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Parigramme
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En dépit de son éloignement du front, Paris n'est pas une ville strictement civile au long de la Première Guerre mondiale : capitale des Alliés, elle joue le rôle d'une « plaque tournante » militaire. Ce n'est plus la foule des Expositions universelles qui en sillonne les artères mais celle, tout aussi éclectique, des mobilisés de toutes origines. Ces contingents en partance pour le front y croisent, en sens inverse, les blessés et les permissionnaires. Par ricochet, les photos de Paris en guerre parlent donc aussi du front.
La capitale, désignée par les Allemands comme la cible par excellence, est un symbole et se doit d'apparaître exemplaire aux yeux de la province et vis-à-vis des combattants. Mais la cohabitation dans le même espace urbain de l'univers du front et du monde de l'arrière est souvent difficile, voire conflictuelle : aussi réelles que soient les difficultés matérielles des Parisiens, elles pèsent peu face aux souffrances des poilus. D'autant plus que le spectacle d'une jeunesse dorée et insouciante renforce chez les combattants l'idée d'un Paris-lupanar. Paris oscille ainsi en permanence entre deux images que le front lui renvoie sans cesse : moralité et futilité.
Renouvelant l'iconographie habituelle, des photographies souvent inédites ancrent le commentaire historique dans des réalités tangibles, qu'il s'agisse du pillage des commerces prétendument « allemands », des soldats partant au front étreints par l'émotion ou en pleurs et non la fleur au fusil, de la prostitution militaire, des regards perdus des réfugiés du Nord et de Belgique...
Et au-delà, les images illustrent la complexité sociale et politique de la réalité parisienne tout au long du conflit. Sans doute plus qu'ailleurs, la mobilisation y réveille des peurs anciennes et le souvenir d'expériences traumatiques.