Wilfride Piollet expose ici la version achevée de ses Barres flexibles (expression tirée d'un poème que lui dédia René Char), sa théorie sur la danse consacrée aux exercices d'entraînement et d'échauffement. Ces exercices sont aussi bien outils d'interprétation que moyens de création et consignes d'improvisation. Synthèse des Barres flexibles se consacre précisément aux moyens d'observation et d'utilisation sensibles de cette recherche. Il se compose de deux parties :
- 1ère partie : Les moyens de penser son geste. Il s'agit là d'évaluer son propre espace de mobilité (les mesures du corps) et de prendre conscience de la projection du corps dans l'espace (les temps du corps) pour aborder différentes façons d'habiter et d'affronter l'environnement.
- 2e partie : Passer à l'acte. Cette partie est consacrée à la présentation exhaustive et synthétique des différents ingrédients qui composent la méthode des Barres Flexibles. Les exercices y sont présentés dans leur intégralité, sous la forme de partitions en cinétographie Laban.
« Ne plus séparer les techniques (classique, jazz, con tem poraine, baroque...) : ce qui est une év idence (passer d'un style à l'autre) depuis un bon moment sur les scènes qui propos ent des spectacles de danse, n'a longtemps pas inqu iété le s respon sables de l'enseignement. Pourtant, de plus en plus de danseurs sont confrontés à cette obligation d'adaptation. Il n'est plus possi bl e, maintenant, d e n'être que "classiqu e" (ni uniquement "contemporain" d'ailleurs), il leur faut, en conce ntrant en eux les divers moyens d'expression du xxie siècle, savoir s'engager corps et âme dans des mouvements aux motivations multip les.
C'est cette synthèse des différentes notions présentes dans les écritures de la danse que j'ai tent é de faire dans mes exercices d'en traînement.
Ce petit ouvrage se prop ose d'en dévoiler, dans la mesure du possible , les étap es, le cheminement, le but, qui, au fond, se confond avec les moyens. »
Le titre Rendez-vous sur tes barres flexibles donné à cet ouvrage est emprunté à un poème de René Char datant de 1986. Dédié au couple de danseurs étoiles que Wilfride Piollet forme avec son mari Jean Guizerix, ce poème ouvre les pages d'un ouvrage empli de documents photographiques pris lors de leur parcours scénique. Aidée de la pensée érudite de Gérard-Georges Lemaire, Wilfride Piollet propose dans ce livre de mettre en présence la sensibilité du regardspectateur et l'imaginaire de l'artiste-interprète.
"Dans ces dialogues (dialogues où je tiens le rôle du néophyte) Wilfride Piollet nous invite à réfléchir sur le fondement, l'exécution et la finalité de chaque figure. Elle nous montre de quelle façon chaque partie du corps devient un instrument signifiant de la très subtile architecture qui est dictée par la philosophie de la danse. Ce sont les prolégomènes à toute intelligence future de cet art et aussi les premiers fondements d'un enseignement original qui concilie tradition et révolution. En tirant la somme de cette partie de son existence qu'elle a consacrée à la sévère et aride discipline de son art, à une passion qui ne s'épuise au grand jamais, elle sait que cette réflexion porte sur ce qu'elle a gagné après être passée sous les fourches Caudines d'une éducation dure, ingrate, faite d'abnégation et de souffrance. Et ce qu'elle a gagné, c'est la liberté, la jouissance et la maîtrise permettant de dépasser la technique et d'atteindre ce qui est d'atteinte."
Aux limites du langage algorithmique de la danse d'élévation, art chorégraphique en lieu et place du signe de l'humain, auparavant faisons place à la plus innovante des danseuses Etoiles de sa génération, Wilfride Piollet, auteur des pages qui vont suivre extraites d'une conférence-démonstration commandée par la Cinémathèque de la Danse (Paris), donnée et interprétée par deux fois, d'abord à Caen en 1997, puis à l'Opéra Bastille, Paris, en 1998. Sur les traces des Dames blanches est donc une oeuvre généreusement confiée à titre posthume par Jean Guizerix son mari, et leur fils Rémy. Qu'ils en soient tous deux chaleureusement remerciés à travers notamment ce préambule intitulé, rédigé en son temps : « La ballerine éthérée ou la cristallisation de la Chair » (1998), comme une révérence, un hommage à l'artiste-philosophe, sage-danseuse Etoile du Ballet de l'Opéra national de Paris, nominée en 1969, si tôt disparue. Valérie Colette-Folliot (2022). « Madame la duchesse de Bourgogne dansait très bien ; c'est ce qu'on dit... Peut-être était-elle déjà une Dame blanche. Parce que Littré dit : ?Les musiciens jouent la musique, les peintres exécutent un tableau, mais les danseuses aiment danser, j'ai choisi quatre thèmes pour suivre ces Dames blanches. Le premier chapitre, le merveilleux, est placé sous le signe de la lumière. Le deuxième, l'état de tendresse, je l'ai comparé à la transparence. Le troisième, la blancheur sera celle du lys. Et le quatrième, les gestes de l'envol, sera symbolisé par les plumes ». Wilfride Piollet (1998).