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Marie odile Salati
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La surface : accidents et altérations
Maryline Maigron
- Universite De Savoie
- 5 Juillet 2010
- 9782915797633
Ce troisième volume publié sur le thème de la surface en littérature et dans les arts visuels, suite à La Surface (2005) et Jeux de surface (2006), est consacré à l'altération de la surface. Il a pour objet d'étudier les accidents qui défigurent toute surface diégétique ou artistique au point de la constituer en lieu de crise, afin de déterminer s'ils induisent une perte de sens ou au contraire une réparation. De par la variété des domaines de spécialité des auteurs, les vingt-deux articles proposés offrent un ample panorama des différents champs artistiques : littérature, poésie, peinture, gravure, photographie, cinéma, danse. De même, la nature des surfaces examinées présente une grande diversité, explorée à travers trois axes. Le premier est constitué par les paysages, étendues géographiques ou constructions humaines considérées dans leur altération historique. Le deuxième volet s'attache au corps humain souffrant ou à certaines parties plus spécifiques comme le visage ou la peau. Le dernier ensemble est formé par les différents supports de l'expression artistique à savoir la page ou le papier, la toile de peinture, la plaque de zinc ou de cuivre, le cliché photographique ou le négatif, l'écran de cinéma, et également par les différentes éléments constitutifs de l'oeuvre elle-même, récit littéraire, plan cinématographique, photographique ou pictural. Des surfaces qui interpellent les auteurs en raison même de leur altération aux surfaces intactes que l'artiste décide de mutiler en utilisant les procédés propres à son art, des techniques qui créent un surcroît d'absence à celles qui produisent un surplus de sens, du geste destructeur à l'acte fondateur, le recueil explore toutes les obsessions qui se disent sans s'avouer dans l'accident affectant la surface et décline sur tous les modes l'effort toujours recommencé de refiguration de l'objet et du sens.
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De la peur en Amérique : l'écriture au défi du frisson
Sylvie Bauer, Cécile Roudeau
- Universite De Savoie
- 24 Janvier 2011
- 9782915797763
L'émotion semble avoir retrouvé droit de cité dans le discours critique.
La peur, qu'elle soit terreur sacrée, frisson érotique, esthétique, ou angoisse du vide, traverse la littérature américaine, façonne et défait le texte et la lettre, des récits Puritains au roman contemporain. Paradoxale, la peur figure l'écriture tout en mettant en péril le processus de figuration. Défi lancé à la lettre même, qui ne peut en faire son objet sans s'en défaire, ni la défaire, la peur resurgit pourtant dans les turbulences du texte, narratives, poétiques ou figurales, au moment où l'écriture tremblait de la perdre vraiment.
Cette peur de " perdre " la peur habite la littérature de Nouvelle-Angleterre, à laquelle est consacrée la première partie: de Mary Rowlandson à Henry James. L'écriture peut-elle circonscrire la peur, la fixer dans un objet sans lequel la peur même s'abolit et menace en retour d'abolir l'écriture qui voulait la figurer ? Les textes s'interrogent, et d'arabesques gothiques en spéculations spectrales, offrent ce dilemme en partage à la jouissance des lecteurs.
Enjeu et limite de l'écriture, la peur en devient la trame inquiète, et l'infinie relance. Les articles de la deuxième partie s'attachent à débusquer l'omniprésence de la peur dans des romans et nouvelles des XXe et XXIe siècles. Que ces textes déploient les signes de la peur à la surface d'une quotidienneté familière à en devenir inquiétante, ou au contraire, qu'ils fassent remonter des profondeurs les peurs individuelles et collectives, ils procèdent tous à une interrogation ontologique, s'attachant à la question des origines et à celle non moins effrayante de la fin.
Le sens est mis à mal, tantôt par une absence totale de perspective, tantôt par une prolifération qui le déstabilise autant qu'il perturbe le lecteur. Le résultat est alors la solitude absolue du sujet face à la peur et dans un monde qui lui échappe.
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Les articles qui composent l'ouvrage déclinent sous toutes ses formes le jeu producteur de sens à la surface de l'Suvre et sur les surfaces diégétiques, le jeu qui, au sein de l'Suvre littéraire, picturale, cinématographique ou photographique, fait de la surface le lieu d'émergence du sens : jeu de forces - entre texte et image ou entre lignes et couleurs au sein du tableau -, jeu dans le sens d'espace de disjonction produit par les blancs, ou encore jeu de l'esprit opéré par le jeu de mots, le calembour ou le " trait de génie " du conceptisme espagnol. L'ensemble des études fait ressortir la grande modernité du sujet de la surface, qui rejoint des préoccupations critiques tout à fait actuelles telles que la dérive et le nomadisme, la structure rhizomatique de l'Suvre, le parcours de lecture qui en découle. C'est finalement une définition deleuzienne qui se dégage ici, une conception de la surface comme lieu de jaillissement d'un sens non pas caché en profondeur mais advenant précisément à fleur de texte, de toile ou d'écran, au moment de la réception de l'Suvre. La confrontation avec les enjeux de la surface permet de bousculer un certain nombre d'idées reçues, que les auteurs des articles démontent les unes après les autres. En repensant la surface hors de la bipolarité qui caractérise notre tradition de pensée occidentale et indépendamment des anciens modèles herméneutiques, on ouvre une nouvelle perspective dans la réflexion sur l'art et sa réception.