Quels soins donne-t-on à un malade qui va mourir ? Et que dit-on que l'on fait ? Que dit-il, lui, qui est placé dans l'incertitude profonde de son sort ? L'entend-on ? Comment l'entendre ? Et que lui répondre ? Bien souvent les questions qui se posent à l'approche de la mort sont laissées au non-dit. Et les silences se creusent entre pudeur et impuissance, respect et fuite, compréhension et angoisse.
Pour briser le silence, sans imposer un discours, ce livre manifeste une attention originale : en donnant largement la parole aux soignants et aux malades, il rappelle inlassablement la dissymétrie de leurs situations, insurmontable par principe. Mais ce faisant, il interroge ce qui se dit de part et d'autre, libérant ainsi une autre voie, celle de l'écoute comme possibilité et foyer de relations porteuses de sens.
De ces rapprochements de paroles et des multiples hésitations des soignants à définir leurs actes et leurs objectifs, il ressort que la mission même de la médecine demande à être repensée afin de fonder une « médecine de l'incurable », appelée à orienter la prise en charge d'un nombre grandissant de patients âgés ou malades chroniques pour lesquels la médecine n'a pas de certitude ou n'a plus d'espoir de guérison.
Un livre inhabituel donc, et d'autant plus nécessaire pour tous les acteurs du soin, à la fois immergés dans le pragmatisme de leur travail et confrontés à l'intime d'une existence unique exposée à l'épreuve abyssale de sa mort.
A quel prix peut-on sauver la vie ? Une telle question taraude la médecine contemporaine lorsqu'elle réanime des malades avec des risques de lourdes séquelles. C'est le cas des personnes touchées pas un accident vasculaire cérébral (AVC). Avec 130 000 nouveaux cas par an, ce véritable problème de santé publique est la première cause de handicap acquis et la troisième cause de mortalité dans notre pays.
Depuis peu, un traitement spécifique permet à ces patients d'éviter la mort et de limiter les séquelles.
Mais ces progrès thérapeutiques interrogent car ils ne guérissent pas la maladie et n'empêchent pas toujours un handicap sévère.
À partir d'observations menées à l'hôpital, cet ouvrage vise à mieux comprendre ce que font les médecins face à ces situations. Il décrit concrètement la prise en charge de tels patients et décrypte les problèmes éthiques posés. Faut-il limiter ou arrêter les traitements lorsque le cas est trop grave ? Comment accompagner dans cette épreuve les personnes et leurs familles ? Comment soulager leurs souffrances et les soutenir ? Quelle doit être la place des soins palliatifs ? Parce que les AVC touchent surtout des personnes âgées et très âgées à la santé fragile, ces pratiques questionnent la politique de santé.
Dans quels buts et selon quelles logiques développons-nous sans le dire, sans le savoir peut-être, une médecine de la vieillesse ? Quels soins voulons-nous pour nos proches âgés et pour nous-mêmes plus tard ?