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Jean hervé Jézéquel
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Les Mangeurs de craies : Une histoire des instituteurs ouest-africains en situation coloniale
Jean-hervé Jézéquel
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 5 Décembre 2024
- 9782735130658
L'école normale William-Ponty fut ouverte en 1903 au Sénégal et a été pendant plusieurs décennies le creuset de l'élite politique et intellectuelle de l'Afrique occidentale française (AOF), destinée à gérer administrativement les huit colonies françaises d'Afrique de l'Ouest.
De ses bancs sont issues des figures prestigieuses et notamment ceux qu'on appelle les « Pères » des indépendances africaines: le Malien Modibo Keïta, le Nigérien Hamani Diori, le Béninois Hubert Maga, le Sénégalais Mamadou Dia, l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, et bien d'autres encore. Mais au-delà de ces cas célèbres, l'école William-Ponty a formé des centaines de diplômés anonymes: plus de 2200 entre 1903 et 1947, une «petite goutte» pour une population de l'AOF estimée à environ 16 millions d'individus à la fin des années 1940.
Appelés «Pontins», ils sont instituteurs pour la majorité - surnommés les «mangeurs de craies» - mais aussi commis d'administration, médecins et vétérinaires.
Ce livre propose de jeter un regard nouveau sur un pan mal exploré de la situation coloniale: comment des centaines de jeunes hommes d'Afrique de l'Ouest ont, individuellement aussi bien que collectivement, investi, embrassé, contesté, transformé la manière dont s'est forgée l'appartenance à une élite instruite formée par l'autorité coloniale en AOF.. -
MATERIA PRIMA évoque tant le processus de création que celui de la destruction. Un monde qui s'effondre ou s'enflamme dans une perpétuelle mouvance et recréation... Cette série de photographies a été réalisée en Islande entre 2005 et 2023. Depuis ses premiers travaux Hervé Jézéquel place le temps, le chaos et l'entropie au coeur de ses recherches. La marche et le voyage, le paysage et le lieu, les limites et les bordures... sont au coeur de sa réflexion et de son travail photographique. Il ne s'agit pas tant d'évoquer le désordre que l'on observe à la surface de la terre que de rechercher, retrouver, imaginer un état primitif du monde, dont l'homme a perdu la mémoire et les repères. Un livre de Photographies de Hervé Jézéquel avec des textes de Françoise Paviot (critique d'art) et Violaine Sautter (géologue). 144 pages - 26,5 cm x 24,5 cm Imprimé en quadrichromie sur le magnifique papier d'art Arena Smooth de Fedrigoni. Couverture cartonnée - Broché - Français/Anglais
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Surtsey ; la forme d'une île
Vanessa Doutreleau, Hervé Jézéquel
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 27 Février 2020
- 9782354281595
Surtsey est une île volcanique créée par des éruptions qui ont eu lieu de 1963 à 1967, située à environ 32 km au sud de la côte islandaise. Cet événement géo-volcanique révèle la personnalité géo-morphologique de l'Islande, située au milieu de l'Atlantique nord entre Europe et Amérique sur une sorte de charnière dorsale des plaques tectoniques. Plus de 100 volcans et des failles d'éruption sont actifs dans cette zone ce qui provoque des phénomènes bien connus comme les sources thermales et les geysers (mot issu de la langue islandaise).
Protégée dès sa naissance par un consensus international et par le gouvernement, Surtsey fournit au monde un laboratoire naturel remarquable. Libre de toute présence humaine, Surtsey est un lieu unique qui permet une observation continue : la colonisation d'une nouvelle terre par la vie végétale et animale. Elle est classée au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2008. Elle est interdite à l'homme depuis 1964, à l'exception des quelques expéditions annuelles conduites par les géologues, ornithologues, botanistes ou entomologistes :
Les scientifiques ont vu l'arrivée de graines transportées par les courants marins puis par des oiseaux nicheurs, l'apparition de moisissures, de bactéries et de champignons. A suivi, en 1965, une première plante vasculaire, bientôt rejointe par d'autres. Dix espèces se sont établies pendant la première décennie. En 2004, on en dénombrait 60, avec 75 bryophytes, 71 lichens et 24 champignons. On a répertorié à ce jour 89 espèces d'oiseaux à Surtsey, dont 57 se reproduisent aussi ailleurs en Islande. Les 141 ha de l'île servent également d'habitat à 335 espèces d'invertébrés.
Depuis sa naissance, l'île Surtsey ne cesse de rétrécir, rongée par l'océan et les vents violents qui balaient ces régions de l'Atlantique nord. Sa superficie est passée de 2,65 km2 à 1,41 km2. Sa hauteur maximale est de 173 mètres d'altitude.
Le livre est une enquête passionnante sur cette histoire en train de se faire. Nous suivons pas à pas l'anthropologue et le photographe. Les auteurs questionnent la forme d'une île et sa capacité à produire un imaginaire en relation avec un légendaire historique et littéraire en partie « localiste » (le légendaire des « sagas islandaises » et un imaginaire scientifique et environnemental universel au coeur d'une actualité de la planète).
Le livre Surtsey, la forme d'une île joue donc sur ces deux tableaux (avec le double sens du terme « création ») et mêle autant les récits de l'île, réels et imaginaires, que les regards scientifiques et esthétiques d'un lieu interdit aux humains. Le livre invite ainsi à une rêverie sur les lieux inhabités où l'évolution d'une terre en formation peut se lire à la fois sur le terrain (en court séjour) et en laboratoire pour l'examen, la description et l'analyse des données collectées.
Au-delà de la dimension profondément poétique de l'île, il s'agit ainsi pour les auteurs de cerner la dimension humaine et sensible d'un lieu sanctuarisé, érigé en laboratoire de la création. L'histoire humaine de ce lieu n'a jamais été écrite ni même pensée, puisqu'il s'agit d'un lieu inhabité. Pourtant, une ethnographie de l'inhabité est possible du fait tant des usages scientifiques que profanes, que des représentations portées sur l'île par les Islandais, et notamment de ceux vivant sur l'île voisine d'Heimaey.
Plus encore, Surtsey interroge la notion d'appropriation d'une terre, aussi éphémère soit-elle, tant d'un point de vue physique que symbolique, et de sa mise en patrimoine. C'est aussi et surtout une relation au lieu dont il est question ici ; de l'île, objet de désir, de convoitises, de surprises, avec les hommes et femmes qui l'ont approchée, de près ou de loin, y compris les auteurs de ce livre.
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Territoire de rencontres et de limites, l'île Carn est un point sur la carte situé à l'extrémité du Finistère (Bretagne). Île déserte près de la côte déchiquetée du Léon, île ou plutôt îlot apparemment banal, car semblable à tant d'autres de cette zone, qui ne dispose ni de la réputation d'Ouessant, ni de l'activité maritime de Molène, ni d'un phare prestigieux comme l'île Vierge voisine. C'est surtout une île-désir, devenue le temps d'une enquête, un catalyseur d'approches multiples réelles ou imaginaires?: rencontre en bordure du temps, Carn comme lieu et forme de l'île idéale, quasi mythique.
Résultat d'une authentique approche plurielle et originale, croisant les disciplines, les domaines de l'art (la photographie) et des sciences humaines (l'archéologie, la cartographie, l'histoire, l'ethnologie, la linguistique), ce livre, à l'initiative et sous la direction d'Hervé Jézéquel, réunit les contributions de Michel Colardelle, Pierre-Roland Giot, Patrick Prado, Per Pondaven, Pierre Arzel, Vanessa Doutreleau, Michel Le Goffic, Alphonse Arzel, Olivier Levasseur, Guy Prigent, Denis Lamy, Marie-France Noël, Martin de La Soudière, Pierre Gaudin, Clément Chéroux, Xavier Charonnat, Claude Colin, Philippe Bonnin et Patrick Bramoullé.
Le livre s'interroge sur ce qu'est un lieu, et donc tout lieu possible, à travers la diversité des traces physiques et humaines rencontrées. Les réponses sont autant matérielles que symboliques, scientifiques que littéraires ou esthétiques, objectives que subjectives, de l'ordre du réel que de celui de l'imaginaire. Les contributions dessinent, élément par élément, fragment par fragment, les contours de ce qui constitue le sentiment d'appartenance au temps et à l'espace?: cartographie, toponymie, travaux des hommes, mythes, légendes, récits.
Sans a priori ni hiérarchie entre mots et images, entre le scientifique et l'artistique, L'île Carn est un point d'ancrage, mais également un point de départ pour penser et aborder les îles. Quatre thèmes principaux sont successivement abordés?: la préhistoire, la cartographie, la récolte du goémon, l'ethnologie. Mais, en fait, l'esprit de la collection est de croiser et multiplier les approches de spécialistes différents pour obtenir une sorte de vue kaléidoscopique : le préhistorien côtoie le sociologue, le photographe, le ?toponymiste?, le botaniste des algues, le navigateur, le collecteur de mémoire, le cartographe, l'écologiste... Le livre est aussi un livre sur l'imaginaire, sur les mythes (du roi Karn-Midas), sur les rêves, sur les réflexions philosophiques de Kant sur l'eau, sur toutes les représentations engendrées par cet îlot.
Les illustrations, de belles cartes anciennes ou les photographies de goémons, de ciels, de roches, de vagues contribuent à évoquer l'imaginaire de lieux apparemment ordinaires et à travers l'évolution de l'îlot, à s'interroger sur le temps qui passe et, même au-delà, sur la recherche de soi-même.