Palmarès Le Point - Les 30 livres de l'année 2022« C'est à l'âge de quinze ans que le chant s'est éveillé en moi. Je m'ouvrais à la poésie et entrais, comme par effraction, dans la voie de la création... » Depuis son premier essai sur l'eau et la soif - unique témoin de son adolescence chinoise qu'il a emporté en France et dont il nous livre aujourd'hui la traduction - en passant par ses rencontres avec Gide, Vercors, Lacan, Michaux, Emmanuel, Bonnefoy et tant d'autres, François Cheng nous fait partager la longue route qui l'a conduit à devenir, lui l'exilé qui ne savait dire ni « bonjour » ni « merci » lorsqu'il est arrivé à Paris, un poète français.Cette route, malgré les affres de la guerre en Chine, l'extrême précarité matérielle des premières décennies en France, et de cruels tourments intérieurs, mais est toujours éclairée par la poésie française qu'il intériorise au fond de sa nuit solitaire. Elle l'est aussi par un amour passionné pour la langue d'un pays dont François Cheng a fini par épouser le « chant » et le destin. La lumière singulière qui émane de ce récit est celle d'une symbiose qui unit la Voie du Tao et la voie orphique et christique, orientant sans cesse le poète vers l'authentique universel. Une merveille. Challenges
S'il a d'abord été connu du public français par ses ouvrages sur la pensée, l'esthétique et la calligraphie chinoises, ses méditations et ses romans, François Cheng a commencé par publier des poèmes et la poésie n'a cessé d'être l'alpha et l'oméga de son oeuvre. Le succès éditorial exceptionnel de ses deux derniers recueils La vraie gloire est ici et Enfin le royaume, que nous reprenons aujourd'hui dans notre collection, s'explique assurément par l'évidence de leur lyrisme généreux, l'élan et la limpidité de l'écriture, son chant profond qui donne accès à une haute spiritualité imprégnée du taoïsme et cependant proche du coeur et des préoccupations de tout un chacun. « Car vivre/ C'est savoir que tout instant de vie est rayon d'or /Sur une mer de ténèbres, c'est savoir dire merci », ces vers par exemple qui expriment un optimisme foncier et lucide résument parfaitement une position existentielle qui apparaît comme un point d'appui pour la conscience occidentale égarée par ses doutes.
François Cheng L'éternité n'est pas de trop Au xviie siècle, à la fin de la dynastie Ming - époque de bouillonnement et de bouleversement, où l'Occident même était présent avec la venue des premiers missionnaires jésuites en Chine -, dans un monastère de haute montagne, un homme qui n'a pas encore prononcé ses voeux se décide à quitter ce lieu de paix et de silence pour retrouver, trente ans plus tard, la seule femme qu'il ait jamais aimée.
Un roman d'envoûtement et de vérité, récit d'une passion - celle d'un Tristan et Iseult chinois, avec ses codes et ses interdits aussi précis que stricts - qui n'est pas seulement affaire de coeur et des sens, mais engage toute la dimension spirituelle de l'être, ouvrant sur le mystère de l'univers et le transfigurant.
Avec ce livre, au titre qui a tout d'un énoncé manifeste, François Cheng ose de déroutants alliages : l'âpreté et la joie, le silence et la lucidité, la mort et les nuages, les oiseaux et les larmes, l'émoi et les étoiles... C'est qu'à force d'avoir mordu la poussière d'ici-bas les mots n'en finissent plus de renaître. Des âmes errantes ou du phénix, on ne sait qui mène la danse. Mais il suffit de la splendeur d'un soir pour que l'univers entier résonne soudain. Il suffit de la sincérité d'un seul coeur brisé pour que la fulgurante beauté délivre de la fragilité humaine :
Car tout est à revoir, Tous les rires, tous les pleurs, Toute la gloire...
Il y a dans ces pages un souffle de vie qui prend à la gorge. Sans doute parce qu'il provient d'une voix sans autre exemple. D'une voix qui éperonne la pensée, avec une acuité foudroyante et douce. La parole de François Cheng est bien celle d'un penseur, d'un poète, d'un sage passionné qui ne craint rien, pas même d'affirmer que «la vraie gloire est ici».
Lors d'un voyage en Chine, l'auteur retrouve le peintre Tianyi, connu autrefois, qui lui remet ses confessions écrites. Tianyi a vécu l'avant-guerre dans une Chine en plein bouillonnement, encore imprégnée de ses traditions. Plus tard, durant les années cinquante, il a vécu en Occident, où il a connu la misère, mais aussi découvert une autre vision de l'art et de la vie.
De retour dans son pays soumis aux bouleversements de la révolution, il a voulu retrouver deux êtres chers : Yumei, l'amante et Haolang, l'ami.
Mais une histoire dramatique les a emportés dans des tourmentes où Tianyi, à son tour, sera pris... Par-delà les événements cependant, leur quête passionnée transfigurera le destin de chacun.
Poète, traducteur, essayiste, spécialiste des arts de son pays d'origine, François Cheng a su métamorphoser le témoignage vécu en une extraordinaire fresque romanesque, saluée par toute la critique et couronnée par le prix Fémina 1998.
Dans une forme éminemment originale, François Cheng signe là un drame épique où le destin humain, avec toute la complexité des désirs qui l'habitent, se dévoile comme dans les tragédies antiques. Quand reviennent les âmes errantes, un singulier échange se noue, et toute la vie vécue, extrêmes douleurs et extrêmes joies mêlées, se trouve éclairée d'une lumière autre, revécue dans une résonnance infinie. Plus rien ne subsiste à part le désir Pur désir inaccompli Mûr désir inassouvi...
« Ce livre est un joyau, une pierre précieuse et étrange posée sur nos chemins d'humanité » (Bruno Frappat, La Croix).
Traducteur exemplaire, essayiste d'une grande délicatesse, particulièrement voué à l'espace de la calligraphie et de la peinture chinoises, romancier intuitif et profond, François Cheng a également développé une oeuvre de poète qui le révèle tel qu'en lui-même : discret, pudique, attentif aux mouvements des choses, des êtres et du temps. Cette anthologie poétique, la première composée par l'auteur de L'éternité n'est pas de trop, incite à un partage qui délivre, propose un parcours lucide qui se veut à la fois serein et alerté. Tous les poèmes rassemblés par François Cheng ressemblent à des instants fragiles, des envols à peine notés, des méditations légères. Avec eux, le fugace, l'impermanent peuvent devenir des alliés, des amis bénéfiques et transitoires, même si rien ne peut les empêcher de passer. Sans oublier qu'il est toujours un viatique pour les obstacles qui restent à franchir, pour la route qui reste à inventer, pour la beauté qui reste à capter en chacune de ses incarnations, en chacune de ses métamorphoses.
«Comme tous ceux qui, depuis la plaine de l'Ombrie, voient Assise pour la première fois, je fus saisi, en sortant de la gare, par son apparition dans la clarté d'été, par la vision de cette blanche cité perchée à flanc de colline, suspendue entre terre et ciel, étendant largement ses bras dans un geste d'accueil. Figé sur place, j'eus le brusque pressentiment que mon voyage ne serait pas que touristique, qu'il constituerait un moment décisif de ma vie. Je me surpris à m'exclamer en moi-même: Ah, c'est là le lieu, mon lieu! C'est là que mon exil va prendre fin! »
Au coeur du mystère du mal qui traverse notre monde, comment envisager la beauté ? Et, allant plus loin, comment la dévisager en vérité, sans fuite ni artifice ?
À travers une méditation aux confins de l'Occident et de la grande tradition chinoise, François Cheng invite à cette authentique contemplation. Car par-delà la création artistique, la sainteté révèle la beauté de l'âme et se découvre l'autre mystère, celui du Beau qui justifie notre existence terrestre. Alors, nous ne pouvons entrer que pas à pas dans ce qui nous dépasse et nous transfigure. L'oeil ouvert et le coeur battant.
Qui aurait cru voir un jour la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes, un soir de printemps 2019 ? Qui aurait pu imaginer un tel désastre, au coeur même de la capitale ?
Comme tant d'autres, François Cheng a été bouleversé par l'événement. Mais au-delà des larmes et de l'émotion partagée, le poète a su traduire de manière saisissante le témoignage spirituel que nous livre la cathédrale. Oeuvre de pierre et de bois, faite de main d'homme et tendue vers le divin, Notre-Dame de Paris n'invite-t-elle pas à une communion universelle ?
N'est-elle pas le symbole de notre âme commune ?
Ce sont les paroles fortes de François Cheng que nous retrouvons ici.
Dans une forme éminemment originale, François Cheng signe là un drame épique où le destin humain, avec toute la complexité des désirs qui l'habitent, se dévoile comme dans les tragédies antiques.
Quand reviennent les âmes errantes, un singulier échange se noue, et toute la vie vécue, extrêmes douleurs et extrêmes joies mêlées, se trouve éclairée d'une lumière autre, revécue dans une résonnance infinie.Plus rien ne subsiste à part le désir Pur désir inaccompli Mûr désir inassouvi...
Le destin a voulu qu'à partir d'un certain moment de ma vie, je sois devenu porteur de deux langues, chinoise et française. Était-ce tout à fait dû au destin ? A moins qu'il y entrât tout de même une part de volonté délibérée ? Toujours est-il que j'ai tenté de relever le défi en assumant, à ma manière, les deux langues, jusqu'à en tirer les extrêmes conséquences. Deux langues complexes, que communément on qualifie de grandes, chargées qu'elles sont d'histoire et de culture. Et surtout, deux langues de nature si différente qu'elles creusent entre elles le plus grand écart qu'on puisse imaginer. [...] Rien d'étonnant à ce que depuis lors, au coeur de mon aventure linguistique orientée vers l'amour pour une langue adoptée, trône un thème majeur : le dialogue... F. C.
Entre source et nuage n'est pas une simple anthologie, mais la transcription d'un héritage poétique et spirituel auquel François Cheng donne ici une vie renouvelée, avec toute la ferveur née de son expérience intérieure de poète naviguant entre deux langues et deux cultures.
Ce recueil se compose principalement de poèmes de la dynastie des Tang (618-907) et de celle des Sung (960-1279), qui font partie de l'âge d'or dela poésie classique chinoise. Li Po, taoïste, chante la communion totale avec la nature et les êtres ; Tu Fu, confucéen, exprime le destin douloureux de l'homme, mais aussi sa grandeur ; Wang Wei, l'adepte du bouddhisme Ch'an, fixe ses méditations dans des vers d'une parfaite simplicité. À côté de ces géants, d'autres voix dans la Chine contemporaine participent de la même aventure. Malgré une histoire souvent tragique, les poètes de la Chine d'hier et d'aujourd'hui ont su porter témoignage d'une spiritualité toujours vivante.
Dans le cadre de l'Ecole pratique des hautes études, devenue par la suite Ecole des hautes études en sciences sociales : "Publié il y a un demi-siècle, ce mémoire d'étude pourrait être qualifié, sans prétention aucune, d' "objet historique" . C'est en effet sous cette forme artisanale qu'il a été soumis d'abord à la lecture de Barthes, de Kristeva, de Lacan, et puis des sinologues français et étrangers.
Le republier aujourd'hui en fac-similé est une manière de lui restituer la fraîcheur d'un élan irrépressible, à l'aube des recherches sémiotiques initiées alors en France". Et il poursuit : "Le titre originel du texte est Analyse formelle de l'oeuvre poétique d'un auteur des Tang : Zhang Ruo-xu. De ce poète du VIIe siècle, on ne connaît, en réalité, qu'un seul poème, le célèbre "Nuit de lune et de fleurs sur le fleuve printanier", comportant trente-six vers".
Pour cette réédition en fac-similé où les calligraphies de Hsiung Ping-ming ont été aussi conservées, François Cheng a choisi de donner à l'ouvrage le titre même du poème. La nouvelle collection "Empreintes chinoises" dirigée par Catherine Despeux Dans l'art, la littérature, la philosophie, les sciences ou les savoir-faire, avec un regard attentif aussi bien sur le passé que sur le présent, des facettes de la culture chinoise sont offertes au lecteur, dans le désir qu'elles laissent une empreinte sur lui ou lui révèlent quelque chose de lui-même.
La collection est dirigée par la sinologue Catherine Despeux.
« Comme tous ceux qui, depuis la plaine de l'Ombrie, voient Assise pour la première fois, je fus saisi, en sortant de la gare, par son apparition dans la clarté d'été, par la vision de cette blanche cité perchée à flanc de colline, suspendue entre terre et ciel, étendant largement ses bras dans un geste d'accueil. Figé sur place, j'eus le brusque pressentiment que mon voyage ne serait pas que touristique, qu'il constituerait un moment décisif de ma vie. Je me surpris à m'exclamer en moi-même?: «Ah, c'est là le lieu, mon lieu ! C'est là que mon exil va prendre fin !» »
À la suite des poètes chinois des origines, mais aussi d'Omar Khayyâm et d'Emily Dickinson, l'auteur, romancier, académicien et philosophe pratique l'art subtil de l'épure et de la sérénité par le quatrain. Il met en rime ses rêves et ses espoirs. Enfin le Royaume est un recueil remarquable, chaque poème apporte beauté et douceur.
Le quatrain donne du rythme à la pensée, à l'émotion, à la surprise, il sait initier un questionnement, amorcer une méditation et ne s'en tient surtout pas au lapidaire. C'est une poésie brève mais bien moins abrupte, plus charnue, que le Haïku.
Quatrième de couverture Quelle nuit cette nuit - En quelle terre élue - Arbre bruissant de vols notre sceptre - Lune auréolée de vent notre couronne - Exil d'une seule nuit - Notre plus long règne
François Cheng est né en Chine en 1929. Docteur ès lettres, il occupe actuellement une chaire de professeur à l'Institut national des Langues et Civilisations orientales. Écrivain et poète, il est l'auteur d'importants ouvrages sur l'art et la poésie de son pays d'origine.
Entre Source et Nuage n'est pas une anthologie chinoise comme il en existe déjà tant, mais bien la transcription d'un héritage poétique que l'auteur connaît par coeur, auquel il donne une vie renouvelée, avec toute la ferveur fidèle et cette part de lui-même née de son expérience intérieure de poète.
Cette poésie chinoise, dit-il, seul trésor que j'aie emporté avec moi au moment de quitter ma terre, seule lueur qui m'ait tenu compagnie dans ma longue nuit, seul guide enfin qui ait su m'initier à l'amour d'une autre terre et d'une autre langue, c'est elle qui m'a permis de me réenraciner dans l'être, de chanter à nouveau. Une poésie vécue et réinventée donc, en ce sens que par elle j'ai tenté de recréer une autre possibilité de vivre..