«Peu après son entrée en primaire, il avait tranquillement quitté la maison. L'école, ça ne lui a jamais beaucoup plu, disait ma mère avec un sourire fataliste. Mon frère était donc parti sur un coup de tête, sans que rien laissât deviner cette intention. Ces escapades se renouvelèrent. Parfois il ne rentrait pas de toute une journée, voire deux.» Mais, devenu adulte, Yûji finit par disparaître pour de bon, sans plus jamais donner de nouvelles. Dix ans plus tard, son jeune frère décide de partir à sa recherche. Au cours de ce qui va vite faire figure de quête initiatique à travers les lieux cultes d'un Tokyo ultra-branché, il va découvrir tous les dangers qui guettent le «voyageur» égaré dans le monde moderne : la violence, la drogue, les sectes... L'étrange personnalité de Yûji, qui inspire à la fois répulsion et bizarre sympathie, se révèle peu à peu, pour se dérober ensuite - jusqu'au coup de théâtre final.
«La maison d'arrêt d'Hakodate était l'unique établissement pénitentiaire du Japon proposant des cours d'entraînement naval. Cette année, dix détenus devaient bénéficier de cette formation, et je découvris parmi eux un de mes anciens camarades d'école. Je fus plus abasourdi encore par le fait que cet ancien condisciple n'était autre qu'Osamu Hanai...»Saitô, le narrateur, un des gardiens de la prison, apprend que le nouveau prisonnier a agressé et grièvement blessé au couteau un passant dans la rue, sans raison aucune. Il se souvient alors du petit garçon qui le terrorisait autrefois et avait fait de lui son souffre-douleur. Dix-huit ans se sont écoulés et Saitô, fasciné, va voir Hanai, pervers, manipulateur, imposer comme autrefois sa loi à tout son entourage. Mais Hanai l'a reconnu ou non ?Un bref et implacable roman à la fin surprenante.
Minoru Eguchi est armurier dans une île du sud du Japon, l'île d'Ôno. Sur son lit de mort, il se souvient de sa vie commencée à la fin du siècle dernier dans le Japon de la fin de l'ère Meiji. On le suit, lui et sa famille, à travers les guerres du XX? siècle, à travers la richesse ou la pauvreté, à travers les interrogations sur la vie, l'amour, la mort.Pour s'assurer qu'aucune âme n'errera solitaire sans trouver le repos, il entreprendra la construction d'une immense statue qui donne son titre au roman. Un Bouddha debout, parce qu'un «Bouddha assis ne peut secourir un enfant qui se noie, tandis qu'un Bouddha debout peut se précipiter au secours de tous ceux qui en ont besoin.» Un Bouddha édifié avec les ossements de tous les morts de l'île d'Ôno. «Un Bouddha qui symboliserait la promesse de se revoir dans l'autre monde. Une sépulture qui ne serait jamais délaissée par les vivants, tant que l'île existerait.»
Regarder l'autre, c'est déjà commencer à l'aimer. Enfant, la jeune femme qui raconte souffrait d'un isolement et d'une timidité quasi phobiques. Jusqu'au jour où son père lui a offert un appareil photo. L'objectif devient filtre vital, sinon philtre d'amour. Adulte, la narratrice, toujours en lisière de sa propre existence, observe et capture comme d'autres chassent et se nourrissent. Invariablement, ses amours passent par ce médium prothétique mi-masque, mi-béquille. Entre confidence et témoignage, elle remonte le fil d'une liaison amoureuse restée comme en suspens après la rupture. Réserve des débuts jamais tout à fait dissipée, déchaînement des élans, légèreté de la complicité, poids des silences. En fouillant cette mémoire vive à la faveur de retrouvailles épisodiques, la jeune femme va aussi progressivement se confronter à son propre besoin d'être aimée. Et à son tour, regardée.