Qui n'a pas observé après son premier cri le babil d'un nouveau-né - fait de bruits ensuite de sons puis de voyelles qu'il s'amuse à répéter. C'est le premier babillage où il distingue les graves et les aigus. Il attrape des objets et modifie aussitôt le babil jusqu'au babil canonique par lequel les syllabes apparaissent avec consonnes et voyelles.
L'enfant passe de la langue au langage à l'aide des premiers accents de séduction, et peut-être déjà de propagande.
Qui n'a pas observé la démarche inverse où poussés par des forces obscures certains hommes passent du langage à la langue en mettant en place un babil au service d'une propagande efficace qui pervertit la structure mentale de l'individu ?
Société de masse génère médias de masse, se laisse formater par les valeurs d'un groupe. La propagande utilise vitesse de persuasion et grandes émotions comme dans le cinéma d'animation où Popeye fascine ou encore dans le conte de fées comme ici La Ferme des animaux de George Orwell qui raconte la Révolution russe de 1917 à travers Napoléon (Staline) flanqué d'un ministre de la propagande : il s'appelle Squealer (Couineur ou Traître) que Jean Queval, ami de Raymond Queneau, traduit par Brille-Babil. Le récit célèbre le soulèvement à la manière d'une féerie.
La propagande est un travestissement que Blaise Pascal déjà dans les Pensées appelle « piperie » (manches pipées, poches pipées, revers pipés). La propagande aujourd'hui comme Hollywood hier est devenue une industrie des préjugés et du babil de séduction, babil de délinquant, babil de persuasion, babil de spectacle, babil de nouveau-né.
Brille-Babil est une nouvelle revue dont la couverture efficacement dessinée par Jean-Charles Blais rappelle l'état de notre société et aussitôt l'état du mur. Brille-Babil se destine à montrer les états de la langue et du langage et de mettre l'accent sur des états de vertige - comme lorsque Georges Bataille dans un des premiers numéros de Critique analyse l'oeuvre de Hemingway en l'identifiant à Hegel : Georges Bataille affirme qu'il y a des vertiges dans l'écriture de Hemingway comme il y a des vertiges dans la pensée de Hegel.
Il reste encore à fixer des vertiges
Un hommage au plus fameux des lycanthropes : le loup des steppes d'Hermann Hesse. La philosophie a souvent tracé une frontière, construit un plafond de verre infranchissable quant à une proximité homme-animal. On se contente souvent de postuler à un animal extérieur, inférieur, comme le résume bien la formule anthropomorphisme.
Biographie du poète et écrivain J. Daive, avec une généalogie de son oeuvre, un retour sur les premiers repères de l'enfance à l'origine de thèmes tels que la relation à la frontière, celle au visible et à l'invisible ou celle au franchissable. Sont également abordés les villes, les paysages et les hommes qui l'ont marqué, dont font partie S. Mallarmé, E. Hemingway et R. Creeley.
À intervalles réguliers, on voit naître des voix d'écrivain qui résonnent différemment. Des figures marginales en apparence, mais qui peu à peu se révèlent typiques, ou du moins caractéristiques d'une époque, d'une mentalité.
Jean-Pierre Rochat est devenu écrivain sans cesser d'être berger, paysan, éleveur. Depuis plus de trente ans, l'auteur suisse construit patiemment une oeuvre qui reflète son quotidien, les travaux et les jours, sans jamais verser dans un réalisme de bas étage. Bien au contraire, c'est un vécu enchanté, transfiguré par le désir et marqué par une douce ironie, que l'écrivain déploie sous les yeux de son lectorat. Un monde où l'on prend la clé des champs comme d'autres prennent la clé des songes, où le boucher de campagne tient un journal amoureux, où la vie de bohème n'oublie pas le labeur toujours recommencé et la peur de manquer de foin, en hiver.