Buée s'inscrit dans un ensemble intitulé Sur champ de sable qui reprend ces thèmes et ces images mais peut être lu de manière indépendante. Sur champ de sable: « C'est à partir d'observations qui auraient pu être celles de n'importe qui, pour peu que la mémoire s'empare d'instants inscrits dans l'immédiateté de la présence au monde, que je me suis mise à écrire Sur champ de sable : quelque chose comme une recherche du temps perdu mais sans narrateur, sans je lyrique, sans autre lien que la traversée du temps. Le livre est sorti d'un rêve qui faisait d'un vieux conte entendu par un jour de neige la matrice d'une vie par la suite diffusée à partir de ces images clés : le blanc d'un jour de neige, le rouge du charbon brûlant dans la salamandre, le noir des branches de cerisier et la transparence d'un jour d'avril après la neige. Le rouge est revenu sous forme de dominante dans le premier livre, qui évoque ces étés d'enfance au cours desquels tout monte vers les fêtes de l'assomption et le brasier lancé vers la nuit, puis redescend vers l'angoisse du départ, plus violent aux jours de fin d'enfance. Je l'ai intitulé Assomption en jouant sur le double sens du terme. La transparence froide et trouble s'est imposée pour ces jours d'adolescence qui s'étirent comme autrefois en Bretagne ces journées de lessive au lavoir, brutales et pleines d'une force trop vive, et la moindre parole s'inscrit dans la mémoire comme dans la glace. Le titre, Buée, fait allusion au vieux mot employé pour la lessive. Par ces automnes noirs de l'âge adulte, la force des trahisons, des angoisses et des disparitions donne l'impression de descendre vers la Toussaint, étrange fête des morts où l'absence est celle même de ceux qui la célèbrent.
Une langue qui meurt, c'est une part du patrimoine de l'humanité qui disparaît : au nom de cette évidence, on s'emploie à sauver le breton, qui n'est plus parlé que par moins de 1 % des jeunes en bretagne.
Juste cause, mobilisant des militants dévoués ? Oui, jusqu'au moment où l'on prend conscience des enjeux réels du combat régionaliste.
Françoise Morvan, originaire du centre de la Bretagne, raconte ici l'étrange périple qui l'a conduite à une réflexion sur l'instrumentalisation de la langue et de la culture bretonnes à des fins politiques et commerciales.
Menée avec humour, cette enquête à la fois historique et sociologique ne concerne pas seulement la bretagne mais cette Europe des ethnies qui trouve à présent l'appui des tenants de l'ultralibéralisme.
Frédéric Mistral (né en 1830 et mort en 1914 à Maillane au coeur de la Provence) est surtout connu pour une oeuvre de poète qui lui valut le prix Nobel en 1404. Il fut aussi un prosateur exceptionnel, attaché, tout au long de sa vie, à publier dans l'Almanach provençal le trésor de contes et de légendes dans lequel son enfance avait baigné, Rassemblée pour la première fois, cette collecte joyeuse offre une ouverture nouvelle sur une oeuvre aussi prestigieuse que mal connue et nous invite à plonger au coeur de l'imaginaire de la Provence.
Refonte en format poche de Légendes d'Alsace (ISBN 9782737348501). Auguste Stoeber (1808-1884) est, de longue date, reconnu comme le plus grand folkloriste alsacien. Ses Légendes et traditions orales d'Alsace, parues dès 1852, font de lui non seulement un pionnier mais un maître en la matière. "Après Stoeber, disent les Alsaciens qui connaissent les légendes de leur pays, il n'y a qu'à tirer l'échelle", constatait le préfacier de la première édition en français de sa collecte.
Pourtant son oeuvre est restée longtemps introuvable. C'est ce trésor qui est présenté ici : pour la première fois, le lecteur trouvera une édition aisément accessible de légendes, de traditions et de contes recueillis en Alsace dans toute leur richesse et leur fraîcheur. La plus belle collecte de légendes et de contes d'Alsace : un chef-d'oeuvre enfin rendu accessible à tous.
John Millington Synge (1871-1909) est l'un des plus grands dramaturges irlandais. S'il est surtout connu pour Le Baladin du monde occidental qui déclencha en 1907 de véritables émeutes à Dublin avant de devenir un succès mondial, son oeuvre forme un ensemble uni par une langue de haute poésie, l'anglo-irlandais des mendiants, des pêcheurs et des rétameurs auxquels Synge donne la parole avec une force pleine de vie : « Dans une bonne pièce de théâtre, chaque réplique devrait être aussi pleine de suc qu'une pomme ou qu'une noix », écrivait-il.
Bien que ses pièces soient souvent jouées dans le domaine francophone, il n'existait à ce jour aucun essai qui présente cette oeuvre essentielle de la littérature européenne. Françoise Morvan, qui a traduit tout le théâtre de Synge comme un grand poème, nous offre, avec ce premier essai, une présentation sensible et précise d'une oeuvre encore à découvrir.
Arthur Rackham (1867-1939), l'un des plus grands illustrateurs de tous les temps, a mis en images un grand nombre de contes de fées. Françoise Morvan est partie de ces images pour donner vie aux contes merveilleux : la Mère l'Oie, le Père Gel, le roi grenouille et la reine des abeilles, l'arbre aux pommes d'or et les oiseaux fées, des dragons, des princesses et Jack le fameux tueur de géants... Ces grands classiques faits pour enchanter grands et petits sont autant de chefs d'oeuvre du patrimoine européen ouvrant le domaine du conte en ce qu'il a de plus beau.
Refonte en format poche de Contes de Picardie (ISBN 9782737348501) Encore adolescent, Henry Carnoy (1861-1930) entreprend de recueillir des contes, des chansons, des formulettes et des dictons dans son entourage, à Warloy-Baillon, près d'Amiens. En quelques années, tout en publiant ses recherches en revues depuis l'âge de seize ans, il rassemble la plus belle collecte de contes de Picardie, tant dans le domaine du conte merveilleux que dans le domaine du conte facétieux. Excellent écrivain, fin connaiseur de picard et folkloriste averti, il nous a donné des classiques du genre, comme "Dick-et-Don", "Le violon merveilleux", "Jean à la tige d'haricot", souvent cités et repris sans être replacés dans le contexte.
Avec Vie et moeurs des lutins bretons, paru chez Babel/Actes Sud en 1998, Françoise Morvan nous proposait de partir à la découverte du domaine des follets, korrigans, poulpiquets, nozegans et autres créatures plus ou moins portées à la facétie, qui, non contents de hanter la Bretagne, avaient nourri les enquêtes de terrain les plus méticuleuses des collecteurs de traditions populaires. C'était aussi le moyen de combattre par l'humour les dérives identitaires et de retrouver la force vive du folklore, bien éloigné des stéréotypes auxquels on a pu le réduire. Pour prolonger cette enquête, elle nous invite à découvrir les fées des eaux, sirènes, ondines, fées des houles et dames des fontaines qui ont, depuis des siècles, bercé les rêveries des villageois : à partir des traditions populaires qui nous donnent à connaître ces fées si différentes, elle nous amène aux lisières de ces récits étranges, plus beaux parfois que les poèmes auxquels ils ont donné lieu, où le romantisme européen, puisant dans le Moyen Age, a trouvé sa source.
Le petit peuple des lutins bretons a été depuis longtemps repéré par d'éminents folkloristes qui se sont livrés à de savantes explorations sur le terrain : bou-diks, folliks, korriks, kornandons, poulpiquets et autres korrigans ont été décrits en maintes études érudites. Or, chose curieuse, même le folkloriste le plus rébarbatif se change en prosateur délicieusement hilarant lorsqu'il aborde la vie du lutin...
Sur le mode faussement sérieux et réellement drôle d'un essai scientifique par ailleurs parfaitement documenté, Françoise Morvan livre ici la première synthèse accordée à l'esprit farceur du lutin breton jamais réalisée.
Première en son genre aussi, la Table des lutins que l'on trouve en fin d'ouvrage.
Ayant traduit une centaine de poètes d'une vingtaine de langues, Armand Robin s'est livré à une expérience littéraire hors normes que Françoise Morvan s'est efforcée de faire connaître sans que pourtant le mythe construit autour de cette figure de poète maudit soit entamé. C'est ce mythe qu'elle étudie.