Dans notre mémoire nationale, l'éclat du règne de Charlemagne a éclipsé celui de son petit-fils et homonyme, Charles II, surnommé Ie Chauve. Pourtant, il est l'un des trois rois qui, en 843, par le fameux traité de Verdun, ont organisé la succession de l'ensemble des royaumes francs, lui-même recevant la Francie occidentale. Il est celui qui à Noël 875, deux ans avant sa mort, reçut à Rome la couronne impériale, à l'imitation de son grand-père dont il s'est efforcé sa vie durant de restaurer la grandeur. Charles le Chauve est alors le phare de l'Occident chrétien, la réincarnation de l'empereur Constantin, le successeur spirituel du roi David, le plus haut serviteur du Christ qui, affirme le pape, l'a consacré Sauveur du monde. Inhumé à Saint-Denis, sanctuaire de la légitimité française, il est l'autre grand Carolingien.Entreprenant, habile, obstiné, il conçut le rêve de dilater l'héritage de ses pères jusqu'au-delà des limites que le milieu du IX? siècle pouvait concevoir. Pourvu d'une haute culture aiguisée par sa curiosité d'esprit, à l'aise dans les plus graves questions théologiques et politiques, attentif à sa propre image, il s'est entouré d'une pléiade de savants et d'artistes qui s'employaient à le célébrer dans des ouvrages admirables, encore visibles. Cette lumière qui l'a nimbé et a éclairé son époque est ici restituée, au fil des grandes journées qui décidèrent de son destin et de celui du royaume de France alors en formation.
Le Capétien gestionnaire Comme tous ses contemporains, Robert le Pieux passa l'an 1000 sans s'en apercevoir. Il régnait seul depuis quatre ans (couronné dès 987, son père, Hugues Capet, mourut en 996). Laurent Theis nous conte d'une plume alerte la vie tumultueuse de ce prince guerrier qui fut aussi un homme de passion amoureuse. Il sut même braver l'autorité du pape avant de devoir écarter sa deuxième femme, Berthe de Blois, au profit de la terrible Constance d'Arles. Profondément religieux, Robert poussa ensuite sa dévotion bien au-delà des limites exigées par sa fonction royale. Comme pour compenser sa relative faiblesse politique. Egalement musicien et bâtisseur, Robert le Pieux laissa à la tête du royaume des Francs - qui entrait dans une période d'expansion et de renouveau - une dynastie capétienne solidement installée.
On ne connaît pas la date de naissance de la France ni, d'ailleurs, celle d'Hugues Capet. Pourtant c'est dans cette deuxième moitié du X? siècle, l'une des périodes les plus sombres de l'histoire occidentale, que s'est joué l'un des actes majeurs du destin français. Après l'époque glorieuse et bientôt légendaire de l'Empire carolingien, les invasions normandes et musulmanes, les querelles intestines, l'effondrement culturel conduisent à la division. La partie occidentale de l'héritage de Charlemagne se détache de la Germanie. Progressivement, la famille des Robertiens, implantée dans le Bassin parisien et le Val de Loire, supplante, non sans soubresauts, les derniers Carolingiens. Le sacre d'Hugues Capet par l'archevêque de Reims, le 3 juillet 987, est l'aboutissement d'une évolution à la fois politique et sociale, dans laquelle l'Église a joué un grand rôle. La dynastie nouvelle, fragile à ses débuts, durera plus qu'aucune autre au monde : huit cents ans. Dès le Xl? siècle et jusqu'à la fin du Moyen Âge, les historiens se demandent ce qui s'est réellement passé ce dimanche d'été à Noyon : le destin posthume du premier Capétien est mieux connu que sa personnalité réelle. À travers l'événement de 987 et les images qui en furent données, les Français sentent qu'un événement fondateur s'est produit ce jour-là, qui les concerne au plus profond d'eux-mêmes.
Guizot politique, historien, diplomate, journaliste, Guizot trônant sur son siècle qu'il marqua d'une empreinte encore visible sur nos institutions, notre système éducatif, notre relation au passé. Plusieurs fois ministre puis président du Conseil sous la monarchie de Juillet, cet homme, qui a vu de ces yeux le Terreur en 1794 et la Commune en 1871, a fasciné bon nombre de ces contemporains.
Intellectuel et homme d'action, il a joué un rôle comme ministre de l'Instruction publique par la loi de 1833 créant une école primaire par commune. Passé à la postérité, son célèbre « enrichissez-vous ! » a fait de lui l'un des chantres du libéralisme français.
Loin des caricatures, Laurent Theis explore la philosophie politique de ce grand serviteur de l'État ; son idéal d'un gouvernement des esprits par la souveraineté de la raison ; sa religion, formée d'un attachement à l'Église réformée dépourvu de mysticisme et réduit au minimum de dogmes ; sa conception de l'histoire fondée sur l'évolution de la civilisation européenne conduisant à l'avènement des classes moyennes et au système représentatif.
Un Guizot inattendu et visionnaire dont l'action irrigue tout un siècle, de la fin de l'Ancien Régime au début de la IIIe République.
La France aussi possède son Livre des Rois. Il commence de s'écrire durant près de cinq siècles réputés obscurs, ce haut Moyen Âge où réalité et légende s'entremêlent. Traversé de contrastes saisissants, il met en scène une galerie de rois dont quelques-uns, au prix d'anachronismes et de déformations, constituent comme l'alphabet de l'histoire nationale.
De la fin du Ve siècle au début du XIe, des Mérovingiens aux Carolingiens et aux premiers Capétiens, une continuité se dessine, au-delà de conjonctures mouvementées, et parfois violentes. Le royaume des Francs se forme, s'étend et s'enracine. En cette haute époque, l'obscurité, pour nous, demeure épaisse. Peu nombreux sont les médiévistes qui s'y aventurent. Pourtant, des rais de lumière viennent éclairer, de siècle en siècle, les règnes et les rois. Parmi ces derniers, certains émergent, par leur action et leur rayonnement en leur temps ; aussi, voire surtout, par les traces qu'ils ont imprimées dans la mémoire collective. Leur existence réelle se double alors d'une vie légendaire qui ne pèse pas moins que l'autre dans l'histoire. Ainsi nous souvenons-nous, fût-ce seulement par leurs noms, de Clovis et Dagobert, de Charlemagne ou de Hugues Capet, ces rois des Francs que le Christ aurait choisis pour les gouverner.
Le présent volume part à la recherche de ces personnages, dans un parcours intellectuel et chronologique où la rigueur n'empêche pas la liberté de ton et un beau souci d'écriture. Dans un dialogue entre les faits et les images, il éclaire un passé trop enfoui et peut réserver quelques surprises heureuses. Alors se découvrent des éléments et des caractères originaux qui, rétrospectivement, seront placés aux fondements de la nation française, et ont nourri sa tradition.
Dagobert 1er, roi des Francs de 623 à 639, fut enterré à l'abbaye de Saint-Denis dont il était le bienfaiteur. Onze siècles plus tard, une chanson fut composée, qui installa pour toujours le bon roi dans la mémoire collective des Français.
Durant ce long millénaire, ce prince mérovingien, dont la vraie vie en son temps est presque impossible à connaître, ne cessa d'être détourné de ses origines au profit d'exigences ou d'intérêts divers: l'Eglise, la monarchie française en formation, la tradition populaire s'emparèrent du nom et de l'image de Dagobert, l'inscrivirent dans de multiples documents et lui composèrent des existences posthumes souvent surprenantes.
Cette biographie, rigoureuse et insolite, d'un roi très ancien constamment renouvelé, est aussi un pan de l'histoire de la nation française, où le souvenir de Dagobert est profondément inscrit, familier aux grands aussi bien qu'aux plus humbles.
Laurent Theis est normalien et agrégé d'histoire. Il poursuit des activités à la fois d'historien, d'éditeur et de critique.
Les probabilités font partie de la vie du citoyen du XXIe siècle, et ce, dans divers contextes et domaines - en santé pour la sélection d'un traitement, en gestion pour le choix d'un investissement, etc. Dans le milieu scolaire, il est donc impératif de développer une pensée probabiliste permettant la prise de décisions éclairées en moment d'incertitude, la modélisation des situations aléatoires et la compréhension de la notion de risque. Au Québec, bien que l'enseignement des premiers concepts de cette branche des mathématiques commence dès le début du primaire, il représente tout de même un défi de taille, car en plus d'être complexes et contre-intuitives, les probabilités n'occupent qu'une (trop) petite place au sein de la formation des enseignants.
Le présent ouvrage s'adresse aux enseignants en exercice du primaire et du début du secondaire, aux futurs enseignants et aux formateurs universitaires en didactique des mathématiques. Ses auteurs invitent à la découverte des éléments contextuels et historiques liés à cette discipline, puis proposent des réflexions et des idées originales de situations pour l'enseignement (et la formation à l'enseignement) des premiers concepts de probabilités. Il est plus que probable que les propos de cet ouvrage ébranlent la façon de penser et les convictions du lecteur quant à la manière d'enseigner les probabilités.
Sans les centaines de pages écrites par la duchesse de Dino durant quarante ans, il manquerait quelque chose à ce qui fit le charme de la société européenne, de sa civilisation et de son histoire, depuis la fin du premier Empire jusqu'au milieu du second. C'est que la très belle Dorothée, qui tourna la tête de bien des contemporains, n'était pas seulement une fleur de la plus haute aristocratie, elle était spirituelle et lucide, d'une bonne culture littéraire et politique, d'une insatiable curiosité des faits, petits et grands, et d'un fort tempérament. Elle a connu et elle décrit toutes les têtes couronnées de son temps et les principaux hommes d'État, de Metternich à Wellington et à Thiers et Guizot, rapporte tous les échos de cour et de gouvernement, s'immisce dans la politique, juge les écrivains et les artistes, de Londres à Vienne et Saint-Pétersbourg, de Berlin à Rome, et surtout de Paris où elle résida une grande partie de sa vie. Elle avait en effet lié son sort à celui de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, en épousant son neveu. Elle devint, à partir du congrès de Vienne où elle l'accompagna avec éclat, la maîtresse de sa maison comme de sa personne dont elle eut au moins un enfant, et elle fut toujours sa confidente. Elle le suivit à l'ambassade de Londres en 1830 et organisa sa mort en 1838, ce qui nous vaut des pages parmi les plus saisissantes, à l'instar de celles qu'elle consacre aux révolutions de 1848. Mais la reine des salons, arrière-grand-mère de Boni de Castellane, est aussi, au fin fond de la Silésie, un grand seigneur souverain qui reçoit chez elle le roi de Prusse et règne sur des dizaines de paroisses, des centaines de paysans et des milliers d'hectares - dépaysement garanti. Écrits dans un style aussi simple que séduisant les Souvenirs rédigés en 1822, et qui vont de sa petite-enfance à son mariage en 1809, puis la Chronique qui court au jour le jour de 1831 à sa mort en 1862, constituent un document d'une immense valeur sur laquelle les historiens, qui l'ont souvent utilisé sans assez le dire, ne se sont pas trompés.