Généralement considéré comme un auteur des grands espaces et de la vie sauvage - que les Américains appellent le Wild - Jack London est aussi un écrivain engagé personnellement dans les combats sociaux et politiques de son temps. Ce texte est celui d'une conférence donnée par l'auteur de L'appel de la forêt à Harvard, directement inspirée par la première révolution russe, ce qui fera dire à Leon Trotsky, trente ans plus tard, dans une lettre à la fille aînée de London que ce dernier « a su traduire en vrai créateur l'impulsion donnée par la première révolution russe [et] aussi repenser dans son entier le destin de la société capitaliste à la lumière de cette révolution ». Cette prise de conscience remonte chez London à sa propre expérience ouvrière, qui lui a permis de côtoyer de près les exclus de la croissance et trouvera à s'exprimer magistralement dans sa magistrale dystopie, Le Talon de fer, dans laquelle il décrit une révolution socialiste aux États-Unis, réprimée pendant trois siècles par une dictature capitaliste ayant atteint son paroxysme. Véritable brûlot, Révolution va bien au-delà des appels à l'indignation, que Dario Fo définit avec truculence comme « l'arme suprême du couillon », pour annoncer une insurrection, un soulèvement populaire inéluctable. La violence de certains de ses propos répond elle-même à la violence de la misère qui frappe ceux dont le travail est surexploité pour générer des profits qui ne bénéficient qu'à une oligarchie dont il fustige le cynisme. La résonance de ce texte avec la crise que nous connaissons ne laisse pas de frapper. On peut le lire comme un cri de ralliement ou une implacable et sinistre répétition de l'histoire et de ses errements.
Amoureux des grands espaces et de la nature sauvage, Jack LONDON n'est pourtant pas seulement l'inoubliable auteur de « Croc-Blanc » ou de « L'Appel de la Forêt ».
Plusieurs de ses oeuvres témoignent aussi de l'intérêt qu'il portait aux luttes sociales et aux combats politiques de son temps. C'est notamment le cas de « The Iron Heel » (« Le Talon de fer »), un roman d'anticipation historique dont la trame n'est pas sans préfigurer l'avènement des régimes totalitaires du vingtième siècle.
Peu de romans ont marqué l'imaginaire politique. Le Talon de Fer est de ceux-ci. Il provoqua en 1908 les réactions outragées des socialistes américains, les commentaires haineux d'une presse dont les propriétaires étaient attaqués, et le dédain d'une part des lecteurs de Jack London à qui il proclamait : votre miracle économique salvateur est fondé sur une hypocrisie de classe ; elle mènera à une surproduction planétaire, à des conflits pour la résoudre, et in fine, à une Révolution mondiale !
Puis en 1923, le roman parut en France où une puissante critique sociale s'exprimait, s'appuyant sur les expériences conjuguées d'une guerre mondiale et de la révolution russe ; l'oeuvre de Jack London sembla visionnaire. Elle fut largement commentée, continua de l'être au cours du siècle, l'instituant comme manifeste social et politique, prolongeant à présent sa thématique jusque sous les fenêtres de la mondialisation en cours.
Nous l'accueillons donc dans la collection fondateurs, accompagné de textes d'auteurs qu'il a marqués depuis 100 ans : Anatole France (1923), Paul Vaillant Couturier (1937), Léon Trotsky (1939), Bernard Clavel (1967), Laurent LD Bonnet (2022), plaçant ainsi Le Talon de Fer sur la perspective historique désirée par l'auteur, illustrant sa réception dans les esprits de chaque époque, et proposant une vision ouverte d'une oeuvre qui symbolise ce qu'était Jack London : une conscience sociale. Dont la qualité ne fut pas d'être précisément avérée, mais de qualifier une prémonition dont l'Histoire a prouvé, et prouve encore la justesse dans le monde : jamais les oligarchies, pour garder la maîtrise du pouvoir, n'hésitent à emprunter les chemins de répression les plus sauvages - civils ou guerriers. Jack London offrit un nom à ce principe ; il sonne désormais comme un glas universel : The Iron Heel - Le Talon de Fer.
Nouvelles
Jack London
Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
Cette ouvrage comporte les 35 nouvelles suivantes : Courage hollandais - La Loi de la vie - Les Favoris de Midas - L'Amour de la vie - Negore le lâche - Pleine Lune - Une aventure dans les airs - Le Récit de l'homme aux léopards - L'Ombre et la chair - Soirée d'amateurs - Les Bords du Sacramento - Le Renégat - Un nez pour le Roi - L'Esprit de Porportuk - Une fille perdue - La Face perdue - Construite un feu - Une mission de confiance - Ce « Spot » - Braise d'or - Comment disparut Marc O'Brien - La Folie de John Harned - Le Chinago - Une tranche de bifteck - Au Sud de la Fente - Le Rêve de Debs - La Maison de Mapouhi - Le Bénéfice du doute - Chantage ailé - La Force des Forts - Pour la révolution mexicaine - Par les tortues de Tasmanie - Rien ne sort du néant - La Garce - L'enfant des eaux.
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À quoi se résume la vie ? À lutter, répond Jack London dès quatorze ans, lorsque son premier job dans une conserverie le force à enchaîner les journées de douze heures de travail sans mettre un cent de côté. Sa vie ne sera plus que lutte, il en fera une profession de foi au service d'un idéal : se battre ne suffit pas, encore faut-il le faire pour un monde meilleur. London s'est engagé en écriture et, bien au-delà d'aventureux destins racontés, n'a cessé de clamer sa révolte, d'en dédier la réussite temporelle à ses frères du Peuple d'en bas. Et c'est avec les mots de l'un d'entre eux glissés dans sa poche que London devint cendre : Votre parole était d'argent. À présent votre silence sera d'or.