Martin Buber, sentinelle de l'humanité.
Martin Buber (1878-1965) est, avec Freud, Einstein ou Kafka, l'un des penseurs juifs les plus connus du XXe siècle dont il a vécu les tragiques bouleversements. Né à Vienne, ayant passé son enfance en Galicie et parcouru l'Europe dans sa jeunesse, il est vite devenu une figure majeure du judaïsme allemand et du premier sionisme. Installé à Jérusalem à partir de 1938, il s'imposera comme un penseur incontournable et sera invité dans le monde entier. Son destin exceptionnel croise ceux de Herzl, Freud, Einstein, Rosenzweig, Kafka, Zweig, Scholem, Gandhi, Bachelard, Jung, Heidegger, Levinas, Ben Gourion et de tant d'autres, comme en témoigne sa correspondance foisonnante. Buber est non seulement un grand philosophe de l'altérité (Je et Tu), de la piété mystique (Les Récits hassidiques) et du dialogue judéo-chrétien (Deux types de foi), mais il est aussi le héraut infatigable d'un sionisme humaniste cherchant sans cesse la paix avec les Arabes, et un dénonciateur des totalitarismes hitlérien et stalinien.
Dominique Bourel (CNRS), directeur du Centre de recherche français de Jérusalem de 1996 à 2004, professeur invité à l'université Humboldt de Berlin en 2012-2013, a mis près de vingt ans pour achever cette monumentale biographie intellectuelle, étudiant minutieusement l'immense correspondance, interrogeant les archives des grandes bibliothèques mondiales, de Londres à Jérusalem et de Vienne à Stockholm en passant par Berlin ou encore Uppsala, et recueillant les témoignages de la famille et des élèves de Martin Buber. Il en résulte un parcours époustouflant, empli de découvertes surprenantes, à travers un siècle d'histoire mondiale.
Il est des vies qui ne valent que par leurs oeuvres. Telle est bien l'existence de Moses Mendelssohn (1729-1786). Issu d'un milieu pauvre et pieux, il se fit très tôt remarquer par ses dons intellectuels, salués par les plus grands de ses contemporains - Kant, Goethe, les frères Humboldt, sans oublier Lessing qui en fit le héros éponyme de sa pièce sur l'amour du genre humain, Nathan le Sage. Père fondateur d'une dynastie d'une quarantaine d'aristocrates, de banquiers, d'industriels, de juristes, d'officiers, de politiciens, de professeurs d'université, de religieuses et d'un compositeur - Felix Mendelssohn -, Moses fut un pivot des Lumières allemandes et européennes : soucieux de réconcilier la foi et la raison, il n'eut de cesse de souligner l'immortalité de l'âme ; de prouver que, par la raison, l'homme pouvait, tout autant que par l'observance des rites et la récitation des prières, accéder à la Révélation divine ; de défendre enfin la singularité du judaïsme, seule religion dont la Loi a été révélée. De là, sa défense et illustration de la foi de ses ancêtres et son engagement dans la bataille en faveur de l'émancipation civique de ses coreligionnaires, pour lesquels il traduit le Pentateuque en allemand mais en caractères hébraïques, afin que la culture juive puisse innerver la culture allemande. Il entend célébrer les noces des Lumières allemandes (Aufklärung) et des Lumières juives (Haskala). La vie réelle de Moses Mendelssohn, c'est la postérité de son oeuvre essentielle : la «symbiose judéo-allemande».
Sur quels mythes fondateurs, sur quelles constructions intellectuelles, les penseurs sionistes ont-ils bâti leur discours ? Sur quels critères politiques et religieux ont-ils fondé leur action ? Sur quels développements théoriques se sont- ils affrontésoe Voici, pour la première fois, tous les textes incontournables du sionisme. Tel qu'il apparaît chez Herlz, Weizman, Jabotinsky, Trumpeldor, et Ben Gourion... Tel qu'il est débattu entre bundistes, volkistes, territorialistes, cananéens, socialistes et révolutionnaires... Tel qu'il est examiné aussi, aujourd'hui, en Israël. Ni le ghetto, ni l'assimilation, mais un foyer national pour le peuple juif, et sous la forme d'un retour en Palestine... Soixante ans, six guerres et deux Intifada plus tard, ce volume permet le temps de la réflexion.