Des dispositifs de communication assurent aujourd'hui une forme démultipliée de visibilité. Nous pouvons volontairement y projeter une image valorisante de nous-mêmes, mais aussi nous trouver contraints à la présence, dépossédés de nos données, surveillés à distance. Ce processus technologique accompagne le déploiement de ce qu'il est convenu d'appeler l'individualisme contemporain, en même temps que sa dynamique est celle de la globalisation des échanges, avec ce qu'elle implique de contrôle. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on a vu dans le champ social surgir une tentation, un désir paradoxal : celui de se retirer, de s'effacer, voire de disparaître. Les arts et la littérature en témoignent au premier chef, car c'est là que s'exposent nos hantises et nos aspirations. Cet ouvrage a pour ambition d'aborder un ensemble significatif de formes esthétiques actualisant ce processus de retrait, d'effacement ou de disparition, ou le donnant à voir, par la fiction notamment. Les modalités comme les finalités en sont diverses, mais on peut dans tous les cas en mesurer la force de fascination, ainsi que la puissance critique.
Lectrice du Journal de Marie Bashkirtseff, comme tant d'autres depuis Maurice Barrès jusqu'à Simone de Beauvoir, Colette Cosnier avait noté des détails qui trahissaient une manipulation du texte. Remontant aux sources, elle découvre dans les cahiers manuscrits déposés à la Bibliothèque nationale des passages entiers supprimés par la famille et de trop zélés admirateurs qui avaient falsifié la réalité d'un personnage qui apparaît infiniment plus intéressant dans sa vérité.
Morte à 25 ans, en 1884, Marie Bashkirtseff ne fut pas que la jeune mondaine égocentrique dont on a voulu nous imposer l'image, mais une femme lucide, qui découvre les problèmes posés par la condition féminine à une époque où être femme c'est n'être rien. Et certainement pas le grand peintre qu'elle ambitionnait d'être, en un temps où le domaine de la création artistique reste quasi inaccessible aux femmes.
D'une lecture passionnante, écrit dans un rythme vif, le texte de Colette Cosnier apportait, quand il fut publié en 1984, une véritable révélation sur un personnage attachant et d'une surprenante modernité. C'est ce « portrait sans retouches », qui, selon l'historienne Michelle Perrot, « demeure à ce jour la meilleure, voire la seule biographie véritable de Marie Bashkirtseff », que les Presses universitaires de Rennes donnent à redécouvrir aujourd'hui.
Cette méthode se compose de quinze leçons : elles permettent un apprentissage accéléré de la langue sur une seule année universitaire. Chaque exposé grammatical théorique est suivi d'une partie « pratique » où sont étudiées les principales difficultés et d'exercices corrigés. Le lecteur dispose, à la fin du livre, d'un livre lexique latin-français abondant qui lui permettra de se passer des gros dictionnaires.
Auguste Brizeux a inventé une représentation de la Bretagne inconnue avant lui.
Marie (1832) racontait l'histoire d'une amitié amoureuse entre un écolier et une espiègle paysanne de son âge, dans un bourg du Finistère. Une image inattendue d'une Bretagne paisible et souriante. Poésie de la nature, beauté des paysages bretons.
En 1845, l'épopée rustique Les Bretons emmenait le lecteur à la découverte des différents "pays" de basse-Bretagne : peinture des moeurs, des usages, des traditions du monde rural.
Imposer le "pays", la nature, comme source de poésie, en révéler les beautés, chanter sa terre natale, dire l'histoire du peuple paysan tenu à l'écart de l'écriture poétique, voilà ce qu'a inventé Brizeux. Une voix qu'entendirent en 1853 les Félibres de Provence.
Cet ouvrage tente une approche nouvelle du "barde" breton : son cheminement intellectuel et littéraire, sa recherche créatrice, des années 1830 à sa mort. Un choix de poèmes illustre son apport spécifique. Brizeux interrogeait la nature et la fonction de la production bretonne à son époque. Un plaidoyer pour faire valoir la littérature des régions.
S'appuyant sur une approche comparative, l'ouvrage explore les formes d'engagement politique des femmes sur plusieurs continents, notamment l'Amérique du Sud et l'Europe. Mêlant aux approches sociologique et historique l'étude du genre et les sciences politiques, les contributions dessinent différentes figures de l'activisme féminin au XXe et XXIe siècle. Militantes au sein de partis politiques, citoyennes, résistantes, guérilléras d'hier ou Femen d'aujourd'hui : à travers leur étude, l'ouvrage soulève la question de la place des femmes dans la communauté politique.
Avec le soutien de l'UFR langues et études internationales de l'université de Cergy-Pontoise.
cette histoire de la littérature française du xixe siècle a l'ambition de renouveler
le regard que nous portons sur la production littéraire de ce siècle.
comment rendre sensible le lien qui unit le temps de i'histoire et celui des imaginaires littéraires ? pour répondre à cette question, ce livre articule de manière convergente une histoire socio-intellectuelle du siècle et l'étude des individualités les plus fortes. il entrelace des chapitres sur l'évolution générale des contenus et des formes, et des analyses consacrées aux auteurs. ii invite à une lecture stéréoscopique de l'ensemble, de sorte que l'historicité et la singularité de chaque oeuvre soient également prises en compte.
ce livre fort et riche, original et efficace, est destiné aux étudiants de lettres - classes préparatoires, premier et second cycles.
ii sera aussi un excellent outil de synthèse pour les étudiants qui préparent les concours, pour les futurs professeurs de lettres en formation dans les iufm, ainsi que pour les professeurs de l'enseignement secondaire.
La liaison de la nourriture, de la boisson et du spectaculaire caractérise le théâtre depuis l'Antiquité. Cet ouvrage questionne cette relation à partir de la naissance officielle de la mise en scène en France, à la fin du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui. Des pièces, des mises en scène et des performances, qui mettent en avant l'alimentation et la cuisine en tant que pratique d'art ou en tant que lieu, sont réunies et analysées. Le champ géographique s'élargit pour inclure d'autres pays européens (Russie, Grande-Bretagne, Suède, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, Grèce) ainsi que les pays de l'Amérique du Sud (Venezuela, Colombie) et les États-Unis.
La maternité : affaire de famille ou affaire d'État ? Au carrefour de la sociologie de la famille, de la sociologie du droit, de la sociologie de l'action publique et de la sociologie historique, Anne-Laure Garcia met en lumière les croisements et les interactions entre action publique et identité familiale à partir du cas des mères seules célibataires en France et en Allemagne(s) au XXe siècle (Pays-de-la-Loire, Thuringe, Schleswig-Holstein).
Bernard Mabille a été pour beaucoup de philosophes français un modèle. Plusieurs de ses collègues et disciples ont souhaité lui rendre hommage en éclairant certains aspects de son oeuvre ou en prolongeant les recherches qu'il menait. L'ouvrage propose ainsi une étude inédite de Bernard Mabille lui-même, puis deux grandes séries d'analyses. L'inédit est consacré à la question de la subjectivité : on y perçoit la capacité qu'il avait de réinventer certains aspects de la pensée hégélienne tout en se maintenant au même niveau d'exigence conceptuelle.
Avec le soutien de l'université de Poitiers.
Cet ouvrage explore la géopoétique des confins au sens géographique du terme, en mettant au premier plan des paysages grandioses, ceux du désert, de la forêt, de la toundra, de la banquise, du fleuve, de la lande, autant d'espaces soumis aux forces vives des éléments et qui mettent le corps et l'esprit à l'épreuve. Là où la végétation prolifère de manière fulgurante, là où le rythme de l'eau anime le paysage, là où le minéral impose ses lois, là où le vent souffle à perdre haleine, là où les phénomènes premiers retiennent toute l'attention, les confins apparaissent.
Avec le soutien de l'équipe de recherches ERIMIT de l'université Rennes 2 et de l'Institut universitaire de France.
De Perrault à Grimm, l'attrait pour le conte ne s'est jamais démenti : invitant à l'émerveillement, il a donné lieu à des réécritures et adaptations enjouées et admiratives, mais aussi à des interrogations et subversions démystifiantes. Cet ouvrage analyse ainsi la permanence du conte dans la modernité.
Avec le soutien de l'université de Poitiers, de Lorraine, Sorbonne-Nouvelle et CÉRÉdI.
Alors que la nature a toujours eu bonne presse dans les livres pour enfants et pour adolescents, une préoccupation, voire un sentiment d'urgence, s'immisce, dès la seconde moitié du XXe siècle, dans les écrits et les images représentant animaux, végétaux et environnements à destination des jeunes lecteurs. Loin de simplifier la pensée écologique, des auteurs rendent sensible la complexité de l'interaction entre l'humain et la nature en créant des images, en inventant des histoires et en réinventant les formes pour les raconter. Qu'apporte cette littérature à la jeunesse ? N'est-elle là que pour transmettre le fameux message « écolo » de l'adulte à ceux qui grandissent ?
Avec le soutien du 3L.AM (Laboratoire de langues, littératures et linguistique des universités d'Angers et du Mans), de l'université du Mans et de la Région des Pays de la Loire.
L'éveil renvoie à la naissance, dont il renouvelle et banalise le miracle ; et il s'oppose au sommeil ou plutôt à l'endormissement, pris comme retrait dans un monde intérieur et anticipation de la mort. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'éveil physiologique, propre à tous les animaux, et l'éveil spirituel, réservé à quelques élus, en passant par toutes sortes d'éveils spécifiques qui touchent la sensibilité, l'imagination, l'intelligence, la créativité, etc. ? Qui éveille, à quoi et pourquoi ? Et qui s'éveille ? Est-ce "l'âme" ? Est-ce "moi", "soi", "on" ? L'éveil est-il finalement rendu impossible par la mort ou bien peut-il s'accomplir après sa survenue à travers diverses formes de survie ou de résurrection ?
La méthode choisie est celle d'une approche concrète, proche de la vie, mais toujours soucieuse de ses provenances. Cette "pensée en amont", comme on pourrait l'appeler, ne cesse de solliciter l'histoire des religions, de la philosophie, des langues, des arts et des sciences. Mais elle refuse l'hégémonie d'une seule de ces disciplines et privilégie la créativité, en assignant à la musique et aux beaux-arts un rôle central dans le renouvellement de la pensée.
Ces Entretiens sont attachés à un lieu qui leur donne son nom : La Garenne Lemot, une villa néoclassique, aux bords escarpés de la Sèvre, dans l'évocation de la Toscane. En cet endroit l'on peut parler de beauté et de grâce, mais aussi de tolérance et d'amitié. Organisés sous la responsabilité de l'Association Les Entretiens de La Garenne Lemot, ces XXIe Entretiens ont pu avoir lieu grâce au soutien de l'université de Nantes, en particulier du Laboratoire "L'Antique, le Moderne - L'AMo", du Conseil départemental de Loire-Atlantique et de la mairie de Nantes. Nous remercions également Monsieur Charles Pain, de Panzoult, et Monsieur Denis Heuzé, de Bordeaux, pour leur généreux soutien. La gestion de la publication de ces Entretiens est due à Alfrieda Pigeaud.
Annie Ernaux a déclaré écrire à partir de son vide, que la perte est le « noyau dur » de tous ses livres, le fil qui les relie entre eux. Cet ouvrage propose une lecture attentive de l'oeuvre ernalienne (romans, récits de vie, journaux concertés, extraits de journal intime, essai, lettre, etc.) et il s'articule autour de trois aspects principaux : la perte, les traces et la religion. Fort de ses considérations sur la soeur défunte, l'avortement et le cancer, de son examen poussé des traces en tous genres et de son étude inédite de la religion, cet ouvrage offre une voie d'accès novatrice et essentielle à une écrivaine contemporaine incontournable.
Avec ce manuel, pour la première fois, les outils nécessaires pour décrypter pleinement les différents aspects (littéraires, commerciaux, sociologiques, multimédiatiques.) de la littérature jeunesse sont mis à la portée de tous. Il fournit les bases permettant de se repérer dans une production exponentielle (notamment pour les professionnels de la jeunesse et les étudiants des métiers de l'enseignement), de construire une analyse stylistique et littéraire appropriée (notamment pour les étudiants de lettres) et de mettre en place une analyse pratique des livres pour la jeunesse (notamment pour les étudiants en édition).
Cet ouvrage montre la diversité des écritures contemporaines du traumatisme, partant de l'oeuvre de Charlotte Delbo au répertoire international, en privilégiant les expériences et écritures de femmes. Du traumatisme, qu'est-ce qui peut se transmettre ?...
Au coeur de la Révolution française, deux écrivains, Isabelle de Charrière et Mme de Genlis, proposent à leurs lecteurs émigrés une voie médiane, entre les valeurs d'une noblesse sur le déclin et celles d'une société en mutation rapide. Cette voie médiane se construit en référence à la figure de Jean-Jacques Rousseau, dont l'aura est sans pareille. Comme lui, elles adoptent une démarche rarement suivie de leurs contemporains, qui consiste dans le refus des opinions extrêmes et de l'esprit de parti. Proposant un idéal à atteindre, elles ouvrent la porte à une valorisation du rôle des femmes, capables d'éduquer les enfants comme les adultes.
La présente étude se propose d'explorer le site du poème, dans les trois oeuvres, en tant qu'espace-temps natal.
Le pays natal de char, césaire et tchicaya, en effet, ne se définit jamais simplement comme " le pays oú je suis né " ; il est avant tout pays de la natalité, c'est-à-dire lieu oú les choses jaillissent à la vie. il ne s'agit pas, pour autant, de gommer les différences historiques, géographiques et culturelles des trois auteurs. le congo des indépendances, la martinique en lutte pour son identité, les maquis de provence, ces trois espaces ont chacun sa propre identité et son propre contexte.
Toutefois, au-delà de ces distinctions, le livre cherche à mettre en lumière une unité profonde, qui tient au rapport qu'entretient le poète avec sa terre et avec son histoire. le pays natal, dès lors, se révèle sous la forme d'un parcours allant d'une situation initiale proche du non-être (dont le nazisme ou l'esclavage sont des exemples) jusqu'au surgissement natal et au déploiement de ce même surgissement dans une histoire et une géographie de nouveau habitables.
Pratique complexe dans ses dimensions sociales et artistiques, le wayang golek est proclamé en 2003 Chef-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'Unesco. Cet ouvrage décrit et discute le passage d'un patrimoine familial à un patrimoine commun, national, mondial. L'analyse anthropologique mêle ainsi l'étude des politiques culturelles au sein des jeux d'espaces de ces différentes échelles, l'examen de concepts globaux et la réalité ethnographique du wayang golek.
L'oeuvre de Gisèle Bienne offre des variations toujours renouvelées sur la marginalité et l'autre. Marges génériques ou marges sociales, tels sont les bords que vient explorer l'écriture de l'écrivaine qui dessine de texte en texte des personnages en rupture de parole ou de société, mais toujours puissamment animés de désirs ou de révoltes. Ce volume étudie comment cette vision du monde se configure dans la confrontation dialogique avec les voix autres, ou comment s'élabore la quête identitaire dans cette rencontre, amoureuse, fraternelle ou révoltée, avec l'autre. Différentes approches traversent les distinctions génériques, s'attachant aussi bien à la littérature dite de jeunesse qu'à la littérature générale.
L'angevin Victor Pavie (1808-1886) est un écrivain romantique ayant appartenu au cercle des premiers disciples de Victor Hugo. Auteur de poésies, d'études historiques et artistiques, Pavie rédigea également plusieurs récits de voyage. De Londres où il rencontra Walter Scott, de Weimar où il partagea l'intimité de Goethe avec David d'Angers, des provinces de l'Ouest riches en légendes, d'Italie où il suivit les ombres de Lamartine, Stendhal et Chateaubriand, nous parviennent ses précieux témoignages, reconnaissables au style volubile et imagé de l'auteur, comme autant d'aventures vécues et de réflexions sur son temps.