La Provence est à la fois unique et plurielle. Elle offre un ensemble de paysages très différents, aux caractères forts, mais qui ont en commun une histoire, une culture et un art de vivre. Les contes réunis dans ce recueil en sont le reflet. Fidèle aux thématiques traditionnelles des contes, ce volume mêle l'amour, la jalousie, la trahison, la fourberie, l'avarice, la puissance, la mort, etc., et nous fait voyager de la Gaule à l'Ionie en Asie Mineure, en passant par Cordoue en terre hispano-arabe, avant de revenir à Arles au temps de l'occupation sarrasine, puis à Notre-Dame-de-la-Garde à une période plus récente.
Du cap Corse à Bonifacio, l'auteur a sillonné lile de Beauté. Il a suivi les vieux sentiers du maquis, bordés de bruyères, darbousiers, de cistes, de lentisques et de genévriers, que parfument le myrte et le romarin, nourrissant ces vingt-cinq contes traditionnels à travers lesquels transparaissent les peurs, les désirs, les doutes, lhumour, la sensibilité et la sagesse de tout un peuple. Grossu Minutu, personnage populaire de la Corse, nous guide dans ce recueil inédit avec ses jeux de mots et son sens de la repartie.
Jean MUZI est né à Casablanca où il a passé toute son enfance. Après des études de lettres, de cinéma et darts plastiques, il devient scénariste et réalisateur. Il a publié une trentaine de livres destinés à la jeunesse dont plusieurs ont été traduits. Il sintéresse beaucoup aux pays du Maghreb et du Moyen-Orient où il a souvent voyagé et parfois séjourné, notamment durant deux années en Arabie Saoudite.Auteur des Contes des sages et facétieux Djeha et Nasreddine Hodja et des Contes des sages de Bretagne.
Peut-on être indemne du poids de ses origines ? Il voudrait le croire, celui qui porte en lui la passion innée de la liberté.
Un homme, interrogé sur sa nationalité, se voit contraint de partir à la découverte de son histoire familiale.
Il aborde d'abord la Corse, cette île sans rivages qui a de la Méditerranée absorbé tous les excès. La splendeur et l'ascèse, l'harmonie et l'orgueil, la démesure qui transforme toute histoire en destin et, à toutes les époques, la violence du sang comme un jaillissement originel.
Mais les îles sont faites pour être quittées et son voyage dans le passé se terminera sur la rive tunisienne de la mer Intérieure, cet outre-mer où les Corses ont pris une large part.
30 mars 1912 : le protectorat s'abat sur le Maroc. Il s'incarnera dans deux grandes figures, Lyautey et Mohammed ben Youssef, pendant trois décennies l'avers et le revers d'une même médaille. Des vagues d'immigration européenne, pleine d'espoir en une vie meilleure, se succèdent dès après la Première Guerre mondiale en entraînant le développement d'un urbanisme spectaculaire selon deux grands principes lyautéens, la créativité novatrice et la séparation entre ville « indigène » et ville européenne. On offre très vite un port à Casablanca qui devient la ville phare de la côte atlantique en mettant en scène ses ambitions démesurées. S'y concentrent, parmi les Européens, les adeptes d'un colonialisme sans nuances et les tenants d'une éthique de la coopération. Avec entre les deux une multitude d'individus, venus là sans autre projet que celui de vivre meux, et qui vouèrent à cette ville et à ce pays une passion sans bornes. Adélie, qui habite avec sa famille ce récit, est de ceux-là. Elle appartient à cette catégorie d'inclassables, privés de véritable idéologie, qui donnent l'impression de se laisser ballotter par les soubresauts de l'Histoire, de n'avoir pas prise sur leur vie. Mais l'ailleurs parfois offre la possibilité de changer. Et de comprendre que se tenir à l'écart n'éxonère pas d'une part de responsabilité. Adélie et Casablanca vont ensemble. L'une et l'autre cheminent vers l'autonomie. Lentement. La première ne se laisse pas happer par ce qui l'entoure et reste au plus près de son sillon. Au coeur de la seconde, les Marocains peu à peu redeviennent les acteurs de leur propre histoire.
Massé-Muzi Nicole