Saisir l'acte de naissance d'une écriture de l'histoire : tel est l'enjeu de cette étude qui propose une enquête historiographique consacrée aux chroniques des ducs de Normandie et plus particulièrement à quatre d'entre elles, le De moribus et actis primorum Normanniae ducum de Dudon de Saint-Quentin (vers l'an 1000), le Roman de Rou de Wace (1160-1170), la Chronique des ducs de Normandie de Benoît de Sainte-Maure (vers 1174) et la Chronique de Jordan Fantosme (1175). Pour décrypter les modalités de cette écriture du passé normand, deux approches ont été privilégiées : l'analyse de la temporalité - essentielle dans des ouvrages où le présent dialogue sans cesse avec le passé - et celle des formes littéraires, en relation avec les modèles hagiographiques, épiques ou fictionnels. En quête d'une forme nouvelle apte à dire l'histoire, les chroniqueurs s'appliquent à penser le temps, à faire oeuvre de mémoire et à légitimer le prestigieux lignage qu'ils célèbrent. Il en résulte une écriture complexe où, entre vérité poétique et vérité historique, s'ébauche et s'invente la geste héroïque des Normands.
Dans L'Âtre périlleux, roman arthurien en vers du milieu du XIIIe siècle, le héros, Gauvain, est victime d'une méprise : l'annonce de sa mort violente le contraint à partir à la recherche de ses présumés assassins et à faire taire la fausse rumeur de sa disparition pour tenter de reconquérir son identité. Ce faisant, il est confronté à un foisonnement d'aventures au fil desquelles l'auteur, en réinventant et reconstruisant le célèbre personnage, ne cesse de bousculer le confort de son lecteur, de le tromper, de l'égarer dans un véritable labyrinthe narratif dont le périlleux cimetière constitue une mystérieuse entrée.
Née en terre celtique, la légende de Tristan et Iseut s'est particulièrement épanouie au XIIe siècle dans le domaine français, adoptant d'emblée, selon les auteurs, des tonalités très variées. Si tous les premiers textes sont écrits, comme il est d'usage alors, en vers octosyllabiques, la légende connaît, au milieu du XIIIe siècle, un développement extraordinaire avec la compositio n d'un très long roman en prose consacré à Tristan. Dans le passage du vers à la prose, le mythe subit des modifications remarquables, témoins de nouvelles orientations idéologiques, esthétiques et romanesques. Le rapprochement et la comparaison des versions en vers et de la version en prose met en lumière les enjeux des réécritures successives de la légende. Cet ouvrage rassemble les actes du colloque qui s'est tenu, en mars 2007, en hommage à Emmanuèle Baumgartner.
Contributions de Mario Botero Garcia, Matilda Bruckner, Rosanna Brusegan, Danielle Buschinger, Annie Combes, Catherine Croizy-Naquet, Dominique Demartini, Corinne Denoyelle-Boutle, Jean Dufournet, Yasmina Foehr-Janssens, Michèle Gally, Catherine Gaullier-Bougassas, Denis Hüe, Nathalie Koble, Donald Maddox, Philippe Ménard, Bénédicte Milland-Bove, Jean-Claude Mühlethaler, Mireille Séguy, Michelle Szkilnik, Marie-Noëlle Toury, Richard Trachsler, Colette Van Coolput-Storms, Patricia Victorin, Françoise Vielliard. Barbara Wahlen.
Depuis le XIIe siècle, Robert hante la mémoire normande. Au Moyen Âge, l'histoire de ce fils du diable circule sous les formes les plus diverses. Puis la Bibliothèque Bleue prend le relais. Au XVIIIe siècle, un conte libertin lui fait écho. Ensuite, avec les Romantiques, la légende retrouve de la vigueur et, entre autres adaptations, inspire l'opéra de Meyerbeer.
D'où vient cette légende noire ?
Quelles sont ses relations avec la vie de Robert le Magnifique, duc de Normandie ?
Littéraires, historiens du Moyen Âge et spécialistes de la Normandie ducale répondent ici. Ils croisent leurs regards sur le personnage et retracent sa destinée littéraire.