Le phénomène «trans» est en expansion. En nombre croissant, des enfants et des adolescents expriment ce qui était naguère inexprimable, inaudible, insensé:la conviction d'être nés dans le mauvais corps. À la surprise des praticiens, les filles sont à présent majoritaires dans la demande de transition.Ce sont les tenants et aboutissants de ce phénomène émergent qu'interroge Claude Habib. Elle ne prétend pas en donner une interprétation, elle s'efforce d'en circonscrire le mystère, en examinant, sans polémique ni complaisance, les innombrables questions, tant théoriques que pratiques, qu'il soulève. Comment l'identité de genre est-elle devenue une affaire de choix personnel? À quelle source rapporter le projet de se recréer qui supplante, chez beaucoup de jeunes, l'acceptation du donné? Pourquoi la difficulté de supporter la condition sexuée, autrefois invisible, surgit-elle au grand jour? Peut-on reconnaître à des enfants la capacité de juger de leur futur destin social? Faut-il autoriser la participation des transgenres aux compétitions sportives féminines?Une question et des questions qui n'ont pas fini de nourrir le débat public et d'alimenter la réflexion.
«Je suis spontanément conjugaliste. J'apprécie que les amours durent, que les malentendus se dissipent et que les écarts se pardonnent. J'aime que les dépits se dépassent, que les séparés se retrouvent et que personne ne meure à la fin. Donc je suis souvent déçue. Les gens n'arrêtent pas de mourir ; cela ne les retient pas une seconde de se fâcher à mort auparavant».
Dans ce précis de l'attachement à contre-courant de l'air du temps, Claude Habib défend avec humour les vertus de l'ennui qui suit presque immanquablement l'effervescence de l'amour. L'extase, et après?
Battant en brèche les préjugés, elle livre un éloge combatif du charme discret de la vie à deux : et si, plutôt que de chercher dans le couple un remède à l'ennui, il valait mieux se faire à sa douceur familière?
« - Parce que je peux pas tout faire. Père porté comme on dit mère porteuse, voilà ce que tu es ! Stéphane a ri, c'est son charme de rire dans ces cas-là : je lui tire une balle en plein coeur, il l'attrape au vol et c'est un papillon. Le voilà qui souffle dessus, maintenant : «Père porté, c'est tout à fait moi.» Stéphane Billon, psychiatre-prestidigitateur. Convertit le plomb en bulle de savon. » Le lecteur, devenu voyeur sans compassion, se met à l'affût des rapports qu'entretiennent les antihéros de cette histoire : Florence, Stéphane, leurs amis - et « Stéphanie », qui sera la maîtresse de Stéphane dans cet espace de temps qui précède la naissance d'un enfant.
Égoïsme, tendresse fugace, lucidité vite transgressée, indifférence, désespoir parfois. Le roman d'une époque où intérêt et rentabilité ont phagocyté les âmes. Un soufflet magistral.
Née au XVIIe siècle, la tolérance est devenue notre vertu centrale, au point de se confondre avec la démocratie. Mais ses conditions d'exercice ont changé : le schisme protestant mettait au défi de faire coexister des versions différentes du christianisme. Notre situation est tout autre. Les revendications de droits subjectifs, d'une part, et les migrations, d'autre part, ont bouleversé les thèmes, puis l'exercice de cette vertu : nous devons accepter les orientations sexuelles les plus diverses tout en accueillant les croyances et les moeurs de populations d'origines variées.Le basculement d'une partie des opinions en Europe et aux États-Unis indique que la tolérance n'est pas acquise. Elle exige de chacun un effort permanent pour surmonter ses propres aversions. Détachée des aversions, la tolérance est creuse. Dégagées de la tolérance, les aversions peuvent devenir criminelles. Il faut donc penser ensemble ces deux notions. C'est au jugement politique et moral qu'il incombe de réviser nos manières de vivre, voire de réprouver certaines coutumes. Car tolérer, ce n'est pas pérenniser les appartenances. C'est empêcher l'humiliation de l'homme par l'homme.
Claude Habib est une ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses. Elle a enseigné la littérature du XVIIIe siècle à l'université Charles-de-Gaulle à Lille, puis à la Sorbonne-Nouvelle, où elle a dirigé le Centre Rousseau. Elle a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels: Le Consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la cité (1997); Galanterie française (2006) ; Un Sauveur (roman, 2008) ; Le Goût de la vie commune (2014) ; Deux ou trois nouvelles du Diable (roman, 2016).
Pourquoi la galanterie s'est-elle développée en France ? D'autres sociétés (comme la Chine ou le Japon) ont élaboré une politesse complexe, la France est la seule nation qui a étendu au sexe faible les règles de la civilité. Pourquoi cette inclusion des femmes ? C'est au XVII? siècle que cette mutation s'est produite, quand l'idéal du galant homme s'est superposé à la figure de l'honnête homme. Dans le monde qui croyait à la galanterie, les femmes furent réellement plus libres de leurs mouvements, de leurs fréquentations, de leur conduite. Ce changement s'accompagna de leur influence croissante dans la vie culturelle et politique. Louis XIV joua personnellement un rôle dans l'établissement des nouveaux usages. Quel intérêt politique y trouvait-il ? Pourquoi la monarchie absolutiste a-t-elle éprouvé le besoin de célébrer conjointement la prééminence du féminin et le triomphe de l'amour ? Ces questions ne sont pas inspirées par la pure curiosité historique : la mixité d'Ancien Régime est un étrange miroir de la mixité contemporaine. Elle montre ce qui n'est plus. Or la solution française avait pour elle un mérite : celui de promouvoir une mixité érotisée. C'est pourquoi, aujourd'hui, la galanterie ouvre une tierce voie. Elle s'oppose à la relégation des femmes, que veulent propager les islamistes radicaux. Elle s'oppose non moins à la désérotisation qu'impose la «société des individus», comme si la disparition du féminin devait être la rançon de l'entrée des femmes dans la vie publique ou professionnelle. En effet, les sociétés démocratiques, parce qu'elles font de la différence des sexes une question purement privée, tendent à assourdir le thème érotique, à l'effacer du monde commun, et la désérotisation des individus va de pair avec la santé de l'industrie pornographique. Proscrit, invisible et, pire encore, démodé, le thème galant n'a pourtant pas entièrement disparu. Du compliment à la plaisanterie légère, il continue de hanter la mixité moderne.
Émile forme un sommet de l'oeuvre de Rousseau. Dans cet ouvrage il renouvelle la conception de l'enfance, de la jeunesse et de l'amour, élaborant une éducation suivant la nature qui reste compatible avec la vie civile.
Que faire de Rousseau dans nos vies ? Ce livre collectif multiplie les approches littéraires et philosophiques que ce texte appelle. Il en mesure son pouvoir d'effraction, la prise qu'il continue d'avoir sur nous parce qu'il met à l'honneur le bonheur de l'enfant. Pour le meilleur et pour le pire, la modernité pédagogique en dépend.
C'est à partir d'Émile que se découvre l'ensemble de la pensée, de la grandeur de Rousseau et sa persévérante actualité.
Paradoxalement, le féminisme le plus radical coexiste aujourd'hui, en europe et aux etats-unis, avec les comportements féminins les plus conformistes. partout, la passion de l'égalité se heurte au désir de se marier et d'avoir des enfants. mais faut-il opposer systématiquement la féministe militante et la mère de famille aimante ? ce sont souvent les mêmes femmes qui se trouvent tiraillées entre exigence de justice et aspiration au bonheur.
La position de la femme et de l'amour dans la société est loin d'être fermement établie. elle nous importe pourtant au plus haut point, car c'est d'elle que dépend l'harmonie de la cité.
S'appuyant sur la pensée rousseauiste, claude habib aborde tour à tour des thèmes aussi variés que la pudeur, la faiblesse, le sado-masochisme, le viol, l'engagement, l'adultère, le féminisme ou les lois du marché amoureux, et nous persuade, avec les partis pris audacieux et le style plein de verve qui sont les siens, que différence des sexes n'est pas synonyme d'inégalité.
Face à la guerre des sexes, il était urgent de repenser l'entente amoureuse.
Spécialiste de rousseau, romancière, claude habib enseigne la littérature française à l'université lille iii. elle est notamment l'auteur de la pudeur : la réserve et le trouble, autrement, 1992, pensées sur la prostitution, belin, 1994, et préfère l'impair (fiction), viviane hamy, 1996.
Carole est une universitaire en fin de carrière. A cette incroyante, le Diable apparaît plusieurs fois, mais s'agit-il de lui ? Le personnage est brutal, il lui propose en rafale des plaisirs et des avantages divers qu'elle refuse un à un. Que peut-on désirer à sa place, à son âge ? Lui cherche son point faible, elle résiste vaillamment. Malgré ses efforts, ils sont de plus en plus proches. Il est collant.
Il est sans pitié. Apparemment elle le repousse, apparemment il s'incruste : quoi qu'elle fasse, il s'approche. Elle lutte avec lui, jusqu'au bout, à moins qu'elle ne craque - à moins qu'elle n'ait déjà craqué. Le récit de ce duel - ou de ce duo - fait entrer le lecteur dans l'interrogation morale. Car l'affaire est équivoque, comme souvent avec le Diable. Pourquoi cette femme, qui croit si bien faire, ne parvient-elle pas à se débarrasser de son hôte ? Qu'est-ce qui ne va pas quand on fait tout bien ?
Aurélie est belle et douce.
Elle est née en 1988. elle grandit dans la banlieue d'une petite ville française, entre une mère alcoolique et un père qui assure. à quinze ans, elle tombe amoureuse du premier venu et s'en va. c'est un quitte ou double. la vie pourrait mal tourner. sur le chemin qui la conduit de la province à paris et de l'enfance à l'âge adulte, elle rencontre trois déboires : déception de la famille, déception des amis et déception de soi.
à l'improviste elle est sauvée. son histoire se passe sur terre, oú le salut dure ce qu'il dure. un sauveur évoque l'instabilité, le salut passager, la jeunesse.
S'il est une vertu que certains se vantent d'avoir perdue, c'est bien la pudeur. Manifestement, notre monde multiplie les images brutales et l'exhibition des corps. Pourtant, avant de conclure à la disparition de la pudeur, avant d'en déplorer la perte, méfions-nous des apparences. Il s'agit en effet d'une vertu discrète : alors que les phénomènes liés à la "libération des moeurs" sont visibles pour ne pas dire ostensibles, la pudeur, muette et secrète, par essence se dissimule. Ambivalente, elle est fondée sur une hésitation ; une oscillation entre les deux pôles de la puissance et de la faiblesse ; elle s'étend de la réserve délibérée à la réticence panique, du laconisme de l'émotion au malaise du mutisme. Commune aux hommes et aux femmes, la pudeur va de pair avec la vulnérabilité. Au-delà de la nudité des corps, qui est comme son centre de gravité, la dissimulation pudique s'étend à toute une série de désirs, de dégoûts, d'appétits ; de sentiments que l'être pudique cachera précisément parce qu'il y tient. Cette dissimulation pudique du corps, des attachements, des émotions, n'est pas une tromperie mais une sorte d'égard. Quelle vie psychique et sociale serait concevable sans cette disposition que Joubert appelait si justement "tact de l'âme" ?
Ce livre est l'autobiographie d'un chat. C'est aussi un passeport pour entrer dans l'âme féline, au risque de perdre quelques illusions. Il ne faut pas croire que tous les chats nous aiment. Ce n'est pas le cas. L'animal qui parle est furieux. Persuadé qu'il va mourir, il est fâché contre le monde. C'est un effet de sa nature : le propre de l'espèce est la félicité, feix félis. Le malheur d'un chat est une injustice, et le malheur crie vengeance. Sa vie repasse en accéléré. Il a connu des hauts et des bas. Il se reporte à sa jeunesse, au bonheur de sentir, à la vie dans les bois. Et toujours la rancune se mêle au souvenir des joies, la rage à la réflexion. L'obsession de ce chat, c'est l'homme : souvent son ennemi, parfois sa dupe, jamais son maître. À cet usurpateur, il pose des questions de fond : Qui doit dominer, de l'homme ou du chat ? Au nom de quoi subir les lois des hommes ? Qui est le domestique de qui ? On dit du chien qu'il est le meilleur ami de l'homme. Le héros de Claude Habib lui abandonne ce privilège : sans façon.
Les Confessions de Rousseau constituent une innovation qui n'est pas seulement littéraire, elles créent une mutation de la conscience de soi. Ce volume réinscrit ce récit de vie dans l'histoire littéraire, dans un trajet du général au particulier, de la considération du projet d'ensemble aux lectures de détail.