Prix d'Académie 2022, décerné par l'Académie française.
Prix SNA du livre d'art 2022.
Une monographie complète sur Gustave Caillebotte (1848-1894), richement illustrée de près de 200 reproductions. Le peintre de la vie moderne, tel que Baudelaire le rêve en 1846, n'est-ce pas lui ? N'est-ce pas Gustave Caillebotte (1848-1894) qui, trente ans plus tard, comblera cette attente ? Ce livre est né de cette interrogation et de ce qu'elle implique dans la relecture en cours de notre modernité.
D'abord relégué aux marges de l'impressionnisme, Caillebotte s'est vu revaloriser de manière éclatante depuis les années 1970. Artiste singulier, poète méthodique du Paris d'Haussmann, grand observateur du jeu amoureux, héros du yachting, fou de fleurs et de jardins, capable de tout peindre par horreur des redites, il joua un rôle crucial à d'autres titres. Collectionneur précoce des impressionnistes, il fut aussi l'organisateur de leurs expositions à partir de 1877.
Lorsque Les Raboteurs de parquet, refusés au Salon, firent sensation en 1876 à la deuxième exposition impressionniste, Caillebotte n'était pas le complet débutant qu'on voyait en lui. Au lendemain de la guerre franco-prussienne, il s'était formé auprès de Léon Bonnat, tout en fréquentant l'italien Giuseppe de Nittis, l'un et l'autre l'ayant mis sur la voie d'un réalisme sévère. S'ensuivit l'inscription à l'école des Beaux-Arts du jeune homme appelé, en somme, à faire carrière dans le sillage de ses mentors. Au contraire, Caillebotte montre une grande indépendance. Il se débarrasse vite de la théâtralité de Bonnat et du pittoresque de De Nittis. Ne reste que la puissance naturaliste, une énergie qu'il met au service d'un pays qui se reconstruit, d'un Paris qui se redessine.
L'historiographie récente ne dissimule pas sa préférence pour le Caillebotte le plus sujet, dit-on, au malaise existentiel, qu'il procède de son individualité ou de sa classe. Les tensions inhérentes à la plupart de ses chefs-d'oeuvre croisent ainsi la psychologie des profondeurs et la sociabilité des élites. On parle volontiers d'un besoin d'élucidation, de maîtrise, en prise avec l'angoisse même de l'assumer ou la crainte de ne pas y parvenir. Mais il faut voir au-delà. La peinture de Caillebotte témoigne d'une puissance jusque dans ses oeuvres les plus troubles. Son art oscille entre les extrêmes, sans jamais céder à l'euphorie banale d'un certain impressionnisme ni, à l'inverse, s'abandonner complaisamment au mal-être des années 1880. La tension qui plane sur l'ensemble de l'oeuvre demande à être reformulée. Elle nous livre l'une des clés de celui qui fut le vrai peintre de la vie et de la ville modernes.
« Livre orgiaque, sans trop de mélancolie », aux dires de son auteur, Parallèlement met en scène les amours et les haines de Verlaine, sa double nature de pécheur et de chrétien convaincu, sa double identité sexuelle aussi. Celui qui avait été l'amant de Rimbaud, le temps d'une saison infernale, publie une manière de portrait intime en 1889, non sans craindre la censure. Onze ans plus tard, Verlaine étant mort entre-temps, Vollard et Bonnard, le marchand et le peintre, donnent une seconde vie au livre, choisissant avec soin format, papier et typographie, ainsi qu'une illustration somptueuse, tirée en rose à dessein. Sans jamais trahir le texte et sa façon piquante de mobiliser les sens, Bonnard laisse ses motifs, femmes entrelacées, corps lascifs, faunes exténués ou personnages de Watteau, sortir des marges, envahir la page, culbuter les vers imprimés. Ce sommet du livre d'artiste reparaît tel quel, dans un coffret qui rend hommage à cette rencontre originale, à ce dialogue artistique, accompagné d'un livret explicatif qui se penche autant sur la verdeur poétique de Verlaine qu'il explore l'éros inventif de Bonnard.
« C'est de l'art, nom de dieu, et du plus chouette, du mélangé à la vie, de l'art sans mic-macs épateurs et à la portée des bons bougres. » Félix Fénéon, Le Père Peinard, 1893
C'est le Baudelaire amateur et critique d'art qui est présenté dans cet essai. Rythmé par des illustrations d'époque et par la plume pointue et érudite de Stéphane Guégan, cet ouvrage se déroule de manière chronologique. Ici, la modernité de Baudelaire est mise en évidence g il reproche au xixe siècle de mettre en avant beaucoup d'images et d'artistes dont il refusait les tendances lourdes. Il apprécie au contraire les « peintres de la vie moderne ». Ce dernier est convaincu que le Beau possède une positivité sensible, une utilité spirituelle, plus haute que ne l'entendaient ses contemporains. Son célèbre Spleen vienne se heurter à la beauté de l'art et en renverse son pessimisme.
Pour éclairer l'oeuvre de Monet et en particulier sa série de Nymphéas, cet ouvrage s'intéresse tout autant aux proches du peintre (Manet, Renoir, Caillebotte, Clemenceau, etc.) qu'aux principes qui ont permis l'invention du paysage moderne.
Ingres, adorateur de la Grèce antique et gardien des traditions ; Ingres, membre influent de l'Institut et défenseur de la ligne en pleine tempête romantique ; Ingres durement critiqué, parfois haï, finalement admiré... En restituant avec brio soixante-dix années d'une époque mouvementée - de la Terreur au Second Empire -, Stéphane Guégan déconstruit l'image traditionnelle du peintre. Et montre combien il faut se méfier de son apparent classicisme, de sa vénération ostentatoire envers Raphaël, de son acharnement à triompher au Salon. La peinture d'Ingres - et pas seulement les nus voluptueux ou les portraits mordants -, déborde sans cesse les limites et les règles dont elle se réclame. Avec son sens aigu des détails et son modelé lisse, ses déformations anatomiques et ses teintes franches, avec ses corps érotisés à l'extrême, il est le peintre de l'excès plus que de la table rase. Par un travail obstiné - dès 1806, il voulut être pour les arts « ce révolutionnaire-là » -, Ingres a atteint une liberté de style unique, qui allait fasciner nombre d'artistes modernes.
Vincent Van Gogh, le premier des écologistes ? Gauguin a-t-il trahi ? Le suicide de qui ? Ce petit livre pédagogique explique en quinze textes clairs et concis la portée décisive de l'oeuvre tout en renversant les idées reçues régulièrement véhiculées sur l'artiste. La folie de Van Gogh a marqué sa vie et son oeuvre de façon tragique, et a aussi contribué à cette vision romantique de l'artiste incompris et maudit dont la gloire fut cruellement posthume. De ces pertes de contrôle, le peintre parle très tôt et son instabilité se manifeste dès les années de collège. Mais le jeune homme, lecteur boulimique et affamé d'images, croit aussi aux vertus thérapeutiques de l'art et du monde rural qu'il commence par idéaliser. Très tôt, il sentira le besoin de se rapprocher du monde du travail, afin de soulager les nécessiteux, puis les peindre. C'est d'abord le monde de la mine, où il apporte la parole du Christ, qui passe dans ses dessins, ce sera ensuite celui des travailleurs de la terre.
Le peintre Millet domine déjà ses pensées. Mais Van Gogh n'entend pas peindre en suiveur autodidacte, ni se contenter d'une existence marginale. Il va se perfectionner avec une détermination sans faille. D'Anvers à Paris, son cursus est cumulatif, efficace et impressionnant. Maîtrisant parfaitement les données du marché de l'art, il enrôle Theo, son frère cadet, dans un pari sur l'avenir. Vincent sait que l'impressionnisme étant en passe de devenir une valeur marchande, le futur finira par sourire à la génération qui vient après...
Le 20 février 1888, il s'installe à Arles qui marque le tournant, le zénith, le point culminant, le plus grand épanouissement de la décennie de l'activité artistique de Van Gogh. Des centaines de tableaux et de dessins naissent alors, plus solaires, plus fervents, plus élaborés et poignants que jamais. Avec l'aggravation de sa schizophrénie, il ne reste plus à Van Gogh que de conquérir Paris.
Mais qui, en dehors de Theo et peut-être de Gauguin, peut comprendre le vrai secret de cette peinture qui tend à l'éclat majeur, à la maîtrise d'elle-même entre les crises qui se rapprochent ? En raison de l'incompétence du docteur Gachet, la dernière sera la bonne. Reste les milliers de preuves, devant Dieu, d'un moderne qui aurait tant aimé devenir à la fois le Rembrandt et le Delacroix de son temps... Au-delà des mythes poisseux, cette folie-là reste à comprendre.
De A à Z, les mots qui permettent de cerner la personnalité et l'oeuvre de ce peintre français du XIXe siècle, chef de l'école réaliste.
Catalogue de l'exposition du musée d'Orsay de Paris du 5 avril au 3 juillet 2011.
Le romantisme n'enjolive pas le monde, il le dévoile ou le réincarne à travers ses fictions, ses voyages et ses passions. Il dit le réel en saisissant l'imagina1ion.
Cet ouvrage simple et didactique explique en quinze questions l'art d'André Derain (1880-1954), qui fut l'un des peintres les plus fascinants de l'histoire de l'art moderne. Tout à tour inventeur du fauvisme et précurseur du cubisme, il fut aussi le symbole du retour à la tradition pendant l'entre-deux-guerres, poursuivant sans relâche un parcours exceptionnel, à contre-courant de tous les styles.
Peintre inclassable et complexe, il n'a eu de cesse d'interroger à la fois la peinture classique mais aussi la modernité de son époque, pour entreprendre une quête esthétique jamais achevée, celle de l'art de tous les temps. S'il a marqué l'histoire de l'art par son génie protéiforme et sa profonde volonté d'indépendance, il subsiste un vrai mystère Derain, celui d'un homme seul a qui connu la splendeur et la décadence, les plus grands succès comme le plus grand oubli.
Ce petit livre pédagogique explique en quinze textes concis et clairs la portée décisive de l'oeuvre. Il est l'ouvrage idéal pour comprendre André Derain, qui sera prochainement à l'honneur de deux expositions : André Derain 1904-1914, la décennie radicale, au Centre Pompidou, et Derain, Balthus et Giacometti, au musée d'Art moderne de la Ville de Paris.
En 20 ans, du Salon des Refusés de 1863 à sa mort, Édouard Manet (1832-1883) a révolutionné la peinture française, choisissant la « vie présente » à la fois comme sujet de prédilection, champ d'action et stratégie de conquête. Être moderne, pour parler comme ses amis Baudelaire, Zola et Mallarmé, c'est pour Manet peindre son temps, en dégager la poésie, en inventer la forme, c'est encore et surtout agir sur ses contemporains. L'époque n'a pas connu d'artiste plus engagé, en tous sens, que Manet. Sa vie durant, il force les portes du Salon, colle à l'actualité politique et appuie son besoin de reconnaissance sur les meilleurs écrivains. Rajeunir le grand art, reformuler le tableau d'histoire et son héroïsme, le nu féminin et son magnétisme, secouer les genres traditionnels en niant leurs limites, telle fut la feuille de route d'un artiste chez qui réalisme et romantisme cessaient de s'opposer.
Quelle vie ! Même débarrassée de ses légendes, la trajectoire de Gauguin (1848-1903) frise le roman d'aventures. Après avoir pris la mer à l'âge de 17 ans et longtemps navigué, il se jette dans les affaires, puis se donne à la peinture avec la même soif de risque et de réussite. Au-delà du mythe de l'artiste maudit, foudroyé par l'échec et la syphilis, ce récit explore les échanges permanents, parfois inattendus, entre la vie du créateur et son imaginaire insatiable.
A travers peintures, sculptures et céramiques, Stéphane Guégan retrace l'étonnant parcours d'un marin "démangé d'inconnu". De la Bretagne inaugurale aux Marquises, de la Martinique au Danemark, la carte d'un vaste territoire se redéploie, géographique et initiatique, extérieure et intérieure. Nul autre peintre que Gauguin n'aura autant bourlingué et fait entrer l'esprit du voyage, le choc des cultures, dans le langage des formes et le sel de l'existence.
L'homme au gilet rouge de la bataille d'Hernani:c'est l'image légendaire que conserve Théophile Gautier dans la mémoire collective. Et la légende dit vrai. Gautier a été l'un des coeurs battants du romantisme, à l'heure de son embrasement:1830, où se succédèrent deux révolutions, le drame flamboyant de Victor Hugo et les barricades. Âgé d'à peine vingt ans, il fit alors l'expérience de la politique et entra en littérature. Aux illusions de l'une, il allait répondre par la religion de l'autre. Tandis que les prédicateurs, Hugo, Lamartine ou Vigny, aspiraient à remettre le siècle dans la bonne direction, Gautier entendait incarner une sorte de libertinage irresponsable et d'insoumission. Autour de lui se pressaient des poètes - Pétrus Borel et Nerval notamment - et d'autres artistes aussi singuliers que soudait une même fureur de vivre. Mais le culte de l'art nouveau contre les perruques classiques et les corsets de la morale devait se heurter, fatalement, aux réalités de la France moderne. Difficile pour un fils de famille modeste d'échapper à sa condition sociale; difficile également de concilier l'audace esthétique avec le marché élargi de la chose écrite. Fort du scandale que provoquèrent, en 1835, Mademoiselle de Maupin et sa préface, Gautier devint journaliste. Pendant près de quarante ans, l'apôtre de «l'art pour l'art» dut composer et ruser avec les servitudes de la presse et les pouvoirs en place. Ce qui n'empêcha pas ses chroniques d'enregistrer le meilleur de l'époque:de Balzac et Musset à Baudelaire et Flaubert, d'Ingres et Delacroix à Courbet et Manet, de Berlioz et Chopin à Verdi et Wagner. Avec Gautier pour guide, le lecteur d'aujourd'hui traverse le romantisme et voit se lever notre modernité; car l'auteur du Capitaine Fracasse a aussi été le dédicataire des Fleurs du mal. Dérouler son existence, c'est enfin pénétrer dans l'intimité d'un homme qui redoutait plus que tout la solitude et la chasteté. Grand amoureux, grand voyageur, grande plume, tel que ce livre le fait revivre.
Cet ouvrage, consacré à André Masson, rend hommage au journaliste américain Varian Fry, qui, en 1941 permit à de nombreux artistes et intellectuels de quitter l'Europe et le régime de Vichy pour les Etats-Unis. Sur le chemin de l'exil, André Masson rejoint à Marseille les surréalistes hébergés à la villa Air Bel. Par la suite, en route pour l'Amérique, il retrouve Claude Levi-Strauss, Wifredo Lam et André Breton lors d'une escale de trois semaines à La Martinique.
Son exploration de l'île s'avéra être une expérience fondatrice. Antille, titre d'une peinture, d'un dessin et d'un poème, devient alors l'emblème d'une conscience aiguë des forces telluriques du monde, des hommes et de la nature. Arrivé à New Preston, Masson développe une oeuvre libre, multiple, qui influencera Pollock et les expressionnistes américains. Surréaliste mais rétif à l'orthodoxie, il investit profondément l'univers mythique de La Martinique et des indiens d'Amérique.
Il développe, au-delà de l'écriture automatique, une richesse graphique servie par un éventail de techniques ; encre, crayon, fusain, gouache, pastel ; toutes, lui permettent d'exprimer les forces cosmiques et érotiques d'un monde profondément tragique. Soixante oeuvres, provenant principalement des collections de la famille d'André Masson et du musée Cantini de Marseille sont associées pour montrer toute la richesse de cette période.
La séquence commence avec Massacreet s'achève avec La Fable des origines. Nous suivons André Masson dans un exil où la nature devient allégorie de l'affrontement mortel des hommes ; seul, l'homme fait face au monde : quarante-quatre dessins et seize peintures nous le démontrent magistralement.
« L'oeuvre qu'on fait est une façon de tenir son journal. » Picasso, 15 juin 1932 Chaque jour de sa vie, Picasso a dessiné, sculpté, gravé, modelé ou peint. Son oeuvre est comme un immense journal intime où se confondent histoire personnelle et histoire du siècle : la Première Guerre mondiale, la Seconde, la guerre d'Espagne, ses relations avec les femmes, avec les artistes, les différents mouvements artistiques auxquels il a participé, etc.
Mais plus que le journal de sa vie, la peinture de Picasso est le roman de sa vie.
Régulièrement un grand tableau, un grand décor (grand par le sujet ou par sa dimension) en fixa les « moments ». Ce livre les réunit et les chaîne pour la première fois.
Stéphane Guégan dépoussière ainsi le mythe « Picasso » en bousculant les légendes qu'a nourri, parfois bien malgré lui, l'artiste, et en revenant au plus près de son oeuvre et de sa vie. Un portrait inédit du créateur insatiable.
Le livre se décompose en quatre chapitres distincts, quatre périodes de la vie de Picasso, depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Chaque chapitre est lui-même composé de cinq parties qui analysent cinq tableaux, cinq « moments » de la vie de Picasso ; chacun est suivi par une importante chronologie, qui revient sur les dates clefs de Picasso, sur les oeuvres emblématiques, les rencontres décisives.
- Le Cubisme (1881-1913) - Les Grandes turbulences (1914-1932) - Chantiers et charniers politiques (1933-1953) - Le dernier chapitre (1954-1973)
A l'occasion de l'année de l'Algérie, l'exposition « De Delacroix à Renoir. «L'Algérie des peintres » organisée par l'Institut du Monde Arabe, en partenariat avec le Clark Institute of Arts de Williamstown et le Musée d'Orsay, regroupe plus d'une centaine d'oeuvres, dont une quinzaine de tableaux de Renoir, réalisées durant le demi-siècle qui a vu s'amplifier en France entre 1832 et 1882 la vogue des sujets algériens tandis que s'opérait la colonisation du pays. L'exposition et le catalogue qui l'accompagne mettent en évidence la diversité des approches individuelles et rappellent ce que Renoir doit à ses prédécesseurs et en quoi l'impressionnisme s'articule aux expériences de l'orientalisme romantique (Delacroix, Chassériau, Fromentin, etc.). Les artistes qui partirent en Algérie dès 1830 n'en rapportèrent pas seulement une lumière plus intense, une palette plus chaude. C'est tout autant la nostalgie des temps et des moeurs primitifs, l'une des données centrales de l'orientalisme européen, qui est recherchée au Maghreb, à l'heure où l'Occident entend répandre sa modernité à travers le monde. A côté des paysages luxuriants ou désertiques, sont évoqués aussi campagnes militaires et chocs de cavaliers, scènes de genre à vocation ethnographique, voire à prétention anthropologique, seigneurs et chasseurs, pasteurs et bergers, odalisques, babouches et harems bien entendu : signes que l'orientalisme français excelle à produire et reproduire de l'altérité, à l'aide de codes que l'ouvrage s'attache à replacer dans leur vrai cadre d'analyse.
Après une section consacrée aux Femmes d'Alger et aux variations que le tableau de Delacroix a durablement suscitées, le parcours débute donc avec certains des meilleurs représentants de l'orientalisme romantique (Horace Vernet, Théodore Chassériau, Eugène Fromentin, etc.) pour aboutir aux naturalistes des années 1880-1890, qu'il s'agisse de Gustave Guillaumet, d'Etienne Dinet et de Paul Leroy, peintres du Sud authentique, ou de Jules Muenier et sa très matissienne Vue du port d'Alger.
Puis il évalue l'importance du thème algérois dans la carrière de Renoir. Durant son double séjour dans la ville blanche en 1881 et 1882 il a réalisé une trentaine de tableaux, dont quelques chefs-d'oeuvre. La dernière partie de l'ouvrage éclaire le sens de cette nouvelle poussée d'orientalisme, dix ans après la série des odalisques réalisées en hommage à Delacroix mais dans le contexte cette fois de la crise que traverse alors le groupe impressionniste et celui de la nécessité pour le peintre de se renouveler en trouvant une autre voie plus en phase avec le marché et les institutions.
À l'issue des commémorations de la Seconde Guerre mondiale, cet ouvrage dresse le bilan de la production artistique sous l'Occupation en France, à travers cent peintures, sculptures et photographies, tout en la resituant dans le long cours de l'histoire, entre l'avènement d'Hitler et la mort de Staline. Loin d'avoir été muselés par la censure nazie et le contrôle de Vichy, les artistes, tant qu'ils ne défiaient pas explicitement l'ordre nouveau, ont profité du climat permissif qui régnait en zone libre. Le fauvisme et le cubisme, devenus des valeurs sûres, voisinent avec d'autres avant-gardes établies, le surréalisme et les premiers pas de l'abstraction. Résistance ou collaboration ? Ce livre, pour la première fois, donne la parole aux uns et aux autres en essayant de dépasser la logique binaire qui a trop longtemps prévalu. Il entend dégager une synthèse et une vision neuves des recherches récentes, souvent inaccessibles au grand public.
Constituées au cours du temps par des achats de l'État, par des dons et legs d'artistes, de collectionneurs et de mécènes mais aussi par une active politique d'acquisitions, les collections de peintures du musée d'Orsay forment aujourd'hui un ensemble d'une richesse exceptionnelle réunissant les plus grands noms et écoles de la peinture de 1848 à 1914 :
- l'art officiel (peinture d'histoire, portraits et paysages classiques) ;
- le symbolisme (Moreau, Puvis de Chavannes, Redon) ;
- le réalisme (Courbet, Fantin-Latour) ;
- l'école de Barbizon (Corot, Millet, Rousseau) ;
- l'impressionnisme (Caillebotte, Cézanne, Degas, Manet, Monet, Pissarro, Renoir, Sisley) ;
- le post-impressionnisme (Seurat, Gauguin, Van Gogh, Toulouse-Lautrec) ;
- les Nabis (Bonnard, Denis, Vuillard).
Pour le nouvel accrochage de ses galeries de peinture à la rentrée prochaine, le musée d'Orsay remet en valeur ces chefs-d'oeuvre incroyables pour proposer ainsi au public une image toujours plus complète, renouvelée, de cette époque foisonnante et variée, l'une des plus créatives et fécondes de l'histoire de l'art.
Publié à cette occasion, l'ouvrage présente, dans un ordre à la fois chronologique et thématique, trois cent oeuvres, offrant ainsi un véritable panorama de l'histoire de la peinture à cette période, dans un souci didactique d'accessibilité au plus grand nombre.