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Gallimard
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«C'était comme si un rideau était tombé, dissimulant tout ce que j'avais connu. C'était presque comme de venir au monde une seconde fois. Les couleurs n'étaient plus les mêmes, plus les mêmes les parfums, plus la même impression laissée par les choses tout au fond de soi. Pas simplement la différence entre chaud et froid ; violet et gris ; lumière et ténèbres. Mais une différence dans ma façon d'avoir peur et ma façon d'être heureuse. Pour commencer, l'Angleterre me déplut.» Anne a quitté ses Antilles natales pour l'Angleterre. À dix-huit ans, sans ressources, elle se retrouve à Londres, figurante dans une troupe de théâtre minable. La ville est froide et triste, la pension de famille où elle habite, sinistre. D'expédients en expédients, de bras en bras, elle s'enfoncera petit à petit dans les ténèbres... Récit de la désillusion, Voyage dans les ténèbres retrace l'histoire d'Anne, jeune fille paumée qui erre dans la vie, de débâcle en désastre. Un roman poignant, sans concession, sur la misère des femmes «trop naïves pour vivre").
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«Quand ils furent rentrés dans la maison, je m'accoudai sur la froide balustrade du glacis et pensai que je ne l'aimerais jamais beaucoup. Je continuais à l'appeler "Monsieur Mason" en moi-même. "Bonne nuit, papa blanc", ai-je dit un soir et il ne s'en vexa pas, il rit. À certains égards, c'était mieux avant sa venue, bien qu'il nous eût sauvés de la pauvreté et de la détresse.» La créole Antoinette Cosway raconte son enfance au domaine Coulibri, en Jamaïque. Entre l'indifférence de sa mère et les révoltes des esclaves, son destin bascule : elle est envoyée dans un couvent qu'elle quittera à l'âge de dix-sept ans pour se voir épouser un Anglais distant, égoïste et arrogant. Poussée par la haine qu'il lui porte, elle sombre dans la destruction et la folie. Il fallut neuf ans à Jean Rhys pour écrire La prisonnière des Sargasses, qu'elle publie en 1966, après un silence de vingt-sept ans. L'autrice y maîtrise une narration à deux voix, alternant les paroles d'Antoinette et celles de son mari. Narration qui évoque la haine, la solitude et la démence. L'écriture de Jean Rhys - dont on devine l'inspiration autobiographique - fait de ce roman l'un des plus forts qu'elle ait écrits.
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Cocktails, mannequins, ateliers d'artiste, et aussi Vienne et les Antilles, en tous lieux et en toutes circonstances, Jean Rhys promène dans la vie son personnage hanté par la peur : «J'ai eu peur des visages lisses et brillants, des visages de rats, de la façon dont ils riaient au cinéma. J'ai peur des ascenseurs, du regard des poupées.» Une peur que seule l'écriture parvient à conjurer un tout petit peu.
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Au jour de sa mort le 14 mai 1979, à près de quatre-vingt-dix ans, Jean Rhys travaillait depuis environ quatre ans à un ouvrage autobiographique qui n'avançait qu'avec une extrême lenteur à cause de sa fragilité physique.
Elle parvint à mener les quinze brefs chapitres décrivant son enfance au point où la perfectionniste qu'elle était pût les considérer comme achevés. Ils racontent son histoire jusqu'au moment où elle quitta l'île de la Dominique, aux Antilles, où elle était née, pour aller poursuivre ses études en Angleterre. Pendant la dernière année de sa vie, elle songeait quelquefois à la possibilité de publier ces chapitres indépendamment ; mais elle concluait toujours en espérant avoir le temps de réviser et de polir le reste de son travail, qu'elle avait déjà dicté dans une première version.
Ce délai ne lui fut pas accordé. Ses éditeurs eurent le choix entre deux solutions : soit compléter le volume en y incluant les passages non révisés dans leur état brut, ce qu'elle ne leur aurait pas laissé faire de son vivant, soit en retirer des parties de son histoire dont ils savaient qu'elle souhaitait les raconter, ce qu'elle ne pourrait plus jamais faire. La décision de publier fut en grande partie motivée par le fait que, dans les chapitres non révisés, elle racontait comment elle avait commencé à écrire. ce qui était du plus haut intérêt pour tous ceux qui aiment et admirent son oeuvre et ne pouvait être puisé à aucune autre source.
Avec cette autobiographie inachevée, Jean Rhys laissait un impressionnant fragment d'autoanalyse intitulé « extrait d'un journal ». Elle l'avait écrit à la fin des années 1940 et comptait l'incorporer au volume si elle trouvait le moyen. La chose aurait peut-être été impossible : ces pages ont un style très différent du reste. Elles sont présentées ici en appendice et non comme partie intégrante du récit.
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à septembre, petronella ; qu'ils appellent ça du jazz
Jean Rhys
- Gallimard
- Folio 2 Euros
- 28 Septembre 2006
- 9782070339938
Petronella, une jeune choriste, passe quelques jours à la campagne chez un couple qui ne cesse de se disputer. De retour à Londres, elle fait la connaissance d'un homme qui lui donne rendez-vous en septembre... 1914. Accusée de boire et de chanter par ses voisins excédés, la créole Selina est emprisonnée pour avoir cassé une vitre. C'est là qu'elle entend quelques notes de musique qui vont bouleverser sa vie. Deux histoires de femmes malmenées par la vie dont le destin bascule au hasard d'une rencontre.
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Les tigres sont plus beaux a voir [nouvelles]
Rhys/Leyris
- Gallimard
- L'imaginaire
- 3 Juin 1983
- 9782070265534
Publié en 1968, après un silence de vingt-sept ans, les tigres sont plus beaux à voir regroupe des nouvelles écrites pendant et immédiatement après la seconde guerre mondiale, et d'autres plus anciennes tirées de la rive gauche, son premier livre paru en 1927.
Personne n'a parlé du paris bohème des années vingt aussi bien que jean rhys. on retrouve dans tout ce livre la maîtrise elliptique du récit, et, ainsi que le rapporte son traducteur pierre leyris, " cette passion d'exposer le cas du pauvre bougre" et "cet art original à la fois exquis et profondément troublant", portés par une "énergie faite de souffrance et de compassion indignée, avec laquelle elle nous exhorte à cesser d'être des tigres, puisque nous n'en avons pas la beauté".