Les mots « terre d'Israël » renferment une part de mystère. Par quelle alchimie la Terre sainte de la Bible a-t-elle pu devenir le territoire d'une patrie moderne, dotée d'institutions politiques, de citoyens, de frontières et d'une armée pour les défendre ?
Historien engagé et volontiers polémiste, Shlomo Sand a, à grand bruit, dénoncé le mythe de l'existence éternelle du peuple juif. Il poursuit ici son oeuvre de déconstruction des légendes qui étouffent l'État d'Israël et s'intéresse au territoire mystérieux et sacré que celui-ci prétend occuper : la « terre promise », sur laquelle le « peuple élu » aurait un droit de propriété inaliénable.
Quel lien existe-t-il, depuis les origines du judaïsme, entre les juifs et la « terre d'Israël » ? Le concept de patrie se trouve-t-il déjà dans la Bible et le Talmud ? Les adeptes de la religion de Moïse ont-ils toujours aspiré à émigrer au Moyen-Orient ? Comment expliquer que leurs descendants, en majorité, ne souhaitent pas y vivre aujourd'hui ? Et qu'en est-il des habitants non juifs de cette terre : ont-ils - ou non - le droit d'y vivre ?
En 1901, Freud publie Sur le rêve, un « résumé » de L'Interprétation du rêve, paru un an plus tôt. Et il y accomplit un tour de force : exposer de façon alerte, claire et concise les concepts ayant une valeur opératoire pour l'élucidation des rêves, qu'il illustre par de nombreux exemples.
Il traite successivement : la question immémoriale du sens de la vie onirique ; celle, alors toute récente, de la méthode psychanalytique et de ses résultats ; le contenu manifeste et les pensées latentes du rêve ; les procédures de transposition du rêve (condensation, déplacement) et la déformation qui en résulte ; le refoulement et le compromis passé à la faveur du sommeil entre les intentions d'une instance psychique et les exigences d'une autre ; l'oubli du rêve, quand la censure retrouve sa pleine vigueur à l'état vigile ; les cas limites où le rêve ne peut plus remplir sa fonction de gardien et libère l'angoisse en provoquant le réveil ; le traitement des stimuli exogènes susceptibles d'influencer le contenu onirique ; enfin, le problème des désirs érotiques que découvre l'analyse dans la plupart des rêves des adultes.
29 août 1909 : Freud pose le pied sur le sol du Nouveau Monde. Une université américaine l´a invité à venir présenter ses découvertes et résultats, et veut lui décerner le titre de docteur honoris causa. Freud a cinquante-trois ans, le mot « psychanalyse » en a douze. En cinq leçons, Freud saura donner à un public profane une vue d´ensemble de sa méthode d´investigation et de guérison. Il en retrace les origines : Breuer (le cas Anna O., la théorie de l´hystérie, l´abandon de l´hypnose et l´avènement de la cure par la parole) ; Charcot (le traitement des hystériques et l´élaboration de la doctrine du refoulement) ; Jung (la méthode de l´association libre et la mise en évidence des « complexes » refoulés) ; le rêve comme « voie royale » d´accès à l´inconscient ou plutôt à son interprétation. Il montre ensuite le rôle central de la vie amoureuse et de la sexualité, en remontant à la « sexualité infantile » qui en est la clef. Puis il dégage les « destins » de la pulsion à partir du refuge dans la « maladie », pour terminer sur l´importance décisive du transfert.
Ces Cinq leçons constituent la toute première introduction à la psychanalyse en même temps que son « coup d´envoi ». Freud ne retournera jamais aux États-Unis, mais l´annonce au monde a été faite.
Freud considérait ses Trois essais, dont l'écriture l'a occupé durant près de vingt ans, comme une « production d'une valeur comparable à celle de L'Interprétation du rêve ». Ils sont le lieu d'apports conceptuels majeurs, sur la libido, la pulsion, les zones érogènes, la sublimation, la fixation, la régression, la perversion, etc., qu'il ne cessera de reprendre par la suite.
Freud montre non seulement les racines infantiles de la sexualité adulte, mais, plus radicalement, l'« infantilisme de la sexualité » humaine. Et il donne à la perversion une place fondamentale dans l'histoire de chacun : elle est « la disposition universelle originelle de la pulsion sexuelle humaine, à partir de laquelle se développe le comportement sexuel normal ».
La sexualité freudienne n'est donc pas un instinct, elle est détachée des organes génitaux et permet une nouvelle approche des symptômes névrotiques. Elle mène à la conclusion qu'« il n'y a pas de différence fondamentale entre la vie mentale des gens normaux, celle des névrosés et celle des psychotiques ».
Qu'est-ce que le pragmatisme ? Un des rares termes de la langue courante qui vienne de la philosophie, qui plus est de la philosophie américaine. Le psychologue et philosophe William James, frère du célèbre romancier, compare le pragmatisme au corridor de l'hôtel-philosophie : chaque chambre est occupée par un philosophe avec sa doctrine propre, mais tous doivent emprunter le corridor comme voie d'accès ou de sortie. Il n'importe donc pas d'être athée ou théiste, idéaliste ou réaliste, moniste ou pluraliste, pour être pragmatiste - le pragmatisme est au moins en première instance un simple moyen pour rendre clairs les concepts de ces différentes doctrines, que chacun a donc intérêt à utiliser pour le profit de sa pensée.
Cette méthode d'élucidation, qui réactualise l'empirisme anglais dans la lignée de Locke, de Berkeley et de Hume, s'est également développée en une théorie générale de la connaissance, laquelle débouche sur une nouvelle définition de la vérité. Le Pragmatisme, publié en 1907, est à nouveau actuel. Pour beaucoup de philosophes contemporains, dont Richard Rorty et Hilary Putnam, il est un remède contre les « crampes philosophiques » qui gênent périodiquement le débat d'idées. Il était donc temps de revenir à ce texte fondamental de la philosophie américaine, enfin disponible dans une nouvelle traduction présentée et annotée.
Sous le terme de « métapsychologie », proposé par Freud vers 1895, aux débuts de la psychanalyse, se trouve désignée « la psychologie qui mène au-delà (méta) du conscient ». En 1915, l'heure est venue pour le créateur de la psychanalyse de présenter une synthèse de ses acquis. S 'il n'acheva jamais le grand traité qu'il projetait, sont demeurés les essais précieux que l'on trouve ici retraduits et présentés de façon à en montrer la genèse, la thématique et l'héritage.
La pulsion et ses destins, le refoulement, l'inconscient : les concepts fondamentaux de la psychanalyse y sont définis et explorés avec rigueur et souplesse, tandis que le rêve et la mélancolie sont revisités de manière révolutionnaire. Le lecteur soucieux de s'introduire, un siècle plus tard, dans les arcanes de la psychanalyse fera ici la connaissance de la « sorcière métapsychologie ».
Deux textes majeurs de Carl Schmitt sont réunis dans ce livre. La Notion de politique (1932) expose les thèses qui forment le coeur de sa pensée : l'Etat ne se confond pas avec la politique, il n'en est qu'une expression historique et périssable. Le politique lui-même est le lieu de discrimination de l'ami et de l'ennemi. Dans l'époque moderne, l'Etat est cette instance qui désigne l'ennemi et décide de la guerre ou de la paix. Théorie du partisan (1962) examine la situation créée par l'effritement du monopole politique de l'Etat à partir de 1945, quand le conflit se généralise du fait de la politisation de toutes les sphères de la vie sociale. Apparaît alors le partisan, que nous appelons parfois le terroriste, combattant de cette guerre totale et figure emblématique de notre modernité.
Lorsque ce livre paraît en décembre 1987, l'événement est retentissant. Pour la première fois, le plus haut personnage de l'État soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, dénonce ouvertement les travers du système. En proposant des changements radicaux à l'intérieur comme à l'extérieur, Gorbatchev annonce au monde, soixante-dix ans après Octobre, qu'une autre révolution est en marche.
Trente ans plus tard, qu'en reste-t-il? À la lumière de la chute du bloc soviétique, on est tenté de lire en Perestroïka l'annonce de la dislocation à venir. Mais méfions-nous de l'illusion rétrospective : Gorbatchev entend bien sauver le système et non le renverser, et de nombreux contemporains ont relevé que son programme n'était en fait que bien peu révolutionnaire.
Livre-choc devenu document d'histoire, Perestroïka demeure la pièce-clé d'un suspens politique à l'échelle mondiale, et le symbole d'un des temps forts de la mémoire contemporaine.
Hindouisme et Bouddhisme s'inscrit dans la série des grandes études de sociologie des religions que Max Weber consacra successivement au protestantisme, au confucianisme et au taoïsme, et au judaïsme. Paru en 1916-1917, ce texte était à ce jour inédit en français. Il constitue pourtant une oeuvre majeure du point de vue de la connaissance des religions, de la sociologie et de l'anthropologie de l'Inde. Quatre-vingt-dix ans après sa publication, il révèle une puissance de synthèse et une pertinence de vues que l'évolution de la recherche n'a souvent fait que confirmer. Hindouisme et Bouddhisme décrit une société dominée par les savants et les religieux, et analyse les relations qu'ils entretiennent avec les puissances temporelles et économiques.
Une présentation et une annotation précises viennent soutenir la lecture de ce texte essentiel pour la connaissance de l'Inde et des pays d'Asie, mais aussi, plus largement, pour celle de la fonction sociale des intellectuels