Romancier inclassable, essayiste érudit et curieux, lecteur passionné, analyste pointilleux de la société britannique, critique d'art attentif, formidable conteur d'histoires imaginaires, lexicographe en quête du mot juste, Julian Barnes a créé, en explorant de nouvelles formes littéraires et en renouvelant les traditions, une oeuvre riche et variée, emblématique d'une génération de grands écrivains britanniques.Ont été ici retenus cinq romans majeurs, marqués par des tonalités distinctes, publiés entre 1984 et 2018. Roman insolite, mêlant une expérimentation formelle à des jeux intertextuels, Le Perroquet de Flaubert brosse un portrait composite de l'ermite de Croisset. England, England (1998) emprunte les voies de la satire et de la dérision grinçante pour dresser un tableau dégradé de l'Angleterre et de son histoire, ou le simulacre l'emporte sur l'original, où l'ultra-libéralisme et le tourisme de masse triomphent. Le roman historique Arthur & George (2005) interroge quant à lui la notion d'identité nationale dans une Angleterre édouardienne rongée par les préjugés et un racisme latent, ou la rumeur publique parvient à construire un fantasme collectif de culpabitité. Enfin, Une fille, qui danse et La Seule Histoire, parus dans les années 2010, mettent en scène des personnages qui portent un regard rétrospectif sur leur vie, et participent d'une écriture plus intimiste, réflexive et mélancolique.Labyrinthe à plusieurs entrées que cette édition Quarto propose d'explorer, l'oeuvre de Barnes donne à voir de multiptes dimensions du réel et de l'imaginaire sous des formes innovantes qui prennent acte des traditions littéraires mais qui savent aussi s'en éloigner, pour mieux ré-enchanter la littérature.
« Flaubert pensait qu'il est impossible d'expliquer "une forme artistique par une autre forme d'une autre espèce", et que les bons tableaux n'ont pas besoin de commentaires. Braque pensait que l'état idéal serait atteint quand on ne dirait plus rien devant un tableau . » Mais fort heureusement, Julian Barnes va leur donner tort à tous les deux. Il a réuni dans Ouvrez l'oeil ! dix-sept éblouissantes chroniques consacrées à autant de ses peintres préférés - Géricault, Delacroix, Courbet, Fantin-Latour, Manet...- presque tous français, soulignons-le. Et il va nous aider à mieux regarder, à mieux voir. Des descriptions? Oui, mais aussi des anecdotes savoureuses sur la vie de l'artiste, des points de repère sur son parcours, des commentaires sur ses succès ou ses échecs, tout ce qui resitue dans son époque tel ou tel célèbre tableau. Plus quelques incises plus personnelles, à l'humour typiquement « barnésien ».