Ce livre décrit le pays d'où l'on vient, cette France décidément étrange des années soixante, avec ses certitudes triomphantes et ses silences honteux, ses bourgeois assurés et ses paysans égarés, le Tergal qui gratte et le poids d'une guerre qui ne dit pas son nom. C'est aussi l'époque où toutes les petites filles voulaient ressembler à Sheila, et heureusement n'y parvenaient pas toujours.
Dans une série de dessins à l'encre de Chine d'une grande épure, accompagnés de souvenirs à la force désarmante, l'artiste Boll nous offre un miroir troublant de notre histoire, de nos non-dits, et s'affirme avec cette oeuvre dans la lignée de Gus Bofa.
L'Affaire est dans le sac en papier est un roman comme on en trouve rarement. À l'occasion d'une enquête policière, des personnages improbables dévoilent les secrets de leur existence dans un monde qui, bien qu'assez bizarre, continue à tourner. La langue déborde. La logique confine à l'absurde. L'absurde devient logique. Un texte qui s'adresse aux amateurs d'Eduardo Mendoza comme aux adeptes des Monthy Python.
Un crime a été commis au 79 rue des Cailloux-qui-moussent, Paris 16e. Jean-Jacques de Tréfond-Trévise a été retrouvé assassiné dans son hôtel particulier :
« La mort avait été provoquée par 36 coups de hache dans le dos. Cela excluait d'emblée la charge d'éléphants. » L'enquête est conduite par la fine fleur de la police française :
« Se retrouvèrent alors devant l'inspecteur d'Autain : le majordome de la victime, un nain, le valet de chambre de la victime, la cuisinière de la victime, la très jeune veuve de la victime, un nain, le neveu de la victime, un nain, le chauffeur de la victime, le jardinier de la victime, un nain. Dès les premiers interrogatoires, il apparût qu'il n'y avait qu'un seul nain qui ne faisait que bouger tout le temps (...) » Les premières investigations mènent à une découverte décisive :
« Le jardinier, de nombreux témoignages concordants le décrivirent comme membre d'une secte mystérieuse, les Fils des Soubasky solaires, dont la mission sacrée est d'exterminer les Vieillards Richissimes Récemment Mariés à de Très Jeunes Femmes aux Tendances Lesbiennes, et Ayant Eu des Rapports Incestueux avec un ou Plusieurs Membres de leur Famille. Coïncidence troublante. » Mais le mystère s'épaissit, toutes les hypothèses restent possibles. Qui donc permettra de démasquer le meurtrier de J.J.T.T. ? Un témoin inattendu ? Ou bien Marc Balmard, détective piteux et en mal d'enquêtes ? La concierge ?
« Les affaires vont mal, maugréa Marc Balmard, en jetant un rapide coup d'oeil à la pile compacte de factures impayées qui obstruait la porte du cabinet de toilette. L'alternative était simple : ou trouver un max de fric pour éponger ses dettes, ou réduire de façon drastique son hygiène corporelle, déjà succincte. »
Le Vaillant Petit Tambour major retrace la vie d'un jouet, un pantin articulé dont on suit le parcours depuis l'arbre dont le bois servira à sa fabrication jusqu'à sa dépose au pied d'un sapin de Noël... La morale de cette histoire est assez particulière, comme le laisse deviner la postface de l'auteur :
Il y avait la plus grande de soeur, la studieuse.
Et l'autre, la seconde, la petite, trop occupée à découper à la scie à métaux l'une de ses poupées pour s'intéresser à ce qui pouvait se passer en dehors de ses heures de bricolage.
Ma petite soeur n'avait rien d'une perturbée. Elle se contentait de suivre le mouvement général avec une certaine application. Tout ce que la maisonnée comptait de marmots, soit trois chérubins, s'adonnaient sans retenue à cette innocente pratique du découpage en règle de poupées plastique et d'ours en peluche. On se fournissait en matériel adéquat dans l'établi paternel et on s'attelait à l'ouvrage dans la joie, la bonne humeur et les copeaux. Invariablement nous étions interrompus par l'arrivée toujours très remarquée de notre Grand-Mère qui, après confiscation de l'outillage, évaluation scrupuleuse des dégâts, constatation soulagée de l'absence de toute espèce de mare de sang sur le parquet, nous régalait en large et sans compter, d'une de ces roustes mafflues, catégorie trempe exemplaire de compétition. Du somptueux qui regarde pas à la dépense. On n'était jamais déçu par la prestation. L'usage est passé de mode. C'est bien dommage.
Les meilleurs bons mots, maximes et fulgurances glanés dans le Journal des Goncourt par Rodolphe Trouilleux et illustrés par Boll.
Les deux frères y prennent alors un autre visage : gouailleurs, acerbes, érotomanes, voyous...
Ces perles du Journal, accompagnées d'un appareil critique pertinent, nous offrent le portrait sensationnel de deux des plus grands acteurs de la littérature française du XIXe siècle.
Les dessins de Boll, créés à partir de nombreuses recherches de l'artiste, plongent de surcroît le lecteur dans l'atmosphère parisienne et littéraire de cette période et nous offrent une édition inédite.