Au lendemain du retour des cendres de Napoléon Ier, en 1840, le directeur de Bicêtre voit arriver dans son asile quatorze nouveaux «empereurs». Tous les fous, dit-on, se prennent pour Napoléon. Que disent les archives? Et pourquoi Napoléon, mieux que Louis XIV?
Voici une histoire de France à partir du registre des asiles. Ou comment un horloger bien vivant croit avoir «perdu la tête» sous la guillotine. ou pourquoi l'encombrant Marquis de Sade est enfermé comme aliéné.
Comment délire-t-on l'histoire? Que signifie la raison d'État face à la «folie» révolutionnaire? Dans cette enquête passionnante, Laure Murat pose les jalons d'une nouvelle réflexion sur l'histoire et son imaginaire.
En 1915, Adrienne Monnier inaugure au 7, rue de l'Odéon une librairie-bibliothèque de prêt d'un genre nouveau, La Maison des Amis des Livres, appelée à devenir le rendez-vous favori du Tout-Paris littéraire, d'Aragon à Walter Benjamin, d'André Gide à Nathalie Sarraute. En 1921, Sylvia Beach installe en face, au n° 12, une boutique fondée deux ans plus tôt sur le même modèle, Shakespeare and Company, dont les habitués ont pour noms Gertrude Stein, Francis Scott Fitzgerald, Marianne Moore, Ernest Hemingway, Djuna Barnes...
Pendant près de trente ans, de rencontres en lectures publiques, d'expositions en soirées musicales, l'«Odéonie» va constituer l'un des foyers les plus actifs de la vie culturelle de l'entre-deux-guerres, dont la renommée franchira les frontières de la France avec la publication de l'Ulysse de James Joyce, édité en 1922 par les soins de Sylvia Beach, puis traduit et publié en français en 1929 grâce à Adrienne Monnier.
Éditrices, mais aussi traductrices et revuistes, les deux libraires ont contribué de façon majeure à la circulation des savoirs, des idées et des langues, par leur rôle d'intermédiaires entre les livres, les lecteurs et les écrivains, la France et l'Amérique. Que nous apprennent les registres d'abonnés sur les lectures d'Aragon, de Breton et même de Lacan lorsqu'ils avaient 20 ans, de Sartre ou d'Hemingway ? Comment les réseaux entre auteurs et éditeurs se sont-ils constitués, et quelle fut, finalement, l'identité de la rue de l'Odéon, en regard notamment de la NRF et du groupe surréaliste ? Grâce à Laure Murat et à son exceptionnel talent de chercheuse et de narratrice, ces questions trouvent désormais une réponse, puisée aux sources de milliers d'archives inédites, dispersées entre l'université de Princeton, la bibliothèque Doucet et l'IMEC.
En consacrant pour la première fois une étude d'envergure à ces lieux mythiques et largement méconnus, le livre entend non seulement rendre à Adrienne Monnier et Sylvia Beach la place déterminante qui est la leur, mais aussi mettre en lumière l'audace de leur entreprise, que l'on ne saurait réduire à la seule animation d'un salon littéraire, auquel l'image des femmes est traditionnellement attachée.
Née en 1967, Laure Murat vit et travaille à Paris. Elle a fait des pratiques culturelles son domaine de prédilection, et La Maison du docteur Blanche, qu'elle a publié en 2001, a reçu un accueil critique et public exceptionnel.
Tous les fous, dit-on, se prennent pour Napoléon. Mais le délire d'identification à l'empereur se vérifie-t-il dans les registres des asiles et, si oui, que cela nous enseigne-t-il sur les rapports de l'Histoire et du trouble psychique ? C'est à partir de cette question qu'est née l'idée de ce livre, dont le sujet, très vite, s'est élargi à d'autres problématiques. Quel impact les événements historiques ont-ils sur la folie ? Peut-on évaluer le rôle d'une révolution ou d'un changement de régime dans l'évolution du discours de la déraison ? Quelles inquiétudes politiques les délires portent-ils en eux ? En somme : comment délire-t-on l'Histoire ? Pour le savoir, ou du moins y voir plus clair, il fallait remonter à la source et questionner la clinique, interroger les rapports entre la guillotine et la hantise de « perdre la tête », l'enjeu de la présence de Sade à Charenton, la supposée démence des révolutionnaires, la confusion entre la pétroleuse hystérique et l'opposante politique. Pendant trois ans, Laure Murat interrogé les archives. L'Homme qui se prenait pour Napoléon est le résultat de cette enquête.
"Le troisième sexe" désignait d'abord au XIXe siècle les hommes efféminés, les femmes viriles, les androgynes, les homosexuel(le)s, les travesti(e)s et les transsexuel(le)s; puis les femmes émancipées vers 1880.
C'est à cette vaste tribu des "hors-genre" que se consacre ce livre, en analysant quelques personnages emblématiques, dont le comportement ne répondraient pas à la norme. Ce travail fouillé et documenté nous aide à mieux comprendre l'évolution des mentalités en matière de m'urs et nous invite à réfléchir à ces questions: qu'est-ce qu'un homme
Entretiens.
Laure Murat.
Marta Segarra et Ilana Eloit.
Dossier => Les mots du genre.
Chacun de nous est la somme des transformations effectuées par les mots.
Monique Wittig.
Revue éditée avec le concours financier de l'Université de Paris. Ce numéro a reçu le soutien financier de la Cité du Genre et de l'IdEx Université de Paris, ANR-18-IDEX-0001.