L'Entrevue de Bayonne en mai 1808 est un moment clé de l'histoire du Premier Empire et un événement d'importance européenne. Les " choses d'Espagne " amènent l'Empereur à résider plus de trois mois à Bayonne où des décisions capitales sont prises : renonciation au trône des souverains espagnols, désignation de Joseph comme roi, rédaction d'une Constitution en présence de députés espagnols... Á l'occasion du bicentenaire une trentaine de spécialistes français, anglais, espagnols, historiens, historiens de l'art et du droit, militaires ont présenté leurs recherches sur les acteurs de ces événements et leurs diverses incidences.
Cet ouvrage, qui réunit ces contributions apporte de nouveaux éclairages sur la stratégie napoléonienne, la Constitution de 1808, l'application des réformes judiciaires ou administratives, l'armée, la guerre et ses conséquences sur les activités économiques et, plus inattendu, ses répercussions sur l'histoire et le marché de l'art en France et en Europe.
Josette Pontet est professeur émérite et ancienne directrice du Centre Aquitain d'Histoire Moderne et Contemporaine de l'Université de Bordeaux 3, et présidente de la Société des Sciences Lettres et Arts de Bayonne
Comment fonctionne le système bénéficial à l'époque moderne? Comment se construit une carrière bénéficiale ? En quoi la personnalité d'un évêque, digne figure tridentine, favoriset- elle le renouveau religieux d'un diocèse ? C'est à ces questions que le présent ouvrage essaie d'apporter des réponses. Au temps de Louis XIV, le système bénéficial du diocèse de Bayeux est un système vivant qui fonctionne de manière satisfaisante malgré l'existence de conflits autour de certains bénéfices. Animé par un clergé plus compétent et mieux formé à partir des années 1680-1690, grâce aux séminaires et à la mise en place d'une formation continue (conférences ecclésiastiques, synodes), le système bénéficial est emblématique de l'Ancien Régime, au même titre que les offices. Les soutiens familiaux et l'intégration dans des réseaux de clientèle expliquent beaucoup de promotions bénéficiales : collusion, relations, privilèges, n'est-ce pas ce qui caractérise cette institution pluriséculaire?
Agrégé et docteur en Histoire, Ludovic Balavoine est chargé d'enseignement en Histoire moderne à l'Université de Paris-Est Créteil-Val de Marne et à l'Institut Catholique de Paris.
Pendant la guerre de la succession d'Espagne, Louis XIV trouva un allié dans la noblesse hongroise, qui s'était à nouveau soulevée contre les Habsbourg. C'est la guerre d'Indépendance de François II Rákóczi (1703-1711). Celui ci renouant les liens traditionnels des Mécontents hongrois avec Versailles obtint le versement de subsides et l'envoi d'une mission militaire. Le témoignage d'un membre de cette mission militaire, l'ingénieur Louis Le Maire, est inédit en langue française(il a déjà été traduit en hongrois). Il relate trois années de guerre contre les Impériaux (1705-1708). L'auteur, disciple de Vauban, ne s'intéresse pas seulement aux combats, mais à la vie politique et aux réactions du peuple hongrois. La guerre se termina en effet en 1711 par un compromis avec la Cour de Vienne, un an après le retour de Le Maire, qui poursuivit en France une brillante carrière d'ingénieur militaire.
Le Centre troyen de recherche et d'études Pierre et Nicolas Pithou porte le nom de deux humanistes troyens. Il se consacre à l'étude de Troyes et de la champagne méridionale : l'époque moderne. Sous son égide, Jacky Provence édite les mémoires d'un petit officier de justice contemporain des guerres de religion. Il s'agit d'un recueil d'événements locaux et de souvenirs compilé par Jacques Carorguy, greffier au bailliage de Bar-sur- Seine. Ses annales couvrent les années 1582-1595. Elles sont pleines du bruit et de la fureur des guerres civiles et traduisent les craintes, les espérances et les opinions d'un modeste robin, catholique et fidèle à l'autorité royale.
Agrégé d'Histoire, Président du Centre troyen de recherche et d'études Pierre et Nicolas Pithou, Jacky Provence s'est engagé dans l'étude des Entrées Royales et de l'Histoire de Troyes et de la Champagne méridionale à l'Époque Moderne et tout particulièrement au XVIe siècle.
Durant la première moitié du XVIIIe siècle, en Espagne, tout particulièrement à Madrid, principal lieu de résidence de la Cour et capitale du royaume, divers facteurs historiques, culturels et artistiques engendrèrent une évolution de la profession de comédienne vers une spécialisation lyrique. Dans chaque compagnie, le nombre de comédiennes-chanteuses augmenta régulièrement, les attributions de chacune (fonction ou emploi) se précisant peu à peu jusqu'à l'interprétation exclusive de drames en musique en espagnol. Aussi, la place principale que l'on attribua désormais aux comédiennes-chanteuses modifia-t-elle leur existence, leur formation et l'exercice de leur métier. D'autre part, la présence d'interprètes lyriques italiens à Madrid entre 1737 et 1759 réorienta l'évolution des fonctions des chanteuses espagnoles. Dans une perspective historique et sociale centrée sur la période 1700-1767, cette étude considère tout d'abord les origines et la vie privée de ces artistes dans la Villa y Corte, puis les différents aspects de leur vie professionnelle, enfin leur place dans la société madrilène et plus largement espagnole, ainsi que le regard porté sur elles par leurs contemporains.
Monseigneur Frayssinous, après une brillante carrière de prédicateur, est un des personnages les plus emblématiques de la Restauration. Le régime repose sur l'appui mutuel du Trône et de l'Autel. L'évêque d'Hermopolis, en qualité de Grandoemaître de l'Université, de ministre de l'Instruction Publique et des Affaires Ecclésiastiques, est chargé tant par Louis XVIII que par Charles X de mettre en oeuvre cette politique de 1822 à 1828. Elle se heurte aux forces issues de la Révolution qui exploitent quelques excès de certains ecclésiastiques, donnant ainsi naissance aux mythes de la Congrégation et des jésuites. Cette campagne, couplée au refus de Charles X d'admettre le fait majoritaire, provoque la chute du régime en 1830 dans une vague d'anticléricalisme.
Henri II de Condé meurt le 26 décembre 1646. Il n'aura, dit-on, laissé à sa femme que deux beaux jours dans sa vie, celui de son mariage par le rang qu'il lui avait conféré et celui de sa mort par les grands biens dont il lui avait laissé la jouissance. Mais la vie d'un premier prince du sang ne peut se réduire ainsi. Ce livre révèle un être aux multiples facettes. Homme politique d'une grande habileté, Henri II de Condé conduit sa carrière d'une main de maître. Ses débuts sont marqués par une attitude fréquemment douteuse à l'égard de la monarchie : révolté les armes à la main, complotant au besoin avec l'Espagne, le prince fut longtemps une ombre menaçant la régente Marie de Médicis et Louis XIII. Trois ans passés dans les geôles royales transforment le jeune fougueux. Contrairement à la plupart des Grands qui ont mal accepté l'évolution centralisatrice de la monarchie, comme en témoignent les multiples prises d'armes qui ponctuent le début du XVIIème siècle, le prince de Condé, premier prince du sang et longtemps chef des malcontents, opte pour le ralliement au pouvoir. Ce choix insolite, à contre courant du comportement nobiliaire fait toute l'originalité du personnage, dont ce livre entreprend de retracer l'épopée.
Représentant à Paris du duc August de Wolfenbüttel, prince d'Empire érudit et passionné de culture française, Abraham de Wicquefort "l'ancien", membre d'une famille d'importants négociants hollandais, bien intégré dans la société parisienne intellectuelle du moment, adressait chaque semaine à son mentor une longue dépêche lui relatant les faits marquants de l'actualité politique, militaire et religieuse, ainsi que les événements qui agitaient l'existence de l'aristocratie française qu'il côtoyait.
Toutes ses missives n'ont pas été conservées, mais il subsiste à la Bibliothèque de Wolfenbüttel un corpus de lettres couvrant les années 1648 à 1652, témoin de la Fronde des gens de robe contre les mesures fiscales prises par le gouvenernent de la régente Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin, puis de la guerre civile qui suivit la rébellion du Grand Condé. Ces gazettes d'une période dramatique de l'histoire du royaume, qui furent redécouvertes à la seule fin des années 1970 par l'historien français Robert Mandrou, restent encore inédites dans leur grande majorité. Leur transcription est ici proposée, accompagnée d'une étude comparative portant sur les textes contemporains pour les deux années de la Fronde parlementaire (1648-1649) ; ce document, riche de nouvelles de toutes origines transmises par un observateur remarquablement informé et instruit en de multiples domaines, impartial le plus souvent mais capable de critiques incisives et d'ironie, offrira aux chercheurs des pistes renouvelées d'investigation sur l'histoire des Frondes et sur le comportement de l'élite de la société française de ce milieu du XVIIe siècle.
Ingénieur retraité, Claude Boutin consacre sa retraite à l'étude de l'Histoire, qu'il a reprise par le biais d'un cursus universitaire jusqu'au grade de Docteur en Histoire Moderne, et s'est spécialisé dans les études de textes inédits du XVIIe siècle et les recherches biographiques sur des personnages peu connus.
Le 17 avril 1606, le pape Paul V fulmine une bulle par laquelle il excommunie les dirigeants de la République de Venise et place le territoire de la Sérénissime sous interdit : le pontife romain réagit aux attaques portées par les Vénitiens à l'encontre de la liberté ecclésiastique. Pendant plus d'une année, la résolution du conflit va nécessiter les efforts des grandes chancelleries européennes. Henri IV emporte de vive lutte le bénéfice de la médiation alors que se développe parallèlement une imposante controverse écrite dont les gallicans ont pu tirer par la suite le meilleur parti. Le présent ouvrage entend décrire les principales articulations d'un événement qui est assurément un jalon essentiel dans la construction de la prépondérance française en Europe.
Le volume proposé retrace des esquisses pour une introduction à l'Histoire du sud-est européen. Cependant, quelques éléments essentiels d'une telle entreprise peuvent être découverts dans ce recueil. L'image composée par ces textes est celle d'un dessin compliqué où s'entremêlent des motifs divers. Il ne pouvait en être autrement, puisque les problèmes examinés appartiennent à une période qui s'étend de la fin de l'Empire byzantin jusqu'à l'éveil des nationalités balkaniques. Aussi longtemps que l'espace balkanique a été traité comme une région conquise, il n'a pas été possible de former des unités nationales. Les mouvements de séparation et de fusion, étudiés dans ce volume, ont pourtant contribué au cours irréversible des événements qui ont consacré le droit des peuples sud est européens à une existence indépendante. Il ressort aussi de toutes ces études que, contrairement à l'opinion qui exagère les différences de culture et de religion, le sud est de l'Europe n'a jamais été vraiment isolé de l'Occident. Loin d'être une contrée sauvage où s'affrontent des tribus guerrières, la véritable physionomie du sud-est qui se dégage par la comparaison permanente entre réel et imaginaire en est plus lumineuse et plus riche.