Issue d'une lignée de tailleurs juifs, Nathalie Skowronek raconte son histoire familiale, de l'atelier de ses ancêtres à même l'appartement aux boutiques de prêt-à-porter pour femmes montées par ses parents à Gand. Elle est témoin de la transformation radicale du métier et de l'émergence de nouveaux magasins de détail dans toute l'Europe. L'histoire familiale, c'est le vêtement : d'un côté le magasin de son inconsolable grand-mère, peuplé des fantômes de la Shoah, de l'autre les flamboyants qui, tournant le dos à la tragédie, jouent le jeu de leur époque avant d'être dépassés par le succès. Entre eux, une jeune femme veut exister sans renier ses origines et les évoque avec une acuité sensible. La fin d'un monde, et peut-être la vraie fin du Yiddishland.
Le silence de l'île surprend Neil. Quand il sort de la cabane pour faire ses observations, il n'entend que le bruit du vent ou le craquement de la banquise. Parfois un cri d'animal ou l'appel d'un oiseau. Tout est plus doux. Cela donne une atmosphère très particulière à l'endroit. C'est pour cela que Neil est ici. Il est à sa place. Un simple être humain au milieu du grand univers.
Suicide, assassinat, mort accidentelle ? Les circonstances de la mort de Véronique Verbruggen sur un sentier des Cévennes n'auraient pas valu plus de quelques lignes dans la presse si la victime n'avait pas été une éditrice reconnue. Deux hommes s'interrogent et partagent un même chagrin : Daniel Meyer, son mari, ophtalmologue, et Titus Séguier, son amant, cinéaste qui jusqu'au bout aura attendu qu'elle vienne partager sa vie.
Pour Daniel, rien n'est jamais venu troubler les vingt ans de vie commune avec sa femme, qu'il aime indéfectiblement. Quant à Titus, dépossédé de son amour, il hésite entre se taire par respect des convenances ou élever à Véronique un « testament amoureux » cinématographique, en poursuivant le projet entamé avec elle avant sa disparition.
Il y a aussi Mina, la fille de Véronique, vingt et un ans, née d'un premier amour. Trop de sous-entendus, d'indices qui ne trouvent pas leur place dans le puzzle familial... Qui était cette mère dont les tourments se lisaient en filigrane ? Demander des éclaircissements à son beau-père serait si douloureux pour Daniel... Alors Mina remonte la trace de Titus Séguier. Elle découvre la complexité d'une mère écartelée, celle des sentiments, et comprend qu'on ne connait jamais tout à fait cet autre qui nous semblait si proche.
Derrière le vernis des apparences, le portrait bouleversant d'une femme qui ne pouvait pas choisir. Nathalie Skowronek dit avec une grande subtilité les différentes facettes de l'amour et comment si les époques changent, les écartèlements du coeur demeurent.
En apparence, Max a laissé Auschwitz derrière lui. Une histoire ancienne qui a fini par s'effacer, comme dans le souvenir de Nathalie Skowronek, le numéro tatoué sur le bras de son grand-père. Max est à présent un homme d'affaires, qui, associé à Pavel son vieil ami des camps, trafiquait par-dessus le mur de Berlin pour alimenter la nomenklatura d'Allemagne de l'Est en produits de luxe. Tout allait pour le mieux... en apparence.
Car Max, chaque matin, faisait le tour du zoo de Berlin, avec dans les poches ses pilules et un petit sac de diamants.
Ce bref essai, précis et cinglant, éclaire avec intelligence ce qu'est en train de vivre la quatrième génération de Juifs après Auschwitz. La première génération s'est refermée sur ses horribles secrets, la deuxième a vécu dans le silence obligé (on ne devait pas «en parler»), la troisième génération a tenté de façon parfois maladroite et excessive de déterrer ces secrets en mettant la Shoah au centre de tout. La quatrième génération est en train de tenter une rupture avec ces attitudes. Après le temps de l'oubli, puis le temps du souvenir obsessionnel, désormais il faut vivre:bientôt les derniers rescapés des camps auront disparu. Petite-fille de déporté, Nathalie Skowronek aborde le sujet avec une verve salutaire. Elle évalue le risque, par la mise à distance de la Shoah, de favoriser l'antisémitisme ou l'opposition à l'existence d'Israël, mais choisit de l'assumer. Il n'y a là aucune volonté de provoquer, plutôt l'envie de faire partager une réflexion délivrée de toute contrainte mémorielle, et d'engager un débat.
C'est d'abord l'histoire d'une rencontre, que seule la littérature rend possible, entre un écrivain magnifique, Karen Blixen, et une petite fille de onze ans qui lit La Ferme africaine sous une tente. Devenue une jeune femme, la petite fille solitaire entreprend d'écrire la biographie de celle qui l'accompagne depuis toujours.
Plus elle s'enfonce dans son récit et plus elle découvre que la Karen de ses rêves - qui embarque pour l'Afrique avec Bror, son mari, se brûle d'amour pour Denys, puis revient, dix-sept ans plus tard, à la maison familiale de Rungstedlund, seule et brisée - la renvoie à sa propre existence et à ses aspirations enfouies.
Commence alors un long chemin intérieur, où le sentiment d'étrangeté au monde, les souvenirs douloureux et les désirs contenus sous les apparences d'une vie rangée sont autant de liens secrets qui réunissent les deux femmes.
Karen et moi, ou comment se sauver par l'écriture.