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sophie benech
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Le livre des anges : Six fois sept
Ludmila Oulitskaïa
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 10 Avril 2025
- 9782073040404
Nous ne le savons pas forcément, mais nous autres, humains, sommes entourés d'anges qui vont et viennent selon les moments de notre existence. Qu'ils soient grimés en pigeons perchés sur une branche d'arbre ou aux côtés de deux amies âgées se rendant sur la tombe de leur défunt mari, ces êtres sont des compagnons surprenants et précieux, capables de nous escorter délicatement lorsque notre temps sur terre touche à son terme. Nimbées d'une lumière douce aux accents magiques, ces histoires de Ludmila Oulitskaïa nous présentent des scènes du quotidien traversées par une profondeur étonnante : et si notre monde d'humains était doublé de celui des anges ? Avec un regard plein de tendresse pour ses semblables, mais non dénué de mordant et d'humour, la grande écrivaine russe nous invite à considérer autrement le passage des jours et notre condition mortelle, et à y laisser filtrer une nouvelle lueur, celle de ces présences mystérieuses.
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La fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement
Svetlana Alexievitch
- Actes Sud
- Babel
- 7 Septembre 2016
- 9782330066840
Depuis Les Cercueils de zinc et La Supplication, Svetlana Alexievitch est la seule à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu'a été l'URSS, la seule à écrire la petite histoire d'une grande utopie. Mais elle est avant tout un écrivain, un grand écrivain. Ce magnifique requiem utilise une forme littéraire polyphonique singulière, qui fait résonner les voix de centaines de témoins brisés.
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«Lorsque sa vie fut réglée à la perfection, ce fut le début de la vieillesse.» Si nous pouvons sentir, connaître et étudier notre corps, l'âme en revanche se refuse aux défi nitions. Que recouvre-t-elle précisément ? Est-elle présente tout au long de notre existence, ou se révèle-t-elle seulement à certains moments ? Telles sont les questions que se posent les personnages qui peuplent ces nouvelles, à des instants à la fois exceptionnels et quotidiens : un médecin légiste s'interrogeant sur des traces visibles, une épouse esseulée qui se découvre des propriétés physiques étonnantes, un jeune homme qui se fond dans un paysage bien-aimé. En un subtil jeu d'échos, ces points déposés à la lisière entre la vie et la mort tracent une esquisse surprenante et délicate du passage dans l'au-delà.
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Fragments d'un tout : Oeuvres choisies
Ludmila Oulitskaïa
- Gallimard
- Quarto
- 10 Avril 2025
- 9782073084309
Née en 1943, Ludmila Oulitskaïa, figure de proue de la littérature russe contemporaine, en embrassant tous les genres littéraires, compose un tableau de la Russie marquée par les tragédies du XXe siècle. Son écriture concise révèle les dimensions cachées de chaque destin - en particulier celui des femmes -, les émotions éprouvées, sonde les âmes autant que les corps. D'une justesse saisissante, elle déploie des images visuelles, poétiques, des situations cocasses ou tragi-comiques, pour rendre compte des relations entre les personnages, en lutte pour leur survie et leur liberté... Avec finesse et une touche d'humour noir, Ludmila Oulitskaïa dépeint les visages trop humains du totalitarisme, du nationalisme ou de l'antisémitisme.
Grâce à des documents «sauvés» d'un exil forcé et un choix d'oeuvres de son mari, l'artiste Andreï Krassouline, cette édition retrace l'itinéraire d'une autrice exceptionnelle, convoquant ses modèles, rappelant son attachement au passé qui lui procure force et sens moral, son entrée en littérature, les épreuves qui nourrissent son écriture, véritable pont tendu entre sa vie et son oeuvre. -
Anna Akhmatova est l'un des plus grands poètes russes de sa génération avec Boris Pasternak, Ossip Mandelstam et Marina Tsvétaïeva. Comme eux, elle a connu un destin tragique. Composé de poèmes épars, tirés soit de recueils, soit de cycles publiés de son vivant ou après sa mort, dans un ordre chronologique, ce recueil a pour but de mettre en lumière les différentes facettes de son immense talent ainsi que son parcours poétique et intérieur. Il dévoile une voix qui s'est peu à peu approfondie pour finir par devenir « la voix de tout un peuple ».
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Moscou, 1939. Le biologiste Rudolf Mayer a parcouru plus de huit cents kilomètres pour présenter aux autorités ses recherches sur une souche hautement virulente de la peste. Ce n'est qu'après cette réunion qu'il comprend qu'il a été contaminé, et que toutes les personnes qu'il a croisées peuvent l'être également.La police soviétique déploie alors un très efficace plan de mise en quarantaine. Mais en ces années de Grandes Purges, une mise à l'isolement ressemble à une arrestation politique, et les réactions des uns et des autres peuvent être surprenantes.Dans ce texte datant de 1988, Ludmila Oulitskaïa donne à voir ce qui peut se passer lorsqu'une épidémie éclate au coeur d'un régime totalitaire. Découvert en Russie au printemps 2020, ce texte inédit, plein d'humour et d'humanisme, résonne singulièrement dans le contexte mondial de la pandémie de coronavirus.
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À la mort de sa grand-mère Maroussia, Nora découvre des lettres échangées avec son grand-père, Jacob. Féministe avant la révolution, danseuse artistique et communiste ardente, la belle Maroussia a ses propres convictions intellectuelles. Mais les rêves et les ambitions du jeune couple croulent sous le poids de l'histoire soviétique. Et quand Jacob est relégué en Sibérie pour sabotage, même son fils, le père de Nora, lui tourne le dos. Le destin du grand amour de ses grandsparents reflète le début des événements qui marqueront la vie de Nora.
Scénographe passionnée et assoiffée de liberté, elle choisit elle-même ses amants et ses projets, élève son fils seule et découvre peu à peu la puissance des liens avec ses proches.
Entre roman et récit autobiographique, Ludmila Oulitskaïa conte avec tendresse et une ironie mélancolique la grande et la petite histoire de quatre générations d'une famille, tout en décrivant ce XX e siècle russe comme celui des femmes.
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Trois amis deviennent dissidents par amour pour la littérature : Ilya, Sania et Micha font connaissance à l'école où ils sont les souffre-douleur d'autres camarades, plus grands ou plus forts. Car Ilya est laid et pauvre ; Sania un musicien fragile ; quant à Micha, il est juif...
Le soutien de leur professeur de lettres est essentiel pour les trois amis, en cette Union Soviétique qui vient de vivre la mort de Staline et où chacun doit se positionner par rapport au pouvoir. Ilya documente ces années mouvementées en prenant des photos, tandis que Micha se rapproche du samizdat. Et lorsque Micha est dénoncé et déporté dans un camp, c'est Sania qui se charge de s'occuper de sa femme et de son enfant.
Dans une vaste fresque qui plonge le lecteur au milieu de la tragédie soviétique, Ludmila Oulitskaïa sait tirer le meilleur profit de son immense talent de conteuse pour évoquer aussi bien la grandeur des hommes mus par le courage, les idéaux et l'amour, que les horreurs de la lâcheté, de la trahison et de la violence politique. Un magnifique roman dans la grande tradition russe.
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Le destin d'une famille de Crimée, de ses membres hauts en couleur, avec pour trame de fond l'histoire de l'URSS jusqu'aux années 1980. Au centre, l'humble figure de Médée, celle qui tient et rassemble autour d'elle. Médée Mendès est un personnage féminin superbe dans sa simplicité, terriblement doux dans sa force, et d'une complexité que seule connaissent les nuits solitaires.
Malgré sa stérilité, elle est un centre mystérieux autour duquel gravite une immense famille aux destins parfois tragiques. Les chapitres égrènent le présent et le passé de cette femme vieillissante et de ses nombreux neveux et nièces. Entourée par les mille et une vies de sa descendance qu'elle maintient par la seule force de son existence, l'humble Médée est le témoin privilégié de toutes les vicissitudes tant familiales qu'historiques.
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Une gare perdue au fin fond de la Russie, dans la boue, le froid, les relents de chou et de vodka.
Et toutes les nuits, un train qui passe. Nul ne sait d'où il vient, où il va, ni ce qu'il transporte. Dans ce no man's land isolé du reste du monde vivent des gens qui aiment, espèrent, tuent et meurent, empoisonnés par l'attente d'une réponse qui ne vient jamais, par un mystère qu'il leur est interdit de chercher à connaître sous peine de mort. Il est difficile de qualifier ce récit court et puissant: trop cru, trop réaliste pour être une simple parabole, c'est pourtant du destin de la Russie et du destin de l'homme qu'il nous parle.
Tout en plongeant le lecteur dans un monde concret de terre, de fer, d'odeurs, de bruits, de chair et de sang, il relève de la même veine mythique que Le Désert des Tartares et débouche insensiblement sur une dimension tragique qui nous dépasse. Traduit du russe par Sophie Benech.
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Les deux grandes figures de ce livre sont la ville d'Odessa avant et pendant la révolution, et le gangster juif Bénia Krik, un personnage haut en couleur devenu l'emblème de la ville et qui fait désormais si bien partie de son folklore que certaines répliques des récits de Babel sont devenues proverbiales. Ce recueil comprend non seulement les fameux Récits d'Odessa qui ont contribué, avec Cavalerie rouge, à rendre Babel célèbre dès les années 20, mais on y trouvera également six autres récits de la même veine, quatre essais consacrés à Odessa, ainsi que la pièce de théâtre Le Crépuscule et le scénario Bénia Krik, qui mettent en scène les personnages des récits. Tout, dans ces pages, danse, chante et rutile, que ce soit le cadre : « Les tables couvertes de velours se tortillaient à travers la cour comme des serpents dont on aurait rapiécé le ventre avec des morceaux de tissu de toutes les couleurs, et ils chantaient d'une voix profonde, ces morceaux de velours orange et rouge » ou les gangsters juifs eux-mêmes : « Aristocrates de la Moldavanka, ils étaient sanglés dans des gilets rouge framboise, leurs épaules étaient moulées dans des vestons rouille, et sur leurs jambes charnues craquait un cuir couleur d'azur. » Les couleurs crues et chantantes, le soleil et la mer, la truculence des dialogues et la saveur des descriptions... Dans ces pages explose le feu d'artifice d'un monde voué à disparaître, et qui mourra, comme Bénia Krik dans le scénario qui devait être tourné par Eisenstein, abattu par les révolutionnaires, pour laisser place à un monde nouveau où vont dominer le rouge et le noir. Sophie Benech a traduit ces pages avec tout l'amour qu'elle leur porte. Sa traduction, tirée du volume des oeuvres complètes publié au Bruit du temps il y a dix ans et déjà devenu une référence, rend enfin justice au style du grand admirateur de Maupassant que Babel est demeuré toute sa vie.
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Publiée en 1917, en pleine révolution russe, trente ans après la mort de son auteur, La Révolte des animaux de Nikolaï Kostomarov (1817-1885) est restée longtemps oubliée. Redécouverte en Russie en 1991, traduite en plusieurs langues, elle était inédite en français.
Écrite au moins soixante ans avant La Ferme des animaux de George Orwell, elle la préfigure de manière étonnante. Si les deux révolutions n'auront pas les mêmes résultats, la réflexion qu'elles amènent sur les notions de pouvoir et de manipulation, de solidarité et de renoncement conserve toute son actualité. -
L'hôte venu du futur : Cycles de poèmes inspirés par Isaiah Berlin
Anna Akhmatova
- Interferences
- Domaine Slave
- 19 Août 2020
- 9782909589435
Durant l'hiver 1945-1946, dans un Léningrad dépeuplé par la guerre qui vient de se terminer, Anna Akhmatova passe cinq nuits entières à parler avec Isaiah Berlin, un Anglais d'origine russe de passage en URSS, un philosophe et un historien des idées, le premier Européen qu'il lui est donné de rencontrer depuis qu'elle s'est refusée à quitter la Russie au début des années 20. Ce visiteur qui arrive d'un autre monde et qu'elle baptisera « l'Hôte venu du futur » ne cessera par la suite de la hanter, et elle poursuivra pendant des années ce dialogue intime, par-delà le temps et l'espace qui les séparent.
De ces conversations nocturnes naîtront quatre cycles de poèmes inspirés par cette rencontre entre deux âmes d'exception. Leur brève et intense relation prendra dans le monde intérieur d'Anna Akhmatova une portée presque cosmique et nourrira longtemps sa poésie. -
«Il faisait une chaleur torride, cent pour cent d'humidité. On aurait dit que l'énorme ville tout entière, avec ses immeubles inhumains, ses parcs magnifiques, ses gens et ses chiens multicolores, était parvenue à la limite de la phase solide - encore un peu, et les êtres à demi liquéfiés allaient se mettre à flotter dans l'air transformé en bouillon.»C'est dans son loft d'artiste à Manhattan, dans une ville écrasée de chaleur, qu'Alik, peintre juif russe émigré, va mourir. Et il n'est pas de mort annoncée de la littérature qui soit aussi drôle et, paradoxalement, un tel hymne à la vie, que celle d'Alik. Entouré de sa femme Nina et de ses anciennes maîtresses, l'agonisant souhaite que la fête continue, alors que Nina ne pense qu'à sauver son âme. Un prêtre orthodoxe et un rabbin vont ainsi se succéder au chevet du mourant, et leur rencontre est le point d'orgue, d'une drôlerie irrésistible, de ces funérailles pas tout à fait ordinaires. Dans un vrai tour de force romanesque, Oulitskaïa nous prouve ainsi que les interrogations métaphysiques sur la mort et l'appartenance religieuse ne sont pas incompatibles avec l'humour en littérature.
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Oeuvres : romans, récits et nouvelles
Léonid Andreïev
- Corti
- Litterature Etrangere
- 2 Novembre 2023
- 9782714313027
Des Russes de toutes les classes sociales et de tous les âges, des paysans et des étudiants, des hauts fonctionnaires et des terroristes, des prêtres et des adolescents révoltés, des condamnés à morts et des enfants, des voleurs et des malades... Les récits de Léonid Andreïev dessinent d'abord une fresque vaste et vivante de la société russe à la veille de la Première Guerre mondiale. À cette première veine réaliste de l'oeuvre, celle de «?Bargamot et Garaska?» par exemple, vient s'ajouter une autre veine, plus allégorique. C'est celle de «?La pensée?» ou du «?Rire rouge?», un texte halluciné et prémonitoire sur la folie sanglante des guerres que va connaître le XXème siècle. Mais qu'il parle de sujets tragiques ou bien qu'il décrive les réactions d'un petit citadin rencontrant la nature pour la première fois, d'un chien abandonné ou d'adolescents confrontés à des choix éthiques, une même révolte, un même sens de l'injustice, une passion pour l'humain traverse cette oeuvre hors-norme.
Âme révoltée, militant antitsariste puis militant antibolchévique, Léonid Andreïev a su pressentir avec acuité les inquiétudes et le désarroi d'un monde déjà secoué par les forces qui allaient se déchaîner au cours du XXe siècle. Auteur et photographe, son oeuvre résonne aujourd'hui avec une intensité toute particulière. De 1998 à 2002, les éditions Corti ont publié, en cinq tomes, l'intégralité des récits en prose de Léonid Andreïev, dans la traduction de Sophie Benech. Ce volume reprend un large choix représentatif de ses textes les plus forts. -
Un si bel amour ; la varicelle
Ludmila Oulitskaïa
- Folio
- Folio Bilingue
- 15 Octobre 2020
- 9782072874536
Dans le Moscou soviétique de l'après-guerre, des jeunes filles d'une dizaine d'années découvrent leurs premiers émois. Alors que ses camarades s'éveillent innocemment à la sensualité lors d'une fête d'anniversaire, Tania tombe sous le charme de sa nouvelle professeure d'allemand. L'attirance et la fascination éprouvées par la fillette se transforment peu à peu en une dangereuse obsession.
À travers ces fragments de vie dominés par l'insouciance propre à l'enfance, Ludmila Oulitskaïa dresse avec finesse l e portrait de femmes en devenir confrontées à la cruauté et à l' injustice d'une société de classes.
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La soupe d'orge perlé ; et autres nouvelles
Ludmila Oulitskaïa
- Folio
- Folio 2 Euros
- 5 Septembre 2019
- 9782072855740
«Pourquoi mes souvenirs d'enfance sont-ils allés se greffer à trois reprises sur cette soupe d'orge perlé ? Elle était effectivement gris perle, cette soupe, avec des chatoiements rosâtres tirant sur le rouge carotte auxquels s'ajoutait le scintillement nacré d'un pépin de sucre rond à demi noyé dans la casserole.» Trois variations âpres et tourmentées sur l'enfance par l'une des grandes plumes russes contemporaines, auteure de Sonietchka.
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Sur Anna Akhmatova
Nadejda Mandelstam
- Le Bruit du temps
- Collection Poche
- 4 Octobre 2019
- 9782358731355
Dès les années 1910, trois grands poètes russes, Goumiliov, Akhmatova et Mandelstam, liés d'amitié et réunis par une même conception de la poésie, énoncent les principes de l'acméisme, une nouvelle « école » poétique qui se démarque profondément tant du symbolisme alors dominant, que du futurisme qui va bientôt s'épanouir.
Goumiliov, qui a été le mari d'Akhmatova et le père de son fils, est fusillé en 1921. Les deux survivants, Akhmatova et Mandelstam, vont eux aussi connaître des destins tragiques. S'admirant et se soutenant mutuellement dans les épreuves, ils resteront fidèles à cette amitié de jeunesse à laquelle la femme de Mandelstam, Nadejda, est très vite associée. Après 1938, date de la mort de Mandelstam dans un camp, les deux femmes restent seules pour affronter la guerre et de nouvelles persécutions, unies par le souvenir d'un passé commun, et surtout par la mémoire de Mandelstam toujours présent entre elles.
Ce livre de souvenirs sur Anna Akhmatova, récemment retrouvé et totalement inédit en français, a été écrit par Nadejda entre les deux tomes des mémoires que nous connaissons, tout de suite après la mort d'Akhmatova en 1966. Nadejda nous livre un portrait de son amie vue à travers le prisme de l'affection. Les anecdotes, les détails, les conversations font surgir devant nous une personne humaine et vivante, une Akhmatova à l'esprit acéré et à l'humour corrosif, avec ses petits travers, mais surtout son courage face aux épreuves, sa noblesse intérieure, et son immense talent. Comme dans le premier tome de Contre tout espoir, la forte personnalité et la remarquable sensibilité poétique de l'auteur sont mises au service du poète dont elle parle.
Il y a néanmoins plus que cela dans ce livre : les réflexions des deux femmes sur la peur, le courage, la liberté, la poésie ou la société soviétique en évolution, donnent à ce portrait une ampleur et une profondeur qui en font bien davantage qu'un simple essai biographique.
Si elle ne l'a finalement pas publié, c'est sans doute qu'elle a souhaité en utiliser partiellement la matière dans le deuxième volet des mémoires, qui brosse un portrait plus général de l'époque dans laquelle avait vécu Mandelstam, et dont la tonalité est moins tendre que dans ces souvenirs plus intimes consacrés exclusivement à Akhmatova.
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Ce volume offre pour la première fois en français un panorama complet de l'ensemble de l'oeuvre. Notre édition se fonde sur l'édition russe d'Igor Soukhikh qui contient tous les textes en prose de Babel connus à ce jour, son théâtre, ses scénarii, ainsi que ses articles, discours, entretiens, notes et projets divers. Les textes ont été rassemblés non selon un ordre chronologique d'écriture ou de publication, mais selon les thématiques des cycles ou livres que Babel avait lui-même l'intention de composer.
L'appareil critique, aussi discret que possible, est constitué de brèves présentations placées en tête de chacun des textes ou ensembles de textes. Les notices détaillées de chaque texte sont rejetées en fin de volume, suivies d'une biographie d'Isaac Babel, d'une chronologie de la parution de ses oeuvres, et d'informations historiques sur la ville d'Odessa, la campagne de Pologne et les derniers jours de la vie de l'auteur.
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Envers et contre tout : chronique illustrée de ma vie au Goulag
Euphrosinia Kersnovskaïa
- Christian Bourgois
- Littérature Étrangère
- 28 Octobre 2021
- 9782267044690
Alors qu'elle est à peine âgée de trente ans, Euphrosinia Kersnovskaïa voit l'URSS imposer le joug soviétique à la Bessarabie, où sa famille s'est installée après la révolution. Victime de la collectivisation, Euphrosinia perd tout. Très vite, elle est envoyée sur un chantier d'abattage de bois en Sibérie. Elle s'évade, erre des mois seule dans la taïga, puis finit par être arrêtée et condamnée à des années de camp - pour finalement travailler dans des mines de charbon. Une fois libre, elle produit cette oeuvre inouïe : un récit où le témoignage écrit cohabite avec des dessins réalisés sur des cahiers d'écolier - en illustrant elle-même son histoire, elle restitue dans les moindres détails les scènes dont elle a été témoin et auxquelles elle a participé.
Sa destinée s'apparente à celle des plus grandes héroïnes de roman. On se demande avec stupéfaction comment autant d'épreuves et de malheurs peuvent tenir en une seule vie : Euphrosinia affronte les obstacles de sa vie d'un coeur pur et candide, faisant toujours passer les autres avant elle-même. Le dessin, qui aurait pu n'être pour elle qu'un simple passe-temps, devient entre ses mains la lance de Don Quichotte qui lui sert à pourfendre inlassablement le mal.
Écrit à l'insu des autorités, Envers et contre tout est le récit d'un destin hors du commun. Un témoignage fort et inspirant, l'odyssée d'une irréductible qui constitue une source de joie profonde, un antidote aux compromissions et à la peur, au mensonge et à l'oubli.
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élégies du Nord ; les secrets du métier
Anna Andreevna Akhmatova
- Interferences
- 5 Mars 2015
- 9782909589312
Ce recueil, le deuxième que nous éditons d'Anna Akhmatova (1889-1966) est constitué de deux cycles de poèmes, Élégies du Nord (7 poèmes lyriques de tailles diverses sur son destin en Russie) et Les Secrets du métier, 10 poèmes consacrés à la création poétique et à la naissance des vers.
Anna Akhmatova, déjà connue avant la révolution, s'était refusée à émigrer dans les années 20. Elle a été toute sa vie en butte à des persécutions : interdite de publication jusqu'à la guerre de 40, elle n'a été autorisée à publier de son vivant que des anthologies tronquées. Si le pouvoir ne l'a jamais arrêtée elle-même, il s'en est pris à ses maris (le premier, le poète Goumiliov, a été fusillé en 1921, le troisième est mort dans un camp), à ses amis et surtout à son fils, arrêté à trois reprises et condamné à des années en camp.
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Le Dernier jour d'un condamné
Victor Hugo, Sophie Benech
- Interferences
- Domaine Francais
- 27 Mars 2024
- 9782909589497
Le Dernier jour d'un condamné, texte célèbre de Victor Hugo dans lequel nous suivons jour après jour, jusqu'au dernier moment, les affres d'un condamné à mort, est l'un des premiers monologues intérieurs de la littérature et fut en son temps un manifeste contre la peine de mort. Notre édition se propose de le mettre en valeur, tout d'abord grâce à 9 dessins inédits, et ensuite au moyen d'une présentation qui tente de l'analyser sous un angle un peu nouveau, celui de la vraisemblance : quel crédit accorder à une oeuvre d'imagination ? Un écrivain, un artiste, peut-il parler de ce qu'il n'a pas vécu, peut-il se mettre dans la peau de quelqu'un qu'il n'est pas ? Pour répondre à ces questions, la préface s'appuie sur des réflexions de Dostoïevski qui, gracié à la dernière minute avant d'être envoyé au bagne, a vécu lui-même ce que décrit Victor Hugo.
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Avoir été parmi les premiers à découvrir et à décrire les camps de concentration nazis a sans doute beaucoup contribué à transformer le regard de vassili grossman sur le monde : c'est après la guerre qu'il a écrit ses oeuvres maîtresses, les plus profondes et les plus lucides.
C'est aussi à partir de cette époque que ses yeux se sont ouverts sur le caractère totalitaire du régime communiste.
Dans ces deux méditations sur la beauté et le destin, sur ce qu'il y a d'humain en l'homme et ce qui reste de lui après la mort, le lecteur retrouvera le souffle et la patte de l'auteur de vie et destin : le goût du détail concret et de brusques envolées lyriques, une grande faculté d'empathie et une robuste candeur associée à une sagacité pleine de réalisme.
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Âgé de 24 ans, Babel se retrouve à Petrograd pendant la guerre de 14, puis le coup d'État d'octobre et la guerre civile. Il est déjà l'auteur de plusieurs récits et Gorki, qui a remarqué son talent, lui propose d'écrire dans son journal une sorte de chronique de la vie de la ville pendant ces années de chaos et de famine.
Dans ces scènes, ces tableaux, ces instantanés de jeunesse, tout l'art de Babel est déjà là.
On y assiste à l'agonie de Pétersbourg racontée d'une plume acérée et lyrique : l'ambiance d'une bibliothèque publique, d'un palais à l'abandon où le narrateur trouve refuge pour une nuit, des abattoirs où l'on n'abat plus de boeufs, des asiles pour enfants abandonnés ou pour aveugles, d'un zoo dont les animaux meurent de faim et de froid, on assiste au " ramassage " des cadavres, on rencontre une prostituée affamée à la recherche de clients...
Ces chroniques, qu'il avait l'intention de réunir en un recueil, sont restées introuvables pendant une soixantaine d'années, et n'ont reparu en Russie qu'après la chute de l'URSS, au début des années 1990.