Comment un garçon, né dans un quartier pauvre de Londres, de deux parents artistes ratés, père alcoolique, mère folle, a pu devenir, à 25 ans, le plus grand cinéaste de son temps, en mettant Hollywood ses pieds ; l'inventeur du cinéma moderne, un créateur visionnaire et un acteur d'exception, légende vivante, porte-parole des misérables, des moins que rien, des vagabonds, et producteur immensément riche, artiste engagé dans tous les combats de son temps, dictatorial avec les siens, et que son amour des femmes rend un colosse aux pieds d'argile dans l'Amérique puritaine. C'est cette conquête de l'Amérique que retracera ce premier volume. D'une vie de misère à la Oliver Twist à la gloire absolue d'un géant, adulé de New York à San Francisco que vient déjà menacer la passion de la chair et l'engagement politique.
Cette première aventure débute en 1910 quand il quitte l'Angleterre pour les Etats-Unis et se termine vers 1920, en pleine notoriété puisqu'il est déjà une des personnalités les plus connues au monde.
- Tu sais ce qui cause notre perte, frérot ? C'est l'ambition.
- Charlie, ton ambition, elle a changé le visage du cinéma !
Après avoir connu ascension fulgurante, succès incontesté et premiers échecs, Charlie Chaplin traverse, à l'aube de ses 40 ans, une période de doutes. Désintéressé par les louanges d'Hollywood, et surtout marqué par la misère sociale et l'instabilité politique grandissante, le prodige du cinéma envisage de mettre un terme à sa carrière. C'est sa rencontre avec l'actrice Paulette Goddard qui lui donnera un nouveau souffle créatif et lui permettra de prendre le virage dont son oeuvre avait besoin. Délaissant la comédie au profit d'un ton plus engagé, Chaplin s'attelle à ce qui resteront ses films les plus marquants : Les Temps Modernes et Le Dictateur.
Paris, 1917. Dans le misérable logis sous les toits partagé avec sa jeune compagne Jeanne, et qui lui sert d'atelier, Amedeo Modigliani rongé par la tuberculose vitupère contre le monde entier. En dépit de ses efforts, personne ou presque n'a encore reconnu le génie de sa peinture, alors que ses comparses Picasso, Soutine ou Matisse flirtent déjà avec la consécration. Emporté, inconstant, volage, arrogant et de mauvaise foi, Modigliani rebute la plupart de ceux qu'il rencontre, pour ne rien dire des excès de drogue et de boisson qui le rendent infréquentable. Pour la famille de Jeanne, ce personnage est décidément insaisissable : trop incompréhensible, trop incontrôlable, trop habité, trop italien, trop juif. Et même son mécène et marchand Zlobowski, pourtant éperdu d'admiration pour son talent, doit subir sans broncher les sarcasmes et les colères de ce possédé pour qui peindre est un combat.
Le 22 février 1942, exilé à Petropolis au Brésil, l'écrivain autrichien Stefan Zweig se suicide avec son épouse, Lotte. Le désespoir a eu raison du grand humaniste, acteur essentiel de la littérature européenne et témoin majeur de la première partie du XXe siècle. En 2010, conjuguant réel et fiction, le roman de Laurent Seksik revisitait les six derniers mois de la vie du couple, entre nostalgie des fastes de Vienne et appel des ténèbres. Passés successivement par l'Angleterre et les États-Unis après avoir fui l'Autriche, Stefan et Lotte avaient cru fouler au Brésil une terre porteuse d'avenir. Mais c'était sans compter avec l'épouvante de la guerre. L'évocation romanesque de l'exil brésilien des Zweig, de septembre 1941 à février 1942, devient une bande dessinée, magnifiée par le dessin intense de Guillaume Sorel. Laurent Seksik en a personnellement réalisé l'adaptation.