Au tragique psychologique - celui de l'amour - vient se superposer un tragique en quelque sorte moral - celui de la dignité perdue - qui n'apparaît que dans Phèdre. Ici seulement, le personnage se livre à sa passion en la haïssant, continue à combattre contre soi, tout en s'abandonnant à lui-même, pour être vaincu enfin sur les deux plans où se développe cette tragédie singulière : le plan moral et le plan psychologique. Phèdre est un témoin de la liberté. Racine remplit ici la vocation éternelle de la tragédie, qui est d'orchestrer une méditation sur la situation de l'homme.
Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n'aime que son époux défunt et son jeune fils. Le premier chef-d'oeuvre de Racine n'oppose que quatre personnages, parmi lesquels les femmes, Andromaque, Hermione, dominent. La folie emporte Hermione et Oreste, et la pièce se clôt sur la victoire de la pureté. Tant de violence et tant de dépouillement, voilà les causes du succès de la première grande tragédie de Racine.
La première tragédie romaine de Racine montre les effets de la passion destructrice sur des enjeux plus nobles : les successions dynastiques, les luttes pour le pouvoir impérial, le devenir des empires. La disgrâce d'Agrippine et la mort de Britannicus affermissent le pouvoir personnel de Néron, révèlent sa nature criminelle et ses désirs monstrueux. La rivalité entre frères se double du thème politique de l'usurpation tyrannique. L'action est conduite par degrés jusqu'à son dénouement tragique et naturel. Ainsi sont dramatisés un sujet, l'assassinat de Britannicus par Néron, et des caractères. Ils nous fascinent par le naturel et la noblesse de l'expression poétique, qui concourent à la cérémonie tragique.
Le chef-d'oeuvre de Racine, suivi d'un parcours littéraire « Passion et tragédie ». Dans une édition conforme aux nouveaux programmes de français du lycée, incluant notamment des prolongements artistiques et culturels et un dossier Nouveau bac.
L'oeuvre À Trézène, en Grèce antique, Phèdre éprouve un amour fou pour son beau-fils, Hippolyte. Croyant son époux, Thésée, mort au combat, elle avoue sa passion coupable au jeune homme. Mais celui-ci en aime une autre.
Modèle de la tragédie classique, Phèdre illustre la force irrationnelle et destructrice de la passion amoureuse.
Le parcours « Passion et tragédie » 10 textes clés pour comprendre comment la passion est au coeur du conflit tragique dans les tragédies du XVIIe siècle.
La réflexion est organisée selon ce plan :
1. La passion, source de conflits tragiques 2. La passion, moteur de l'action tragique 3. Deux visages de la passion : le théâtre de Corneille et le théâtre de Racine Le dossier Toutes les ressources utiles au lycéen pour étudier l'oeuvre dans le cadre des nouveaux programmes :
- un avant-texte pour situer l'oeuvre dans son contexte - au fil du texte, la rubrique « Des clés pour vous guider » - après le texte :
- des repères sur l'oeuvre - un groupement de textes complémentaires sur la figure du monstre au théâtre - des sujets types pour l'écrit et l'oral du nouveau bac français Des prolongements artistiques et culturels 7 oeuvres clés illustrant le mythe de Phèdre, et des outils pour les analyser.
Et un guide pédagogique Sur www.classiques-et-cie.com. En accès gratuit réservé aux enseignants, il inclut tous les corrigés : des questionnaires au fil du texte, des sujets de bac, des lectures d'images.
Après cinq ans de vie commune, Titus, devenu empereur, s'apprête à renvoyer la reine juive Bérénice. A-t-il d'autres choix ? Mais Bérénice pourra-t-elle survivre sans lui ? Avec cette pièce, Racine signe la tragédie du sacrifice, la tragédie de tous les sacrifices que la vie impose aux hommes pour grandir.
Racine Iphigénie On donnait à boire à Sekhmet, la déesse Lionne égyptienne, de grands pots de bière rouge qu'on lui faisait passer pour du sang. Après quoi, apaisée, elle s'endormait. Mais tous les dieux ne s'en laissaient pas si facilement conter.
Pour que se lèvent les vents sans lesquels les bateaux d'Agamemnon ne peuvent cingler vers Troie, les dieux grecs exigent de lui qu'il sacrifie rien moins que sa fille Iphigénie. Pris de pitié pour elle, Racine est décidé à la sauver. Mais il va se trouver contraint d'en immoler une autre à sa place, jeune femme moins aimable et moins vertueuse, il est vrai.
Dieux de l'Olympe, dieux aztèques, dieux incas... tous, semble-t-il, aussi assoiffés de sang. Le bruit court que l'homme les aurait créés à son image...
Préface d'Anne Delbée.
Commentaires et notes de Jean Dubu.
En Épire, au lendemain de la défaite de Troie, Andromaque est prisonnière à la cour de Pyrrhus. Mais, alors que celui-ci doit épouser la grecque Hermione, il s'enflamme pour sa captive et lui offre son royaume. Andromaque, toujours éprise de son époux Hector tué dans le conflit, rejette cet amour. Pyrrhus menace alors d'exécuter Astyanax, le fils d'Andromaque et d'Hector. Pour assouvir sa passion, il est prêt à tout, même à une guerre contre ses alliés grecs. Quant à Hermione, elle rêve de vengeance, tandis qu'Oreste, son prétendant malheureux, attend son heure.
Dans une atmosphère lourde, les passions se déchaînent. À la fois bourreaux et victimes, les personnages tentent d'échapper à l'engrenage fatal. Dans une langue épurée, aux sonorités enchanteresses, ils nous donnent le spectacle terrible et émouvant de ce que nous nous sentons être confusément : des hommes capables du meilleur mais parfois emportés par le pire.
- Le texte intégral annoté - Cinq questionnaires d'analyse de l'oeuvre - Une présentation de Racine et de son époque - Le genre de l'oeuvre et sa place dans l'histoire littéraire - Une rubrique « Portfolio » pour la lecture d'images - Un dossier Spécial bac sur le thème « Aliénation amoureuse »
Quoiqu'il aime Bérénice, Titus renonce à l'épouser parce que Rome interdit cette union de l'empereur et d'une reine étrangère. Mais lorsqu'il la confie à Antiochus, roi de Comagène, également amoureux d'elle, Bérénice refuse violemment de partir avec lui et, éperdue, implore Titus qui l'aime plus que jamais. Le sujet de la pièce, créée à l'Hôtel de Bourgogne en 1670, n'est ainsi que la souffrance d'une séparation amoureuse puisque l'action consiste pour Titus à se faire comprendre, et pour Bérénice à refuser de comprendre. Comme nous le dit la préface de Racine, « la tristesse majestueuse » fait ainsi « tout le plaisir de la tragédie ». Et le tragique de Bérénice, en effet, c'est que son dénouement condamne les trois héros un moment tentés par la mort à une solitude plus douloureuse que la mort même : tragique tout élégiaque d'une passion pure et d'une mélancolie dominée.
Edition de Georges Forestier
En commandant cette pièce pour les jeunes filles de Saint-Cyr, Mme de Maintenon a offert à Racine l'occasion d'inventer ce qui a pu lui apparaître comme la forme idéale de tragédie, qui ferait alterner harmonieusement le dramatique et le lyrique, les émotions propres au tragique et l'émotion due aux cantiques, le déclamé et le chanté, l'alexandrin régulier et le vers mêlé, bref une forme supérieure d'émotion théâtrale, le tout au service de la plus grande gloire de Dieu. On comprend ainsi pourquoi le poète a eu à coeur de transformer ce qui était à l'origine une expérience pédagogique en une expérience poétique d'un genre inconnu. On sait que la pièce raconte comment Esther, épouse d'Assuérus, obtient de son époux la grâce de son peuple et de son oncle Mardochée, malgré les complots du redoutable ministre Aman.
Athalie est la tragédie de Racine qui montre la plus sûre technique dramatique ; toutes les lois du théâtre y sont appliquées. Athalie règne depuis huit ans ; il faudra qu'en une journée, Joas, caché dans le temple, inconnu de tous, soit couronné, et Athalie condamnée à mort. Celle-ci, avertie par un songe, veut se faire livrer l'enfant. Le grand prêtre attire la reine dans un piège, le peuple se rallie à Joas, mais l'action ne connaît aucun temps mort.Cependant, c'est une pièce religieuse : la mythologie y prend la forme de l'Histoire Sainte, la fatalité devient providence divine. «Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit», s'écrit Athalie. Ce n'est plus le destin aveugle de la tragédie grecque, livrée aux caprices des divinités de l'Olympe, mais l'Histoire qui se déroule selon une fin. Dieu est le principal personnage de la tragédie. Le style en reçoit une grandeur nouvelle, le vers est modelé par la parole biblique. Les personnages simplifiés ont une beauté sculpturale, dans un décor grandiose, celui du Temple de Jérusalem, le sanctuaire par excellence.C'est l'aboutissement de tout le théâtre de Racine, et sa dernière pièce.
Republier les éditions originales de Racine, c'est l'immerger dans son contexte littéraire immédiat ; aussi chacune des tragédies est-elle suivie des textes critiques qu'elle a pu susciter à sa création : la célèbre Dissertation sur le Grand Alexandre rédigée par Saint-Évremond, La Folle Querelle ou la Critique d'Andromaque, comédie de Subligny montée par Molière sur son théâtre, l'Entretien sur les tragédies de ce temps de De Villiers, etc. Les préfaces des différentes éditions des pièces sont également reproduites. Ces textes aident à comprendre le déroulement de la création racinienne, à évaluer les enjeux des oeuvres et l'accueil qu'elles ont reçu, à mesurer les résistances que Racine, malgré ses triomphes et ses appuis, n'a cessé d'affronter, ainsi que la manière dont il a, selon les cas, tenu compte, ou non, de ces critiques.
Mithridate J'ai vengé l'Univers autant que je l'ai pu. La Mort dans ce projet m'a seule interrompu. Ennemi des Romains, et de la Tyrannie, Je n'ai point de leur joug subi l'ignominie. Et j'ose me flatter, qu'entre les Noms fameux, Qu'une pareille haine a signalés contre eux, Nul ne leur a plus fait acheter la victoire, Et de jours malheureux plus rempli leur Histoire. Le ciel n'a pas voulu, qu'achevant mon dessein Rome en cendre me vît expirer dans son sein. Mais au moins quelque joie en mourant me console. J'expire environné d'ennemis, que j'immole. Dans leur sang odieux j'ai pu tremper mes mains. Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains. (Acte V, scène dernière)
En l'absence du sultan, parti faire le siège de Babylone, sa favorite, Roxane, dispose de tous les pouvoirs et règne sur l'Empire ottoman depuis son sérail. Lorsqu'elle reçoit un message de Babylone réclamant la tête de Bajazet, frère du sultan, elle ne peut se résoudre à l'exécuter... Au contraire, elle veut en faire son époux. Et pour cause : Acomat, grand-vizir en disgrâce auprès du sultan, a élaboré un complot pour que Roxane s'éprenne de Bajazet et porte ce dernier sur le trône. Loin des combats, c'est dans le sérail du palais, ce lieu interdit aux regards et conçu pour échauffer les passions, que la véritable bataille est livrée : celle de l'amour et du pouvoir, dont l'issue ne peut être que fatale.
Magistrats, avocats, plaideurs, avoués, greffiers, voilà tout un monde étrange, à la fois séparé de la société, notamment par son jargon, mais aussi étroitement attaché à elle par mille liens variés, un microcosme où se rencontrent les passions les plus généreuses comme les mesquineries les plus sordides, un Royaume qui possède ses Palais, ses dignitaires, ses lois et ses usages, qui attire les honnêtes gens comme les crapules, les personnes de bon sens comme les plus forcenés des maniaques.
Rien d'étonnant à ce que ce monde-là ait toujours fasciné les écrivains, d'Aristophane à Courteline en passant par l'auteur de Maître Pathelin, Rabelais et Racine lui-même qui n'hésita pas à délaisser provisoirement ses chères tragédies pour nous divertir avec ces Plaideurs que nous vous présentons aujourd'hui.
« Le lecteur me permettra de lui demander un peu plus d'indulgence pour cette pièce, que pour les autres qui la suivent. J'étais fort jeune quand je la fis. » Autrement dit, comment Racine avait-il pu ne pas faire du Racine ? Car La Thébaïde repose sur un conflit dont le moteur n'est pas la passion amoureuse mais la rage suicidaire de tous les personnages. Racine puise chez Euripide la sanglante histoire d'Étéocle et de Polynice, les deux fils d'oedipe. Un tel sujet l'entraînait vers une esthétique de la fureur au moment où triomphaient les grâces de l'amour galant. Pari tenu : Molière fit créer la pièce par sa troupe. Trois siècles plus tard, on est encore stupéfait de voir comment la tragédie classique savait styliser la violence des passions qui habitent les hommes.
Les six pièces de Racine que contient ce volume forment le premier versant de l'oeuvre, celui de la prodigieuse et presque immédiate ascension d'un écrivain vers la perfection de son art. Racine a vingt-cinq ans lorsqu'il fait représenter La Thébaïde par la troupe de Molière. L'auteur de Britannicus et de Bérénice est un homme de trente ans qui a su trouver dans la simplicité du drame et la pureté mélodieuse de la langue le moyen d'exprimer la vérité de l'émotion tragique, la douleur ou la cruauté de la passion : dès Andromaque, «tout est dans l'âme», «rien que dans l'âme», et dans le chant.
Une nouvelle édition de Racine, qui ne veut pas sacrifier à la mode, mais présenter un Racine vrai. On disserte trop sur Racine. Une cure d'amaigrissement, qui le ramène aux seules (et trop rares) données positives que l'on connaisse sur lui, reste le seul moyen de relancer la recherche sur des bases moins incertaines que le structuralisme, la sociologie ou la psychanalyse. L'art racinien séduit pas sa discrétion. Il faut, pour le présenter, commencer par se mettre au diapason.
«La tragédie racinienne est l'une des tentatives les plus intelligentes que l'on ait jamais faites pour donner à l'échec une profondeur esthétique : elle est vraiment l'art de l'échec, la construction admirablement retorse d'un spectacle de l'impossible. En cela elle semble combattre le mythe, puisque le mythe part de contradictions et tend progressivement à leur médiation : la tragédie, au contraire, immobilise les contradictions, refuse la médiation, tient le conflit ouvert ; et il est vrai que chaque fois que Racine s'empare d'un mythe pour le convertir en tragédie, c'est toujours en un sens pour le récuser, le paralyser, en faire une fable définitivement close.» Roland Barthes, Sur Racine.
. La Thébaïde . Alexandre le Grand . Andromaque . Les Plaideurs . Britannicus . Bérénice
«Les romantiques s'offusquent de ce théâtre sans images. Préférer le récit à l'exhibition scénique des grands meurtres et des grands prodiges, ils croient que c'est fuir la difficulté : c'est la chercher, au contraire, puisque c'est refuser l'aide du physique et du sensible, du metteur en scène et du machiniste, des lumières, des couleurs, de l'agitation, de l'acteur et du spectateur même. L'auteur assume tout le fardeau du drame.» Thierry Maulnier, Racine.
. Iphigénie . Phèdre . Esther . Athalie . Bajazet . Mithridate
La guerre de Troie s'achève. Vaincus, Andromaque et son fils Astyanax, dernier héritier de la famille royale troyenne, sont prisonniers du roi Pyrrhus, allié des Grecs. Mais Oreste, l'ambassadeur de la Grèce, vient réclamer la tête de l'enfant. Pyrrhus livrera-t-il l'otage ? Épousera-t-il Andromaque, dont il est amoureux ? Une autre guerre aura-t-elle lieu, cette fois entre Pyrrhus et les Grecs ? Cette tragédie des passions trahies et noyées dans le sang lança l'immense carrière théâtrale de Racine.
De 1677, l'année de Phèdre et de son renoncement au théâtre, à sa mort en 1699, Racine fut l'historiographe de Louis XIV. Pour connaître Racine prosateur, il ne nous reste que l'Abrégé de l'histoire de Port-Royal, texte clandestin, longtemps jugé trop dangereux, que Racine et ses proches gardèrent secret. Ce texte a été composé quelques années avant la mort de l'auteur pour défendre la cause port-royaliste, notamment face aux Jésuites. Dans ce plaidoyer bref, intense, nourri de faits puisés aux meilleures sources, les armes de l'histoire sont retournées contre la politique du Roi Soleil. Parce que l'historien a vécu ce dont il parle et a été, enfant, le témoin oculaire des persécutions, il y reprend ce qui avait été le thème constant de son théâtre : l'innocence persécutée. Il écrit, en prose, la tragédie de Port-Royal.
La Thébaïde ou les Frères ennemis Alexandre le Grand Andromaque / Les Plaideurs / Britannicus Bérénice / Mithridate Iphigénie / Phèdre / Esther Athalie
Phèdre aime Hippolyte, amoureux d'Aricie. Mais Phèdre est aussi l'épouse de Thésée, le père d'Hippolyte. Une tragédie qui fait apparaître la passion comme un sentiment fatal et destructeur. Avec un dossier thématique.
Trézène, Grèce, à une époque lointaine. Le roi Thésée est porté disparu et présumé mort. Phèdre, sa seconde épouse, se consume d'amour pour Hippolyte, son beau-fils. À peine avoue-t-elle ses sentiments au jeune homme que Thésée revient au pays...