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Gallimard
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«C'était comme si un rideau était tombé, dissimulant tout ce que j'avais connu. C'était presque comme de venir au monde une seconde fois. Les couleurs n'étaient plus les mêmes, plus les mêmes les parfums, plus la même impression laissée par les choses tout au fond de soi. Pas simplement la différence entre chaud et froid ; violet et gris ; lumière et ténèbres. Mais une différence dans ma façon d'avoir peur et ma façon d'être heureuse. Pour commencer, l'Angleterre me déplut.» Anne a quitté ses Antilles natales pour l'Angleterre. À dix-huit ans, sans ressources, elle se retrouve à Londres, figurante dans une troupe de théâtre minable. La ville est froide et triste, la pension de famille où elle habite, sinistre. D'expédients en expédients, de bras en bras, elle s'enfoncera petit à petit dans les ténèbres... Récit de la désillusion, Voyage dans les ténèbres retrace l'histoire d'Anne, jeune fille paumée qui erre dans la vie, de débâcle en désastre. Un roman poignant, sans concession, sur la misère des femmes «trop naïves pour vivre").
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Cocktails, mannequins, ateliers d'artiste, et aussi Vienne et les Antilles, en tous lieux et en toutes circonstances, Jean Rhys promène dans la vie son personnage hanté par la peur : «J'ai eu peur des visages lisses et brillants, des visages de rats, de la façon dont ils riaient au cinéma. J'ai peur des ascenseurs, du regard des poupées.» Une peur que seule l'écriture parvient à conjurer un tout petit peu.
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Au jour de sa mort le 14 mai 1979, à près de quatre-vingt-dix ans, Jean Rhys travaillait depuis environ quatre ans à un ouvrage autobiographique qui n'avançait qu'avec une extrême lenteur à cause de sa fragilité physique.
Elle parvint à mener les quinze brefs chapitres décrivant son enfance au point où la perfectionniste qu'elle était pût les considérer comme achevés. Ils racontent son histoire jusqu'au moment où elle quitta l'île de la Dominique, aux Antilles, où elle était née, pour aller poursuivre ses études en Angleterre. Pendant la dernière année de sa vie, elle songeait quelquefois à la possibilité de publier ces chapitres indépendamment ; mais elle concluait toujours en espérant avoir le temps de réviser et de polir le reste de son travail, qu'elle avait déjà dicté dans une première version.
Ce délai ne lui fut pas accordé. Ses éditeurs eurent le choix entre deux solutions : soit compléter le volume en y incluant les passages non révisés dans leur état brut, ce qu'elle ne leur aurait pas laissé faire de son vivant, soit en retirer des parties de son histoire dont ils savaient qu'elle souhaitait les raconter, ce qu'elle ne pourrait plus jamais faire. La décision de publier fut en grande partie motivée par le fait que, dans les chapitres non révisés, elle racontait comment elle avait commencé à écrire. ce qui était du plus haut intérêt pour tous ceux qui aiment et admirent son oeuvre et ne pouvait être puisé à aucune autre source.
Avec cette autobiographie inachevée, Jean Rhys laissait un impressionnant fragment d'autoanalyse intitulé « extrait d'un journal ». Elle l'avait écrit à la fin des années 1940 et comptait l'incorporer au volume si elle trouvait le moyen. La chose aurait peut-être été impossible : ces pages ont un style très différent du reste. Elles sont présentées ici en appendice et non comme partie intégrante du récit.
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Les tigres sont plus beaux a voir [nouvelles]
Rhys/Leyris
- GALLIMARD
- L'imaginaire
- 3 Juin 1983
- 9782070265534
Publié en 1968, après un silence de vingt-sept ans, les tigres sont plus beaux à voir regroupe des nouvelles écrites pendant et immédiatement après la seconde guerre mondiale, et d'autres plus anciennes tirées de la rive gauche, son premier livre paru en 1927.
Personne n'a parlé du paris bohème des années vingt aussi bien que jean rhys. on retrouve dans tout ce livre la maîtrise elliptique du récit, et, ainsi que le rapporte son traducteur pierre leyris, " cette passion d'exposer le cas du pauvre bougre" et "cet art original à la fois exquis et profondément troublant", portés par une "énergie faite de souffrance et de compassion indignée, avec laquelle elle nous exhorte à cesser d'être des tigres, puisque nous n'en avons pas la beauté".