Filtrer
cecile oumhani
-
À l'aéroport de Bahreïn, une correspondance ratée vient bousculer le voyage de la narratrice qui fait route vers l'Inde, pays d'enfance de son père. Elle se voit contrainte de passer la nuit dans un hôtel où elle lie connaissance avec une Afghane, Meena, qui se rend à Kaboul au chevet de son propre père.
La narratrice est happée par le récit de Meena évoquant l'Inde, l'Afghanistan, la guerre, puis le départ par de périlleuses routes de montagne vers Berlin où il faut faire sa place. Des résonances inattendues, telles des lueurs dans la nuit, rapprochent les deux femmes.
Sous la plume sensible et poétique de Cécile Oumhani, se dessinent des parcours d'exil et l'émerveillement d'une rencontre. Une humanité s'offre à nous.
-
Kenza est médecin à l'hôpital de son village. Son père lui a transmis sa passion des livres, tandis que sa mère lui a appris à tenir une maison. Depuis toujours Kenza se sent différente des autres, en rien semblable à sa mère ou à ses camarades de classe. Habitée par un vif désir de connaissance, elle fait tout pour échapper aux conventions de son milieu. Aussi, quand ses parents lui annoncent avec joie qu'un jeune homme a demandé sa main, offusquée par ce procédé, Kenza n'hésite pas à s'enfuir.
Elle fuit cette « odeur de henné », l'emprise de la tradition et la mascarade des mariages arrangés.
Mais déchirée entre ses aspirations à l'émancipation, les réconforts de la tradition et ses propres empêchements, Kenza finit par rejeter également cet espace de liberté qu'elle s'est octroyée en partant pour Paris.
Cécile Oumhani fait vivre un personnage attachant, parfois irritant, qui se débat dans ses contradictions, vit intensément ses émotions, s'émancipe, mais à quel prix, et découvre à travers la souffrance une forme de liberté.
-
Marie et Ridha se sont connus étudiants à Paris, dans l'effervescence des cafés et des discussions animées. On est à la fin des années soixante. Le pays de Ridha, la Tunisie, se construit avec ferveur : hôpitaux, écoles, universités... Le jeune couple décide de s'y installer.
Tandis que son époux renoue dans la joie du retour avec ses amis et son mode de vie d'avant, Marie s'efface. Comment trouver sa place, poursuivre ses idéaux et conserver l'amour ? Dans ce monde nouveau qu'elle fait sien, confrontée à de vives turbulences, elle s'applique à tenir son passé à distance et tente de vivre au-delà des séparations.
Un roman élégant, à l'écriture ciselée, qui nous introduit avec subtilité dans les émotions de personnages aux prises avec la culture de l'autre, l'absence et la recherche de leur propre vérité.
-
Qui est ce soldat blessé sur une route de l'Oise en 1917, débarqué avec les troupes américaines ? Tunisien, épris de liberté, Daoud a quitté son pays pour échapper au poids de l'autorité, celle du père et celle du protectorat français.
Et c'est à New York, dans le quartier bouillonnant de Little Syria qu'il pose ses valises, et trouve (enfin) l'amour. Mais la tourmente de l'histoire change le cours de ses rêves.
Sa vie est un voyage foisonnant dans un siècle en plein essor, entre inventions merveilleuses et changements sociaux et politiques, de l'esclavage à la guerre des tranchées en passant par Ellis Island.
-
Janvier 2011. La Révolution tunisienne surgit, inattendue. Onde de choc intérieure. Dans des formes brèves, « car nous vivons dans un temps fragmenté, où tout peut basculer d'un instant à l'autre », Cécile Oumhani témoigne des événements ressentis avec une grande fébrilité durant ces mois de 2011.
Depuis Paris, sa voix se mêle à la clameur des milliers d'exilés pour dire le bonheur mais aussi la solidarité avec les peuples libyen et syrien. Puis il y a le retour dans le nord de la Tunisie pour partager ce qui est en train de se passer sur place. Élections d'octobre 2011, espoir brouillé, euphorie brisée. Blanc. L'auteure reprend ses carnets en ce début d'année 2013, tentant de cerner les contours d'un avenir incertain. Elle y écrit l'amertume, les craintes, les déceptions de ceux avec qui elle avait partagé les premiers moments d'enthousiasme.
-
-
La Guerre de Trente Ans fait rage en Allemagne quand Henry Strésor arrive dans le Paris des peintres en 1637. Il y côtoie les frères Le Nain dans leur atelier de la rue du Vieux Colombier, puis emménage dans l'atelier-boutique de Louis Buart, maître-peintre généreux et chantre à la musique de la Reine Mère. C'est là qu'il réalise son tableau le plus connu, Le Mangeur d'huîtres. Il y rencontre aussi Catherine, la fille de son hôte. Mais né « dans l'hérésie », c'est à dire protestant, Henry Strésor se voit contraint de renoncer à sa religion pour épouser la jeune femme. Alors que la Fronde continue à Paris, naît leur fille Anne-Renée. Henry lui transmettra sa passion pour la peinture, lui léguera les gestes qui transfigurent le monde, lui ouvrant la voie vers un destin exceptionnel : elle est l'une des premières femmes à être acceptée à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Pourtant, dix ans plus tard, Anne-Renée Strésor renonce à la gloire, à l'amour d'un homme, et rentre dans les ordres.
-
-
-
Plus loin que la nuit
Cécile Oumhani
- Chevre Feuille Etoilee
- Les Chants De Nidaba
- 26 Décembre 2010
- 9782914467698
-
La transe et autres nouvelles
Cécile Oumhani
- Jean Pierre Huguet
- Bleu Orient
- 4 Avril 2008
- 9782355750311
La Transe et autres nouvelles, ce sont d'abord des voix, de femmes souvent, au plus près du quotidien, tragique et dérisoire, dans un environnement maghrébin soumis à des tensions nord-sud, est-ouest. Une écriture de l'intimité, de la proximité, à travers laquelle Cécile Oumhani dresse des portraits sensibles, décryptant les silences, les peurs, les bribes de paroles et de mémoire de personnages qui, par la simplicité de leurs rêves et de leurs actions, accèdent à une forme d'héroïsme moderne.
-
-
-
Enfant, assia a partagé son existence entre les mercredis passés chez adeline, sa grand-mère maternelle, et la maison silencieuse de fouad, son père.
Mais les rites de la province française, l'école, les goûters et les jeux avec ses cousins ne suffisent pas aux aspirations d'assia. un accident grave en montagne, l'amour d'amine qui l'initie aux mystères de la langue arabe. et fouad est amené à révéler à assia sa vérité et à l'introduire, au-delà de la méditerranée, dans ce jardin de leurs origines : la marsa. le talent d'écriture épurée de cécile oumhani nous invite à pénétrer tout en douceur dans l'univers bouleversé d'une enfant en quête de ses racines.
-
Demeures de mots et de nuit
Myoung-nam Kim, Cécile Oumhani
- Voix D'Encre
- 10 Octobre 2005
- 9782351280010
Le sens des êtres et des choses nous glisse sans cesse entre les doigts.
Je crois qu'on écrit parce que nous sommes pris dans une toile où il y a tant d'énigmes à démêler. Nous habitons un monde chargé d'une opacité que nous devons nous résoudre à ne pourvoir traverser que de manière fugitive. Cécile Oumhani, A fleur de mots.
-
Êtres solaires, à la fois sujets et objets, nous traversons un chemin qui ne cesse de nous échapper, entre veille et sommeil, entre ombres et lumière.
Nous porte l'attente de ces instants où les frontières semblent s'effacer pour rejoindre ce que nous aimons.
Vivre n'est-ce pas refuser de renoncer à cette quête de l'improbable ? Comment accepter que la vie ne se laisse jamais traverser à rebours ?
Si la lumière, compagne de notre présence au monde, se dérobe elle aussi, les mots du poème, à la fois cendres et braises, cherchent à en retenir les traces.
-
-
Au carrefour de plusieurs pays, cultures, langues, Cécile Oumhani n'a cessé d'interroger ces autres lieux, villes et pays où elle a vécu, mais aussi lieux de l'imaginaire, du souvenir - de la vie intérieure.
« Passeurs de rives », nous dit-elle de ses parents, mais ne peut-on le dire aussi des mots qui font lien avec ceux qui nous ont précédés et dont nous portons, souvent sans le savoir, les joies comme les douleurs ?
Et ainsi, « passeuse de rives », la poète nous amène à rêver à notre tour à ces lieux qui survivent en nous et qui nous constituent. Lieux de la mémoire, pour nous mais aussi pour ceux qui viennent après nous.
Cécile Oumhani est poète et romancière.
Poète, elle a publié notamment Temps solaire, (accompagnement plastique : Myoung-Nam Kim), Voix d'Encre 2009, La nudité des pierres chez Alain Gorius / Al Manar 2013, Tunisie, carnets d'incertitude chez Elyzad 2013. Elle a reçu le Prix européen francophone Virgile 2014 pour l'ensemble de son oeuvre.
-
SEPT QUESTIONS A CECILE OUMHANI
1/ Une autobiographie en quelques mots.
Différentes langues résonnaient dans les paysages de mon enfance. Je n'avais pas accès à certains d'entre eux, parce que je ne les avais jamais vus et je ne les connaissais qu'à travers ce que les mots pouvaient m'en dire. L'éloignement a toujours été une composante de ma vie, avec des interrogations sur l'absence et sur l'espace. Les lettres échangées en anglais et en français ont occupé une place essentielle. Elles étaient le seul lien entre des êtres qui souffraient d'être séparés, de ne plus pouvoir partager le quotidien. Les feuillets surchargés de phrases étaient comme le condensé de ces jours qu'ils ne passaient plus ensemble, puisqu'ils vivaient sur des continents différents. Ce sont ces feuillets qu'on lisait à la maison qui m'ont permis d'accéder à la page, en tant que lieu à part entière. Ils m'ont fait découvrir les failles et les interstices qui s'inscrivent entre les mots, en même temps que je devinais aussi leur capacité à ouvrir des chemins. Les livres, qu'ils soient écrits dans l'une ou l'autre langue, ont eu également un rôle capital. Je les lisais indifféremment en anglais et en français, passant de l'imaginaire d'une langue à un autre, au gré d'un livre ou d'un moment. Lettres et livres ont donc fait que les mots ont toujours été investis d'une place particulière. Anglais et français, voyages d'un côté et de l'autre, m'ont permis de développer tout naturellement des liens privilégiés avec la Tunisie, à partir de 1970, ajoutant une dimension supplémentaire aux facettes de l'éloignement, avec la musique d'encore une langue et ce qu'elle peut me dire des lieux et des êtres qui l'habitent. Poèmes et romans surgissent au fil de ce qui m'appelle, un peu comme s'il s'agissait d'une respiration aux modalités particulières. Mais qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, ma relation aux mots reste fondamentalement liée à la poésie.
2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie ».
Comment définir ce qui se joue aux confins de l'indéfini, ce qui cherche à en cerner les contours, faute de pouvoir l'atteindre ? Nous recevons les mots en héritage et nous voyageons avec eux. Ou devrais-je dire qu'ils voyagent en nous ? Nous n'en finissons pas de cheminer avec cet insu des mots, portés et pétris par tant d'êtres humains avant nous. Ce qui voyage ainsi dans l'intimité de notre for intérieur se perd dans la nuit des temps et nous traverse. Nous interrogeons les mots. Et ils nous interrogent. La poésie se trouve peut-être dans ce lieu mystérieux de nous-mêmes avant de venir se réfracter dans les traces que notre main inscrit sur la page.
3/ Comment vous situer dans l'écriture ?
Il m'est difficile de répondre à cette question. Tout au plus puis-je essayer d'esquisser ce que je recherche. L'épaisseur de la nuit dont les mots sont porteurs me fascine autant que l'acuité que peut prendre le quotidien, ou plutôt l'acuité avec laquelle il est parfois donné d'en percevoir certains moments. J'irai jusqu'à parler d'une acuité des mots à laquelle on tente d'être réceptif. Un peu comme lorsqu'on fouille le grain d'une pierre ou le tissage d'une étoffe et que soudain s'entrouvre une échancrure, se dresse un relief. On est arrêté par ce qui se découvre et qu'on entraperçoit. Oui, je crois que ce que j'essaie d'écrire est étroitement lié à une attention au silence des mots, à une recherche dans ce qu'ils ont de souterrain mais aussi de lumineux.
4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.
Des poètes contemporains comme Marilyn Hacker montrent brillamment comment des formes et des rythmes anciens peuvent se renouveler. Je pense à son poème Pantoum en temps de guerre ou encore à Rengas de Syrie. Son souci d'user d'une forme ancienne pour dire le monde d'aujourd'hui est au coeur de sa recherche de poète, me semble-t-il. Ce que la contrainte d'une forme enferme et restreint permet en réalité d'approcher ce que nous n'approcherions sans doute pas autrement. Comme l'échappée au terme d'un chemin d'ascèse...
Le poète peut décider d'avoir recours à des formes préexistantes qu'il connaît à travers les lectures, dont il s'est nourri et continue de se nourrir. Mais il en existe d'autres dont lui ou le poème décide à un moment donné. Le poète obéit alors à la nécessité d'un poème à venir, à ce qui commence de cheminer, de s'imposer à lui. Il écoute ce qui murmure et se fraye, attentif à ce qui est déjà et qui se cherche jusqu'au bout de sa main. Il me semble qu'écrire un poème est indissociable d'une forme, que celle-ci soit choisie délibérément parmi celles qui existent déjà ou qu'elle apparaisse dans le processus d'écriture.
Mais même lorsqu'il pense créer une forme, je crois que le poète reste habité par ce qu'il a lu, l'expérience qu'il a de la poésie passée et contemporaine. Il puise, parfois sans s'en rendre compte, dans les rythmes et les formes qu'il continue d'entendre en lui et qui respirent en lui longtemps après qu'il les a écoutés pour la première fois. René Char parlait de la traversée des « hautes cages où dorment les échos »...
Le propre de la poésie n'est-il pas cette recherche poussée aux limites du connu qui nous a précédés pour tenter d'approcher l'inconnu de nous-mêmes et du monde ?
5/ Quel avenir pour la poésie ?
La poésie est malheureusement trop souvent repoussée aux marges de sociétés où l'on cherche à flatter le sensationnel, la facilité, parce que tout cela se vend bien. On relègue la poésie à des cercles de connaisseurs, d'amateurs, qui seraient décalés par rapport à la réalité du monde que nous habitons et à ce que serait la vraie vie. Et moi, je garde à l'esprit les situations de souffrance extrême où la poésie a sauvé les gens, où elle a été ce qui leur a permis de survivre, de traverser l'indicible, de préserver leur dignité, leur humanité. La poésie est infiniment précieuse. Elle a été le pain que des êtres humains ont continué de trouver quand ils n'avaient plus rien, avec ces mots puisés dans leur mémoire qui les ont portés d'un jour à l'autre vers une liberté retrouvée. Elle a été le pain de leurs révoltes, celles qui guident vers des aubes nouvelles... La poésie est fondamentale et j'irai jusqu'à dire qu'il n'y a pas d'avenir pour l'humain sans la poésie.
6/ La part de la prosodie dans l'élaboration du poème.
J'ai évoqué plus haut le rôle des sonorités et du rythme, qui me semblent être d'une importance capitale, et cela, quelle que soit la forme d'écriture envisagée, prose ou poésie. Si l'on écrit, cela vient habituellement d'une relation particulière qu'on entretient avec les mots depuis l'enfance. Les mots, nous les avons d'abord entendus à travers le chant, puis porteurs de la magie du conte. Il y a dans cette transmission qui remonte très loin aux débuts de notre vie une dimension orale, charnelle qui s'entremêle avec ce que sont les mots, tels que nous pouvons les lire sur une page. La première expérience que nous en avons eue et qui se perd aux débuts de notre mémoire est étroitement associée à la musique, à l'émotion d'une voix qui accentue, à la présence d'un corps qui vibre selon un rythme. Un peu plus tard, nous associons les mots à la capacité qu'ils peuvent avoir de traverser les apparences du quotidien, de le dépasser, à la recherche de ce qui vient résonner dans notre être profond. Et lorsqu'on écrit un poème, je crois qu'on est traversé par tous ces échos. Peu importe si on se situe ensuite dans le prolongement de ces premières expériences de la langue, ou au contraire dans une recherche qui voudrait s'en démarquer, la respiration et le souffle de ces chants, de ces mythes que nous avons entendus nous a marqués, consciemment et inconsciemment.
7/ La place de la traduction dans la démarche poétique.
Entendre des poèmes dans des langues inconnues m'a souvent touchée profondément, comme si d'une certaine façon, le poétique parvenait à frayer son chemin par-delà toute traduction. On dira qu'il s'agit peut-être d'une sensibilité aux sonorités et aux rythmes du poème, envisagé comme relevant de la musique. On pourrait ajouter que la présence du poète ou d'un comédien lisant le poème est aussi porteuse de sens non verbaux qui contribuent à un certain degré de « passage » du texte. Je crois aussi que la possibilité pour le poème de franchir l'opacité d'une langue pour toucher celui qui l'écoute témoigne d'une spécificité de la poésie. Un peu comme si alors on parvenait à entendre un noyau poétique qui transcende les langues. On a souvent dit qu'il était impossible de traduire la poésie. Jakobson a parlé de la nécessité d'une « transposition créatrice » pour tenter d'y parvenir. Je crois qu'il y a une parenté entre la position du poète qui se met à l'écoute du silence des choses pour écrire et celle du traducteur de poésie confronté à la part irréductible du poème, celle-là même qui nécessite qu'il transpose et crée pour tenter de réduire cette part, celle-là même qui parfois nous atteint au-delà de la langue.