Fort de sa triple culture - africaine, française et américaine -, Souleymane Bachir Diagne s'interroge sur la traduction dans ce texte engagé et humaniste, porteur d'une éthique. Si la traduction manifeste le plus souvent une relation de profonde inégalité entre langues dominantes et langues dominées, elle peut aussi être source de dialogue, d'échanges, de métissage, y compris dans des situations d'asymétrie, propres notamment à l'espace colonial, où l'interprète, de simple auxiliaire, devient un véritable médiateur culturel.Faire l'éloge de la traduction, « la langue des langues », c'est célébrer le pluriel de celles-ci et leur égalité ; car traduire, c'est donner dans une langue hospitalité à ce qui a été pensé dans une autre, c'est créer de la réciprocité, de la rencontre, c'est faire humanité ensemble, c'est en quelque sorte imaginer une Babel heureuse.La question de la traduction, de l'universel et du pluriel, est au coeur de l'oeuvre de Souleymane Bachir Diagne, l'une des voix africaines contemporaines les plus respectées. Il a notamment publié, chez Albin Michel, En quête d'Afrique(s) : universalisme et pensée décoloniale, coécrit avec Jean-Loup Amselle (2018).
- Le petit texte d'un grand philosophe africain et universitaire aux Etats-Unis.
- Un traité sur l'analyse très pertinente de Senghor sur l'art africain et ce qui reste quand les dieux ont quitté les masques et les fétiches.
- Le premier titre d'une nouvelle collection de poche, "Pétite", qui revisite de façon les "classiques" de Riveneuve avec la valeur ajoutée d'une artiste-graphiste France Dumas.
Le grand retour de Bergson, à l'orée du XXIe siècle, s'est accompagné d'un regain d'intérêt pour son influence exercée en dehors de France, jusqu'en Inde et en Afrique, comme en témoignent deux figures majeures de la lutte anticoloniale, le musulman Mohamed Iqbal et le catholique Léopold Sédar Senghor. À la fois poètes, penseurs et hommes d'État, tous deux ont joué un rôle intellectuel et politique essentiel dans l'indépendance de leur pays, et trouvé dans le bergsonisme de quoi nourrir leur philosophie : celle d'une reconstruction de la pensée religieuse de l'islam pour le premier, d'une désaliénation du devenir africain pour le second.
À la croisée des études bergsoniennes et de la pensée postcoloniale, le philosophe Souleymane Bachir Diagne offre un éclairage inédit sur la réception et le devenir des notions d'élan vital, de nouveauté, de durée ou encore d'intuition dans la pensée de Senghor et de Iqbal.
Partant de ce fait que la philosophie africaine connaît aujourd'hui un important développement et fait l'objet de nombreuses publications, l'auteur examine le champ de questions et l'espace de débat que constitue l'activité philosophique en Afrique pour présenter ici à la fois un « précis » de cette activité et un exposé de ses propres réflexions sur les thèmes les plus importants autour desquels elle s'organise . L'on peut considérer en effet, constate-t-il, que pour l'essentiel quatre grandes questions constituent les enjeux majeurs de la réflexion philosophique africaine : premièrement celle de l'ontologie en relation avec les religions et l'esthétique, deuxièmement celle du temps - plus particulièrement de l'avenir et de la prospective -, troisièmement celle de l'oralité et des implications de sa transcription/traduction, quatrièmement enfin celle, politique, des socialismes. Ces grandes questions posent aussi celle, fondamentale, et qui les traverse, des langues et de la traduction.
C'est dans la conjoncture de l'après Deuxième Guerre mondiale et de la conférence de Bandung (1955) qu'émerge le paradigme postcolonial, courant d'idées qui accompagne l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés dits du « Tiers Monde ». Dans leurs critiques de la domination occidentale, le ou les postcolonialisme(s) ont mis en avant la traite esclavagiste transatlantique et la colonisation. Progressivement, une théorie plus radicale s'est imposée : la « pensée décoloniale », qui fait remonter à la découverte des Amériques, en 1492, la mise en oeuvre d'une nouvelle formule de domina¬tion sociale et d'exploitation économique, désormais indexée sur la notion de race.À partir de leurs itinéraires respectifs, le philosophe Souleymane Bachir Diagne et l'anthropologue Jean-Loup Amselle dialoguent sur des questions cruciales qui engagent les rapports entre l'Afrique et l'Occident : l'universalisme, les spécificités culturelles et linguistiques africaines, le soufisme ouest-africain, le panafricanisme.Ces échanges reposent sur la conviction partagée que toutes les entreprises qui visent à établir une communication entre les différentes cultures humaines de notre planète sont salutaires, car elles permettront d'abattre les barrières réelles ou imaginaires qui fragmentent notre monde.