Son Commentaire sur saint Jean se présente comme une interprétation scientifique du texte sacré. Le plus savant des Pères grecs s'attache méthodiquement aux différentes notions que renferme le texte de Saint Jean, élucide au passage la vision de l'Apocalypse, et jette sur la parole de l'apôtre un éclairage des plus précieux pour quiconque cherche à comprendre les Écritures.
Alexandrie, au IIIe siècle de l'ère chrétienne. Origène (185-253) édifie une oeuvre monumentale, à la fois exégétique et spirituelle. Il demeure aujourd'hui l'un des plus grands commentateurs des Écritures, d'une étonnante modernité.
Ce volume offre les passages essentiels de sa lecture de la Genèse, le premier livre de la Bible.
Un ressourcement aux commencements de la théologie.
Cette édition des Homélies d'Origène sur l'Exode remplace celle de 1947 où le texte latin ne figurait pas encore en face de la traduction. Ici, tout a été renouvelé et le texte latin ajouté. Quelques éléments de l'ancien volume subsiste (une grande partie des notes notamment ont été rédigées par Henri de Lubac) et témoignent que quarante ans d'études origéniennes n'ont pas infirmé réflexions et remarques de la première heure. Le sujet de l'Exode inspire Origène. Ce peuple en marche dans le désert, dos à l'Égypte, n'est pas une population qui s'étire sur une route, c'est le peuple de Dieu, loin de ses idoles, en train de prendre conscience de son unité. Les étapes le regroupent et lui font rencontrer le vrai Dieu, celui qui accueille, celui qui dirige, celui qui fortifie, celui qui sauve. La marche est un symbole, pénétration de l'esprit, progrès de l'âme. De l'Égypte au Sinaï, de l'esclavage à la liberté, du culte des idoles à l'adoration et à l'alliance du vrai Dieu. Sur cette route, l'Exode se vit aussi en Église : Jésus prend aussi la tête de la caravane, et les idoles, sans cesse redressées, ont sans cesse besoin de retomber à terre.
Le livre des Juges, dans la Bible, est le deuxième de la série juive des "premiers prophètes", après celui de Josué, avant ceux de Samuel et des Rois.
La série retrace l'histoire d'Israël depuis l'installation en Terre promise, jusqu'au temps de l'exil. Cette suite chronologique était amorcée dès le livre de l'Exode.
C'est une histoire sainte : aux données de la narration objective elle mêle l'interprétation religieuse ; au rôle des causes secondes d'ordre humain elle substitue volontiers l'action immédiate de Dieu. Succession historique providentiellement guidée, telle est bien la représentation que donne de ce passé notre prédicateur.
Il l'affirme sans ambages dans les Homélies sur l'Exode à propos du personnage de Josué : "Moïse appelle Jésus (Josué), la Loi appelle le Christ" (XI, 3), pour le répéter dans celle sur les juges : "Nous avons convenu d'appliquer ce qu'on disait du fils de Navé à notre Seigneur Jésus-Christ " (II, 1). Dans nos deux dernières homélies, le héros principal étant Gédéon, c'est lui qui représente le Christ : le Christ lavant les pieds de ses disciples, lorsqu'il presse la toison dans un bassin qu'il remplit d'eau (VIII, 5), le Christ déclarant : "Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite n'est pas digne de moi", lorsqu'ayant enjoint aux lâches de s'en aller, il fait descendre les autres au bord de l'eau pour les éprouver (IX, 1).
Entre les deux évocations et mêlés à elles, d'autres personnages figurent les chefs et les juges dans l'Eglise.
Et l'évocation de l'Église est souvent suivie de celle des âmes, objet de la même sollicitude divine, indépendamment de la mention inévitable en prédication de leurs vertus ou de leurs vices.
Le « Commentaire » d'Origène sur l'« Épître aux Romains », composé à Césarée vers 243, fut traduit par Rufin d Aquilée dans les années 405-406. C'est cette traduction latine qui, à défaut du texte grec dont il ne reste que des fragments, fait l'objet de la présente édition (les livres I et II dans ce volume-ci, les livres III à X dans trois volumes ultérieurs).
Certes, Rufin avoue lui-même qu'il a abrégé le texte d'Origène. On peut cependant se convaincre que sa traduction respecte pour l'essentiel la pensée de l'Alexandrin. Ce « Commentaire sur l'Épître aux Romains » - le premier du genre - reflète toute l'admiration qu'Origène portait à Paul et révèle bien les orientations caractéristiques de son exégèse : sa réflexion sur les différentes sortes de lois, son insistance sur la liberté humaine, sa référence centrale au Christ, sa compréhension d'Israël et des nations dans l'histoire du salut, son sens aigu du mystère de Dieu...
La traduction latine de cette oeuvre, au début du Ve siècle, précéda de peu la controverse pélagienne au cours de laquelle les textes pauliniens sur la liberté, le péché, la justice et la grâce devaient être si largement débattus. Le « Commentaire » invite à retrouver, en amont de cette controverse, la lecture continue que l'exégète alexandrin en avait jadis donnée. Cette oeuvre de premier plan éclaire tout à la fois la pensée d'Origène et l'interprétation de l'épître dans les tout premiers siècles de l'histoire chrétienne.
Découvert en 1941 à Toura avec d'autres papyrus d'Origène, cet Entretien se réfère à une pratique connue de la vie ecclésiastique au pue siècle, la convocation d'un synode destiné à éprouver l'orthodoxie d'un évêque.
C'est au cours d'un tel synode, réuni sans doute en Arabie dans les années 240, qu'eut lieu la discussion, dont ce texte est le procès-verbal, entre le grand théologien, défenseur de l'orthodoxie, et un évêque suspect de monarchianisme, Héraclide, en présence de plusieurs autres évêques et de fidèles du diocèse. Origène commence par examiner plusieurs problèmes théologiques - la divinité, l'unité et la distinction du Père et du Fils, thème central puisque c'est l'objet de sa discussion avec Héraclide, mais aussi la prière eucharistique, la nature du corps de Jésus et, en réponse à une objection de Maxime, le processus de la résurrection ; puis il aborde une question posée par un autre interlocuteur, Denys, celle des rapports entre l'âme et le sang, question qui semble avoir alors beaucoup tourmenté certains chrétiens ; enfin, suite à son exposé précédent, une remarque de Démétrius le conduit à traiter du problème de l'immortalité de l'âme.
Ce document manifeste l'autorité du maître alexandrin, homme d'Eglise qui fixe la doctrine et apaise les querelles. En outre, il présente l'intérêt d'être le seul entretien d'Origène que nous ayons conservé et il a été suffisamment diffusé pour que saint Ambroise en recopie plusieurs passages.
Avec cet ouvrage se poursuit la publication du Commentaire sur l'Epître aux Romains d'Origène, composé à Césarée vers 243, et traduit par Rufin d'Aquilée dans les années 405-406. Après les livres I et II (SC 532), le présent volume donne accès aux livres III, IV et V, qui expliquent la section allant de Rm 3, 5 à Rm 6, 10. Origène se montre soucieux de suivre pas à pas le texte de l'épître, n'éludant aucune difficulté de ce texte, s'efforçant au contraire d'en éclairer les passages les plus difficiles - et cela sans se départir d'un profond respect pour les mystères dont Paul se fait l'interprète, tel le serviteur prudent à qui ont été dévoilées les chambres secrètes d'un palais. L'explication du texte paulinien le conduit à développer sa pensée sur des thèmes aussi fondamentaux que la loi, le péché, la justification, la foi, les oeuvres ou le baptême. La crise pélagienne devait plus tard conduire à une intense réflexion sur ces thèmes majeurs. Il est d'autant plus précieux de découvrir l'interprétation qui en avait été donnée par l'Alexandrin en son propre temps et qui prenait une nouvelle actualité à l'époque où Rufin traduisait cette oeuvre en latin. Origène est particulièrement attentif aux différents sens du mot ' loi ' dans le texte de l'épître. De plus, même s'il donne toute leur place aux questions du péché et de la justification, il est conscient de ce qu'elles prennent sens dans la perspective globale de l'écrit paulinien - celle d'une réflexion sur la destinée d'Israël et des nations. Par là même, le Commentaire ne témoigne pas seulement d'une réelle originalité dans l'histoire de la tradition, mais surtout d'une attention très juste au dessein de Paul dans l'ensemble de l'épître.
Dans cette oeuvre magistrale, modèle dans le genre de la polémique, Origène argumente contre Celse, chef de file des adversaires du christianisme naissant, qui reproche aux chrétiens de s'attacher à une foi qu'on ne peut justifier rationnellement et de manquer totalement de sens critique. Notons que les abondantes citations que fait Origène des textes perdus de Celse permettent de mieux connaître la pensée antichrétienne du IIe siècle.
Le contenu des homélies ne se laisse pas réduire à l'unité, car c'est la diversité des ordonnances de la Loi et des événements rapportés dans les derniers chapitres (26-36) du Livre des Nombres qui s'est imposée à Origène.
Les titres des 9 homélies de ce livre ne prétendent pas résumer tous les sujets auxquels touche Origène. Ces titres sont tardifs, dépendent de la tradition manuscrite latine et s'en tiennent tant bien que mal à une idée générale de l'homélie ou du moins au souvenir qu'en a gardé un lecteur hâtif. Nous relèverions : - comme plus attractive, l'Homélie XXI sur le second dénombrement et son développement sur le salut d'un petit nombre ; - comme plus instructive, l'Homélie XXIII sur les fêtes et leur accomplissement dans l'autre monde ; - comme plus intérieure, l'Homélie XXV sur la qualité de combattant guerrier et de combattant spirituel ; - comme plus incitative à la perfection de soi-même, l'Homélie XXVII, la plus longue et la plus étonnante de toutes.
De cette dernière, nous tirons, en conclusion, l'image fourmillante de la ruche. La ruche contient l'ensemble des Livres sacrés. De l'abeille qui travaille et produit le miel au sein de la ruche, il est dit qu'elle entretient la santé des rois et des petites gens. Entrés avec Origène au sein de la ruche, pouvez-vous, lecteurs, ne pas profiter de la santé que vous promettent les homélies de ce Livre ?
Le Commentaire d'Origène sur l'Epître aux Romains a été composé à Césarée vers 243, et traduit par Rufin d'Aquilée dans les années 405-406.
Après la publication des livres I à V (édités dans SC 532 et 539), le présent volume donne accès aux livres VI, VII et VIII, qui expliquent la section allant de Rm 6, 12 à Rm 11, 36. Le livre VI et les premiers chapitres du livre VII sont particulièrement riches pour l'anthropologie et pour la pneumatologie ; Origène y commente, entre autres, tous les passages de Rm 8 sur l'Esprit saint. La suite du livre VII est consacrée au texte de Rm 9, qui donne lieu à une importante réflexion sur l'élection et sur le libre arbitre; Origène s'efforce ici de maintenir contre les gnostiques l'affirmation de la liberté humaine.
Enfin, le livre VIII porte sur les chapitres 10 et 11 de l'épître; on relève notamment l'insistance d'Origène sur le "reste" du peuple élu, et sur la perspective d'un salut pour "tout Israël" lorsque la "plénitude des nations sera entrée" (Rm 11, 25-26). Plus tard, dans l'Occident latin, la controverse pélagienne conduira à mettre avant tout l'accent sur les doctrines du péché, de la justification et de la grâce.
Par ailleurs, sous l'effet d'un anti-judaïsme dominant, on en viendra parfois à oublier l'attachement de Paul à Israël et son espérance au sujet de ce peuple. De telles évolutions font apparaître, par contraste, l'originalité du Commentaire d'Origène. Cette originalité ne tient pas seulement au contexte de l'opposition à Marcion et aux gnostiques. Elle s'explique d'abord par l'attention de l'Alexandrin à un thème essentiel de l'Epître aux Romains : Origène a su reconnaître la place majeure que tenait, dans cet écrit, la méditation de Paul sur la destinée d'Israël et des nations.
Texte grec, introduction, traduction et notes par Cécile Blanc. Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
Ces neuf homélies d'Origène, conservées dans la traduction latine de Rufin, commentent de façon suivie les Psaumes 36, 37 et 38.
Elles sont les seules oeuvres entières que nous ayons conservées de lui sur le Psautier, alors qu'il avait commenté tout ce livre, parfois à plusieurs reprises. La part de la typologie et de l'exégèse christologique est ici très réduite : nous découvrons un visage moins connu d'Origène, celui du moraliste et du prédicateur familier, commentant l'Écriture pour un public qu'il connaît et dont il se soucie comme un pasteur.
On trouvera là, à propos de la colère ou de la jalousie, des développements d'une fine psychologie. Le progrès de l'âme vers Dieu se joue dans des progrès concrets vers la maîtrise de soi et le détachement, notamment à l'égard des méchants qui réussissent en ce monde, ou du frère dont les corrections sont importunes ou humiliantes. Par le texte des Psaumes, lu comme un "médicament pour l'âme", Dieu propose au croyant qui l'écoute et désire le voir un savoureux chemin vers la perfection, qu'Origène éclaire de son expérience spirituelle et exégétique.
La Philocalie d'Origène est un recueil de textes du grand exégète alexandrin, constitué par ses admirateurs cappadociens à la fin du IVe siècle.
Leur objet principal était de diffuser les idées d'Origène sur l'inspiration divine des Ecritures et les règles de leur interprétation.
On a la surprise d'y découvrir qu'Origène souligne fortement les difficultés du texte biblique : ses " pierres d'achoppement ", son " obscurité ". Il recommande à l'interprète de situer le moindre détail du texte dans la cohérence d'ensemble de ce qui forme " un seul livre ".
En joignant aux chapitres de la Philocalie la Lettre d'Origène à Africanus sur l'histoire de Suzanne, qui traite du " canon " des Ecritures, ce volume regroupe des textes qui n'avaient pas trouvé leur place dans d'autres volumes de la Collection.
S'il fallait classer les oeuvres d'Origène par ordre d'importance, le « Traité des principes » (évoquant les doxographies scolaires qui s'ouvrent par les « principes ») figurerait au tout premier ordre. Ce long exposé sur sa conception de la cosmologie révèle les lignes directrices de son oeuvre philosophique, exégétique et spirituelle qui allie la lecture des Écritures avec les connaissances scientifiques et philosophiques de son temps.
Ces homélies, qui nous sont parvenues dans la traduction latine de Jérôme, constituent l'explication suivie la plus ancienne de l'Évangile de Luc. Ambroise y a puisé très largement et, par lui, l'exégèse origénienne a exercé une influence capitale sur l'interprétation postérieure de ce texte évangélique. Prêchées devant le commun des fidèles, et plus spécialement devant les catéchumènes, ces homélies nous livrent sans détour l'âme ardente d'Origène. Continuellement y affleure l'amour profond, mais discret, du prédicateur pour celui qu'il appelle mon Jésus . L'intérêt de ces homélies, pour la spiritualité, ne se limite pas à la dévotion au Christ ; le thème des deux cités y annonce déjà La Cité de Dieu d'Augustin. Le rôle et les différentes formes de la tentation, comme aussi la présence et l'action des anges sont exposés dans le contexte du combat spirituel, avec des notations qui révèlent une connaissance personnelle très juste de la vie spirituelle ; en particulier la science du discernement des esprits. Signalons encore parmi d'autres thèmes, celui de l'âme, image de Dieu.
Le Contre Celse, composé en 248, est la dernière des oeuvres d'Origène.
Il nous livre l'ultime expression de sa pensée et comme son testament. L'ouvrage, qui comprend huit livres, est une longue réfutation du Discours véritable, rédigé probablement vers la fin du IIe siècle par Celse, un philosophe païen, pour " diffamer le christianisme ". Le traité de Celse n'est plus connu aujourd'hui qu'à travers les larges extraits conservés dans la réfutation qu'en fit Origène et présentés selon un ordre qui lui est propre : les essais de reconstruction du Discours véritable comportent donc toujours une part d'incertitude.
Aux yeux de Celse, une religion révélée n'avait aucun sens et ne se maintenait que par l'imposture. Piqué au vif dans sa foi, Origène répond. Toutes les ressources de son érudition et de sa réflexion ne sont pas de trop pour réduire un adversaire qui recourt aux arguments les plus divers et se place même délibérément, à maintes reprises, sur le plan de la philosophie. En réfutant le Discours véritable de Celse, Origène propose en réalité une apologie monumentale du christianisme, qui garde encore aujourd'hui sa valeur et sa force.
Les points d'affrontement entre la culture gréco-romaine et la religion chrétienne y sont clairement marqués. Si la forme en est polémique, l'oeuvre entière n'en est pas moins une magnifique profession de foi.