La biographie brillante d'un des hommes les plus extraordinaires qui aient jamais existé .
De Richelieu demeure trop souvent l'image d'un politique froid et déterminé, animé depuis son plus jeune âge par une ambition sans limites et conduit par les seuls impératifs de la raison d'Etat. S'il est désormais admis qu'il fut à ses débuts un évêque appliqué, l'homme rouge est décrit surtout comme un politicien sinueux et un maître de l'intrigue.
En réexaminant ses années de jeunesse, en relisant avec une attention nouvelle ses abondants écrits politiques et religieux, en réinterprétant l'imposante production de ses documents d'Etat, Arnaud Teyssier propose un Richelieu qui tranche sur la tradition : un grand politique certes, mais habité par une interprétation biblique du monde. Il redessine ainsi une aventure d'homme d'Etat qui reste sans équivalent dans l'histoire de France et de l'Europe: celle d'un ministre qui raisonne constamment en prêtre et lutte pied à pied contre les travers des hommes - ceux du roi, ceux des Grands, ceux des corps constitués. Tel est le vrai secret de cette puissance morale qui a fait de lui un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé ( Les Trois Mousquetaires).
Une biographie du maréchal Lyautey (1854-1934) qui fait toute sa place à la personnalité complexe de l'homme.
Statufié de son vivant, Hubert Lyautey (1854-1934) est entré dans l'histoire comme le constructeur du Maroc moderne, le modèle du « grand colonial » qui sut comprendre le monde nouveau et imposa contre intérêts et préjugés le respect des cultures indigènes.
Son destin, celui du « royaliste qui donna un empire à la République », est paradoxal. Aventurier du désert comme Lawrence d'Arabie, mais aussi grand administrateur, anticonformiste et esthète, Lyautey a mis en scène sa propre vie, luttant contre son seul ennemi véritable : l'ennui.
Résident général, ministre, académicien, maréchal de France, Lyautey reste une énigme que l'auteur, par le travail de recherche et par l'intuition personnelle, réussit à percer.
Le portrait subtil et achevé d'un génie, incarnation politique et sacrificielle d'une certaine idée de la France.
Contrairement à la plupart des grandes démocraties, la France semble n'avoir jamais tranché la question de son régime.
Si, à l'heure de la mondialisation, les sociétés occidentales sont toutes confrontées à des questions existentielles, aucune ne l'est avec l'intensité que connaît la France. Aucune ne s'interroge avec une telle constance sur la "crise du politique" et son incapacité à agir et réformer. Pourtant, la Ve République paraissait avoir les atouts nécessaires pour mettre un terme à ce débat sans fin ouvert en 1789...
De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, Arnaud Teyssier retrace les étapes d'une aventure politique d'un demi-siècle et propose des clefs pour comprendre la persistance et la profondeur du malaise démocratique français.
Homme d'État tempétueux, exigeant et solitaire, Philippe Séguin (1943-2010) fait aujourd'hui figure de visionnaire. Il comprend très tôt les ressorts profonds de notre crise démocratique, due à une dérive des institutions de la Ve République ainsi qu'à la soumission de la classe politique face aux défis cruciaux de l'Europe et de la mondialisation. Le jeune Français venu de Tunisie délaisse vite ses premiers engagements politiques pour rallier de Gaulle. À 20 ans, il adhère à l'idée d'une France fidèle à ses rêves d'enfant, mais indépendante et tournée vers l'action. Député des Vosges à 35 ans, maire hyperactif d'Épinal pendant quatorze ans, ministre remuant des Affaires sociales sous la cohabitation Mitterrand/Chirac, président hors norme de l'Assemblée nationale, enfin candidat sacrifié à la mairie de Paris, son indépendance d'esprit le laisse toujours en marge de son parti, le RPR, de la politique classique et de ses compromis. Dès 1992, conduisant la bataille contre le traité de Maastricht, il fut l'homme capable de dire non.
Grâce à des archives et des témoignages inédits, Arnaud Teyssier fait revivre cette personnalité inclassable en son époque, afin de mieux éclairer les incertitudes de la nôtre.
La monarchie de Juillet n'a pas bonne presse : née d'une révolution, elle a fini dans une autre révolution sans avoir trouvé sa légitimité. Son nom même est synonyme de défaite.
En dépit d'un règne libéral, pacifique et prospère de dix-huit ans, Louis-Philippe est resté le roi bourgeois , marqué à jamais du trait assassin de Daumier qui le figurait par une poire. Ne parle-t-on pas parfois, pour le dénigrer, d'un style louis-philippard ?
Arnaud Teyssier réhabilite ce prince d'une rare lucidité, qui a cherché, à travers l'exercice du pouvoir, à ressaisir la maîtrise d'une histoire nationale vertigineuse. Après les coûteuses expériences de la Révolution et de l'Empire, puis l'échec de la Restauration, il fallait réparer la France et cicatriser les blessures du passé. Louis-Philippe s'est donc efforcé de bâtir une nouvelle monarchie adaptée à une société transformée, jetant les bases de la politique moderne. Comme il arrive souvent, il a été victime en 1848 de l'élan qu'il était lui-même parvenu à donner. Cet homme rare , a écrit Victor Hugo, a su faire du pouvoir malgré l'inquiétude de la France, et de la puissance malgré la jalousie de l'Europe .
Ancien élève de l'ENS et de l'ENA, Arnaud Teyssier s'est fait connaître notamment par des biographies de Lyautey et de Péguy parues chez Perrin, par un essai sur Richelieu et par Les Enfants de Louis-Philippe et la France. Son livre, nourri d'archives personnelles, est aussi une oeuvre d'écrivain.
Presse:
[Arnaud Teyssier] s'attache aujourd'hui à retracer l'itinéraire du dernier roi des Français, dans des pages où l'intelligence du propos le dispute à la qualité du style: un bonheur de lecture.
Jean Sévillia, Le Figaro Magazine, 25 Septembre 10 [Louis-Philippe] fait l'objet d'une nouvelle biographie sérieuse, solide, bien étayée, due à Arnaud Teyssier. Louis-Philippe a été jusqu'ici beaucoup caricaturé, dénaturé, sous-estimé, y compris etsurtout par les historiens. Cette nouvelle approche ne veut pas être un plaidoyer mais devient,par les faits, une réhabilitation.
Alain Duhamel, Le Point, 15, Octobre 10
Retrace le destin des huit enfants de Louis-Philippe, doués pour les arts et pour les armes et élevés dans le sens du devoir et l'intelligence de la modernité. Après la mort tragique de leur frère aîné, le duc d'Orléans en 1842 puis la chute de leur père, en 1848, aucun de ces enfants ne parvint à jouer un rôle politique majeur.
Le 27 avril 1969, Charles de Gaulle perd le référendum qu'il avait organisé sur la Région et la réforme du Sénat. Il annonce aussitôt sa démission, se retire définitivement à Colombey, dont il ne sort que pour deux échappées étranges et romanesques vers l'Irlande et l'Espagne, et rédige des Mémoires d'espoir. Ses derniers mois au pouvoir ont souvent été présentés comme une succession d'erreurs ou de maladresses, attribuées pour l'essentiel à la vieillesse, ainsi qu'à l'incompréhension de la modernité dont Mai 1968 venait d'annoncer l'avènement avec fracas.
Ce livre dit tout autre chose : de Gaulle, en ses derniers temps, avait pleinement pris conscience qu'il faisait face à un personnage nouveau, la société moderne, libérée du souvenir de la guerre, traversée de besoins et de désirs, et pour qui la puissante organisation de gouvernement qu'il avait mise en place était devenue trop lourde. Il appréhendait la venue de temps inédits, porteurs des illusions du bien-être, mais chargés de difficultés, de menaces, de crises.
C'est pour y préparer la France que de Gaulle entreprit, dans ses derniers mois, une révolution de grande ampleur. Pour lui, la réalité du monde, imprégnée d'histoire et de tragédie, était dangereuse, mais aussi pleine d'espoir : si on pouvait la saisir dans sa densité et dans sa profondeur, alors « un grand élan emporterait les êtres et les choses ». De Gaulle, en 1969, pressent déjà les angoisses, la peur de l'inconnu, la tentation du renoncement et du nihilisme qui s'empareront cinquante ans plus tard de nos démocraties : aujourd'hui, en 2019, ses intuitions nous aident à corriger la myopie de notre civilisation.
Qui, mieux que Charles Péguy (1873-1914), a incarné la vertu républicaine par la modestie de ses origines, sa rectitude morale, ses engagements intellectuels et politiques ?
Et pourtant, quelle existence singulière et fulgurante que celle de ce normalien qui revendiquait hautement ses origines paysannes et devint l une des plus grandes figures littéraires et politiques de la France contemporaine... Il fonde en 1900 les Cahiers de la quinzaine, écrit une uvre immense, publie quelques-uns des écrivains les moins conformistes de son temps : Romain Rolland, André Suarès, Daniel Halévy... Son engagement vigoureux dans l affaire Dreyfus, ses combats politiques successifs contre les manipulations de l état-major, contre l antisémitisme, puis contre la république radicale, son amitié puis sa rupture brutale avec Jaurès dessinent un personnage contradictoire et mystérieux. Rompant avec le socialisme de ses débuts pour se convertir à un catholicisme original et ardent, il évolue vers un patriotisme mystique incarné par Jeanne d Arc, figure centrale de son uvre poétique. Vivant dans la pauvreté et loin des honneurs, il ne cesse d irriter ses contemporains par son intransigeance, sa dénonciation de l hypocrisie du monde intellectuel et sa critique du monde moderne, dont il souligne la vanité et la médiocrité agissante. Quant la guerre éclate, ses doutes se dissipent. Il meurt au combat d une balle en plein front le 5 septembre 1914.
Sous la plume d Arnaud Teyssier, on croise les figures majeures de notre imaginaire politique et on décèle, grâce à l intelligence lumineuse de Péguy et sa profonde humanité, quelques traits très actuels de notre impuissance démocratique.
La remise en perspective de trente-sept années de notre vie politique.
Napoléon, qui forgea des institutions administratives puissantes et durables, l'a lui-même reconnu : il fut un politique, avant d'être un militaire. Empereur à 35 ans, ce propagandiste de génie organisa un pouvoir personnel absolu, reposant sur l'ordre et sur la gloire. Ayant porté, par ses victoires, la France aux dimensions de l'Europe, il dut, plus qu'un régime, construire un système. Il trouva des adversaires résolus, bien que d'inégal danger, chez les émigrés et leurs réseaux, ou chez les intellectuels, de Chateaubriand à Madame de Staël. Il fut la cible de complots, dut compter avec les intrigues de ceux qui le servaient, chefs militaires ou ministres, et qui, tels Fouché ou Talleyrand, étaient prêts à l'abandonner ou à le trahir. Il lui fallut composer avec la force retrouvée de l'Église, ainsi qu'avec la puissance sociale nouvelle des notables. Il dut enfin, dans la solitude du pouvoir, affronter non seulement l'irritation croissante des populations étrangères vassalisées, mais aussi la plus sourde des oppositions : la lassitude de son propre peuple. Revenu de l'île d'Elbe, il affecta, trop tard, de se faire libéral. Le mythe qu'il édifia à Sainte-Hélène devait être son ultime acte politique. L'ère impériale a marqué une étape décisive dans la construction politique de la France contemporaine et la formation de l'esprit collectif des Français. Napoléon fut-il le premier dictateur moderne qui pérennisa à sa manière l'acquis de la Révolution ? Ou poursuivit-il un autre but, restaurer un ordre monarchique qui ne pouvait plus être celui des Bourbons, mais qui devait rompre résolument avec les désordres révolutionnaires ? Plutôt qu'un continuateur ou un héritier de 1789, ne fut-il pas l'initiateur d'une profonde révolution conservatrice, celle que la monarchie n'avait pas su imposer ? Depuis la Révolution, la France n'a cessé de chercher à recréer un pouvoir qui dure. En ce sens, l'épopée conquérante de l'Empire fut aussi notre première grande aventure politique, porteuse de leçons, et source d'inépuisable nostalgie.
La démocratie française est-elle ingouvernable ? Cette question qui rencontre une singulière résonance aujourd'hui était déjà posée avec vigueur, il y a plus d'un siècle. Nulle période n'aide mieux à comprendre cette curieuse exception française que celle qui s'ouvre avec l'élection à l'Elysée de Félix Faure, président sans grand relief, et qui s'achève avec la défaite, face à Deschanel, de Georges Clemenceau, le «Tigre», pourtant tout nimbé de la gloire de 1918. C'est le temps de l'affaire Dreyfus et des grandes querelles religieuses, celui de Combes et de Lyautey, c'est la jeunesse de De Gaulle ; le temps de la Belle Epoque, des crises, des souffrances collectives ; le temps de tous les contrastes et des occasions perdues.
La disparité est en effet saisissante entre, d'un côté, la vie politique quotidienne du régime, au rythme scandé par de pâles élections, des majorités incertaines et des politiques de faible souffle, et de l'autre, ses grandes réalisations dans le domaine économique, social, culturel, colonial. «Il doit donc y avoir autre chose», s'interrogeait le grand intellectuel Daniel Halévy, ami de Proust. Où étaient alors les ressorts cachés du pouvoir et de sa surprenante énergie ? D'où provenait vraiment cette vitalité du peuple français qui lui permit de supporter le terrible sacrifice de la Grande Guerre ? C'est un peu comme si deux régimes avaient coexisté, deux Républiques en une, comme si la France avait vécu deux vies en même temps. Là résident peut-être le secret de l'étonnante longévité de la IIIe République et celui de bien des incertitudes politiques actuelles.