que s'épaissir, et ce malgré les enquêtes menées par les députés de l'Assemblée Natio- nale de 1791 jusqu'aux récentes recherches de la gendarmerie nationale de Rosny-sous-Bois.
L'auteur et performeur Anne-James Chaton reprend l'enquête à zéro, et puisque rien n'a permis jusqu'à pré- sent de résoudre l'énigme, il use d'autres méthodes. L'affaire La Pérouse convoque les journaux de bord de James Cook et de Bougainville, les grands romans d'aventure de mer et de piraterie, de Daniel Defoe, de Robert Louis Stevenson, de Jack London, les maîtres du roman policier comme Agatha Christie et le cinéma des années 60, grands pourvoyeurs d'épopées maritimes. L'auteur puise dans ces oeuvres une multitude d'indices et établit de nouvelles pistes de recherches sous formes d'hypothèses : La Pérouse aura pu subir un empoisonnement alimentaire, une rafale de vent, il aura été victime d'un assassinat ou d'une mutinerie ; il aura été attaqué par un animal marin, une baleine blanche, ou il aura succombé à la tentation d'une robinsonnade...Les 23 hypothèses développées dans le livre sont rythmées par les témoignages des personnages des romans d'aventures, par les géographies maritimes, par les chants de marins. « L'affaire La Pérouse », en prenant le parti de la poésie, apporte un éclairage indéniable à cette troublante affaire et ne manquera pas de faire date dans l'histoire des techniques d'investigations policières.
Ce texte est à l'origine d'un spectacle sonore créé en novembre 2018 au Théâtre de Montreuil, et en tournée dans plusieurs lieux en 2019.
«Elle reproche aux habitants de l'immeuble de l'espionner. Elle révèle des matières. Elle fait surgir des formes. Elle façonne des idées. Elle se fait tout voler. [...] Elle doit fuir. Elle retournera à Paris. Elle y a des amis. Elle part pour la Suisse. Elle est arrêtée à la frontière. Elle n'a pas de papiers. [...] Elle est de retour à New York. Elle danse. Elle parle. Elle choque. Elle a dû écourter son programme. Elle fait le bilan. Elle a perdu beaucoup d'argent. [...] Elle soupçonne quelque chose. Elle ne lui fait pas confiance. Elle se méfie de cette Mary. Elle tourne autour de John. Elle lui plaît. Elle n'est pas la seule.» Derrière ce «Elle» à identités multiples se cachent treize destins de femmes ayant marqué l'imaginaire du XX? siècle. Les vies de ces célébrités anonymes, saisies au plus près de leur quotidien, se chevauchent en une biographie sans temps mort qui réinvente l'épopée de notre modernité.
Ce livre, au titre évocateur, regroupe plusieurs textes, chacun proposant la vie d'un homme illustre écrit par un autre homme illustre. En son et en mots, et au gré de techniques de composition propre à chacune de ces vies (que ce soit celle de l'écrivain, ou celle du sujet), prendront successivement corps l'Empereur Tibère (par Suétone), Christophe Clomb (par Jules Verne), Richard Wagner (par Nietzsche), Jésus (par Ernest Renan), Dante (par Boccaccio), Descartes (par Adrien Baillet), Napoléon 1er (par Stendhal), Sigmund Freud (par lui-même), James Joyce (par Italo Svevo), et Margaret Thatcher (par Hugo Young). Ici, ce sont les tics de langage, les mises en pages, les récurrences stylistiques qui font portrait.
Le 23 novembre 1963, à 10h45 GMT, Lee Harvey Oswald abat de trois balles de fusil Carcano le 35ème président des Etats-Unis d'Amérique John Fitzgerald Kennedy. Sept jours plus tard, Lyndon Johnson crée la commission Warren, chargée de faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat. Elle rend ses conclusions en septembre 1964 : 888 pages extraites des 26 volumes d'auditions et de pièces à conviction accumulées.
Pour écrire cette biographie romanesque de Lee Harvey Oswald, Anne-James Chaton a dépouillé les minutes des interrogatoires menés par la commission, ne retenant que les témoins ayant directement connu Oswald ou assisté à l'assassinat, soit 267 entretiens, plus de 10.000 pages. Le roman est exclusivement construit à partir de cette base documentaire. Les informations recueillies par l'examen de cette archive vivante sont méticuleusement prélevées et organisées afin de reconstituer la vie de Lee Harvey Oswald sur la seule base de ces témoignages. Le livre prend la forme d'une biographie mais très vite l'oralité bouscule la narration. Les voix des témoins surgissent dans le texte. Tout s'accélère. Jusqu'à faire entendre les dialogues réels, ceux des témoignages. La dimension sonore du livre s'affirme encore avec la retranscription des enregistrements radios des voitures de police au moment de l'assassinat. Plus le lecteur s'approche d'une fin qu'il sait inéluctable et plus le phrasé du récit se dépouille pour laisser place à la parole vivante des témoins.
La dernière partie du livre, consacrée aux interrogatoires de polices dans le commissariat de Dallas, tient quasi exclusivement à la restitution des séances d'identification et des débats entre le commissaire de police et l'assassin.
La biographie a lentement muté en thriller, puis en tragédie. Le réel cède le pas à la possibilité de la fiction.
La ville de naples renferme un trésor inestimable: le manuscrit de l'énéide de virgile serait emmuré dans les contreforts du château de l'oeuf.
Les hommes ont oublié cette légende. une femme s'en souvient : la reine de carthage. enfuie des enfers, la belle didon arpente la cité parthénopéenne à la recherche du précieux texte. la souveraine déchue espère trouver dans les vers du poète latin les raisons qui causèrent sa perte. et, pourquoi pas, les moyens qui, par delà les siècles, lui permettraient de recouvrer son amour perdu. mais l'ombre du troyen énée plane encore sur les bassi de la ville.
Et les dieux modernes savent aussi, à l'instar de leurs ancêtres, s'amuser des vies de leurs contemporains. tour à tour documentaire, intrigue policière et roman d'aventure, questio de dido d'anne-james chaton revisite le drame antique et nous plonge dans la naples d'aujourd'hui, celle des napolitains. l'enregistrement de questio de dido, qui accompagne cette publication, a fait l'objet d'un acr (atelier de création radiophonique) diffusé sur france culture en juillet 2007.
Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit: que disent ces mots ? Qu'expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personnelle et collective, cela ne va pas de soi.
Cette langue de l'économie qu'ils parlent quand ils veulent de l'objet et de leur activité, de l'autre homme, dire l'essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l'ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu'objet, travail au lieu d'activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l'autre sens possible de ces mots s'est effacé. L'autre, voilà aussi ce qui s'annonce avec l'effacé.
Autant dire qu'au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude. A.-J. Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux "Manuscrits" dits de 1844 du jeune Marx (Karl).