« Chaque fois que Vronski lui adressait la parole, un éclair passait dans les yeux d'Anna, un sourire entrouvrait ses lèvres ; et, si désireuse qu'elle parût de la refouler, son allégresse éclatait en signes manifestes. "Et lui ?" pensa Kitty. Elle le regarda et fut épouvantée, car le visage de Vronski reflétait comme un miroir l'exaltation qu'elle venait de lire sur celui d'Anna. »
«Il ne la regardait pas parce qu'il craignait son attirance, mais c'est justement à cause de cela que ce qu'il avait à peine entrevu lui semblait particulièrement attirant. [...] Il partit pour ne pas la voir, mais étant monté au premier, sans savoir lui-même ni comment ni pourquoi, il s'approcha de la fenêtre et tant que les femmes demeurèrent devant le perron il se tint près de la fenêtre et il ne cessait de la regarder.»
«Il n'est plus possible de continuer à vivre comme j'ai vécu jusqu'à présent, et comme nous vivons tous. Voilà ce que m'ont révélé la mort d'Ivan Ilitch et le journal qu'il a laissé. Je veux donc décrire ma conception de la vie et de la mort avant cet événement, et je transcrirai son journal tel qu'il m'est parvenu.» Ces lignes de Tolstoï définissent le propos qui lui a dicté ces trois nouvelles. La maladie d'un magistrat, la mort et la rédemption d'un négociant pris dans une tempête de neige, Trois morts, incarnent dans des personnages et des événements simples et poignants la même interrogation : «Et la mort ? où est-elle ? Il chercha son ancienne peur et ne la trouva plus. Où était-elle ? Quelle mort ?» Et la découverte finale, qui permet de répondre : «Il n'y avait pas de peur, parce qu'il n'y avait pas de mort.»
"En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur", écrivait Gandhi. Tolstoï, qui influença si fortement l'apôtre de la non-violence, ne disait pas autre chose !
Guerre et Paix ou La Guerre et la Paix est un roman de l'écrivain russe Léon Tolstoï. Publié en feuilleton entre 1865 et 1869 dans Le Messager russe, ce livre narre l'histoire de la Russie à l'époque de Napoléon I??, notamment la campagne de Russie en 1812.
Après ses deux grands romans, Guerre et Paix d'une part, oeuvre mythique et incontournable de la littérature russe et Anna Karénine d'autre part, le roman qui l'a rendu célèbre, RESURRECTION se veut être son dernier grand roman mais malheureusement, l'un des moins connu: un vrai chef d'oeuvre philosophique qui contient tout. Supérieur à Anna Karénine, il n'a rien à envier à Guerre et Paix dont il est profondément différent.
Ce roman, en effet, mène une profonde réflexion sur la justice, le sens de la vie mais sans aborder la religion. Tolstoï s'y interroge sur les fondements de nos sociétés, leur fonctionnement, leur justice. Il remet tout à plat, et il fonde tout son raisonnement sur l'enseignement du Nouveau Testament. C'est en cela que la morale jaillit, mais celle ci renforce ce roman.
C'est certainement le roman de Tolstoï le plus facile à lire contrairement à Anna Karénine ou Guerre et Paix. L'histoire suit un seul personnage et sa quête pour rétablir une erreur de son passé. C'est un roman de rédemption et sur les conséquences que peuvent avoir nos gestes, nos actions conscientes ou inconscientes. Avec un style impeccable et des descriptions précises et justes, RESURRECTION est un grand roman jugé à l'époque comme le plus faibles des romans de Tolstoï mais de plus en plus réhabilité. Et pour cause! C'est une histoire beaucoup plus puissante qu'il n'y parait au premier abord. L'écriture est tout simplement parfaite.
Résumé : Nekhlioudov est un aristocrate russe du dix-neuvième siècle. Trentenaire, il a mené jusqu'à présent une vie de jeune homme libre et décidé à jouir de la vie, mais, se retournant sur son passé, il y voit une existence de débauché qu'il regrette amèrement. Jeune militaire respecté, le prince Dimitri Ivanovitch Nekhlioudov retourne goûter à la vie civile quelque temps dans une riche ville de province près de Nijni Novgorod. Il mène une vie agréable entre les réceptions mondaines, ses nombreux amis, un mariage arrangé avec une fille de famille noble et l'esprit serein dans l'attente d'un brillant avenir dans l'armée. Duran
«Tant de souvenirs du passé se dressent devant soi quand on essaie d'évoquer les traits d'un être chéri, qu'à travers ce souvenir on ne les aperçoit que confusément et comme à travers des larmes.»Russie, milieu du XIX? siècle. Nikolegnka vient d'avoir 10 ans. Sa vie est faite de mille impressions vives et contrastées:les tracasseries et les bontés de son vieux précepteur, la chasse à courre et les goûters sur l'herbe, sa chère maman jouant du piano, ses jolies petites soeurs et Mimi, leur sévère gouvernante... Un jour, il faut quitter ce paradis pour apprendre les manières du beau monde à Moscou, chez grand-mère, la babouchka. Il découvre alors la camaraderie et l'amour, mais aussi la mort. Autour de l'enfant émergent des paroles, des visages:ceux de la vieille noblesse russe et de ses valeurs ancestrales.
Un romain-épopée, un chef-d'oeuvre. La Russie entre en guerre aux côtés de l'Autriche contre la France et Napoléon marche sur Moscou.
L'aristocratie, encore insouciante, s'amuse et converse en français, rêve de gloire militaire. Ils vont se retrouver face à la vraie guerre, celle qui va détruire les vies et les âmes : « Il regardait les Français s'approcher de lui qui, quelques instants auparavant, brulait de les atteindre et de les sabrer, trouvait maintenant leur approche si effrayante qu'il n'en croyait pas ses yeux. [...] " Voudraient-ils me tuer ? ./../ Me tuer, moi, que tout le monde aime tant ? " ...» Sur fond de grands évènements historiques, Austerlitz, Borodino, l'incendie de Moscou - Tolstoï peint l'histoire des familles qui face aux épreuves doivent faire des choix : le sacrifice de soi, la compassion, l'amour du prochain et de son pays.
Ce volume rassemble cinq des plus beaux récits de Tolstoï, écrits à la fin de sa vie. Travaillés avec un soin d'orfèvre, ils mettent en scène des personnages au destin hors du commun. Dans La Sonate à Kreutzer, un mari jaloux jusqu'à l'obsession veut que sa femme l'ait trompé, afin de pouvoir accomplir le passage à l'acte criminel libérateur. Le Père Serge retrace le parcours d'un aristocrate russe engagé dans l'armée, qui, pour échapper aux tentations du monde, se fait ermite dans une cellule creusée à même le rocher. Dans Maître et Serviteur, un riche propriétaire, pour ne pas manquer une affaire, entreprend de rejoindre avec son serviteur un village voisin, mais les deux hommes se retrouvent bientôt pris dans une tempête...
Dans ces récits saisissants, Tolstoï donne à voir la complexité des êtres, l'âpreté du monde et la rudesse du chemin vers le renoncement.
L'individu " animé d'un immense amour-propre ", dont le but est d'" atteindre la perfection et le succès dans toutes les entre-prises, et d'obtenir ainsi l'admiration et les louanges de son entourage", cet individu-là, brusquement contrarié dans son élan par un détail qui l'insupporte, peut-il, tournant le dos au monde, se consacrer à Dieu ? Ou bien, pour être plus précis : si la décision d'un tel être se trouve motivée par le désir de montrer à tous son mépris, se peut-il que, libérant alors une religiosité jusque-là étouffée par son orgueil, il se délivre de la pesanteur grâce à la soumission aux règles monastiques et ascétiques ? Telle est, brièvement exposée, la problématique du Père Serge.
Cette nouvelle qui, pour être souvent passée inaperçue dans l'oeuvre de Tolstoï, n'en constitue pas moins, en même temps que son écrit le plus serré, le plus fondamental, une parabole à la fois violente, sobre et universelle digne de prendre place parmi les grands témoignages spirituels.
Dans un wagon, des passagers entament une conversation sur les relations de couple et le nombre croissant de divorces en Russie. Un homme, jusque-là silencieux, prend la parole. Pour lui, l'amour n'existe pas...À mesure que le train avale les kilomètres, ce mystérieux inconnu fait part de sa pensée singulière au narrateur. Il lui confie aussi la lente agonie de son propre couple et sa plongée dans les affres de la jalousie. Surtout, il dévoile son identité, ainsi que le terrible crime qu'il a commis.À travers ce court roman, cette «oeuvre féroce lancée contre la société» selon Romain Rolland, Tolstoï dresse un portrait complexe de son personnage principal.
BnF collection ebooks - "J'ai été baptisé et élevé selon les principes de l'Eglise chrétienne orthodoxe. On me les enseigna dès mon enfance, pendant toute mon adolescence et ma jeunesse. Mais, à dix-huit ans, après une seconde année d'Université, je ne croyais déjà plus à rien de ce qu'on m'avait appris. Certains souvenirs me donnent même à penser que jamais je n'ai cru sérieusement et que ce que je prenais pour la foi n'était que confiance en ce que professaient les grands."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Tout le monde se rappelle Tolstoï comme un immense romancier, mais on a injustement oublié l'essayiste qu'il a aussi été tout au long de sa vie. Et tous ces essais, de sa jeunesse à sa mort, n'ont eu qu'un propos : dénoncer la violence institutionnelle, qu'elle soit le fait des gouvernements, de l'armée ou de l'Eglise. Dans Les gouvernants sont immoraux, Tolstoï prend appui sur la guerre russo-japonaise de 1905 (première défaite d'un peuple blanc face à un peuple de couleur), ainsi que sur la révolution russe de la même année ; dans l'un et l'autre cas, ce qu'il attaque, c'est l'odieux principe d'autorité d'un « chef » sur d'autres hommes, qui les conduits à se renier, à tuer, à être malheureux.
Contre « l'inutilité de l'Etat », Tolstoï propose un christianisme révisé, aussi loin de la soumission forcée que de l'obéissance volontaire. Une des nombreuses insolences qui lui a valu d'être excommunié par l'Eglise orthodoxe de son pays. Etienne de La Boétie et son Discours de la servitude volontaire n'ont pas eu de plus noble successeur.
113 ans après sa publication, une leçon de liberté toujours vivace.
Écrit en 1886, La Mort d'Ivan Ilitch est un récit emblématique de l'oeuvre de Léon Tolstoï.
Un magistrat, très satisfait de lui-même apprend qu'il est malade, condamné à mourir dans de grandes souffrances. Il va apparaître de cette peur primitive et essentielle qu'éprouve le héros, une nouvelle conscience du monde et de lui-même. La lucidité surgit de la douleur et entraîne avec elle l'abandon des vanités humaines.
«En ce dernier temps de sa solitude, couché le
visage tourné vers le dossier du divan, de cette
solitude parmi les multitudes de la grande ville,
parmi la foule des amis et des gens de sa famille -
solitude qui nulle part ne pouvait être plus absolue :
ni au fond de la mer ni sous la terre -, en ce dernier
temps de cette abominable solitude, Ivan Ilitch ne
vivait plus que par les images de son passé.
L'un après l'autre, il se représentait ces tableaux du
temps accompli. Cela commençait toujours par les
plus récents, et remontait ensuite jusqu'à l'époque
la plus lointaine, son enfance, et s'arrêtait là...»
«Quand Tolstoï a esquissé la première variante d'Anna Karénine, Anna était une femme très antipathique et sa fin tragique n'était que justifiée et méritée. La version définitive du roman est bien différente, mais je ne crois pas que Tolstoï ait changé entre-temps ses idées morales, je dirais plutôt que, pendant l'écriture, il écoutait une autre voix que celle de sa conviction morale personnelle. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours plus intelligents que leurs auteurs. Les romanciers qui sont plus intelligents que leurs oeuvres devraient changer de métier.» Milan Kundera, L'Art du roman
Les textes présentés ici, sont tous inédits en français. Sous forme d'articles ou de lettres, ils prônent la non-violence comme seule forme de résistance à l'oppression exercée par les institutions étatiques - gouvernements, armées, Églises. Au travers de ces articles et de sa correspondance avec Ghandi, Tolstoï dénonce le patriotisme - notion purement artificielle à l'époque moderne, prônée par les organes de pouvoir contre les peuples qui devraient entretenir des relations fraternelles - et apporte une réflexion sur la place de la violence dans l'histoire et son rôle dans la construction de notre société.
Anna Karénine est une jeune femme mariée à Alexis Karénine et mère d'un jeune garçon. Elle se rend à Moscou chez son frère Stiva Oblonski. En descendant du train, elle croise le comte Vronski. Anna tombe amoureuse de Vronski, cet officier brillant, mais frivole. Elle lutte contre cette passion et finit pourtant par s'abandonner avec un bonheur coupable. Puis Anna tombe enceinte. Elle décide d'avouer son infidélité à son mari. En parallèle, Tolstoï brosse le portrait de deux autres couples : Kitty et Lévine, et Daria et Oblonski. Tolstoï décrit la Russie de la fin du 19ème siècle où se mêlent les paysages immenses et rudes des campagnes, le labeur des paysans et les villes hauts lieux des mondains où l'apparence et le faste sont de mises. Paru en France pour la première fois en 1852, Anna Karénine marque l'entrée triomphale de la littérature russe dans la culture européenne.
Cet ouvrage de Léon Tolstoï (1828-1910), censuré en Russie dès sa parution en 1893 et réédité ici pour la première fois depuis plus d'un siècle, est le maître-livre qui influença de manière décisive Gandhi, alors jeune avocat en Afrique du Sud.
Dans ce pamphlet virulent contre les États et les institutions de la violence, le grand écrivain de la terre russe dénonce la trahison des Églises, coupables à ses yeux de renier le « véritable christianisme ». Il martèle sa foi inébranlable en la non-violence et invite ses contemporains à faire le choix de l'insoumission plutôt que de se rendre complices de l'injustice.
Cet écrit, publié l'année du centenaire de la mort de Tolstoï, est prolongé par sa correspondance complète avec Gandhi, parue pour la première fois en 1993 dans la revue Alternatives non-violentes.
A la fin de sa vie, Tolstoï entend résumer et présenter les pensées exprimées par les sages universellement reconnus et par les fondateurs des religions les plus répandues de tous les temps et de tous les pays.
Toutes ces pensées, pour lui, délivrent le sens et le but suprême de la vie. Elles tracent ainsi le «chemin de la vie», titre original de ce livre qui deviendra, dans sa traduction française en 1912, « Pensées de l'Humanité ».
Mais il s'agit surtout de son oeuvre testamentaire, celle qu'il entoura de plus de soin durant ses dernières années et dont il corrigeait les épreuves jusqu'à sur sa couche de mourant.
Témoignage bouleversant et impressionnant des interrogations de l'auteur russe sur l'éducation, le couple, la paix, l'amour, la vie après la mort... au travers des plus grandes pensées et des plus grandes sagesses de l'humanité.
La jeune Katia s'ennuie et rêve de s'échapper de l'interminable hiver russe dans la propriété campagnarde de sa famille. Elle attend avec impatience les visites de Serge, un ami de son père. Peu à peu, il lui semble qu'il éprouve de tendres sentiments à son égard, mais que la différence d'âge l'inquiète. Finalement Serge se décide à la demander en mariage...