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Hoffmann rêva toute sa vie du ciel doré de l'Italie : un ciel qu'il ne put jamais apercevoir qu'en songe. Raison pour quoi, sans doute, il logea dans Princesse Brambilla, récit qui se passe à Rome au temps du Carnaval, le plus vibrant appel qu'il ait adressé de sa vie à la fuyante beauté, sa fantaisie la moins retenue - et le meilleur de cette ironie acide et mélancolique qui est son élixir secret. Baudelaire, qui voyait dans cette brève fiction la quintessence de l'imaginaire romantique, en fit sa vie durant l'un de ses livres de chevet : « Il faut lire Hoffmann, et surtout, avant tout, Princesse Brambilla, qui est comme un catéchisme de haute esthétique. »
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De tous les contes d'Hoffmann, c'est celui où l'humour s'accommode des excès les plus dévastateurs : on songe à Swift, à Sterne, et bien sûr à Jean Paul Richter. Le fantastique intime cher à l'auteur s'y révèle par ailleurs largement autobiographique : Hoffmann se trouvait laid, et le " héros " de cette histoire ressemble à la vérité moins à un être humain qu'à une sorte de " radis fendu en deux "... Jamais la verve romantique n'a atteint cette virulence : autodestructrice en l'occurrence, bien qu'elle n'épargne pas au passage les ridicules du temps - et singulièrement la philosophie des Lumières, évoquée ici avec une souveraine impertinence.
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