Quand Salina meurt, il revient à son fils, qui a grandi seul avec elle dans le désert, de raconter son histoire, celle d'une femme de larmes, de vengeance et de flamme. Laurent Gaudé réinvente les mythes pour écrire la geste d'une héroïne lumineuse et sauvage.
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c'est Troie assiégée, c'est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s'éteint; son plus jeune fils s'en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l'image de ce que fut le vénéré et aussi le haïssable roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l'insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s'accomplir, de quelque manière, l'apprentissage de la honte.
Le commandant Salvatore Piracci intercepte les bateaux chargés d'émigrés clandestins qui passent entre la Sicile et l'île de Lampedusa, et dont les passagers risquent souvent la mort. Sa rencontre avec une survivante bouleverse sa vie et ses convictions. Quant à Soleiman, il décide lui aussi de partir du Soudan avec son frère Jamal, puis avec Boubakar, pour l'Europe.
Autrefois, Zem Sparak fut, dans sa Grèce natale, un étudiant engagé, un militant de la liberté. Mais le pays, en faillite, a fini par être vendu au plus offrant, malgré l'insurrection. Et dans le sang de la répression massive qui s'est abattue sur le peuple révolté, Zem Sparak, fidèle à la promesse de toujours faire passer la vie avant la politique, a trahi. Au prix de sa honte et d'un adieu à sa nation, il s'est engagé comme supplétif à la sécurité dans la mégalopole du futur. Désormais il y est «chien» -c'est-à-dire flic - et il opère dans la zone 3, la plus misérable, la plus polluée de cette Cité régie par GoldTex, fleuron d'un post-libéralisme hyperconnecté et coercitif. Mais au détour d'une enquête le passé va venir à sa rencontre.
Avec "Chien 51", Laurent Gaudé s'aventure dans le "futur" ; à la fois lyrique, philosophique et tragique, politique aussi, c'est toujours l'homme qu'il questionne.
L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversé par la révolution industrielle, et l'Union européenne, belle utopie née sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'oméga de cette épopée sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de défaites et d'enthousiasmes. Un long poème en forme d'appel à la réalisation d'une Europe des différences, de la solidarité et de la liberté.
Trois monologues qui, dans une langue joyeusement chahutée, interrogent et célèbrent la jouissance procurée par les mensonges que les hommes se racontent pour se plaire, pour plaire à l'autre et pour embrasser la vie que leur imaginaire projette sur le réel. Un triptyque qui tente également de cicatriser les blessures provoquées par des générations d'amours mal dits ou non confessés.
Guidé par une ombre errante, l'écrivain-narrateur déambule de nuit dans un Paris étrangement vide, se remémorant des scènes proches ou lointaines, des existences anonymes ou fameuses, des personnalités tutélaires (Villon, Hugo, Artaud...). Mille vies l'ont précédé dans cette ville qui l'a vu naître et mettre au monde lui-même tant de personnages. Un récit sur la présence des absents, qui mêle l'autofiction au fantastique pour esquisser un art poétique.
Des poèmes engagés voyagent dans les interstices de l'oeuvre romanesque de Laurent Gaudé, dénonçant le sort que les hommes font aux opprimés - hier esclaves assujettis au commerce triangulaire des pays riches, aujourd'hui migrants économiques et réfugiés en quête d'une introuvable terre d'accueil.
Sous le soleil écrasant du Sud italien, le sang des Scorta transmet, de père en fils, l'orgueil indomptable, la démence et la rage de vivre de ceux qui, seuls, défient un destin retors. Prix Goncourt 2004.
Roman rythmé, puissant et captivant, "La Porte des Enfers" oppose à la finitude humaine la foi des hommes en la possibilité d'arracher un être au néant. Par l'auteur du "Soleil des Scorta", prix Goncourt 2004.
Laurent Gaudé
Cris
Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M'Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d'où ils s'élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l'insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore, retentit l'horrible cri de ce soldat fou qu'ils imaginent perdu entre les deux lignes du front, « l'homme-cochon ». A l'arrière, Jules, le permissionnaire, s'éloigne vers la vie normale, mais les voix de ses compagnons d'armes le poursuivent avec acharnement. Elles s'élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité.
Dans ce texte incantatoire, l'auteur de La Mort du roi Tsongor (prix Goncourt des lycéens 2002, prix des Libraires 2003) et du Soleil des Scorta (prix Goncourt 2004) nous plonge dans l'immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.
La découverte d'une pilule permettant de dormir seulement quarante-cinq minutes par jour implique une restructuration totale de la société. Suite à tous ces bouleversements, un homme risque de perdre la femme qu'il aime.
Une tempête s'apprête à déferler sur La Nouvelle-Orléans. Alors que la ville est désertée, certains doivent rester et se préparer à affronter le chaos. Les sentiments les plus intenses vont naître dans les torrents destructeurs. La cité abandonnée devient le théâtre de plusieurs histoires mettant en scène la peur, le doute, le désir de liberté et l'amour renaissant. Tour à tour tragédie grecque ou fable biblique, alternant des moments de gravité, de sincérité, et de beauté, Ouragan donne au lecteur une incroyable leçon d'humilité et de courage.
Médée revient pour terminer ce qu'elle a commencé : exhumer les corps de ses enfants et les brûler, qu'il n'en reste rien. À Sodome, une femme transformée en statue de sel se réveille à la vie et raconte sa ville, avant qu'elle soit marquée du sceau de l'infamie.
Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie. Un soldat des tranchées fuit le «golem» que la terre a façonné pour punir les hommes. Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution. Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros, certes vaincus, mais non déchus, prononcent d'ultimes paroles.
Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux. Minuscules fantassins de la légende des siècles, ils affrontent une Histoire lancée dans sa course aveugle. Et ils profèrent la loi tragique, celle de la finitude, qui, au-delà de toute conviction, donne force et vérité à leur message. D'où la dimension orale de ces textes qui revisitent la scène de l'oeuvre romanesque et, de Cris à La Porte des Enfers, réorchestrent des thèmes chers à Laurent Gaudé, auxquels la forme brève donne une singulière puissance.
C'est par la traque puis la vengeance d'un fugitif que débute ce recueil de récits, et c'est dans l'énigme d'un meurtre inexpliqué qu'il se referme. Comme si une part de la vérité du monde - la plus inhumaine, celle qui stigmatise l'histoire intime ou collective - devait à jamais défier notre raison. De toutes époques et de tous lieux, les personnages de ce livre ont cette expérience en partage, qu'ils assument dans la proximité de la mort.
Désespérés ou lucides, ils revisitent leurs illusions, admettent leurs fautes ou retiennent un instant encore les ultimes bonheurs de l'existence. Animé d'une empathie et d'une oralité puissantes, ce volume composé entre 2000 et 2007, marqué par les thèmes de Cris, de La Mort du roi Tsongor, du Soleil des Scorta ou d'Eldorado, a grandi dans les interstices d'une oeuvre romanesque désormais traduite et lue dans le monde entier.
Une femme parle aux morts dans un pays dévasté par la guerre ; une autre affirme les désirs de son corps envers et contre l'autorité de ses trois mères. Toutes deux tentent d'affirmer une forme d'indépendance dans un monde qui voudrait les contraindre, les étouffer.
Onysos le furieux Un homme est là, assis sur le quai d'un métro, à New York. Il est vieux. En guenilles. C'est Onysos.
Mi-homme, mi-dieu, il prend la parole et entame le récit de sa vie. C'est une épopée antique. De sa naissance dans les monts Zagros à la prise de Babylone, de sa fuite en Égypte à son arrivée dans la cité d'Ilion où il décide de mourir au côté des Troyens, il raconte une longue succession de pleurs et de cris de jouissance, de larmes, d'orgies et d'incendies.
Le temps d'une nuit, sur ce quai anonyme, Onysos le gueux, le boueux, Onysos l'assoiffé fait à nouveau entendre sa voix et se rappelle à la mémoire des hommes.
Le Tigre bleu de l'Euphrate Alexandre va mourir. Après avoir battu le grand Darius, conquis Babylone et Samarkand, après avoir construit des villes et fondé un immense empire, il est terrassé par la fièvre. Il ne lui reste que quelques heures à vivre. Il ne tremble pas. Il contemple la mort et l'invite à s'approcher pour lui raconter lui-même ce que fut sa vie.
Alexandre parle et la mort l'écoute. Le laissant revivre l'ivresse de son épopée et ressentir, une dernière fois, le désir. Celui de ne jamais interrompre sa course. De s'enfoncer toujours plus loin dans des terres inconnues. Le désir de rester toujours fidèle à cette soif intérieure que rien ne peut étancher.
Colosses aux pieds d'argile, les dictatures arabes ont été balayées par la vindicte populaire. « Qu'est-ce qui transforme une foule, en peuple ? », s'interroge l'auteur. Voici un texte sur la Révolution : « Pour parler de cet élan, de cet appétit, de cette irrévérence tantôt joueuse, tantôt enragée de la jeunesse. » Un récit collectif à voix multiples.
Alexandre va mourir.
Après avoir battu le grand darius, conquis babylone et samarkand, après avoir construit des villes et fondé un immense empire, il est terrassé par la fièvre. il ne lui reste que quelques heures à vivre. il ne tremble pas. il contemple la mort et l'invite à s'approcher pour lui raconter lui-même ce que fut sa vie. alexandre parle et la mort l'écoute. le laissant revivre l'ivresse de son épopée et ressentir, une dernière fois, le désir.
Celui de ne jamais interrompre sa course. de s'enfoncer toujours plus loin, dans des terres inconnues. le désir de rester toujours fidèle à cette soif intérieure que rien ne peut étancher.
L'OEUVRE INTEGRALE ANNOTEE : Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M'Bossolo. Ils combattent ensemble dans les tranchées et, à ce titre, ils sont les témoins directs des atrocités de la guerre. Jules, en permission, prend le train vers Paris, mais les voix de ses compagnons le poursuivent.
DOSSIER THEMATIQUE : LA GUERRE DE 14-18, UN MONDE EN ECLATS Par Bérengère Blasquez et Stéphane Lapeyre.
- Histoire de l'oeuvre, biographie de l'auteur - Entre histoire et littérature : 14-18, l'intensité d'une destruction - Cris, un récit en lambeaux - Les brisures de la voix humaine - Redonner forme aux lambeaux : la réparation fraternelle PROLONGEMENTS INTERDISCIPLINAIRES : - Histoire des arts - Philosophie.
Vocabulaire, exercices, groupements de textes et lecture d'images autour de l'oeuvre.
La fille de Morob cherche à connaître la vérité sur la mort de son père, héros de la dirty protest, épisode historique de la lutte irlandaise de l'IRA survenu entre 1978 et 1980. Elle va d'abord voir ceux qui ont déterré son cadavre, les matons de la prison de Long Kesh dont les prisonniers en grève de la faim badigeonnaient les murs de leurs excréments. Mais ils lui apprennent que le mort n'a jamais été mis en terre. Elle se lance alors à sa recherche.
Un père et sa fille s'apprêtent à abandonner leur terre natale ; un émigré - un temps attiré par la richesse d'une ville où les lumières ne s'éteignent jamais - se sent désormais écrasé par la vue du confort et se tourne vers le choeur, voix de tous les émigrés qui ont quitté leur pays pour fuir la pauvreté et la violence.
Il aspire à une vie de liberté pour sa fille Nadra mais n'a pas la force de la poursuivre pour lui même. Il la pousse à ne pas se retourner vers lui et à commencer une nouvelle vie. Lui, il restera de son côté de la grille, où un nouveau destin l'attend avec un nom imposé : Daral Shaga, le vieil homme qui ne meurt pas et veille sur ceux qui défient la barrière, gardant la mémoire de toutes les choses abandonnées pour courir plus vite.
PERSONNAGES : une femme, deux hommes, le choeur.
C'est le siège d'une ville. Bombardements. Asphyxie. Incendies. Il pleut sur les maisons. Une pluie de cendres qui embrase le ciel et ensevelit les décombres.
Les habitants savent que la fin est proche et la défaite inéluctable. Tout le monde continue à vouloir se battre, sous les yeux de Korée, le regard de la ville, pour ne rien céder à l'ennemi. Tout le monde, sauf Ajac, l'amant de Korée. Lui ne prend pas part au combat. Il ne porte pas d'arme. Il rôde la nuit, dans les ruines, arpentant les rues, creusant dans les gravats. Il a décidé que cette ville ne lui était rien et que son combat était ailleurs. Il a décidé qu'il soustrairait celle qu'il aime à l'incendie.