Débiteur moral insolvable de l'abbaye de Port-Royal à qui il devait d'être resté en vie, l'« orphelin Racine » a trouvé dans un théâtre longtemps résolument frondeur chez lui, l'« issue corporelle pour son âme » qu'il cherchait avidement. En osant défier
Lieneke avait six ans quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté en Hollande. Cette fillette juive a dû se cacher, changer d'identité et être séparée de sa famille pour survivre. Afin de rassurer sa petite Lieneke, son papa lui a envoyé neuf ravissants carnets illustrés et calligraphiés. Ils auraient dû être détruits mais ont été miraculeusement conservés : les voici réunis dans leur présentation d'origine.
L'histoire de Lieneke est vraie, ses carnets ont existé et les originaux sont conservés en Israël. Agnès Desarthe a découvert leur existence lors d'un séminaire organisé dans ce pays au sein du kibboutz qui abrite le musée du Ghetto de Varsovie: «L'organisatrice, qui savait que j'écrivais des livres pour enfants, me les a montrés et m'a demandé si je pensais qu'on pourrait en faire un livre.
S'inspirant de la psychologie des profondeurs et donnant la parole à de nombreux penseurs libres qui ont parfois payé leur courage de leur vie, Diable et diabolisation a cherché à mettre en lumière ce que pouvaient bien cacher certains arguments théologiques et philosophiques parfois délirants qui ont valu à nombre de femmes et d'hommes innocents de terminer leur vie sur le bûcher.
Bien connue de la littérature et du cinéma contemporains, la figure du diable évoque sans doute de loin certaines techniques de manipulation des masses que les pouvoirs politique et religieux ont parfois su largement utiliser pour maintenir en place leur autorité. Plus secrètement, c'est l'interprétation de cette figure qui aurait bien été à l'origine d'une impitoyable chasse au Mal. Diable et diabolisation ne se contente pas de défendre l'idée que la sorcière et l'hérétique sont les victimes de discriminations sociales et indirectement de querelles d'interprétations que les textes bibliques ont suscitées.
Le livre défend aussi l'idée que, pour le malheur de leurs victimes, les inquisiteurs ont perçu en elles ce qu'ils ne pouvaient supporter d'abord en eux-mêmes: l'agitation des désirs glauques et des passions obscures qui font qu'il restera toujours quelque chose de la "bête" chez celui qui prétend qu'on peut devenir "ange".
Lors d'un procès d'Inquisition, métamorphoser, fût-ce sur base d'indices faibles ou de délation, une jeune femme ou un jeune homme en sorcière ou en sorcier, ou encore un homme de confession juive en sous-homme relève des mêmes ressorts secrets des pulsions élémentaires - de vie ou de mort - qui hantent les représentations mentales des bourreaux et de leurs autorités. Après Feuerbach ou Freud, l'impact de ces représentations sur l'imaginaire religieux n'est plus à démontrer, pas plus que ne l'est la sublimation qui génère la création d'entités spirituelles. Mais l'intervention récente d'un philosophe anglais, Richard Swinburne de l'université d'Oxford, spécialiste de Thomas d'Aquin, rouvre à propos d'Auschwitz une plaie béante au sein de l'antijudaïsme chrétien quand ce philosophe thomiste proclame, et ce sans l'ombre d'une hésitation : « Cela devait être horrible d'être gardien à Auschwitz. Les victimes ne peuvent pas nier qu'elles ont de quoi être reconnaissantes ; en effet, dans la situation atroce qu'est la leur, si elles font de bons choix, elles peuvent accéder à la sainteté. » Le vieux thème de la souffrance rédemptrice refait brutalement surface chez ce théologien classique pour, une fois encore, minimiser l'importance de ce qui fut, comme l'ont écrit tous les témoins, rupture de civilisation...