Cette étude vise à comprendre une figure-clef de l'imaginaire du xixe français, modèle d'autorité étatique, sécularisé mais tyrannique, dans sa cohérence historique et symbolique, et à élucider les enjeux profonds de ce personnage qui a donné lieu, à l'époque, à une véritable Richelieumania.
Avant Dostoïevski, le personnage du Grand Inquisiteur, qui fait aujourd'hui partie de notre imaginaire collectif, a pris racine dans les représentations littéraires du XIXe siècle en France. Les romantiques, rompant avec la tradition des Lumières, qui présente les inquisiteurs comme des hypocrites, inventent cette figure moderne, et mettent en scène un personnage profondément sincère, persuadé de sauver les âmes par le bûcher et la torture. Ce postulat de sincérité, rendant l'Inquisiteur contradictoire, fait de lui un personnage complexe, mystérieux, qui permet notamment d'exprimer indirectement les angoisses provoquées par la Terreur - ce que prouve l'analogie récurrente, à l'époque, avec les jacobins. Ainsi, plus qu'une référence à un pouvoir archaïque, ce personnage devient vite un miroir du pouvoir contemporain - de ses méthodes " douces " de coercition comme de son rapport au divin - jusqu'à devenir, au XXe siècle, le symbole du totalitarisme.
Michel Houellebecq est-il un écrivain-prophète? En quoi La Possibilité d'une île réinterroge-t-elle l'existence du divin? Comment l'islam est-il perçu dans Plateforme et Soumission?Scientifique de formation, positiviste par conviction, l'écrivain semble avoir cru un moment que la science pourrait se substituer aux religions traditionnelles. Et pourtant, toute son oeuvre est hantée par cette question, héritée d'Auguste Comte, de la religion comme unique ciment possible du corps social.Cet ouvrage, auquel ont participé plusieurs spécialistes de Michel Houellebecq, se donne pour but de sonder l'horizon religieux de son oeuvre. À l'évidence, religion et littérature apparaissent comme deux espaces de résistance face à la perte de sens qui afflige le monde contemporain. Et si la littérature, en proposant d'atteindre une forme de vérité, nous permettait d'accéder à une certaine transcendance?