Le corps, centre névralgique de notre vitalité, conditionne l'ensemble de notre vécu. De fait, qu'est-ce que la maladie, si ce n'est l'entrave de notre puissance d'agir, une atteinte directe à notre « corporéité » ? En parallèle de l'approche classique sur le traitement médical, l'ouvrage développe une nouvelle théorie, s'appuyant sur de nombreuses recherches scientifiques, autour des bienfaits de l'activité physique adaptée, afin de lutter contre les pathologies et les conséquences du vieillissement. Bien plus qu'une simple méthode pour réparer un « corps machine », l'activité physique adaptée permet de saisir la santé comme l'expérience d'un « corps vivant », à la fois individuelle et singulière. Ainsi par-delà ses vertus thérapeutiques, le programme d'APA offre aux patients la possibilité de retrouver le sentiment d'unité et de complétude, abîmé par la maladie.
Symboles par excellence d´une médecine qui sauve des vies, les unités hospitalières de réanimation et de soins intensifs portent également à leur paroxysme le danger d´une déshumanisation des soins. Dans l´imaginaire collectif, cette médecine démiurge apparaît sous un double visage : elle redonne la vie, mais est aussi le possible lieu de l´acharnement thérapeutique, de pratiques froides et impersonnelles. Les patients se retrouvent dépendants de machines, observés et soumis à des procédures multiples, objets de soins dont la finalité avouée est la prise de contrôle de l´organisme. Ici plus qu´ailleurs, l´opposition entre technique et relation apparaît éclatante. Pourtant, à regarder de plus près le travail d´une unité de soins intensifs, les choses ne sont pas si simples. Cet ouvrage nous invite à réinterroger les liens entre technique et relation dans les pratiques soignantes.
Le cancer se soigne de mieux en mieux. On n'en sort toutefois jamais indemne. Comme pour toute maladie grave ou pour toute maladie chronique, la vie pendant et après apparaît comme une « épreuve de soi », qui transforme notre rapport à l'existence et oblige la personne à redéfinir pour elle-même un nouvel état « normal » de santé. En s'appuyant sur le témoignage de femmes ayant traversé l'épreuve du cancer du sein, les auteurs proposent une approche dynamique et compréhensive de la maladie et de ses conséquences pour faciliter et soutenir, après traitement, « un soin de soi » auprès des patients, de leur entourage et des professionnels de la santé.
Depuis le printemps 2020, il nous a fallu tenir ensemble face à la pandémie. Cela a été l'occasion d'éprouver nos valeurs et nos priorités. Plutôt que faire la guerre au virus, soigner et prendre soin sont ressortis comme faisant partie des choses les plus « essentielles » dans nos vies individuelles et collectives. Pour autant, le soin, rudement mis à l'épreuve, n'a pas encore été suffisamment reconnu, pensé et revalorisé. A partir de ce constat, cet ouvrage issu d'expériences variées - y compris de patients - et mobilisant des disciplines différentes (médecine, sciences humaines et sociales, philosophie) éclaire ce à quoi nous tenons dans le soin à l'aune de cette épreuve collective.
Alors que le monde est secoué par les effets dévastateurs d'une pandémie, la question du soin est plus que jamais au coeur des enjeux de notre société. Les auteurs et interlocuteurs de la collection " Questions de soin " prennent la parole et proposent ici leur contribution à cette réflexion, comme autant de jalons pour l'avenir. Au-delà de l'intervention, sur le moment, il faut en effet reprendre et s'appuyer sur le temps de la recherche, de la pratique, de l'enseignement à tous niveaux, du débat public sur le long terme, qui sera aussi celui de cet événement hors-normes
Depuis Claude Bernard jusqu'à la médecine fondée sur les preuves, quelle place la médecine scientifique fait-elle à la clinique et au soin du patient individuel ? De Freud à la prise en charge des vétérans souffrant de stress post-traumatique, en quoi le soin psychique permet-il de mieux comprendre la vie quotidienne avec la maladie et de questionner les critères du « bon soin » bien au-delà de la santé mentale ? De la compassion critiquée par Nietszche à la reconnaissance de la vulnérabilité et de l'interdépendance des sujets promue par les éthiques du care, quelles sont les valeurs fondatrices du soin ?
En quoi les savoirs médicaux, les relations sociales et les choix économiques les mettent-ils à l'épreuve, au point de faire basculer le soin en son envers fait de domination et d'exclusion ? De Franz Fanon à Joan Tronto, les approches contemporaines du soin offertes ici ancrent le questionnement éthique dans les analyses anthropologiques et politiques dont il a résolument besoin.
Cet ouvrage constitue le second volume des Classiques du soin (Puf, 2015).
La philosophie du soin que ces journées voudraient esquisser ne vise ni à
dénoncer la technique médicale pour elle-même, ni à attendre qu'elle résolve
par son évolution les problèmes éthiques. Elle cherche à penser les manières
dont les techniques peuvent, y compris dans leur matérialité, s'intégrer à la
visée du soin. Elle ne vise pas à ajouter de l'extérieur une dimension
soignante à la médecine technique existante, mais à penser le soin au coeur même
de la technique et de la médecine. Contribuer à une philosophie du soin demande
de faire converger différentes approches réflexives dans les divers champs de
la médecine qui mobilisent de manière intense la question du soin. Ce projet
rencontre aussi les problèmes soulevés par l'éthique du care. Il s'agit aussi
de s'interroger sur la manière dont cette réflexion peut initier le soignant à
se décentrer du point de vue de la technique médicale pour (re)connaître
l'existence et la légitimité de celui du malade. Comment faire que la
philosophie ne soit pas tant une initiation à l'éthique et à des principes
fondamentaux extérieurs à la question du soin, qu'une formation éthique visant
la rénovation du soin par l'attention au malade ? Ouvrage publié sous la
direction de Frédéric Worms, professeur d'histoire de la philosophie
contemporaine à l'Université de Lille 3 (UMR 8163 Savoirs textes et langage) et
directeur du Centre international d'étude de la philosophie française
contemporaine à l'ENS (Paris).
Quels soins donne-t-on à un malade qui va mourir ? Et que dit-on que l'on fait ? Que dit-il, lui, qui est placé dans l'incertitude profonde de son sort ? L'entend-on ? Comment l'entendre ? Et que lui répondre ? Bien souvent les questions qui se posent à l'approche de la mort sont laissées au non-dit. Et les silences se creusent entre pudeur et impuissance, respect et fuite, compréhension et angoisse.
Pour briser le silence, sans imposer un discours, ce livre manifeste une attention originale : en donnant largement la parole aux soignants et aux malades, il rappelle inlassablement la dissymétrie de leurs situations, insurmontable par principe. Mais ce faisant, il interroge ce qui se dit de part et d'autre, libérant ainsi une autre voie, celle de l'écoute comme possibilité et foyer de relations porteuses de sens.
De ces rapprochements de paroles et des multiples hésitations des soignants à définir leurs actes et leurs objectifs, il ressort que la mission même de la médecine demande à être repensée afin de fonder une « médecine de l'incurable », appelée à orienter la prise en charge d'un nombre grandissant de patients âgés ou malades chroniques pour lesquels la médecine n'a pas de certitude ou n'a plus d'espoir de guérison.
Un livre inhabituel donc, et d'autant plus nécessaire pour tous les acteurs du soin, à la fois immergés dans le pragmatisme de leur travail et confrontés à l'intime d'une existence unique exposée à l'épreuve abyssale de sa mort.
A quel prix peut-on sauver la vie ? Une telle question taraude la médecine contemporaine lorsqu'elle réanime des malades avec des risques de lourdes séquelles. C'est le cas des personnes touchées pas un accident vasculaire cérébral (AVC). Avec 130 000 nouveaux cas par an, ce véritable problème de santé publique est la première cause de handicap acquis et la troisième cause de mortalité dans notre pays.
Depuis peu, un traitement spécifique permet à ces patients d'éviter la mort et de limiter les séquelles.
Mais ces progrès thérapeutiques interrogent car ils ne guérissent pas la maladie et n'empêchent pas toujours un handicap sévère.
À partir d'observations menées à l'hôpital, cet ouvrage vise à mieux comprendre ce que font les médecins face à ces situations. Il décrit concrètement la prise en charge de tels patients et décrypte les problèmes éthiques posés. Faut-il limiter ou arrêter les traitements lorsque le cas est trop grave ? Comment accompagner dans cette épreuve les personnes et leurs familles ? Comment soulager leurs souffrances et les soutenir ? Quelle doit être la place des soins palliatifs ? Parce que les AVC touchent surtout des personnes âgées et très âgées à la santé fragile, ces pratiques questionnent la politique de santé.
Dans quels buts et selon quelles logiques développons-nous sans le dire, sans le savoir peut-être, une médecine de la vieillesse ? Quels soins voulons-nous pour nos proches âgés et pour nous-mêmes plus tard ?