Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Belin
-
Dissidents du Maghreb depuis les indépendances
Khadija Mohsen-Finan, Pierre Vermeren
- Belin
- 24 Octobre 2018
- 9782410005349
Les "Printemps arabes" ont pris l'Occident par surprise. Pourtant, face aux États autoritaires nés après les indépendances, des hommes et de femmes se sont toujours levés. Ce sont à proprement parler des dissidents politiques, comme en connut l'Europe de l'Est à l'époque soviétique. Mais, à la différence des régimes autoritaires du passé, l'autoritarisme contemporain ne peut pas s'abstraire de son siècle : tous les habitants et tous les dirigeants savent qu'il existe un monde libre, quelque part, et que dans de nombreux Etats, y compris souvent les plus proches culturellement et géographiquement, les libertés politiques, publiques et privées sont en vigueur. Au Maghreb, cette conviction est d'autant plus forte qu'il existe un espace de circulation à la fois physique (15 millions de Maghrébins avec leurs descendants vivent en Europe au début du XXIe siècle), linguistique et culturel avec l'Europe, et en particulier avec la France.
Deux grands spécialistes du Maghreb, l'historien Pierre Vermeren et la politiste Khadija Finan, écrivent une histoire méconnue du Maghreb. Des militants ont combattu au sein d'organisations nationales de droits de l'Homme (contre les brutalités policières et judiciaires), en faveur de revendications culturelles (droit à la langue berbère), de la liberté d'expression (droit à une presse et à des syndicats libres), de genre (droit à l'égalité des femmes) ou de respect des droits des travailleurs. L'aventure politique des Printemps arabes a tourné à la tragédie en Syrie et seule la Tunisie est parvenue à établir un compromis mais il demeure un point clef : un autre Maghreb est possible.
-
Si le radicalisme musulman et le terrorisme islamique nous inquiètent depuis les années 1980, une nouvelle spirale négative s'est enclenchée qui a conduit aux tueries de janvier et novembre 2015 à Paris. À écouter les commentateurs et les responsables politiques, on croirait que la France n'a jamais côtoyé l'islam. Pourtant, l'empire colonial fut un formidable « laboratoire », près d'un siècle et demi durant, pour aborder les questions religieuses. Comment instaurer des modes de coexistence ? Comment réguler les relations entre Islam, confréries musulmanes, chrétiens et juifs ? Ce fut le souci quotidien de générations d'officiers et d'administrateurs, sous la houlette des autorités politiques françaises.
Cet ouvrage propose une relecture globale de cette expérience unique et de ce que furent les pratiques en oeuvre dans le coeur battant de l'empire colonial : les terres « arabes » et « arabo-berbères ». Il raconte la découverte de l'islam par la France coloniale au début du XIXe siècle, les aléas de la protection des chrétiens d'Orient et les réalités de la politique du « royaume arabe » ou à l'égard du judaïsme ; il analyse enfin la manière dont la République, quoique laïque, s'est essayée à reconstruire les religions en Afrique du Nord et ce que furent leurs réactions, en particulier la montée du salafisme, à l'heure où s'annonçait la décolonisation.
Notre héritage colonial pèse encore sur notre histoire présente. En saisir les complexités ne peut que nous aider à mieux affronter les problèmes de notre temps, en particulier la question religieuse, qu'on croyait à tort apaisée. À cet égard, ce livre est une contribution essentielle.