Qu'il s'agisse de consentements affectifs et sexuels, de consentements me´dicaux sous leurs diffe´rents aspects (aux soins qui nous sont propose´s, que nous subissons et auxquels nous devons nous soumettre), de divers consentements juridiques et commerciaux, ou de toutes autres natures, la question du consentement s'e´rige en question majeure pour les sciences humaines. Elle e´merge sur fond d'une crise des accords tacites intrasociaux, intrafamiliaux et plus ge´ne´ralement des rapports interpersonnels, lie´e aux remaniements identitaires de l'espace commun.
Cet ouvrage permet de mettre au jour cette dimension majeure des accords tacites alors que le consentement est essentiellement envisagé du point de vue de l'importance contractuelle et positive qu'encourage le droit. Le modèle en est le « consentement libre et éclairé ».
En montrant qu'il y a un travail du consentement, que le consentement est un processus et pas seulement un contrat, et en le démontrant à partir d'exemples précis, cet ouvrage veut contribuer à une attention fine au « travail du consentement » pour l'accompagner, le soutenir dans le soin médical, familial mais aussi social, en vue d'une conception émancipatrice et libre des relations et du monde humain.
Peut-on encore prendre soin du monde et s'en émerveiller ? N'y-a-t-il pas d'alternatives à la prédation généralisée ? S'il y a une crise des énergies fossiles, y-aurait-il une voie pour les énergies spirituelles dans nos manières d'habiter le monde ?
Nos existences hors-sols ne dureront pas telles quelles bien longtemps, en tout cas pas pour tout le monde. Nous allons devoir, à un moment ou un autre, quitter notre confort extractiviste, nous devrons le faire pour bien vivre. Notre rôle à nous, humains, pourrait être alors de prendre soin de la Terre comme si notre vie, tant matérielle que spirituelle, en dépendait. C'est ce que propose Jean-Philippe Pierron dans cet ouvrage, en explorant la dimension spirituelle et personnelle de l'écologie.
La philosophie du soin, que l'on parle aujourd'hui de care, d'attention ou de sollicitude, est maintenant bien installée dans le paysage intellectuel. À tel point que parler de moment du soin, à l'intersection entre philosophie, sciences humaines et sociales, arts et politiques, est devenu un point d'accord. Cet ouvrage, en s'installant au coeur d'une philosophie du soin, cherche à en tirer les conséquences dans quatre champs explorés singulièrement : le travail, le numérique, l'architecture et l'écologie.En quoi penser et agir en termes de soin a-t-il des effets sur notre manière d'éclairer ce qui s'engage dans les métiers et les professions dans une philosophie du travail ? Quels aspects du soin le numérique, de la robotique à l'intelligence artificielle et aux logiciels, vient-il soutenir, déplacer ou abîmer ? Comment le soin s'explicite dans des manières spécifiques de ménager l'espace, dans les questions d'architecture et d'urbanisme ? Enfin, à quel point d'intersection, entre santé et environnement, le soin permet-il d'accompagner la transition écologique ?
Comment soigne-t-on aujourd'hui les personnes malades ? Ces dernières années, la médecine a fait des progrès énormes.
Les soins que l'on apporte aux patients sont de plus en plus savants et techniques. Peut-on pour autant rabattre l'épreuve de ceux qui souffrent à une simple série de " signes cliniques ", seuls censés être objectifs, neutres et rationnels ? Quelle est la place du malade au sein de l'hôpital ? En analysant des situations délicates et complexes (cancer, fin de vie...), Jean-Philippe Pierron s'interroge sur la signification des soins que la médecine offre aux personnes qui souffrent.
L'homme malade a besoin d'être reconnu et cette reconnaissance exige du temps. Prendre soin de lui, le soigner, c'est l'accompagner au quotidien : c'est donc et tout d'abord prendre en compte l'extrême vulnérabilité dans laquelle nous plonge la maladie.
Paul Ricoeur n'a cessé de dialoguer avec les grands courants de pensée de son temps, de notre temps; il reste notre contemporain. À ce titre, exposer sa philosophie, c'est nécessairement penser de conserve avec lui. Les dialogues auxquels elle nous invite ont pour matière les grandes questions d'aujourd'hui : l'épistémologie des sciences historiques, l'identité narrative, la poétique, la métaphore vive, la sagesse pratique, la dialectique de la morale et de l'éthique, l'herméneutique juridique, etc. Tous, ils prennent leur racine commune dans une pensée née au croisement de la philosophie réflexive, de la phénoménologie et de l'herméneutique. Il faut prendre le temps de déchiffrer le monde comme on déchiffre un texte, quoiqu'il faille compter avec les résistances vives qui émergent dans le monde contre l'entreprise de narration. Ricoeur nous amène ainsi à dépasser l'opposition dylthéenne entre l'explication et la compréhension pour réinstaller celle-là au coeur de celle-ci.
La pandémie de la covid-19 a été l'occasion de revisiter l'intérêt, la force critique et la portée d'étayage des acteurs de l'éthique médicale, au sens large, dans sa dimension clinique comme dans sa dimension d'éthique de la recherche. Une crise offre la douloureuse opportunité de révisiter les grands principes éthiques et l'actualité de l'éthique au chevet du malade. Autour des grands domaines que sont le système de soin, l'éthique en contexte, la question des personnes vulnérables (personnes âgées, en réanimation, pédiatrie), les relations entre santé et environnement et des soins du corps des défunts, cet ouvrage se propose de mobiliser des soignants et des auteurs de SHS engagés autour de l'Espace de réflexion éthique de Bourgogne Franche Comté, qui furent biographiquement et intellectuellement confrontés à l'irruption de cette crise
« On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille »... on connaît la chanson !
Tout comme est familier l'incomparable air de famille, cette étrange ressemblance qui fait que ces autres sont aussi les miens...
C'est vrai. Alors, la famille serait subie comme un destin indépassable. Est-ce aussi sûr pourtant ?
L'expérience de l'adoption n'affirme-t-elle pas, haut et fort, que la famille est choisie ?
Qu'il n'y a pas de parents naturels ?
Que toute naissance est une reconnaissance ?
Le livre de Jean-Philippe Pierron exploite, sans mépris aucun, mais avec humour, les images et figures qui marquent notre époque : l'air du temps. La mythopée (de mythologie et canopée) ne désigne en effet rien d'autre que « cette épaisseur feuilletée d'images qui fait la vie d'une culture », comme le précise l'auteur, ses capacités créatrices mais aussi sa mémoire et ses attentes. L'auteur dépeint ainsi une collection de miniatures tirées du quotidien, qui témoigne de la dynamique poétique de ce début du XXIe siècle : le légume bio, le chèque-cadeau, le serveur vocal, le trader, le Burn out, les aidants naturels, l'indignation, le bonobo, le vivre ensemble... et bien d'autres.
"Philosophes et psychiatres nourrissent des capillarités secrètes et des questionnements communs. Souvent, la méditation du philosophe se met à l'école de ces situations et de ces visages de l'humain malade qui habitent des masques que l'on croit inhabitables, « horla », et que lui rapporte le psychiatre. Sous le souci de biologiser la maladie mentale, le savoir et le savoir-faire de la psychiatrie font le pari de l'humanité et de la nécessité de la relation..."
L'imagination sa juste place dans une philosophie de l'action. L'imagination est le médiateur de la créativité. Elle est la faculté du possible pratique en nous ancrant poétiquement au monde. Les images fournissent un cadre herméneutique pour l'agir.
Elles augmentent notre intelligence du réel et testent notre capacité a nous investir. En ces termes dominés par la rationalité instrumentale et le contrôle, voire l'évaluation tous azimuts du vécu, reconnaître la place des puissances de l'imagination est devenu tâche urgente pour habiter autrement notre monde !
Prendre soin du langage qui raconte le soin c'est encore soigner. C'est soigner les corps blessés, soigner les âmes meurtries. C'est aussi prendre soin des soignants eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'un manuel pour « bien vivre » malgré la maladie, mais plutôt d'un recueil d'expériences multiples rapportées par des professionnels d'horizons divers lors de deux colloques. Il porte pour les soignants sur les façons de dire « la vérité au malade » et pour les soignés d'entendre cette « vérité ». Il rappelle que la médecine n'est pas seulement une suite de gestes techniques, mais aussi une posture d'écoute et d'attention. Il souligne précisément l'intérêt et la portée de la médecine narrative. La parole du malade est forte et ouverte à l'extériorité. Elle l'accompagne dans son parcours de soin. Le récit n'est pas qu'un élément diagnostic ! Il ouvre une constellation biographique là où l'on tend à réduire la maladie au biologique et au fonctionnel.
Le numéro Ce que le numérique fait au langage. Imaginaires et rationalités du paradigme cybernétique, est centré sur l'étude des liens entre langage et numérique.
Gaston Bachelard, « l'homme du théorème et du poème » n'a pas travaillé le numérique, on le comprend aisément pour des raisons historiques. Mais il n'a cessé de discuter les relations du concept et de l'image, de la rationalité et des imaginaires investis dans le langage, et avec lui de la parole dans la langue, et de ses mises en forme. Il a ainsi travaillé aux conditions épistémologiques d'advenue de la science moderne par l'invention d'une langue : celle notamment que construisit Lavoisier avec les symboles de la chimie. Il a discuté comment la littérature, quant à elle, est cette puissance de subversion des formes établies, de mise en travail de ce qui est le plus informé voire corseté, par les variations de l'imagination. Nous voudrions prendre prétexte de ce double geste pour questionner ce qu'aujourd'hui le numérique fait au langage et examiner quelles ressources poétiques le maintiennent dans sa dimension de langage instituant et non de langage institué.
L'éthique des vertus met l'accent sur les représentations et les affects qui poussent les personnes à agir, au lieu de se focaliser sur les normes et de se borner à énoncer des interdictions et des obligations. Elle aide ainsi à combler l'écart entre la théorie et la pratique qui est particulièrement dramatique à un moment où les individus comme les États reconnaissent la réalité du changement climatique mais ne parviennent pas à réorienter les modes de production ni à reconvertir l'économie. Quel processus de transformation de soi permet d'avoir du plaisir à consommer autrement et d'acquérir les traits moraux indispensables à la transition écologique ? Celle-ci reposant autant sur le volontarisme politique que sur la capacité des citoyens à modifier leurs styles de vie, il importe aussi de se demander comment articuler le plan individuel et le plan collectif.
Enfin, faut-il penser que l'éthique a une dimension universaliste ou souscrire à une approche plus particulariste et contextualisée de la morale ? Telles sont les questions qui réunissent dans ce volume des chercheurs issus de disciplines différentes.