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Walter faber, ingénieur, voyage beaucoup, au service de l'unesco.
Il raconte sa vie, ses aventures, ses voyages, à la manière d'un technicien, dans un style précis. pourtant à travers ce langage dépouillé, une autre vie s'impose, qui ne se réduit pas à des chiffres ou à une série de coïncidences que l'on prendrait bien pour le destin.
Au cours de ses voyages, faber rencontre trois femmes aussi différentes entre elles que les visages différents qu'il leur montre.
Un roman plein d'entrain et de péripéties, qui montre l'impuissance de l'homme de la civilisation moderne.
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Avez-vous déjà volé:
A. De l'argent liquide ?
B. Des objets (un livre de poche au kiosque, des fleurs dans le jardin d'autrui, une édition originale, du chocolat sur un terrain de camping, des crayons bille qui traînaient, un souvenir d'un mort, des serviettes de toilette dans un hôtel, etc.)?
C. Une idée?
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Depuis longtemps, Max Frisch souhaitait une traduction nouvelle et approuvée par lui de son maître livre. C'est désormais chose faite. Quel est-il cet Américain qui, venant du Mexique, est appréhendé à la frontière suisse et soupçonné de voyager sous un nom d'emprunt alors qu'il ne serait autre que le sculpteur Anatol Stiller, ancien combattant des Brigades internationales, disparu de Zurich depuis six ans ? Tout concourt à le confondre et pourtant le héros de Max Frisch répétera "Je ne suis pas Stiller" aussi longtemps que durera sa détention... Pourquoi ce refus d'être celui que reconnaissent tous ceux de son entourage, sa femme, ses amis, la maîtresse qu'il a aimée ? {Stiller} est tenu pour l'une des oeuvres capitales de l'après-guerre.
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Et si la vie était un jeu ou « une partie d'échecs déjà perdue dont on tenterait de reconstituer les coups a posteriori » afin de donner une autre tournure aux événements... Max Frisch organise sa pièce autour de la biographie du sociologue Kürmann et de sa deuxième femme, Antoinette. Kürmann aurait préféré ne pas avoir rencontré la jeune doctorante au moment où lui-même est devenu professeur. Ce moment crucial où les deux passèrent leur première nuit ensemble. Ils rejouent donc la scène, tentant de déjouer leur destin commun. La tentation est trop grande pour ne pas changer les paramètres et succomber à une biographie au conditionnel. Une pièce conçue comme une scène de répétition, où théâtre et vie se superposent, et orchestrée par un « meneur de jeu » et ses assistants, évoquant ainsi l'univers des jeux de rôles.
Selon Frisch, la pièce ne veut rien démontrer et ne propose qu'un jeu de possibilités. Or, force est de constater que le jeu est très amusant et n'a rien perdu de son actualité.
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Revenant sur ses expériences militaires au cours de la seconde Guerre mondiale, Max Frisch s'interroge sur l'inertie des soldats suisses face à l'actualité, sur les rapports de la Suisse avec l'Allemagne nazie, et sur l'impossibilité de se remettre en question que provoque une vie de soldat très réglementée, constituée d'exercices et de simulations qui rendent la réalité distante, irréelle.
Livret de service critique de manière lucide la place de l'armée de milice en Suisse et la façon dont elle construit l'identité politique du pays -
En janvier 1973, Max Frisch emménage à Berlin-Ouest. Il y retrouve d'autres écrivains parmi les plus importants de l'Allemagne de l'après-guerre : Uwe Johnson, Günter Grass. Aux portraits qu'il brosse de ces nouveaux voisins, Frisch ajoute ceux de Christa Wolf et d'autres écrivains qu'il rencontre régulièrement à Berlin-Est. Car il profite de son séjour en Allemagne pour ausculter avec une vive curiosité les rapports politiques et sociaux en RDA, et les révéler de l'intérieur sans jamais oublier sa position d'observateur privilégié. La subtilité de ces analyses confère au Journal berlinois l'intérêt d'un témoignage historique. Elles sont entremêlées de réflexions d'une surprenante actualité sur le quotidien de l'écrivain, son rôle dans la société, les liens d'amitié ou de travail et les attentes qu'ils suscitent, et ponctuées de brefs passages narratifs. Chacune des entrées témoigne du talent d'un auteur soucieux de trouver la forme d'expression la plus juste et d'accéder, par l'écriture, à une meilleure perception du monde et de lui-même.
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La littérature sérieuse n'est jamais suffisament sérieuse, dit-on parfois. Le lecteur s'en doutera, ce petit livre de Max Frisch paru en 1971, bien qu'il ait trait à la naissance de la Confédération Hélvétique est rempli d'irrespect et d'ironie. A rebours de tout manuel scolaire, l'écrivain s'empare du mythe de Guillaume Tell et nous transmet les éléments pour une relecture de l'histoire.
Le texte se développe selon deux axes : les passages narratifs sont régulièrement interrompus par des notes de bas de pages visant à rétablir les sources historiques du récit, références qui proviennent d'ouvrages aussi sérieux que le Livre blanc de Sarnen (1472), la Chronique de la Suisse écrite par Aegidius Tschudi en 1570 ou d'autres ouvrages savants sur l'Histoire suisse, mais aussi de légendes ou remarques plus personnelles. Loin d'attester une vérité historique, c'est au contraire à une véritable déconstruction qu'amène l'utilisation de ces sources doctes.
Grâce à ce jeu de notes scientifiques qui se contredisent l'une l'autre, grâce à l'humour toujours incisif de Frisch, grâce à l'utilisation indéterminée du nom de Konrad von Tillendorf ou Grisler pour celui habituellement reconnu comme le « grand méchant » de la fable, Max Frisch met à jour les incohérences de l'histoire - et de l'Histoire. L'auteur s'amuse de la subjectivité des historiens prétendument « factuels » et ébranle les notions de vérité et de fiction. C'est non seulement la crédibilité et l'éclat du mythe de Guillaume Tell qu'il met en cause, mais aussi de la Suisse en général. Le mythe est ramené à ce qu'il est et le livre se revèle être un véritable plaidoyer pour l'esprit critique.
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Andorra - piece en douze tableaux
Max Frisch
- GALLIMARD
- Le Manteau D'arlequin
- 7 Juin 1982
- 9782070223961
Nouvelle édition en 1982
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Triptyque (trois tableaux sceniques)
Max Frisch
- GALLIMARD
- Du Monde Entier
- 28 Mars 1980
- 9782070286355
Ce triptyque de variations sur le thème de la mort se compose de trois «tableaux scéniques». Dans le premier, Proll, le jour de ses funérailles, assiste sans que les autres protagonistes s'aperçoivent de sa présence, aux visites de condoléances, tandis que sa femme fait un retour sur leur vie commune. Dialogues des morts, dans le second, où les personnages apparaissent tels qu'ils étaient à l'heure du trépas, où Proll, par exemple, retrouve son père beaucoup plus jeune que lui. Dans le troisième tableau, Roger, qui est vivant, face à Francine, qui est morte, essaie de justifier ou, au moins, d'expliquer les raisons de leur rupture. Si, curieusement, tout semble naturel dans ces situations, c'est que sous leur invraisemblance affleure le sentiment que tout est déjà joué, se joue à chaque instant d'une vie qui échappe à ceux qui la vivent et cherchent vainement à la ressaisir, à la reconstruire, à la répéter par la parole. Mais il n'y a pas de répétition possible et le destin qui, dans la tragédie antique, se présentait malgré tout sous la forme d'un accomplissement, apparaît à la fois obscur et dérisoire à une époque où il n'y a d'autre transcendance que celle de moments intensément vécus, c'est pourquoi chaque lecteur pourra trouver dans cette oeuvre comme un écho de sa propre existence.
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Monsieur bonhomme et les incendiaires
Max Frisch
- GALLIMARD
- Le Manteau D'arlequin
- 12 Janvier 1983
- 9782070251872
Les incendies se multiplient dans la ville.
Monsieur B. - petit industriel enrichi par une lotion capillaire dont il a licencié l'inventeur - fulmine contre cette insécurité grandissante, mais il ne sait pas refuser d'héberger dans le grenier de sa villa un repris de justice, puis un second, qui bientôt y stockent des bidons d'essence, des détonateurs, des mèches. C'est à Monsieur B. lui-même qu'ils demandant finalement des allumettes, et il les leur fournit.
Car sa peur de l'incendie est encore moins grande que sa peur d'avouer qu'il a peur, et sa mauvaise conscience plus forte que ses " bons " ou mauvais sentiments.
L'universalité de cette " parabole " sur la démocratie libérale suit sa création à la radio (1955) puis au théâtre (1958), elle a connu une centaine de mises en scène dans sa version originale, et encore autant dans le monde entier. Entre-temps, son " modèle " n'a fait que gagner encore en actualité et en efficacité.
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L'Homme apparaît au quaternaire
Max Frisch
- GALLIMARD
- Du Monde Entier
- 21 Septembre 1982
- 9782070225682
Si on est un retraité, si on vit seul dans un petit village du Tessin, si, parce que la pluie tombe sans arrêt depuis des jours, les communications sont coupées, que fait-on? M. Geiser a résolu le problème à sa manière. Les quelques livres dont il dispose, notamment une bible et une encyclopédie, l'instruisent et lui rafraîchissent la mémoire. Une mémoire défaillante. C'est pourquoi il découpe ce qui l'intéresse et le colle au mur. Il y a de tout sur ces bouts de papier : géologie, zoologie, histoire, tourisme, anatomie. Toutefois, ces zones d'intérêt si variées ont un dénominateur commun : l'angoisse.
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Ce n'est pas un hasard si l'auteur, qui s'est fait connaître en France par la traduction de ses romans Homo Faber (1961), J'adore ce qui me brûle (1963) et d'une pièce de théâtre, Monsieur Bonhomme et les incendiaires (1961), a exercé le double métier d'architecte et d'écrivain. Le Journal nous révèle une pensée à la fois étonnamment structurée dans sa recherche, son approfondissement, les problèmes qu'elle pose, et une sensibilité d'artiste capable à tout instant de capter et d'immobiliser les phénomènes de beauté d'un monde qu'il ne se lasse pas d'analyser. Qu'il s'agisse d'un voyage à travers les villes de l'Allemagne en décombres où la vie reprend lentement ses droits, d'un trajet en avion, des questions politiques de l'après-guerre, de l'élaboration d'une pièce de théâtre - Le Comte Osterland -, de ses contacts humains et des leçons qu'il en tire moralement ou intellectuellement, on retrouve dans ces notes à l'écriture nerveuse, aiguë, élégante, un tempérament de grand écrivain, une ironie constante, une curiosité passionnée faite de patiente lucidité.
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Le public comme partenaire ; interventions esthétiques et politiques (1949-1967)
Max Frisch
- D'En Bas
- Poche
- 13 Septembre 2016
- 9782829005381
Il s'agit d'un recueil de discours et interventions publiques de l'écrivain, paru en 1967 chez Suhrkamp et qui n'ont pas pris une ride. Textes politiques et esthétiques, ironiques et mordants, engagés dans leur critique de la Suisse bourgeoise de l'après-guerre, ils se révèlent aussi posséder une grande actualité dans le contexte politique actuel - notamment les deux articles contre l'idée d'« Überfremdung » (« la crainte de la surpopulation étrangère »).
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À la fois cruelle, drôle et bouleversante, Andorra est une mise en lumière des mécanismes sournois de la haine et de l'exclusion. Un portrait acide et sans concession de ces « petites gens » qui les attisent et les propagent mais aussi de ceux qui en deviennent les victimes expiatoires. Écrite en 1961, la pièce est un formidable appel à la vigilance, à la résistance, au refus de l'obéissance aveugle et résonne encore aujourd'hui de toute sa vérité.
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Jürg Reinhart, à la recherche de sa vérité et de son destin, renonce à la peinture parce que l'ivresse de créer ne lui semble pas une raison suffisante de vivre, puis il renonce successivement à l'amour, à l'amitié, à l'espoir de procréer lorsqu'il découvre ses origines. Mais cette défaite est une victoire. Blessé, humilié, Jürg s'enrichit à mesure qu'il se dépouille. Par son inquiétude, Reinhart séduit tour à tour deux femmes : Yvonne, déçue par la faiblesse de son premier mari archéologue ; indépendante, dominatrice, elle abandonnera Jürg dont elle attend un enfant pour un homme qui lui apportera la sécurité. Hortense, une de ses anciennes élèves, séduite par l'aventure qu'incarne à ses yeux le peintre, y renonce en définitive pour une vie plus terrestre, plus quotidienne, plus concrète. Mais le personnage principal de ce roman est le destin qui tisse une toile ténue entre des êtres qui ne peuvent se rejoindre. Pour Reinhart, vivre est la quête angoissée d'une vérité qui fait la noblesse de l'homme, mais il succombe parce que tout lui interdit de devenir ce qu'il est et veut être.
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Pas plus que le Journal 1946-1949, celui-ci, tenu par Max Frisch entre 1966-1971, n'est un «journal intime». Il s'agit plutôt d'une sorte de livre de bord. Non que la dimension autobiographique en soit absente : c'est bien l'individu Max Frisch, et non pas un chroniqueur neutre, qui relate ses rencontres avec Brecht, réagit à tel épisode de la répression politique en Suisse ou participe aux répétitions de l'une de ses pièces. Pour l'essentiel, toutefois, ce qui est consigné dans ces pages en est passé déjà par tout un travail de réflexion, de rêverie, d'écriture qui le place à grande distance de la spontanéité quotidienne. Le lecteur peut imaginer que c'est une rencontre, le hasard d'un moment, qui a motivé tel ou tel portrait, mais le portrait, se poursuivant, se charge de fiction, se change en récit. C'est, pour finir, une nouvelle.
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Le docteur Schaad a-t-il assassiné la septième de ses épouses, femme légère de son état? L'aboutissement de la révélation n'est en fait qu'un point de départ. Toujours fasciné par le mystère de l'identité individuelle et collective, Max Frisch choisit ici la forme, hautement stylisée il est vrai, du roman policier. Mais l'enquête se déroule aussi à l'intérieur de l'individu, le procès est celui que l'accusé s'intente à lui-même. Y a-t-il de l'innocence dans cette culpabilité ou de la culpabilité dans cette innocence? Qui est le docteur Schaad, qui sommes-nous?
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Les noms de Max Frisch (1911-1991) et Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) résument presque à eux seuls la littérature suisse de ce siècle, ou tout au moins de sa seconde moitié, aussi bien dans le domaine du roman que dans celui du théâtre.
Homo faber ou Andorra de Max Frisch, La Panne ou La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt ont été lus ou vus dans le monde entier, et sont désormais des classiques.
Frisch et Dürrenmatt, ces deux grands écrivains que l'opinion publique et la critique, en dépit de leurs différences, ont parfois voulu rapprocher jusqu'à les confondre, ont mené un dialogue épistolaire où s'affirment avec force leurs personnalités irréductibles.
Ce dialogue va durer près de quarante ans (de 1947 à 1986), mais sera coupé de longs silences, souvent éloquents.
Frisch et Dürrenmatt s'admirent et s'estiment. Ils se lisent mutuellement, avec une remarquable attention. On les voit cependant manifester leurs réserves autant que leur approbation : il s'agit pour eux de marquer leur territoire littéraire, de se définir au miroir d'autrui.
Cette correspondance erratique, à la fois intense et détachée, désinvolte et grave, qui par moments devient tendue et presque hostile, nous permet d'approcher deux personnalités, et deux visions du monde.
Elle nous révèle l'homme Frisch, l'homme Dürrenmatt, et leur humaine rivalité. Mais elle jette aussi, sur leurs oeuvres, une lumière singulière.
Cette correspondance est précédée d'un brillant essai de Peter Rüedi, familier de l'oeuvre des deux grands écrivains, qui brosse leurs portraits contrastés, et rappelle les circonstances (personnelles, historiques et politiques) de leur échange épistolaire.
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Max Frisch commence ce "journal", en forme d'aphorismes et de récits brefs, au début des années 1980, et le rédige jusqu'à son décès en 1991. Portraits de ville, récits de la vie aux Etats-Unis, indignations et mots tendres alternent dans une langue superbe, parfois fulminante. Réflexion sur l'affrontement entre deux mondes - la Suisse et les Etats-Unis -, c'est aussi et surtout le récit d'un cheminement vers la mort.
Ce dernier texte littéraire a été retrouvé dans les archives Max Frisch alors que l'auteur l'avait laissé de côté, contrairement à ses deux premiers journaux conçus comme des oeuvres à part entière, d'un genre particulier, revues et publiées de son vivant.
Testament d'une grande noirceur, malgré tout empreint d'humour et parsemé de fragments oniriques, où l'imaginaire et l'écriture ont toute leur place.