Dans tous les livres d'Oscar Wilde, apparaissent ce qu'il est convenu d'appeler des " bons mots ", des épigrammes assassines et autres sentences définitives qu'il était tout à fait opportun de réunir.
On trouvera donc dans ce livre, grâce à l'élégante traduction de Béatrice Vierne, réponse à toutes les situations de la vie en société, en empruntant à l'un des plus fins causeurs du siècle passé un esprit qui ne doit rien à celui de l'escalier.
Qu'on en juge plutôt :
" La mode, c'est ce que l'on porte. Ce qui est démodé, c'est ce que portent les autres. " " Aucune pose n'est aussi difficile à soutenir que le parfait naturel. " " Il vaut mieux avoir des revenus assurés que d'être fascinant. " " La grande supériorité de la France sur l'Angleterre, c'est qu'en France tous les bourgeois veulent être artistes, alors qu'en Angleterre c'est le contraire. " " S'aimer soi-même, c'est le début d'une histoire d'amour qui durera une vie entière... " " De nos jours, l'Amérique et nous, nous avons vraiment tout en commun, à l'exception de la langue, bien entendu. " " C'est quand vous commencez à rentrer au petit jour que vos péchés, eux, finissent par sortir au grand jour. "
Récit en trois parties d'un voyage entrepris au cours de l'été 1959 le long des côtes italiennes. Dans ce journal, Pasolini développe une réflexion sur la vie et la mort que lui inspirent les grands ciels d'été et les plages étincelantes de soleil. Un Pasolini inhabituel, à la fois journaliste et poète, fort épris de son pays et de ses habitants.
Aphorismes et Insultes présente la pensée de Schopenhauer sous ses modes d'expression favoris : l'insulte, l'apostrophe, l'imprécation.
On verra que, derrière la drôlerie apparente de ce choix d'insultes, perce la pensée sombre du philosophe sur les hommes et sur le monde. Sa gaieté de façade, relayée à chaque instant par le rire, un rire exterminateur, ne doit pas nous faire oublier le désespoir inguérissable du grand pessimiste.
En 1939, désavoué par le régime fasciste, Curzio Malaparte s'embarque pour l'Éthiopie afin de regagner estime et considération en témoignant de la colonisation italienne. Mais, séduit par la « terre des hommes rouges », il renonce à l'entreprise de glorification pour mener une exploration plus intime. Et son voyage devient littérature.
À dos de mulet, seul ou accompagné de bataillons de l'armée coloniale, Malaparte sillonne une Éthiopie fascinante, qu'il confond parfois avec la campagne italienne et qui, parfois, s'apparente au sublime. Un sublime halluciné, traversé de brigands et de lépreux, de gazelles et de faucons, un paysage minéral, « d'une pauvreté âpre mais très belle », où chaque vision suggère un monde unique : celui d'un auteur magistral.
La désobéissance de l'architecte est, par le biais d'une conversation avec Renzo Cassigoli, une biographie de Renzo Piano qui, de Gênes, nous mène au centre Georges-Pompidou, à Paris, de la Potsdamer Platz de Berlin à l'auditorium de Rome, du centre culturel Djibaou, en Nouvelle-Calédonie, au musée de Sarajevo, mais c'est aussi le manifeste d'un créateur enthousiaste, frondeur et réaliste, qui poursuit une véritable réflexion sociale sur les villes et les banlieues, enrichie d'une pensée éthique et esthétique sur le sens que nous entendons donner à nos vies.
L'auteur fait le point sur son oeuvre en évoquant souvenirs d'enfance, relations avec la presse et la justice. Il livre des clés sur son passage de l'écrit au cinéma, et sur quelques-uns de ses désirs les plus profonds.
Au Japon, l'art est une forme de spiritualité, un savoir-vivre, un art de vivre. L'art d'arranger les fleurs, l'Ikebana, qui remonte aux origines du bouddhisme, doit nous inciter à aller au plus profond de nous-mêmes.
Gusty L. Herrigel - on connaît davantage son mari Eugen, auteur du célèbre Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc - nous apprend au gré des leçons, anecdotes et compositions, que la plus modeste fleur peut nous révéler la Voie.
« L'harmonie naît de la rencontre de l'hôte et de l'invité, de la nourriture servie et des ustensiles utilisés au rythme fluctuant de la nature. Elle reflète à la fois l'éphémère dans toute chose et la stabilité dans le changement. L'hôte et l'invité agissent de concert, se comportant l'un envers l'autre comme si leurs rôles étaient inversés. Avant de servir le thé, l'hôte offre une friandise à l'invité, ou un repas léger.
Le principe d'harmonie signifie que l'on se libère de toute prétention, en refusant de s'échauffer ou de devenir indifférent, et en n'oubliant jamais de garder une attitude humble.
Le respect est la sincérité de coeur qui nous permet d 'avoir l 'esprit ouvert face à l'environnement immédiat, aux êtres humains qui nous entourent et à la nature, tout en reconnaissant la dignité innée de chacun. » Soshitsu Sen est le quinzième descendant d'une lignée de grands maîtres japonais de la cérémonie du thé.
Contre l'architecture est une charge érudite contre l'esprit dans lequel travaillent les grands architectes. A travers une multitude d'exemples, New York, Tirana, Barcelone, ou encore Paris et ses banlieues, l'auteur stigmatise les fourvoiements d'une profession qui, selon lui, a dénaturé sa fonction. L'architecture est devenue un jeu formel où l'on a perdu de vue le bien public, ce qui est désastreux pour la ville et ses habitants. Franco La Cecla s'insurge contre la transformation des villes en « marques » labellisées, et insiste sur la nécessité de repenser l'espace urbain et les pratiques architecturales afin de protéger et d'améliorer nos conditions de vie. La crise des banlieues, la détérioration de l'environnement, l'épuisement des ressources, tout devrait nous pousser à réagir pour éviter que nos villes deviennent inhabitables.
La conversation entre Pei et Maki est éblouissante de liberté de ton et d'amour du métier.
Rares sont les témoignages d'une telle intensité et d'une telle liberté entre Maîtres (centenaire pour l'un) de l'architecture.
Ieoh Ming Pei est né à Canton en 1917. Il a fait ses études au MIT (Massachusetts Institute of Technology), puis à Harvard (1948) où il est l'élève de Walter Gropius, fondateur du Bauhaus, et de Marcel Breuer, l'un des pères du modernisme. Il va fonder en 1954 la Pei Cobb Freed & Partners, aujourd'hui mondialement reconnue.
En 1983, année où Mitterrand lui confie la pyramide du Louvre, lui est décerné le prix Pritzker pour son extension du Metropolitan Museum of Art. Pour Pei, c'est son premier projet en Europe (viendront par la suite l'intérieur du Musée Guimet en 1989, la Tour EDF à la Défense en 2002, le Musée historique allemand à Berlin en 2004 ou la Tour Espace de Madrid en 2007).
En cumulant sens du vertige, inspiration cubiste et matériaux bruts (pierre, béton, verre et acier), il réalise entre autre la JFK Presidential Library and Museum à Boston en 1979 ; la JP Morgan Chase Tower, plus haut gratte-ciel de Houston de 305 mètres (1982) ; la Bank of America de Miami (191 mètres, 1986) ; la Bank of China à Hong Kong (305 mètres, 1990) et le Rock And Roll Hall of Fame de Cleveland en 1995 (qui ressemble à la pyramide du Louvre). À plus de 90 ans en 2008, il conçoit encore le magnifique musée d'art islamique de Doha au Qatar et l'année suivante le Macao Science Center en Chine.
Publié en 1891, ce texte demeure d'une force polémique étonnante, et l'on y trouve les habituels bons mots, les formules lapidaires et les paradoxes dont Oscar Wilde est coutumier. On peut aussi y puiser des épigraphes et des exergues à l'infini tant ses observations sont concises et pertinentes.
S'attaquant avec bonheur aux tyrannies qui depuis longtemps entravent l'homme - l'État, l'argent et la technologie -, Wilde fonde son espérance sur un christianisme mêlé de socialisme, convaincu que la disparition de la propriété privée mettra un terme aux crimes, aux vols et aux assassinats !
On a vu ce qu'il en était ! Mais surtout, et il est alors plus convaincant, Oscar Wilde croit plus que tout à la force de l'art, qu'il place au sommet de toutes les activités humaines.
Les Lieux et la poussière est un essai en douze chapitres sur la beauté et la fragilité. La beauté de notre monde périssable, la fragilité des choses et des vies, la nostalgie qui habite les objets et les lieux.
Roberto Peregalli voit les façades des maisons comme des visages. Il regarde le blanc, le verre, ou la lumière des temples, des cathédrales, de la pyramide du Louvre. Il dénonce l'effroi provoqué par le gigantisme et l'inadaptation de l'architecture moderne, la violence de la technologie. Il s'attarde sur le langage et la splendeur des ruines, de la patine et et de la pénombre. Il dénonce l'incurie de l'homme quant à son destin.
Roberto Peregalli nous renvoie à notre condition de mortel. Il nous rappelle combien tout est fragile dans notre être et notre façon d'être. Combien tout est poussière. Combien nous oublions de prendre soin de nous dans notre rapport aux choses et au monde. Son texte a la force soudaine de ces objets qu'on retrouve un jour au fond d'un tiroir et qui disent de façon déchirante et immédiate tout ce que nous sommes, et que nous avons perdu.
À la façon de Tanizaki, dans Éloge de l'ombre, il dévoile avec sensibilité et intelligence l'effondrement de valeurs qui sont les nôtres et qui méritent d'être en permanence repensées et préservées.
Dans une fresque humaniste teintée d'un humour tragique, Emilio Lussu raconte l'année 1916-1917 sur le front de guerre entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie. Parmi la neige et la rocaille des hauts plateaux alpins, soldats et officiers se débattent dans les mâchoires d'acier de la Grande Guerre. Les hommes tombent par milliers pour quelques mètres carrés de pierre et de boue. On croise des fantassins bouleversants d'humanité, un capitaine qui simule l'exécution d'un déserteur et le laisse fuir, mais aussi un général sanguinaire qui reproche au narrateur de ne pas s'être fait tuer au combat. Ce grand roman antimilitariste met en lumière la résistance de l'homme de troupe à travers la désertion, l'automutilation, le suicide et la mutinerie.
Publié en Italie en 1938, adapté au cinéma par Francesco Rosi en 1970, Les Hommes contre est l'un des grands textes sur la Première Guerre mondiale.
« Ce qui hisse Les Hommes contre au rang de chef-d'oeuvre, c'est que le livre parvient à nous réconcilier avec notre propre humanité. » Philippe Claudel
On retrouvera dans ce livre, écrit pour Georges Séféris, tous les thèmes abordés dans Le Colosse de Maroussi que Henry Miller écrira à son retour à New York. Les longues méditations entre deux escales font écho à la spontanéité du journal de voyage, et aux notes prises à la hâte, éblouissantes de vérité comme des croquis saisis sur le vif.
« Il faut accepter d'emblée la logique du désordre urbain. D'où le chaos. Un chaos sublime ».
Ce livre est l'histoire d'une amitié, puisqu'il est issu de vingt ans de conversations avec Paolo Conti, écrivain et journaliste italien. Il est né aussi du besoin de comprendre les processus de création contemporains, en tenant compte des passions politiques et sociales de notre temps qui ont bouleversé et bouleverseront notre façon d'habiter la ville.
C'est à travers cette vision de l'architecture que sont abordés tous les grands thèmes contemporains des croissances des villes, des banlieues, des oeuvres d'art comme des faillites de l'architecture.
Hisashi Tôhara a dix huit ans lorsqu'il est amené à vivre une page tragique de l'Histoire du monde. Un an plus tard, il écrit sur un cahier ce que fut Hiroshima. Puis il se tait.
Mieko Tôhara, sa femme, découvrira ce cahier trois ans après la mort d'Hisashi. Bouleversée, elle publie à Tokyo cinquante exemplaires de ce récit à compte d'auteur pour l'offrir à ses amis.
Elle en envoie un exemplaire à Rose-Marie Fayolle qui, bouleversée elle aussi, le traduit et elle aussi le publie à compte d'auteur afin de partager ce terrible et très émouvant témoignage.
Grâce à l'amitié de René de Ceccatty, ce texte est parvenu à Arléa.
C'est là que réside la force d'un témoignage comme celui-ci : c'est une émotion si violente, si juste, que nous devons nous aussi la transmettre.
Ce jeune dandy cherchait à être quelqu'un, plus qu'à faire quelque chose.
Il comprenait que la vie elle-même est un art ayant ses propres styles, tout comme les arts qui cherchent à l'exprimer. Thomas Griffith Wainewright (1794-1847) fut une figure clé du Londres littéraire des années 1820. Ami de nombreux écrivains et poètes, il fut critique d'art, chroniqueur, collectionneur... mais il fut aussi escroc, faussaire et empoisonneur, et c'est à ce titre qu'il entra dans la postérité, sous la plume de Wilde.
Cet esprit brillant et pervers, personnage fin-de-siècle avant l'heure, connut une chute aussi brutale que son ascension fut rapide. Le destin de ce dandy assassin ne pouvait que fasciner Oscar Wilde, qui en dresse ici un portrait subtil et nuancé.
Alberto Moravia est né en 1907. À près de quatre-vingts ans, il n'a cessé de parcourir le monde en tenant ses carnets de voyage. En 1987, trois ans avant sa mort, cet Européen convaincu se tournait toujours vers le continent noir qui le fascinait, comme l'avait fasciné l'Inde. L'Afrique était à ses yeux le territoire contradictoire du désenchantement politique, du mystère de la religion, du foisonnement végétal et animal et de la crise du monde moderne. Comme Hemingway ou Albert Schweitzer, auxquels il rend hommage dans ce récit, Moravia se situe au coeur des choses et à proximité des gens afin de mieux répondre aux grands mouvements de la vie. S'il nous fait voir la magnificence des forêts, des montagnes et des lacs de Tanzanie, du Zaïre, du Gabon et du Zimbabwe, il nous rend également sensible, évidente, la destruction de la nature. Il emploie tout son talent, son ironie et sa vivacité pour décrire ses rencontres insolites, toujours attentif aux êtres, aux animaux et aux lieux.
Avec un sérieux des plus ridicules, l'expert assura la commission de sa profonde conviction que, si le Titanic avait heurté l'obstacle de plein fouet, il serait revenu indemne à bon port.
Et vous verrez que, par respect pour la prétendue demande de " progrès ", la théorie du nouvel art de la navigation sera bientôt établie : " Quoi que vous aperceviez devant vous, foncez droit dessus... ". On lira ici, sous la plume de Joseph Conrad, l'indignation d'un marin qui assiste au bouleversement d'un monde, celui des hommes de mer sacrifiés à la nouvelle économie et au tourisme. Tous ces textes - talent oblige - sont empreints de la même tendresse grave et nostalgique devant l'inéluctable.
Ces sept histoires de fantômes indiens trouvent leur source dans la tradition littéraire sanskritique des revenants. C'est tout le nord-est de l'Inde et son goût du mystère qui nourrissent ici celui qui devait devenir prix Nobel de littérature.
Ces contes méconnus, inédits en langue française, font de Tagore un écrivain de l'étrange remarquablement moderne.
Aquarelles est une longue lettre adressée à Emil Schnellock, ami de lycée retrouvé par hasard, sur le thème de l'art. Miller lui fait part dans un joyeux désordre créateur de ses trouvailles, de ses progrès, des peintres qu'il aime, tout en établissant des parallèles avec ses textes, et, surtout, avec le processus de l'écriture. L'aquarelle, activité bouillonnante qu'il poursuivit toute sa vie, fait partie des milliers de sources hétéroclites qui alimentèrent son inspiration. Ce fut pour lui une autre manière de se raconter, et, comme dans l'écriture, il sut y trouver une totale liberté de ton.
Inédite en langue française jusqu'à leur traduction par Emmanuel Pierrat, qui les publia dans sa maison d'édition Cartouche en 2006, les Histoires de fantômes indiens furent à l'origine publiées dans diverses revues littéraires de la fin du XIXe siècle, mais jamais réunies du vivant de leur auteur, Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature en 1913. Ces histoires mettent en scène sept récits, où la tradition littéraire sanskritique des revenants se mêle au genre occidental de la nouvelle fantastique, genre dans lequel le grand écrivain bengali fait montre d'un talent remarquablement moderne.
C'est tout le Nord-Est de l'Inde (qui à l'époque comprenait aussi l'actuel Bangladesh) qui sert de toile de fond à ces contes, où squelettes et morts-vivants, fatalité et amour sont au rendez-vous.
Les trois textes qui composent Écrits secrets ont été traduits et publiés pour la première fois dans la collection "L'Étrangère" d'Arléa en 1990. Pendant plus d'un siècle, ils ne furent publiés que sous forme de tirages confidentiels et limités, et, dans la prude Amérique, entourés d'un épais mystère qui les rendait quasi mythiques. Albert B. Paine, le meilleur biographe de Twain, y voyait un " classique authentique ", et Truman Capote n'hésitait pas à parler de " chefs-d'oeuvre impérissables ". En tout cas, chacun s'accorde sur un point : ces Écrits secrets ne sont pas de simples curiosités méconnues de la littérature américaine. Alexandrian, qui présente ces deux textes, conclut à leur sujet : " Ils brasillent comme les feux d'un foyer d'humour non éteint, où notre modernité engourdie peut se réchauffer à plaisir. " On trouvera successivement dans ce volume : la longue préface, érudite et documentée, d'un des meilleurs spécialistes de la littérature érotique mondiale, Sarane Alexandrian ; puis 1601, un texte écrit par Twain dans un anglais du début du xviie siècle (merveilleusement rendu par la traduction de Béatrice Vierne), censé être un extrait du Journal de Samuel Pepys, relatant une " conversation telle qu'on la faisait en société, au coin du feu, du temps des Tudor ", et portant sur un événement banal mais insolite ici : le pet, que quelqu'un lâcha au cours de ladite soirée. Les deux autres textes sont respectivement La Grosse Anguille, et Le Club de l'estomac.