Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l'amour ont la fulgurance du haïku. On y trouve le portrait d'un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s'affronte aux forces de la vie.
Kyoto song a la forme d'un voyage qui contiendrait tous les voyages : un désir, une brûlure, un élan souverain, une danse. Et sur le chemin, je voulais retrouver de manière aléatoire des scènes perdues, ou, comme on dit à la radio, restées en l'air : tant que je serais vivante et que l'envie de marcher sans avoir peur me guiderait, je resterais à Kyoto.
Mais je ne suis pas venue seule au Japon, une petite fille m'accompagne, Lisa. Elle a dix ans. C'est elle qui m'a poussée à être là. Elle dit toujours que son chiffre magique est le 5 mais elle ne sait pas comment l'expliquer, régulièrement, elle lance des choses comme ça, et moi je la crois.
Lorsque la science et l'érudition rencontrent la poésie, le jardin de Katsura à Kyoto revêt un nouvel air de fête et de mélancolie.
Après différents ouvrages sur le Japon, tous salués par la critique, publiés au CNRS, après le remarquable Katsura et ses jardins qui retraçait l'histoire de ce lieu mythique, ses malentendus et ses influences sur l'architecture moderne, Philippe Bonnin, architecte et anthropologue, écrit sous une forme audacieuse sa passion de toujours. Mêlant botanique, architecture et légendes, il écrit en poète et en photographe, mêlant rigueur et malice, la magie de Katsura, lieu idéal conçu pour contempler le reflet de la lune d'automne.
Antoine Marcel est un aventurier d'aujourd'hui qui s'est retiré loin de l'agitation du monde, dans la rencontre du quotidien et de la pensée sensible. Son retour à la nature n'est cependant pas dénué des traces de notre civilisation actuelle: l'ermite moderne est un rêveur pragmatique qui sait conjuguer écrans et botanique, conduite automobile et marche solitaire.
Antoine Marcel est un aventurier d'aujourd'hui qui, après avoir vécu en Afrique, en Chine et au Moyen-Orient, s'est retiré loin de l'agitation du monde, dans la rencontre du quotidien - regarder les crépuscules ou la lumière du matin, cultiver son jardin, déblayer la rivière, couper son bois pour l'hiver - et de la pensée sensible. Son retour à la nature n'est cependant pas dénué des traces de notre civilisation actuelle: l'ermite moderne est un rêveur pragmatique qui sait conjuguer écrans et botanique, conduite automobile et marche solitaire.
Jean-Christophe Bailly nous a confié les pages enchantées de ses carnets grecs écrits entre 1974 et 2016. Il écrit le pays comme il le regarde, avec clairvoyance, plaisir et émotion, s'interrogeant sur les raisons toujours mys-térieuses qui font d'une terre une nation. Parfois il arpente les îles dans le vent, parfois il regarde Athènes de sa fenêtre ou depuis l'Iran. Les textes qui composent ce livre (journaux de voyage, cartes postales ou brefs essais) ont tous trait à la Grèce et donnent, comme les reflets de lumière sur la mer agitée, une image mobile, diffractée, vivante.
Avril 1945. Cinq mille femmes sont lancées sur les routes par les SS qui fuient l'approche de l'armée américaine. Dans cette colonne, il y aura peu de rescapées ; la plupart mourront de faim, de froid et d'épuisement, les autres seront abattues. Le récit de Suzanne Maudet n'est pas celui de cette tragédie, mais le journal de l'évasion de neuf jeunes déportées, unies par l'amitié, la jeunesse, et une formidable envie de vivre. Malgré l'épuisement et la peur, elles profitent d'un moment d'inattention de leurs gardiens, s'échappent par un sentier de campagne et se retrouvent étrangement libres. Commence alors, à neuf, dans les rires et dans l'audace, un voyage à travers champs et villages, en quête de nourriture, mais aussi dans l'ivresse de la liberté retrouvée.
Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu'elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu'Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée d'indices, d'abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant leurs archives familiales, scrutant des photographies, cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu'on leur avait dit. Et leurs découvertes, inattendues, questionnent à leur tour le regard qu'ils portaient sur leur famille, leur enfance, leur propre vie.
Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur les secrets de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie. Elle suggère que le dévoilement d'éléments inconnus, la résolution d'énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte, c'est la manière dont nous les comprenons et dont nous acceptons qu'ils modifient, ou pas, ce que nous sommes.
C'est en 1922 qu'Albert Londres réalise enfin pleinement son rêve de journaliste au long cours. Mandaté par Excelsior, il part en effet pour le plus long et le plus ambitieux de ses reportages : six mois de pérégrination, soixante-quinze jours d'enquête qui le mèneront au Japon, en Chine, en Indochine et en Inde.
C'est au Japon que le reporter se frotte pour la première fois à l'Asie. Il s'enthousiasme et retrouve sa meilleure veine pour décrire l'étrangeté d'un univers dont il ignorait tout. Il brosse le portrait d'un pays aux ambitions contradictoires, prêt à de profondes mutations dans la recherche d'une nouvelle légitimité internationale. À Tokyo - qu'il qualifie de « monstre pour Barnum », tant la ville lui semble tentaculaire - il se lie d'amitié avec le nouvel ambassadeur de France, qui a pour nom Paul Claudel, lequel lui accorde une interview exclusive.
Cette éducation des geishas en fait avant tout les prêtresses de l'esthétique. L'esthétique est une clef maîtresse de ce pays, qui commande non seulement l'aspect des objets, mais la conduite des hommes et jusqu'à leur vie sociale, leur politique, leur morale. Je crois que j'exagère à peine si je dis que bien souvent la notion de bien et de mal est ici remplacée par celle d'esthétique et d'inesthétique. Le monde des fleurs et des saules est un monde esthétique. Les geishas sont des esthètes dans un monde d'esthètes.
Peu d'Occidentaux sont parvenus à pénétrer et à comprendre le monde secret des geishas. Un monde de luxe et d'amour, de culture et de mystère semblable à celui des estampes de Hiroshige et de Hokusaï. Archétype de la féminité ? Gardiennes de la tradition ? Prostituées de luxe ? Robert Guillain nous livre ici un témoignage passionnant et sans équivalent.
Deux siècles après leur composition (1819-1823), dans un monde confronté à de nouveaux enjeux de taille, Stéphane Lambert se penche sur l'extraordinaire cycle des peintures noires de Goya pour sonder leur inépuisable actualité. Par cette plongée dans l'imaginaire de ses hantises les plus entêtantes, le peintre espagnol avait transfiguré tous les genres picturaux de l'époque et bouleversé durablement la vision de notre humanité.
Goya (1746-1828) a tout traversé, les humiliations et les honneurs, les assauts de la maladie, la guerre et les remous de l'Histoire, avec le fabuleux don de transformer les ravages en occasions de révolutionner son art. Revenant sur le riche et long parcours d'un artiste de génie, le livre prend la forme d'un voyage à travers une oeuvre professant la vitalité inébranlable de la création face à la menace du chaos.
L'espace de la salle de bains, espace souvent anodin, ou exigu en Europe, est au Japon un lieu privilégié où le thème de l'intimité familiale ou amicale se manifeste mieux qu'ailleurs. Le bain japonais est un élément de civilisation, au même titre que la cérémonie de thé, les haïkus ou la voie des fleurs. Si le bain est d'abord associé aux yeux d'un occidental à l'idée de propreté, il est au Japon un savoir-vivre raffiné, poétique, qui rend possible la rencontre de l'autre dans un cadre intime et bienveillant.
Comme Tanizaki, dans son Éloge de l'ombre, Akira Mizubayashi nous livre dans cette évocation des eaux profondes, le secret d'un coeur japonais mais aussi la vigilance critique d'un homme de son temps dans un pays en crise.
Dans tous les livres d'Oscar Wilde, apparaissent ce qu'il est convenu d'appeler des " bons mots ", des épigrammes assassines et autres sentences définitives qu'il était tout à fait opportun de réunir.
On trouvera donc dans ce livre, grâce à l'élégante traduction de Béatrice Vierne, réponse à toutes les situations de la vie en société, en empruntant à l'un des plus fins causeurs du siècle passé un esprit qui ne doit rien à celui de l'escalier.
Qu'on en juge plutôt :
" La mode, c'est ce que l'on porte. Ce qui est démodé, c'est ce que portent les autres. " " Aucune pose n'est aussi difficile à soutenir que le parfait naturel. " " Il vaut mieux avoir des revenus assurés que d'être fascinant. " " La grande supériorité de la France sur l'Angleterre, c'est qu'en France tous les bourgeois veulent être artistes, alors qu'en Angleterre c'est le contraire. " " S'aimer soi-même, c'est le début d'une histoire d'amour qui durera une vie entière... " " De nos jours, l'Amérique et nous, nous avons vraiment tout en commun, à l'exception de la langue, bien entendu. " " C'est quand vous commencez à rentrer au petit jour que vos péchés, eux, finissent par sortir au grand jour. "
Outre les Poésies en vers, cette édition de poche comprend les Illuminations, Une saison en enfer, Un coeur sous une soutane et les Proses évangéliques. De la correspondance, n'ont été retenues que la lettre « du voyant » et celle dite de « Laïtou ». « Le Rêve de Bismarck » - article paru en 1870 dans Le Progrès des Ardennes sous le pseudonyme de Jean Baudry - clôt cet ouvrage.
Entretien avec Reynald André Chalard.
« Écrire ! À quoi bon une oeuvre, disait Marcel Arland, si elle ne peut se confondre avec l'amour, et si le chant qu'elle ébauche, tandis que je vais sur ma fin, ne peut monter d'un coeur plus nu ? ».
Ces quelques mots illustrent admirablement le talent de Philippe Jaccottet, l'exigence, la rigueur et l'honnêteté de toute une vie consacrée à la poésie et à la traduction des plus grands.
Au cours de cet entretien entre un jeune homme et un poète, il nous est permis d'entrevoir les cheminements mêmes de l'expérience poétique, la fragile beauté du paysage, les choses et leurs secrets, l'apparente tranquillité des mots, l'inquiétude souveraine et la résistance du monde.
Elena Janvier est un heureux trio de trois jeunes Françaises ayant vécu au Japon.
Par vécu, il faut entendre ayant ri, aimé, voyagé, ayant rencontré mille personnes, s'étant étonnées de mille choses et de mille lieux, s'étant attristées parfois, mais avec légèreté, et une grâce semblable à celle des feuilles d'érables qui glissent sur la rivière.
Présenté sous forme de dictionnaire (la première entrée - qui s'en étonnera ?- est Amour), on y retrouve tout ce qui étonne, surprend, désarme ou force l'admiration d'une civilisation à l'autre.
Voyager, c'est : confronter « son » monde au monde ; se de´couvrir tel qu'on est lorsqu'on n'est pas chez soi ; faire usage de ses cinq sens, me^ler saveurs et savoirs ; e^tre heureux d'arriver quelque part puis soulage´ d'en partir - pour- tant le lieu n'a pas change´ ; tendre l'oreille a` l'esprit des lieux : s'il vous dit de de´guerpir, surtout ne pas le contredire ; accepter qu'on ne pourra jamais tout voir, tout connai^tre : on sera toujours incomplet d'un bonheur vole´ a` une e´tape encore inconnue ; aller voir et laisser dire.
E´lisabeth Foch-Eyssette a parcouru le monde de´sirant l'ailleurs pour mieux re^ver au retour. A` la manie`re de Sei Sho^nagon dans Notes de chevet, elle e´crit aussi bien les choses qui invitent a` prendre le large que les rencontres de ceux qu'on n'oublie pas. Et ce`de, avec le me^me bonheur, a` l'e´lan des de´parts et au de´sir d'ancrage, aux joies de la vie nomade et de la vie se´dentaire.
En 1923, Albert Londres est déjà célèbre quand il décide d'enquêter sur le pénitencier de Guyane.
Près de sept mille condamnés, surveillés par six cents fonctionnaires, vivent à Saint-1,aurem-du-,Maroni et sur les îles du Salut. Les conditions de vie des bagnards, telles qu'il les découvre et telles que son talent les restitue dans leur cruauté, ne sont abois guère connues. La publication de l'enquête dans le Petit Parisien s'achève par une lettre ouverte au ministre des Colonies. Ce reportage connaît d'emblée un retentissement considérable, et sa tétine sera si grande qu'en septembre 1924 le gouvernement décidera la suppression du bagne.
Récit en trois parties d'un voyage entrepris au cours de l'été 1959 le long des côtes italiennes. Dans ce journal, Pasolini développe une réflexion sur la vie et la mort que lui inspirent les grands ciels d'été et les plages étincelantes de soleil. Un Pasolini inhabituel, à la fois journaliste et poète, fort épris de son pays et de ses habitants.
Qu'est-ce qu'un architecte ? Un projet ? Qu'est-ce que l'architecture ? Des questions auxquelles il est difficile de répondre pour un architecte, s'il ne prend pas le temps de l'introspection et du recul théorique.
Certains le font de manière introvertie, d'autres acceptent de livrer, à l'oral ou par l'écrit, quelques indices dont il faut savoir extraire les clés de leur créativité.
Tout juste diplômé de l'école d'architecture, Loïc Couton intègre l'agence parisienne de Renzo Piano en 1987. Il y restera dix-huit ans avant d'ouvrir sa propre agence puis de s'engager dans l'enseignement et la recherche. Ces dix-huit années ont exercé son regard et son esprit comme nul autre.
Néanmoins ce livre n'est pas uniquement un exercice d'admiration. Il ne raconte pas uniquement l'histoire des projets de Renzo Piano et de son Building Workshop, mais bien l'histoire humaine qui les relie et les processus de création qui les ont fait naître. Pour y parvenir, Loïc Couton a choisi de laisser autant que possible la parole à Renzo Piano - qui toujours oscille entre le dire et le faire sans jamais les dissocier -, à ses associés et à ses compagnons de route ; de les suivre dans leurs cheminements conceptuels ; de les accompagner dans leurs aventures architecturales.
Aussi s'adresse-t-il à tous puisqu'il nous permet de nous approcher au plus près d'une pensée et de comprendre ainsi la réalisation d'une oeuvre singulière.
Michel Pastoureau, grand historien de la symbolique, retrace ici l'histoire de quarante animaux célèbres - à des titres divers puisque l'on y croise aussi bien l'âne de Buridan, le cheval de Troie, les abeilles de Napoléon que Mickey et Donald ou bien encore Dolly, la brebis clonée. Il révèle avec style et érudition ce que l'animal peut apporter à l'histoire sociale, économique, religieuse et culturelle.
Chacun des quarante chapitres se compose de deux parties : une exposition des faits et légendes concernant l'animal qui peut avoir existé ou être mythologique, ou biblique, suivie d'un commentaire historique.
Le « Miracle Morning » a mis l'aube a` la mode : il suffirait, nous dit-on, de se lever to^t, faire du sport, me´diter, manger e´quilibre´, et prendre de l'avance sur les autres pour « re´ussir sa vie ».
Et si l'art de vivre e´tait ailleurs ? S'il fallait le chercher dans la splendeur pluto^t que dans la performance ? Dans le petit matin re^veur loin de toutes contraintes sociales.
Re´my Oudghiri poursuit l'aube dans les rues de Paris, les paysages toscans, les jardins de Casablanca - comme dans les oeuvres des grands solitaires du cine´ma, de la musique ou de la litte´rature, de Paul Vale´ry a` Peter Handke ou Pascal Quignard.
En 1939, désavoué par le régime fasciste, Curzio Malaparte s'embarque pour l'Éthiopie afin de regagner estime et considération en témoignant de la colonisation italienne. Mais, séduit par la « terre des hommes rouges », il renonce à l'entreprise de glorification pour mener une exploration plus intime. Et son voyage devient littérature.
À dos de mulet, seul ou accompagné de bataillons de l'armée coloniale, Malaparte sillonne une Éthiopie fascinante, qu'il confond parfois avec la campagne italienne et qui, parfois, s'apparente au sublime. Un sublime halluciné, traversé de brigands et de lépreux, de gazelles et de faucons, un paysage minéral, « d'une pauvreté âpre mais très belle », où chaque vision suggère un monde unique : celui d'un auteur magistral.
C'est dans ce texte mythique, souvent évoqué, qui raconte la « grande boucle » de 1924, qu'Albert Londres rend hommage aux « géants » du Tour de France.
C'est la «grande boucle» de 1924 qui est ici superbement racontée, avec ses exploits, ses souffrances et ses drames.