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robert muchembled
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La sorcière au bûcher
Robert Muchembled
- Les Belles Lettres
- Histoire Belles Lettres
- 5 Septembre 2025
- 9782251456652
Robert Muchembled propose une interprétation nouvelle de la terrifiante énigme des 40 000 bûchers de sorcellerie qui ont consumé 80 % de femmes et nombre d'enfants en Europe occidentale, de 1424 à 1782 : ils résultent de féroces décisions humaines, guidées par une pensée religieuse hétérodoxe sectaire très minoritaire, la démonologie, pure chimère élaborée par les inquisiteurs dominicains au début du xve siècle, qui propage un discours apocalyptique d'invasion du monde par une secte satanique majoritairement composée de femmes.
Les plus intenses chasses aux sorcières culminent de 1580 à 1620 dans quelques régions fragilisées par la virulence des conflits religieux, surtout au sein du Saint-Empire et le long de la route du diable joignant les Alpes à la Mer du Nord. Elles sont toujours conduites par des souverains ou des seigneurs locaux fanatiques qui veulent anéantir l'hérésie féminine suprême, rivale de l'autorité virile sacrée sur laquelle repose leur propre pouvoir. Souvent épaulés par un théologien ou un juge exalté, ils obligent les tribunaux laïcs à utiliser sans frein la torture et à n'épargner personne. Sous la poigne d'un chef de meute viril dont la puissance se mesure à la cruauté qu'il déploie, l'implacable mécanisme débouche sur une brutalité inouïe, dont il reste des traces de nos jours.
La sinistre lutte contre la prétendue sorcellerie maléfique ne parvint pourtant pas à éradiquer la vieille culture séculaire de survie magique jusque-là dominante en Europe. L'épilogue montre qu'en France au XIXe siècle, guérisseurs, envoûteurs ou désenvoûteurs, alors majoritairement masculins, peuplent toujours les campagnes. -
Pourquoi l'odorat, ce sens primordial d'adaptation au danger comme de repérage du meilleur partenaire sexuel, demeure-t-ilsi méconnu ?
Son histoire paradoxale, pour peu qu'on s'y attache, est des plus captivantes. Dans cette synthèse sans équivalent, Robert Muchembled mène l'enquête et présente les extraordinaires mutations de l'odorat en Occident, de la Renaissance au début du XIX e .
Les sources utilisées sont multiples et riches : manuels de physiognomonie ; oeuvres de médecins, philosophes, poètes, conteurs, théologiens, polémistes, moralistes; traités de civilité; traité de « Secrets pour dames » ; édits royaux ; règlements du métier de gantier parfumeur ; inventaires après-décès (apothicaires, gantiers parfumeurs); iconographie du sens olfactif...
Muchembled s'empare de cet extraordinaire ensemble et dresse l'histoire du puissant refoulement qui, depuis un demi-millénaire, nous a fait considérer l'odorat comme le plus méprisable des sens avant de le hisser au rang du plus affûté.
Des miasmes exhalés par les concentrations humaines aux émanations intimes nauséabondes, des senteurs « excrémentielles » (musc, civette et ambre) prétendument protectrices de la peste aux condamnations des moralistes, de la révolution olfactive du XVIII e siècle, qui transforme la goutte de parfum floral ou fruité en vecteur d'hédonisme jusqu'aux dernières découvertes scientifiques, c'est à un extraordinaire voyage olfactif dans la civilisation des moeurs que Muchembled convie son lecteur.
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Une histoire de la violence ; de la fin du Moyen Âge à nos jours
Robert Muchembled
- Points
- Points Histoire
- 18 Novembre 2014
- 9782757850091
À travers ce long parcours du XIIIe siècle à nos jours, Robert Muchembled propose des clefs pour comprendre la violence massivement masculine et juvénile. L'actualité place cette violence sur le devant de la scène. Thème cher aux sociologues et aux politiques, elle est aussi objet d'histoire.
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La sorcière au village ; XVe-XVIIIe siècle
Robert Muchembled
- Folio
- Folio Histoire
- 17 Octobre 1991
- 9782070326525
«D'où date la sorcière ? Je dis sans hésiter : des temps du désespoir.» Consolatrice et révoltée pour Michelet, servante du diable pour la tradition démonologique, la sorcière fascine l'Occident depuis cinq siècles. C'est une autre approche qu'en propose Robert Muchembled, en replaçant la sorcellerie dans la culture traditionnelle. Acceptée au village, elle y a longtemps assuré, face aux malheurs des temps, une économie du surnaturel. Pourchassée, elle manifeste encore, contre elle, la cohésion du groupe. Exorcisée par les triomphes de la raison, peut-elle disparaître de nos campagnes ?
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Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe siècle)
Robert Muchembled
- Flammarion
- Champs Histoire
- 28 Août 2011
- 9782081265622
Cet ouvrage, traduit en plusieurs langues, fait désormais figure de classique dans l'histoire des mentalités.
Comme tout travail d'historien, il porte la marque d'une époque, celle du désenchantement politique qui a succédé aux espoirs de 1968 mais surtout - et cela est essentiel - il vient à la suite de Michel Foucault et du Braudel de Civilisation matérielle, économie et capitalisme. Traitant de la culture paysanne à son apogée (l'espace, les rythmes temporels, la vision du monde, les fêtes et le sacré) et de la culture populaire urbaine, il en décrit la destruction progressive et la réduction en culture de masse sous l'effet du pouvoir centralisateur : une lente mais violente révolution culturelle.
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Insoumises ; une autre histoire des françaises, XVIe-XXIe siècle
Robert Muchembled
- Autrement
- Essais
- 4 Mai 2022
- 9782080279200
Jusqu'à une époque très récente, les femmes françaises ont été contraintes par des lois, des principes et des normes sociales entravant leurs ambitions, leur visibilité, leur liberté. Pourtant, loin de n'être qu'assujetties, beaucoup d'entre elles ont su imposer la prise en compte de leur magie, de leurs désirs, de leurs volontés, se taillant des espaces de liberté, voire de réelles positions de puissance parmi leurs contemporains.Le grand historien Robert Muchembled nous emmène à la rencontre de toutes ces insoumises:des guérisseuses paysannes du XVI? siècle aux féministes d'aujourd'hui, en passant par les mystiques et «possédées» du XVII?, mais aussi les favorites, courtisanes ou comédiennes des XVIII? et XIX? siècles adulées comme des reines et ayant plus de pouvoir qu'elles. Sans oublier un grand nombre de femmes de toutes conditions qui trouvaient divers moyens de contourner les interdits érigés par les hommes. Une histoire à rebours des idées reçues.
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La séduction : une passion française
Robert Muchembled
- Les Belles Lettres
- 3 Février 2023
- 9782251454009
En France, le jeu de séduction réciproque galant développé à la Cour dès le règne de François Ier définit l'homme comme séducteur, actif, au contraire de la femme séduisante, passive, créant lentement pour les privilégiés une illusion d'harmonie relative entre les sexes. Paris, reine du monde érotisée, produit en contrepoint les conditions nouvelles d'une séduction féminine capitale, longtemps diabolisée sous les traits de la femme fatale opposée à l'épouse chaste et obéissante, avant de s'apaiser, depuis les années folles, à travers le mythe de la Parisienne au charme exceptionnel. Les 19e et 20e siècles connaissent pourtant subrepticement un retour en arrière misogyne, issu d'une réactivation laïque de l'antiféminisme, car pour les bourgeois triomphants le seul rôle féminin décent est, éternellement, celui de conjointe et de mère. À notre époque, le vieux modèle paternaliste basé sur la primauté multiséculaire du mariage hétérosexuel a volé en éclats. Utilisant des productions marquantes, oeuvres littéraires, films, bandes dessinées, pour repérer les théories et les pratiques, ce livre souhaite faire découvrir les extraordinaires métamorphoses de la séduction amoureuse une grande passion française constitutive de l'identité nationale.
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Ce livre n'est pas une biographie supplémentaire d'Henri IV, promu au à la fin du XXe siècle idole monarchique des Français. Tentant de résoudre la plus extraordinaire énigme criminelle du temps des guerres de Religion, l'empoisonnement du prince de Condé à Saint-Jean d'Angély en 1588, Robert Muchembled a vu une piste initiale banale (cherchez la femme) bifurquer vers la responsabilité assurée d'un commanditaire dissimulé, père naturel, qui plus est, du fils posthume du prince assassiné : Henri de Navarre, futur roi de France.
C'est donc une histoire (incomplète) de la personnalité secrète du Béarnais qui est ici proposée. Si elle diffère de la mythologie traditionnelle appliquée à son souvenir, elle lui rend toute son humanité : ses qualités et ses succès vont de pair avec des traits moins glorieux, indispensables, probablement, pour survivre et triompher durant l'une des périodes les plus tragiques du passé français : dénué de scrupules moraux ou religieux, confiant (superstitieusement) en son étoile, il élimine sans pitié ceux ou celles qui le gênent ; maître de la désinformation, grand producteur de fausses nouvelles, il forge lui-même sa propre légende, dispose de l'un des plus efficaces services secrets du temps, cumule les maîtresses comme un Sultan oriental et traite durement son fils secret (héritier au trône intermittent, puis rival de Louis XIII après le régicide).
Bien qu'il véhicule des images fortes, d'ambitions effrénées, de sang, de poison, de violence, de désirs charnels, dignes de romans historiques ou policiers, le récit, chronologique, appuyé sur les documents d'époque (parfois inconnus, ou souvent mal mis en perspective) présente des faits réels et des personnages qui n'ont rien de fictif. Il invite à découvrir un exercice du pouvoir suprême plus chaotique, baroque et dramatique que celui évoqué par les manuels scolaires : en suivant les acteurs dans les coulisses, où ils ôtent un masque hiératique pour vivre pleinement leurs passions, apparaissent de nombreux mystères ; leur résolution colore de suspense la narration et rappelle que la grande Histoire (la geste des souverains et des dominants) aurait pu être profondément différente de celle qui s'est imposée.
En parfaite harmonie avec sa caste, la grande aristocratie guerrière prédatrice, le Vert-Galant impose aux filles et aux femmes nobles (aux autres aussi) une domination masculine absolue, renforcée par la croyance au pouvoir fécondant exceptionnel du « super mâle » royal (qu'il a vaillamment démontré). Bousculés depuis un demi-siècle par d'irrésistibles mutations sociales et culturelles, les nostalgiques de la grandeur nationale perdue qui encensent sa figure tutélaire ne tentent-ils pas, subrepticement, de moderniser le mythe du monopole viril du pouvoir (en particulier au sommet de l'État), inconsciemment mais puissamment relié à l'ancienne monarchie française salique et sacrée ?
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La civilisation des odeurs (XVI-XVIII siècles)
Robert Muchembled
- Les Belles Lettres
- Histoire Belles Lettres
- 13 Octobre 2017
- 9782251447094
À partir de la Renaissance, la dépréciation des sens et du corps bestial s'élargit à divers cercles laïques. La civilisation des moeurs décrite par Norbert Elias développe le savoirvivre, la pudeur, le refus des inconvenances. Vue et ouïe deviennent de plus en plus les sens nobles, évocateurs du divin, au contraire des sens de proximité, trop liés à l'animalité et à la sexualité.
L'odorat est le plus visé par les moralistes, car pour eux le diable est dans les déchets, les vapeurs de peste, les excréments humains, le bas du corps, féminin en particulier.
Si bien que l'autocontrôle de ces enfers, notamment de celui du nez (dont la forme et la longueur sont réputées traduire celles des organes sexuels masculins et féminins), fait l'objet de tous les discours savants, alors que les puanteurs règnent dans cet univers, surtout dans les grandes villes comme Paris ou Naples. Un mécanisme de culpabilisation multiforme invite à rejeter et à sublimer cette part puissamment animale de l'humain.
Mais il ne s'agit pas encore de faire disparaître les mauvaises odeurs. On traite en effet le mal par le mal, en chassant la peste par l'odeur encore plus épouvantable d'un bouc et en protégeant les orifices du corps et de la peau par des substances odoriférantes fortes. Les parfums, souvent d'origine animale (musc) servent à chasser le démon, mais sont aussi considérés comme des pièges sataniques. Cette ambivalence ne cesse qu'à partir du milieu du XVIIIe siècle, lorsque les parfums, de plus en plus floraux, prennent une place nouvelle dans un monde plus hédonique. Ils participent alors à un processus de sublimation en produisant une barrière olfactive contre les puanteurs externes et les odeurs corporelles. -
Violences et passions dans le Paris de la Renaissance
Diane Roussel
- CHAMP VALLON
- Époques
- 6 Novembre 2012
- 9782876736030
Paris est-elle la capitale du crime comme l'aº rment les chroniqueurs bourgeois et la Couronne ? Les sources de la pratique judiciaire livrent pourtant une tout autre image de la criminalité parisienne au XVIe siècle. Fréquente et ritualisée, la violence ordinaire est surtout le fait d'une jeunesse masculine en mal d'intégration professionnelle et matrimoniale. Mais malgré l'engouement des Parisiens pour le duel, la capitale ne semble pas connaître d'explosion sanglante hors du commun. Les instruments traditionnels de la régulation sociale - police, justice et surtout contrôle communautaire - contribuent à modérer les confl its et à faire de Paris un modèle original de moralisation et d'encadrement des comportements à l'aube des Temps modernes.
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Jeanne-Antoinette Poisson, marquise, puis duchesse de Pompadour, est une incomparable icône féminine. Son nom évoque sa beauté, ainsi que la sensualité raffinée et libérée du temps de Louis XV, dont elle fut la favorite officielle durant près de deux décennies, de 1745 à sa mort en 1764.
La légende s'est emparée de sa personne dès qu'elle est devenue le point de mire scandaleux de ses contemporains, en commettant un double adultère, au préjudice de son mari et de la reine. Sa vie a été contée de son vivant sur un mode très insultant. Il est vrai que l'intéressée avait du répondant, ses détracteurs étant impitoyablement pourchassés et embastillés.
Comment cette femme, fruit de l'union d'un aventurier bâtard, issu d'un petit village des environs de Langres, et d'une très belle Parisienne réputée légère, put-elle obtenir aussi longtemps les bonnes grâces des grands de la Cour ? À la faveur d'une documentation de première main, Robert Muchembled révèle pour la première fois les mystères de la Pompadour, qui n'était pas forcément celle que l'on croyait.
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L'orgasme et l'Occident ; une histoire du plaisir du XVIe siècle à nos jours
Robert Muchembled
- Le Seuil
- 26 Août 2005
- 9782020552325
L'orgasme est-il soluble dans l'histoire ? Émotion individuelle quasi incommunicable mais aussi réalité culturelle, il appartient et tout à la fois échappe à l'expérience collective. L'histoire de l'orgasme est celle du corps caché, des désirs interdits, de la chair corsetée par les tabous et les morales.
Enfouis dans les tréfonds des archives et des bibliothèques, les documents concernant cette vie physique, parfois libertine, n'en sont pas moins extraordinairement abondants et d'une surprenante force d'évocation. Le livre de Robert Muchembled exhume des sources fascinantes qui invitent à regarder d'un oeil neuf un passé souvent figé par de vertueuses sélections, pour découvrir « l'envers du décor » et réaliser que la sublimation des pulsions érotiques, bien au-delà du simple ascétisme religieux, a sans doute été le moteur caché du dynamisme de l'Occident jusqu'aux années 1960.
En matière de volupté, Angleterre et France ont suivi des chemins parallèles et les États-Unis conservent la profonde empreinte de ce modèle répressif commun, récemment abandonné par l'Europe hédoniste au profit d'une sexualité plastique dont les femmes sont les principales bénéficiaires. Libérées par la pilule des dangers et des angoisses liées aux obligations de reproduction, elles peuvent désormais réclamer l'égalité avec les hommes et rechercher sans complexe ce plaisir qu'on dit charnel...
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L'actualité place la violence sur le devant de la scène. Thème cher aux sociologues et aux politiques, elle est aussi un objet d'histoire. À rebours du sentiment dominant, Robert Muchembled montre que la brutalité et l'homicide sont en baisse constante depuis le XIIIe siècle.
Un contrôle social de plus en plus étroit des adolescents mâles et célibataires, doublé d'une éducation coercitive des mêmes classes d'âge, peuvent expliquer cette régression de l'agressivité. Peu à peu, la violence masculine disparaît de l'espace public pour se concentrer dans la sphère domestique, tandis que la littérature populaire se voit chargée d'un rôle cathartique. Le début du XXIe siècle semble toutefois marquer une résurgence de la violence, notamment dans les « cités ». L'homme redeviendrait-il un loup pour l'homme ?
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Societe cultures et mentalites dans la france moderne ; 3e edition
Robert Muchembled
- Armand Colin
- Cursus
- 3 Mai 2001
- 9782200261580
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L'invention de la france moderne ; monarchies cultures et societe 1500-1660
Robert Muchembled
- Armand Colin
- U
- 21 Février 2002
- 9782200252823
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Né des peurs et des angoisses des hommes, le Diable n'est pas une simple notion philosophique ou théologique.
Il est ce qui organise les rapports des individus au pouvoir, il est le Mal qui hante l'esprit et permet de discipliner les corps. Lorsqu'aux XVIe et XVIIe siècles l'Europe allume ses milliers de bûchers de sorcières, c'est la femme et la sexualité qui deviennent alors les objets du Malin, et c'est une terrifiante guerre des sexes qui prend naissance, sans que notre millénaire soit encore parvenu à une pacification.
Car la modernité n'échappe pas à l'influence du démon, même si c'est désormais l'homme, et non cet être cornu et boiteux des légendes, qui est habité par le Mal et animé de pulsions démoniaques. Dans sa course au bonheur, notre époque semble avoir oublié le Diable et se rire de ses ouvres et de ses pompes. Mais la réalité est autre : au cinéma, à la télévision, sur le Net, le vieux thème de la bête intérieure et maléfique ne cesse de resurgir.
Si l'Enfer, c'est les autres, suis-je moi-même Dieu ou démon ? Cet ouvrage explore, au travers d'une iconographie saisissante, le réseau des représentations et des métamorphoses du Malin, de son invention au XIIe siècle jusqu'à ses ultimes visages dans l'ère contemporaine. L'image, analysée avec minutie et brio par Robert Muchembled, spécialiste de l'histoire de la sorcellerie, n'est pas décorative : elle est ce qui donne vie aux peurs et aux angoisses, chair et corps aux figures du démon.
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Société, cultures et mentalités dans la France moderne, XVI-XVIII siècle
Robert Muchembled
- Armand Colin
- Cursus
- 3 Novembre 2003
- 9782200266431
Nouvelle présentation, 3e éditionLa France d'Ancien Régime est constituée de 80 % de paysans. C'est donc à l'étude de leurs mentalités et de leurs comportements que s'attache d'abord cet ouvrage, dans le cadre de la famille, puis à travers plusieurs thèmes : la faim, les maladies, les peurs, les formes de sociabilité au village et les rythmes de l'existence quotidienne.
Mais cette culture paysanne est aussi en interaction avec le mouvement intellectuel et artistique qui touche les élites sociales, c'est-à-dire le monde de la cour et des villes. Pourquoi l'absolutisme politique s'y impose-t-il mieux qu'au village ? Comment et pourquoi la civilisation du livre, de la simple alphabétisation jusqu'à l'université, se développe-t-elle ? Comment les bonnes manières créent-elles, avec la distinction de l'honnête homme, un fossé entre les élites sociales et les masses populaires ? Comment enfin ces mutations aboutissent-elles à 1789 en préparant une véritable désacralisation de l'Ancien Régime oe Le texte s'appuie sur de nombreux documents, un index et un tableau synoptique des grandes dates de l'histoire politique et culturelle européennes qui font de cet ouvrage l'instrument de travail indispensable sur l'évolution de la société et des cultures en France du XVIe au XVIIIe siècle.
Robert Muchembled est professeur à l'université de Paris-Nord. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire sociale, dont L'Invention de l'homme moderne. Sensibilités, moeurs et comportements collectifs sous l'Ancien Régime (Fayard, 1988), Le Temps des supplices. De l'obéissance sous les rois absolus, XVe-XVIIIe siècle (A. Colin, 1992), Le Roi et la Sorcière. L'Europe des bûchers, XVe-XVIIIe siècle (Desclée, 1993), La Société policée. Politique et politesse en France du XVIe au XXe siècle (Seuil, 1998), Une histoire du diable, XIIe-XXe siècle (Seuil, 2000), Diable! (Seuil/Arte, 2002), Passions de femmes au temps de la reine Margot (Seuil, 2003).
Autour de la culture. De la Renaissance aux Lumières : tableau chronologique. Famille et culture au village. La faim, les peurs et la violence au village. Sociabilité et solidarités dans le monde rural. Au coeur du monde : la culture paysanne au quotidien. L'absolutisme et la culture : normes et marges. La civilisation du livre. La civilisation des moeurs. La fascination de l'éphémère : une prérévolution culturelle au XVIIIe siècle. Conclusion : L'Ancien Régime : un laboratoire de la modernité.
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depuis la fin de la guerre froide s'est mis au jour un prodigieux retour à la réflexion sur l'essence du pouvoir en europe.
cet ouvrage explore une voie originale de l'anthropologie politique pour découvrir les mutations symboliques de l'autorité et de l'obéissance entre 1400 et 1789. la france des rois absolus a choisi la sacralisation accentuée de l'autorité : le supplice ne donnera pas seulement le moyen de réparer sur les corps des coupables une atteinte à la souveraineté, mais sera surtout un rite de passage. de ce fait, le réquisitoire des philosophes du xviiie siècle contre la torture s'effectua-t-il au nom de la " tolérance " hollandaise, de la séparation des pouvoirs à l'anglaise et du respect des différences ? cet enseignement de l'histoire, ce choix définitif entre deux grandes voies d'évolution - la construction centralisatrice d'une part et l'option plus tolérante envers les particularismes d'autre part - ne serait-il pas l'enjeu même de la construction de l'europe de demain ?.
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Jusqu'à une époque très récente, les femmes françaises ont été contraintes par des lois, des principes et des normes sociales entravant leurs ambitions, leur visibilité, leur liberté. Pourtant, elles n'ont jamais été réellement brisées ni fondamentalement assujetties. Beaucoup d'entre elles ont su imposer la prise en compte de leur magie, de leurs désirs, de leurs volontés, se taillant des espaces de liberté, voire de réelles positions de puissance parmi leurs contemporains.
Le grand historien Robert Muchembled nous emmène à la rencontre de toutes ces insoumises : des guérisseuses paysannes du XVIe siècle aux féministes d'aujourd'hui, en passant par les mystiques et « possédées » du XVIIe, mais aussi les favorites, courtisanes ou comédiennes des XVIIIe et XIXe siècles adulées comme des reines et ayant plus de pouvoir qu'elles. Sans oublier un grand nombre de femmes de toutes conditions qui trouvaient divers moyens de contourner les interdits érigés par les hommes. Une autre histoire des Françaises !
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Les ripoux des lumières ; corruption policière et révolution
Robert Muchembled
- Le Seuil
- L'univers Historique
- 13 Janvier 2011
- 9782020988339
Inspecteur de police d'une rare intelligence, escroc aventurier de haut vol, Jean-Baptiste Meusnier fut assassiné en 1757. En retraçant la vie fascinante et aventureuse de ce policier du XVIIIe siècle, Robert Muchembled plonge dans les recoins les plus obscurs du siècle des Lumières.Derrière Meusnier, c'est tout le monde trouble de la police qu'il fait ressurgir, pointant les contradictions, les corruptions et les travers d'une profession saignée par l'achat de ses charges et contrainte, pour survivre, de mettre son talent à son propre service et non à celui du royaume. Entre sexe, argent et pouvoir, la police préfère jouer du pourrissement du régime monarchique plutôt que le servir - et contribue ainsi à précipiter les bouleversements de 1789.Ainsi, ce que Robert Muchembled montre, c'est que les causes de la Révolution française ne résident pas plus dans la désacralisation de la personne royale sous Louis XVI que dans la constitution d'un " espace public ", mais bien dans un lent pourrissement sur pied du régime - dont la police a sa part.
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Misère et violence en Picardie (1589-1789) : deux siècles de confrontations sociales
Hervé Bennezon
- Les Indes savantes
- La Boutique De L'Histoire
- 7 Septembre 2023
- 9782846546478
Faisant suite à La Vie en Picardie au XVIIIe siècle, du café dans les campagnes, nous voici plongés dans le chaudron des passions humaines, au temps des fraises et des vertugadins, avant que les caprices de la mode ne provoquent le triomphe des perruques. De très nombreux documents judiciaires lèvent le voile sur l'essence des comportements collectifs, tout en permettant de discerner les prémisses d'une opinion publique en constitution au temps des Bourbons, dont l'un des traits marquants fut l'impressionnant esprit d'indocilité. À dire vrai, la justice est l'une des rares institutions de l'époque moderne à avoir produit des sources massives à caractère narratif ; or celles des bailliages picards n'avaient encore jamais été explorées.
Mais elles ne pouvaient suffire à embrasser l'univers des générations qui nous ont précédées, depuis l'époque troublée des guerres de Religion jusqu'à l'aube de la Révolution. Il aura donc fallu resituer les héros de cet ouvrage - les paysans - dans un contexte familial, économique et social à la fois très différent du nôtre, mais pourtant si proche, en sollicitant les écrits des notaires et des curés, et la correspondance administrative de l'Intendance de Picardie, riche en informations de haut vol.
Ajoutons les volumes du contrôle des régiments de Sa Majesté, ainsi que les registres du bagne de Brest aux pages lourdes de misère humaine. L'ensemble de ces documents permet d'aborder un territoire perdu, véritable terra incognita sur laquelle le lecteur peut désormais cheminer et découvrir, avec étonnement sans doute, le niveau d'intensité des confrontations sociales dans le royaume des lys. -
Un inspecteur de police parisien sur le terrain ; les missions de jean poussot (1703-1791)
Hervé Bennezon
- Les Indes savantes
- La Boutique De L'Histoire
- 28 Mars 2019
- 9782846545105
Robert Muchembled, dans sa Préface, souligne le travail de Hervé Bennezon: Son enquête est remarquable parce qu'elle inaugure une subtile sociologie policière, conduite au plus près du terrain, fourmillant de détails sur la vie des masses. L'auteur est le premier historien à décrire l'existence et les actions d'un représentant de base de l'autorité, qui arpente inlassablement les rues de la capitale: Jean Poussot (1703-1791). Né dans une petite ville de province, Tonnerre, d'un père marchand et de la fille d'un tisserand, tous deux alphabétisés, il l'est également. [...] Hervé Bennezon révèle de manière vivante et précise toute l'étendue de ses attributions. [...] On découvre ainsi que la vocation de la Sûreté, fortement renouvelée, n'est pas uniquement de surveiller les étrangers, les ennemis du royaume, les espions, ou les gens de passage en contrôlant hôtels et chambres d'hôtes, comme on a parfois pu le dire. S'y ajoutent la surveillance des mendiants, des vagabonds, des bas-fonds de la capitale, dont le monde de la prostitution, et plus encore la chasse aux voleurs. [...] Il reste au lecteur à découvrir ce bel essai d'histoire vue d'en bas, écrit avec autant de talent que de modestie.
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Les Médées modernes ; la cruauté féminine d'après les canards imprimés (1574-1651)
Silvia Liebel
- Presse Universitaire de Rennes
- 6 Décembre 2013
- 9782753526563
Produits et moteurs de la moralisation grandissante du royaume, les canards imprimés avertissent des dangers représentés par les femmes insoumises. Considérant la littérature des rues comme source privilégiée pour l'histoire culturelle, ce livre l'appréhende en tant que puissant système de diffusion de modèles de comportement vers un large public.
Avec le soutien du centre de recherche Espaces, sociétés, culture de l'université Paris 13.