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Lettres d'Etienne-Jules Marey à Georges Demenÿ ; 1880-1894
Thierry Lefebvre, Jacques Malthète
- Afrhc
- 1 Avril 2002
- 9782913758001
En 1961, la Cinémathèque française acquérait 380 lettres d'Etienne-Jules Marey adressées - entre 1881 et 1894 - à son préparateur, Georges Demenÿ.
C'est cette précieuse correspondance, actuellement conservée à la Bibliothèque du Film, qui est éditée ici, avec un certain nombre de lettres trouvées dans d'autres archives. En outre, une soixantaine de lettres inédites de la période 1877-1904, dont la plupart sont adressées à Marey, figurent en annexe. Pleines de vie et très largement inédites, les 502 lettres ainsi rassemblées permettent de suivre avec précision le programme scientifique développé par Marey et Demenÿ à la Station physiologique du Parc des Princes ; elles nous éclairent sur la genèse des différents appareils chronophotographiques mis au point par les deux chercheurs ; elles nous renseignent sur la science de l'époque, sur la vie de Marey, sur ses voyages et son travail à Naples.
Une source inestimable pour comprendre l'immense apport de Marey à l'analyse et à la synthèse du mouvement.
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Decadrages, n 26-27/printemps 2014. drones, cartographie et images a utomatise es
Claus Gunti
- Decadrages
- 15 Novembre 2014
- 9782970066880
Le dossier «Drones, cartographie et images automatise'es » aborde la production d'images par ces technologies - les satellites, les sondes spatiales, Google Maps, les came'ras de surveillance, les te'le'phones portables ou les drones - afin d'en interroger les implications a' des niveaux tre's divers. En analysant la repre'sentation de ces dispositifs de surveillance dans le cine'ma d'action hollywoodien, Alain Boillat examine autant l'expression implicite des angoisses suscite'es par l'utilisation de ces technologies a' travers leur manifestation die'ge'tique que leurs caracte'ristiques visuelles et narratives, en insistant sur l'interconnexion entre les proprie'te's des machines figure'es et le support me'diatique qui les repre'sente : le cine'ma lui-me^me. En retracant leur ge'ne'alogie dans le cine'ma de science-fiction et en analysant leur utilisation exponentielle dans le cine'ma dominant depuis les attaques du 11 septembre 2001, l'auteur propose une e'tude syste'matique des enjeux multiples que posent ces entite's machiniques autonomes. Selim Krichane questionne le statut de l'image photographique au sein du syste'me de cartographie Google Maps, interrogeant le re'gime scopique spe'cifique de ce type d'interfaces, dans lesquelles visualisation et mode'lisation tendent a' converger. A travers un prisme the'orique issu du champ des nouveaux me'dias, Krichane e'value le statut de ces re'ali- te's ge'ne're'es par des algorithmes, afin d'appre'hender le ro^le du spectateur humain dans cette e'conomie automatise'e. Claus Gunti quant a' lui interroge diverses pratiques artistiques base'es sur l'utilisation de photographies enregistre'es par des machines (sondes spatiales, drones ou Google Street View) et de de'marches base'es sur des images pre'existantes tire'es d'internet, esquissant les implications esthe'tiques et politiques de l'image automatise'e dans le champ de l'art contemporain. Par son intervention photographique Shooting animals, re'alise'e dans le cadre d'un projet de recherche de master a' l'Ecole cantonale d'art de Lausanne, Laurence Kubski questionne les particularite's techniques et les re'gles de'ontologiques pre'sidant a' la re'alisation de documentaires animaliers; son travail re've'le l'e'tonnante proximite' visuelle, terminologique ou technologique entre l'univers de la chasse et celui de la capture d'images. A travers un examen de la notion de responsabilite' dans la tradition re'publicaine, Marc-Andre' Weber introduit une re'flexion e'thique sur l'emploi de drones dans les conflits arme's. Retracant les origines de la de'politisation de la guerre et de sa dimension spectaculaire, l'auteur pointe le ro^le de la de'responsabilisation du citoyen, cause principale de ces de'veloppements. Quant a' Joel Vacheron, il interroge la prolife'ration de technologies de gestion informatique de flux vide'o dans le cadre de pratiques de surveillance (reconnaissance faciale, etc.). Sa re'flexion se concentre sur le constat de la transformation graduelle de la fonction strictement informationnelle de la vide'osurveillance en acte de'cisionnel automatise' et autonome, qui e'vacue progressivement le facteur humain de son e'conomie. Enfin, l'article de Derek Gregory traduit de l'anglais e'tablit une topographie du drone dans un contexte militaire, e'valuant la dimension disruptive des espaces multiples - centres de contro^le aux Etats-Unis, pays surveille's ou zones attaque'es, corps des victimes, espaces juridiques, etc. - qui participent a' son fonctionnement.
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Textes et textiles du Moyen Age à nos jours ; échanges d'impression
Odile Blanc
- Ens Lyon
- 23 Avril 2008
- 9782847881103
Écrire et broder, imprimer et tisser. Dès les origines de la production des textes et des images ces couples conceptuels ont correspondu à des échanges d'objets et de pratiques entre l'univers du livre et celui de l'étoffe: alphabets à broder pour l'apprentissage de la lecture, reliures en tissu - vêtement habituel du livre de luxe -, textes et images circulant du tissu au papier, depuis les premières impressions à la planche de bois jusqu'aux «indiennes» qui ont fait la fortune des imprimeurs d'étoffes et les inscriptions qui ont envahi la mode contemporaine. Parallèlement, les représentations symboliques unissant le livre et l'étoffe comptent parmi les plus fortes de notre culture et ont marqué l'histoire littéraire de l'Europe. Révéler la trame du texte, l'occulter, la défaire, a été l'obsession des plus grands écrivains européens. Les points de vue ici abordés, largement pluridisciplinaires, considèrent les relations entre texte et textile, entre tissu et papier, non comme un aspect second, accessoire, de l'étude de ces domaines, mais comme élément premier et fondateur. Tel est le pari et l'originalité de ces travaux: poser que le texte n'est pas pensable sans le textile, de même qu'il n'y a pas de papier sans chiffon.
Cet ouvrage constitue les actes d'un colloque qui s'est tenu à Lyon, durant les expositions programmées en 2005 dans le cadre de la manifestation Tissu/Papier, échanges d'impressions, organisée par l'Institut d'histoire du livre. Il rassemble des contributions très homogènes qui présentent un tour d'horizon des questions liées aux rapports entre papier, livre, texte et tissu. À ce titre, il constitue un ouvrage de référence, à l'attention des chercheurs ou des curieux, qui permet de mesurer l'ampleur du champ que recouvrent ces rapports, leur profondeur et leur pertinence, au carrefour des problématiques générales de l'histoire de l'art et du livre. -
Publié par l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma (AFRHC), 1895 est le seul périodique français exclusivement consacré à l'histoire du cinéma. Trois livraisons sont publiées chaque année. Expression privilégiée de la recherche française et étrangère, 1895 accueille des articles de fond, largement documentés, qui ont vocation à servir de référence, des contributions de jeunes auteurs aussi bien que des traductions des meilleurs spécialistes étrangers.
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L' Art comme expérience : Les 3 Stoppages étalon de Marcel Duchamp
Herbert Molderings, Anne-Marie Geyer, Peter Geimer, Thomas-W. Gaehtgens, Centre Allemand D''Histoire De L''Art /
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 1 Septembre 2007
- 9782735111480
Les 3 Stoppages étalon de 1913-1914 sont l'oeuvre fondatrice de l'esthétique de Marcel Duchamp, au centre de laquelle se situent l'individu et le hasard. Leur genèse concrète et leur statut dans l'oeuvre duchampienne recèlent encore bien des énigmes que l'auteur se propose de percer par une minutieuse analyse. Avec cet «ouvrage autour des trois fils» s'amorce dans l'oeuvre de Duchamp un glissement de la peinture aux méthode de l'expérience artistique parascientifique. Dès ce moment, chacune de ses actions artistiques a pour but de saper le primat de la pensée scientifique dans la société moderne. Les outils intellectuels de son esthétique sont l'humour et l'ironie, son modèle est la «pataphysique» d'Alfred Jarry. Dans l'univers de la pensée duchampienne où il n'y a plus de certitudes absolues ni de vérités, le seul point d'ancrage est l'individu, d'où la fascination de l'artiste pour les thèses individualistes radicales du philosophe allemand Max Stirner dont la pensée enflamme l'avant-garde anarchiste parisienne, et en particulier les adeptes du groupe autour de L'action d'art. Duchamp partage non seulement leur individualisme radical mais aussi l'idée que la vocation de toute activité artistique n'est pas de créer des oeuvres d'art mais de faire de sa vie une oeuvre.
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L'École nationale supérieure de la photographie d'Arles et l'École normale supérieure Lettres et sciences humaines de Lyon présentent une expérience commune qui associe les étudiants de la section Arts du Département des lettres et arts de l'ENS LSH avec ceux de la troisième - et dernière - année d'étude de l'ENSP. Sept étudiants furent, de part et d'autre, associés à un projet commun qui, par binômes, avait pour objectif d'allier des photographies, des mots, des images et des textes. À la recherche d'un dialogue entre culture et science, expression et littérature, cet ouvrage se propose d'ouvrir de nouveaux champs, de tracer de nouvelles perspectives selon une approche mi-scientifique mi- artistique. Pour les chercheurs de sciences humaines et sociales, jeunes ou plus confirmés, la création, sous toutes ses formes, représente un défi original. Elle s'est en effet imposée comme un nouveau chantier de réflexion, relayant en partie les questionnements sur les grandes finalités de nos sociétés. Inversement, les sciences humaines et sociales offrent aux artistes, jeunes ou moins jeunes, l'occasion particulièrement fructueuse de se frotter à des interrogations et des méthodes autres que celles auxquelles ils sont accoutumés. Trafic vient répondre à cette double nécessité.
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Notre perception de l'art grec a longtemps exclu la couleur autant que la peinture, au profit de la blancheur marmoréenne de la sculpture et de l'architecture classique. Pourtant les noms des plus grands peintres de l'Antiquité, d'Apelle à Zeuxis, sont connus des artistes et des historiens de l'art au point de constituer, aujourd'hui encore, une référence en matière d'excellence picturale. Ce paradoxe a servi de point de départ à la réflexion ici proposée : pourquoi la peinture grecque antique occupe-t-elle une place si centrale dans l'histoire de l'art alors même que, d'une part, elle n'a été accessible pendant des siècles qu'à travers le seul filtre des descriptions antiques et que, d'autre part, l'usage de la peinture sur les statues et les reliefs des temples contredit l'idéal de blancheur longtemps associé à la Grèce antique ? Pourquoi peintres et théoriciens ont-ils toujours ressenti le besoin de renouer avec cette peinture ? Dans quelle mesure cette invention, qui est avant tout une rencontre in absentia avec la peinture antique, éclaire-t-elle de nombreuses productions artistiques de la Renaissance jusqu'à nos jours ? Cet ouvrage pluridisciplinaire regroupe les contributions de chercheurs en littérature classique et moderne, en histoire de l'art, en philosophie ou encore en archéologie et physique-chimie. Il interroge la réception de la peinture grecque antique de façon transversale, depuis l'Antiquité elle-même jusqu'à la création picturale la plus contemporaine, ainsi qu'en témoigne le film documentaire consacré au peintre Pierre Antoniucci joint à cet ouvrage.
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Dans sa politique éditoriale, l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma a accordé une grande place aux études monographiques en publiant dans sa revue 1895 des numéros consacrés à André Antoine, Jean Grémillon, Jacques Feyder, René Clair, Christian-Jaque, en attendant des ensembles en préparation sur Abel Gance, Louis Feuillade, Albert Capellani.
En éditant aujourd'hui dans sa collection de livres les Actes du colloque René Clair ou le Cinéma à la lettre qui s'est tenu à la Bibliothèque nationale de France les 6 et 7 novembre 1998, l'AFRHC participe à un travail permanent de réévaluation des metteurs en scène et des films. Grâce à une vingtaine de communications de chercheurs français et étrangers réunies par Noël Herpe et Emmanuelle Toulet, l'oeuvre de René Clair est remise en perspective dans son temps et dans le contexte qui en a vu l'épanouissement.
Sans vouloir les soumettre à un jugement définitif, les films du cinéaste, par la multiplicité et la diversité des approches, sont éclairés dans l'optique de leur classicisme trompeur ; ils sont analysés aussi dans les fluctuations des approches critiques qui leur ont été consacrées. Avec le recul, René Clair y apparaît comme un étonnant inventeur de formes plastiques et sonores. Dans une oeuvre où l'intelligence le dispute à la sensibilité - à rebrousse poil de la figure un peu distante d'un homme qui cachait ses élans intimes derrière la fausse intransigeance du moraliste obsédé par la fuite du temps - se construit un des maillons essentiels de l'histoire du cinéma français, à la confluence contradictoire entre l'écrit et l'image.
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L'album ; le parti-pris des images
Viviane Alary, Nelly Chabrol gagne
- Pu De Clermont Ferrand
- 2 Janvier 2012
- 9782845164208
Dans l'album, c'est l'univers des images qui prime. Interroger ces images, tel est le parti pris de cet ouvrage. Bien que toujours fragmentaire, l'état de la réfl exion déclinée en six mouvements n'en montre pas moins certaines avancées notables sur les contours de l'album, ses confins, les expériences du regard qu'il génère, les problèmes théoriques qu'il soulève, la partition qu'il semble vouloir jouer dans la création contemporaine.
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1895 REVUE D'HISTOIRE DU CINEMA n°70, été 2013: cinéphilies - cinéma des premiers temps - jacques b. brunius - christian metz - philosophie et cinéma - maurice merleau-ponty
Le dernier numéro de 1895 REVUE D'HISTOIRE DU CINEMA daté de l'été 2013 (n°70) fait porter l'accent sur différentes manières de penser le cinéma: sociologie, sémiologie, philosophie. LE POINT DE VUE qui ouvre le numéro, « Cinéphiles et cinéphilies» est signé de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto qui répondent de manière approfondie à huit questions posées par les rédacteurs de la revue à partir de leur ouvrage sur le sujet. « La » cinéphilie a été étudiée par eux dans une perspective sociologique qui revient à la rendre plurielle et à démonter le mythe de « l'invention » de la cinéphilie par la « Nouvelle Vague » la sortir de l'élitisme socio-culturel en la remettant dans le cadre de la consommation cinématographique. Pour eux « le jugement esthétique ne s'apprend pas ».
De la ciné-philie à la philo-sophie quels liens tisser? Le sémiologue Christian Metz avait rompu avec la première et sans prétendre être philosophe il a pourtant construit son approche du cinéma à partir de la phénoménologie, comme le montrent Dominique Chateau et Martin Lefebvre dans la rubrique ETUDES, en relisant de près les oeuvres publiées et en ayant consulté les archives de Metz. Dans la rubrique ARCHIVES, présenté par Martin Lefebvre, un texte inédit de Metz, portant sur l'articulation entre sémiologie et esthétique, vient prolonger cette analyse et rencontrer les interrogations de Jullier et Leveratto. Un dossier « Philosophie et cinéma » dû à François Albera, Stefan Kristensen, Martin Lefebvre et Laurent Le Forestier est centré sur l'édition et le commentaire détaillé du texte de Maurice Merleau-Ponty, « Le cinéma et la nouvelle psychologie » (1945-1948) dont on découvre ici qu'il a connu quatre versions publiées. Plusieurs comptes rendus de colloques (notamment « Le cinéma de Bergson » et d'ouvrages prolongent ce dossier dans la rubrique ACTUALITES.
Par ailleurs, la rubrique ETUDES comporte une réflexion sur le cinéma des premiers temps tel qu'il a été envisagé dans l'historiographie des années 1940-1950 en France par Lenaïg Le Fanou, et la découverte d'un aspect mal connu sinon méconnu de l'activité de cinéaste de Jacques-Bernard Brunius, pionnier dans les années 1930 du « film de montage » qu'on appelle de nos jours le found footage par Nathaniel Greene.
La dernière partie du numéro dévolu aux ACTUALITES rend compte de colloques et tables rondes récemment tenus à Paris, Montpellier et Lausanne et d'ouvrages, de périodiques sous forme de comptes rendus détaillés, de notes de lecture et de notules concernant les livres reçus: ces rubriques occupant un cinquième de ce numéro de 250 pages, donnent au lecteur (étudiant, chercheur, enseignant, cinéphile) la possibilité de prendre connaissance et d'approfondir les récentes parutions en histoire du cinéma. -
Décadrages Tome 15 : Raoul Ruiz
Raphael Oesterle
- Decadrages
- Decadrages
- 22 Février 2010
- 9782970066804
Aborder le travail d'un cinéaste comme Raoul Ruiz dans un simple dossier de revue peut paraître ambitieux, voire inadéquat. Com ment cerner, en effet, une filmographie comptant à l'heure actuelle plus d'une centaine d'entrées, se déployant sur une durée de plus de quarante ans, accompagnée de surcroît d'une production théorique non négligeable ? Ce foisonnement explique peut-être le fait que peu d'ouvrages lui soient consacrés, ce qui contraste avec l'ampleur de la production du cinéaste, tant artistique que théorique. A ceci s'ajoute l'accès difficile à ses films, de nombreuses oeuvres demeurant encore indisponibles.
C'est pourquoi le présent dossier propose une approche transversale : l'on tente de dégager un certain nombre de traits récurrents - tant thématiques que stylistiques - en vue d'éclairer une oeuvre qui multiplie les pistes de lecture, les voies d'interprétation et les chausse-trapes.
Nous ne chercherons dès lors pas à ériger un système rendant compte de la pratique du cinéaste : cette démarche nous semble illusoire, voire antinomique à une oeuvre qui postule en son centre une pluralité des clefs de déchiffrement et provoque un mouvement d'indécidabilité du sens. Pour circonscrire un objet aussi fuyant, nous avons pris le parti de revenir au texte filmique, en l'articulant à certains motifs qui nous ont paru signifiants. Ce souci de précision permet, nous en émettons la gageure, d'éviter l'écueil qui consisterait à évaluer les films du réalisateur exclusivement à l'aune de sa production théorique et littéraire. En effet, celle-ci vient souvent éclipser la part proprement cinématographique du travail de Raoul Ruiz, réduisant ses films à une illustration ou à un prolongement redondant d'une poétique préexistante.
Alain Boillat soumet le cinéaste à une approche inspirée par les outils de la narratologie. Partant des textes théoriques, et de leurs échos formels, il démontre en quoi le cinéma de Raoul Ruiz échappe aux modes conventionnels d'appréhension du récit, et finalement à la tradition narrative occidentale, de par la prolifération des récits, souvent paradoxaux, et la mise en crise de la notion d'identité qu'il cultive.
Auteur d'une thèse de doctorat sur Raoul Ruiz, Richard Bégin évoque l'utilisation particulière que fait ce dernier des objets. Si cet usage est avant tout de nature ludique, il n'en demeure pas moins dé stabilisant. Ce déséquilibre bientôt inquiétant apparaît alors comme révélateur de son approche « baroque » du cinéma.
Pour sa part, Valentine Robert place la pratique du tableau vivant au coeur de son article. Cette notion, trop souvent associée à la seule Hypothèse du tableau volé (France, 1979), traverse pourtant de nombreux films, et permet de mettre au jour plusieurs thèmes qui travaillent en profondeur la production du cinéaste. Elle relève l'appropriation mise en oeuvre par le Chilien via trois jalons de sa filmographie. Outre L'Hypothèse sus-nommée, on s'attardera sur Généalogies d'un crime (France/Portugal, 1996) et sur le plus récent Klimt (Autriche/France/Allemagne/Grande-Bretagne, 2006), pour dégager les rapports - étroits - que ces films tissent entre tableau vivant et théories de la perception.
François Bovier revient sur Tres Tristes Tigres (Chili, 1968). Ce film hermétique, le premier à rencontrer un public et un retentissement internationaux - comme en témoigne le Léopard d'or que lui attribue le festival de Locarno - a pourtant peu été traité jusqu'à présent. Tout au plus lui accorde-t-on le statut d'oeuvre de jeunesse, envisagée à la lumière des productions ultérieures. On tente ici de mettre à jour son fonctionnement propre, mettant ainsi l'accent sur son statut authentiquement expérimental, entendu au sens le plus large.
Une part importante des films de Raoul Ruiz procède, sinon de l'adaptation littéraire proprement dite, tout au moins de la transposition d'un prétexte. Alain Freudiger s'attache au cas précis du Temps retrouvé (France, 1999), condensation de l'oeuvre de Marcel Proust. Il l'aborde à travers la question de la reconnaissance, soit la question de l'identité passée au crible du temps et de la subjectivité. Ici encore, s'il n'est pas besoin d'insister sur l'importance que cette notion revêt chez Proust, celle-ci se révèle nodale pour la compréhension de la logique filmique de Ruiz.
L'entretien que nous a accordé Raoul Ruiz vient compléter ce dossier. C'est pour lui l'occasion d'effectuer un retour sur son parcours et d'évoquer la part la plus récente de son travail, marquée par des productions chiliennes encore invisibles sous nos latitudes.
Quant à la rubrique suisse, elle est presque entièrement consacrée à l'édition 2009 du NIFFF - soit le Neuchâtel International Fantastic Film Festival. Freddy Landry couvre l'ensemble du festival, tandis qu'Alain Boillat revient plus précisément sur Shinji Aoyama, invité d'honneur du festival et objet d'une rétrospective qui fut l'occasion de voir plusieurs films demeurés inédits en Suisse. Marthe Porret, pour sa part, envisage le cas particulier de Quelques jours avant la nuit (Suisse, 2008) de Simon Edelstein, qui met en évidence les conditions précaires non seulement de réalisation, mais encore de diffusion des films helvétiques en Suisse.
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Ces dernières années ont vu se développer un important effort théorique et critique sur la question du corps au cinéma : comment ce dernier représente-t-il les formes du corps mais aussi ses puissances (gestes, désirs, pulsions, tendances hors cadre, hors champs, hors discours ou hors normes)? Comment rend-t-il compte des contextes cognitifs, culturels, politiques et technologiques associés à la fabrique des corps à travers l'histoire? Les films eux-mêmes ont eu recours au corps comme figure ou motif privilégié et ont pleinement participé de ce questionnement.
Participant à cette réflexion en cours le présent volume s'attache à étudier la question de la représentation corporelle en la rapportant à celle des devenirs concrets du cinéma, que ce soit dans ses dispositifs propres ou ses rencontres avec d'autres régimes d'image (notamment la vidéo et la photographie). L'ambition est en définitive d'offrir une sorte d'état des lieux de la question qui rayonnerait dans plusieurs directions : mise à l'épreuve des concepts ; articulation entre perspectives théoriques ; poétique des oeuvres ; zoom sur certains points clé du rapport corps/image (la question de la vitesse notamment) ; enjeux culturels, politiques, esthétique et de genre ; question du récit ; etc. C'est sur ces théâtres que se déploient les études réunies ici, chacune avec sa méthodologie et ses objets propres mais toutes envisageant la notion élargie de corps-image (au sens d'une matériologie générale du cinéma) comme possible paradigme critique.
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Administrer la nature ; le parc national de la Vanoise
Adel Selmi
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Natures Sociales
- 5 Décembre 2006
- 9782735111114
Réaliser une enquête ethnologique dans le parc national de la Vanoise pour un chercheur tunisien ignorant presque tout des réalités locales - du fonctionnement de l'administration aux conditions de vie en altitude - est une gageure qu'Adel Selmi n'a pas hésité à relever.
C'est sur le mode de l'observation participante qu'il s'est acclimaté à ce milieu et qu'il l'a, pour ainsi dire, acclimaté à sa présence.
Intervention délicate dans un contexte conflictuel où les protagonistes avaient pris le parti d'éviter le débat plutôt que d'entrer dans la controverse sur la création et sur l'évolution des modes de gestion des espaces naturels. En effet, conformément au modèle de protection de la Wilderness - ou de ce qu'il est convenu d'appeler la nature primitive ou vierge -, la politique de protection de la nature a longtemps consisté, en France, à connaître et protéger les espèces et à limiter le développement des activités humaines dans les parcs nationaux.
Cependant, l'évolution des approches écologiques et l'émergence des concepts de biodiversité et de développement durable ont récemment amorcé un changement d'orientation dans les politiques de conservation et de gestion des espaces protégés. Adel Selmi nous livre ici une analyse de ces mutations grâce à une description très fine des visions du monde des personnes ayant participé à la création d'un parc national.
Si l'histoire institutionnelle et idéologique de la protection de la nature en France apparaît en filigrane tout au long du livre, l'auteur propose surtout un exposé passionnant des attitudes et positions éthiques des acteurs. Il analyse les formes de construction et de circulation des savoirs pratiques, cognitifs et symboliques autour des objets naturels.
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Le communicationnel est un néologisme tendant à signifier « ensemble des outils, méthodes et environnements humains supportant la communication ». Pour concevoir il faut de nos jour de puissant outils d'assistance ; les objets conçus devenant techniquement complexes, il faut aussi des organisations cohérentes pour articuler les différentes métiers de la conception. Tout cela ne peut que passer par des interfaces homme-machine pour maîtriser totalement l'outil, et par des interfaces humaines pour coordonner les actions. Concevoir exige donc un espace communicationnel intégré et intégrateur.
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L'ascension de Charles Le Brun ; liens sociaux et production artistique
Bénédicte Gady
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Passages-Passagen
- 13 Janvier 2011
- 9782735111695
Comment Charles Le Brun devint-il premier peintre de Louis XIV ? Tirant profit de la découverte de nouvelles oeuvres peintes, dessinées et gravées, de nombreux documents d'archives inédits et d'une lecture critique des sources, cet ouvrage reconsidère l'ascension du peintre en articulant réseau social et création artistique. Issu d'un milieu familial modeste, mais lié au monde de l'écriture et à celui de la gravure pour lequel il produisit ses premières oeuvres, Le Brun n'était pas un héritier. Mais il fut assurément une " créature ", au sens du XVIIe siècle : la protection du chancelier Séguier lui permit d'accéder à des commandes prestigieuses, du cardinal de Richelieu comme plus tard du roi, de fréquenter un milieu de lettrés, de partir à Rome en compagnie de Nicolas Poussin, ou encore de consolider les fondements de l'Académie royale de peinture et de sculpture. A la tête de chantiers de décoration à Paris et à Vaux-le-Vicomte, Le Brun sollicita de nombreux collaborateurs avec lesquels il entretint des liens juridiques, artistiques et sociaux dont l'analyse éclaire les modes de production au Grand Siècle et invite à remettre en cause la conception actuelle de la notion d' "atelier ".
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Julie Azoulay et Clémence Laot, Caroline Chevalier et Claire Richard, Colombe Clier et Laurent Deflandre, Virginie Ovessian et Yan Tomaszewski, Isabelle Giovacchini et Olivier Normand, Delphine Lermite et Hélène Martinelli, Carole Liogier et Fabien Finet, Mehdi Meddaci et Florian Mahot-Boudias, Léa Eouzan et Valérie Énault, Laure Pfeffer et Bertrand Guest L'École nationale supérieure de la photographie d'Arles et l'École normale supérieure Lettres et sciences humaines de Lyon présentent une expérience commune qui associe les étudiants de la section Arts du Département des lettres et arts de l'ENS LSH ainsi que son Centre d'études poétiques avec ceux de la troisième - et dernière - année d'étude de l'ENSP. Dix étudiants furent, de part et d'autre, associés à un projet commun qui, par binômes, avait pour objectif d'allier des photographies, des mots, des images et des textes : On dit parfois d'une fenêtre qu'elle donne sur le vide, ou sur les arbres, ou sur la rivière. Dans ce livre, il y a deux écoles, donc, et des écoliers : les uns donnent sur les choses (celles du monde, visibles), les autres donnent sur les mots (ceux de la langue, lisibles). Entre les écoliers-photographes, ou cherchant à l'être, et les écoliers-écrivains, ou tendant à le devenir, c'est « donnant-donnant », un jeu de mains chaudes, un dansé-lutté, où l'on donne les uns sur et contre les autres, de conversions, de conversations, d'inversions risquées: des choses, celles du monde, devenant lisibles, aux mots, ceux de la langue, devenant visibles. Dix « crochages ». Dix mouvements lents, aigus, justes. Dix partitions aventureuses.
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Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie : Une histoire du cinéma éducateur dans l'entre-deux-guerres en France
Valérie Vignaux
- Afrhc
- 13 Décembre 2007
- 9782913758728
À partir des engagements et de la filmographie du cinéaste Jean Benoit-Lévy (1888-1959), l'ouvrage retrace les modalités d'une politique publique en faveur du cinéma éducateur, dans l'entre-deux-guerres en France. Au lendemain de la Grande Guerre, des politiques et des intellectuels, puisant leur modèle théorique chez les Encyclopédistes ou les Vulgarisateurs, affirment les vertus didactiques des images et militent sous couvert de la Société des Nations pour que soit généralisé l'emploi du cinéma dans l'enseignement, mais aussi dans l'éducation populaire à destination des adultes. Le cinéma, spectacle de masse, leur paraît le médium le plus approprié pour informer les populations des réformes instituées en leur faveur. Des commissions sont mises en place au sein des ministères : Instruction publique, Santé et Agriculture pour veiller à la réalisation de sujets aux contenus spécifiques et faciliter leur diffusion à travers le territoire national. Leur mise en oeuvre est principalement confiée à Jean Benoit-Lévy qui réalise près de 300 films, courts mais aussi longs métrages, documentaires ou fictions, à des fins d'éducation. L'étude de cet ensemble témoigne en images animées des mutations qui, à travers ses classes populaires, ébranlent la société française de l'entre-deux-guerres : évolution de la place des femmes, "rationalisation" de l'agriculture ou abandon progressif de la petite industrie. Une oeuvre singulière, réalisée à des fins de propagande, qui constitue un des premiers temps du cinéma documentaire en France. Replacée dans son contexte institutionnel, elle retrouve la place qui était la sienne dans cette période encore peu étudiée du cinéma français.
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Les Studios de la Victorine, 1919-1929
Anne-Elizabeth Dutheil De La Rochère, Jean A. Gili
- Afrhc
- 1 Janvier 1998
- 9782913758285
Les Studios de la Victorine à Nice constituent les seuls établissements de province qui aient laissé une trace profonde dans la mémoire cinéphilique. Mis à part Paris, les autres villes n'ont que très rarement accueilli des lieux de tournage continu: Nice, outre l'abondance des studios pendant les années du muet, a connu avec la Victorine une activité constante qui s'est poursuivie jusqu'à nos jours.
Les circonstances de la naissance des studios en 1919 et la description de leur développement au cours des années vingt avaient déjà fait l'objet d'études mais celles-ci étaient incomplètes. C'est le mérite de ce livre que de s'appuyer sur des sources solides, au premier rang desquelles les archives de Serge Sandberg qui, plus que Louis Nalpas, fut le véritable responsable de la naissance de la Victorine.
Ainsi, de La Sultane de l'amour de René Le Somptier à Baroud de Rex Ingram, entre 1919 et 1930, une page de l'histoire du cinéma s'écrit sur les hauteurs de Nice, une page assez romanesque, avec tous les ingrédients qui font les bons scénarios, un projet grandiose, le choc avec une dure réalité, la fin d'un rêve et l'avènement d'une gestion qui a renoncé aux grandes ambitions. -
Le Muet a la parole : Cinéma et performances à l'aube du 20e siècle
Giusy Pisano, Valérie Pozner
- Afrhc
- 1 Novembre 2005
- 9782913758780
Les textes réunis dans l'ouvrage concernent plusieurs histoires : celle des spectacles mixtes associant un élément enregistré et un élément performé en direct ; celle de la musique au cinéma, plus particulièrement sous la forme de la chanson ; celle de la technique des premiers procédés de synchronisme ; celle des modes de présentation et d'explication des images, via un support écrit ou un accompagnement oral. Le livre replace le cinéma dans l'univers des spectacles et propose une (re)découverte de ces formes, pour la plupart oubliées, parfois restées sans postérité directe, mais dont on peut voir la résurgence de nos jours dans certaines pratiques artistiques expérimentales. Le dévédé accompagnant la publication comporte plusieurs éléments de films rarissimes, parmi lesquels : films d'Auguste Baron prévus pour une présentation sonorisée (1896) ; Cyrano de Bergerac (Exposition universelle de 1900) avec plusieurs hypothèses de sonorisation ; cinq phono-scènes Gaumont avec son synchronisé (1905-1913) ; et des chansons de bonimenteurs québécois.
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Les recherches sur le cinéma français ont très souvent croisé la question des genres, mais elles ne l'ont abordée de front que très rarement. L'ouvrage a donc pour ambition de combler une lacune et d'ouvrir la voie à un renouvellement de l'approche du cinéma français. Alors que la tradition critique nationale dominante valorise à l'excès l'auteur et le cinéma d'art, l'expression personnelle d'un cinéaste-artiste, il est fondamental, pour déplacer les chemins excessivement balisés de l'histoire du cinéma, de sortir des limites étroites des films panthéons et de l'oeuvre des grands auteurs, et de redécouvrir le "continent oublié" du cinéma de genre. Les vingt-cinq contributions rassemblées ici éclairent différentes périodes historiques et procèdent d'approches méthodologiques variées (histoire, analyse sociologique ou culturelle, gender studies, esthétique). Toutes cependant soumettent le cinéma français à une analyse générique et mettent la notion de genre à l'épreuve du cinéma français. Le livre referme donc un ensemble d'études, qui, des séries primitives Pathé et Gaumont au très actuel "jeune cinéma français", en passant par les films en costumes d'hier et d'aujourd'hui, explorent le cinéma français par le prisme du genre et interrogent la réticence critique à appréhender la production nationale en termes génériques.
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Une Nouvelle source de l'histoire (création d'un dépôt de cinématographie historique) : La photographie animée, ce qu'elle est, ce qu'elle doit être
Boleslas Matuszewski, Roland Cosandey, Magdalena Mazaraki
- Afrhc
- 2 Octobre 2006
- 9782913758742
Double titre pour l'ouvrage qui est la réédition de deux textes de Boleslas Matuszewski, publiés en français à Paris en 1898, Une nouvelle source de l'histoire et La photographie animée. L'auteur y propose de créer des archives cinématographiques et expose en détails leur mode de fonctionnement alors que le cinéma, à la même époque, ne connaît qu'une fortune commerciale et distractive. Les textes dévoilent une approche originale du cinématographe avec la volonté de faire de cet appareil le plus efficace et le plus démocratique des moyens de transmission du savoir. Les deux opuscules peu connus sont cependant fondamentaux de l'histoire du cinéma et constituent un document exceptionnel sur la réception des "images animées" au cours des toutes premières années de leur diffusion. Les études critiques (de Luce Lebart, Magdalena Mazaraki, Béatrice de Pastre) qui accompagnent la réédition retracent la généalogie des archives photographiques et cinématographiques considérées alors comme sources visuelles irréfutables pour l'historien. Elles permettent d'éclairer les points d'ombres de la vie de Matuszewski, de mieux cerner ses origines et ses différents champs d'activités, d'accorder enfin une historicité concrète à une figure qui s'inscrit dans l'histoire du cinéma comme premier théoricien du médium cinématographique
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Journal (1889-1937) - Coffret de 2 volumes : Regards sur l'art et les artistes contemporains
Comte Harry Kessler, Sophie Goetzmann, Jean Torrent, Roland Recht, Julia Drost, Ursel Berger, Peter Geimer, Dominique Lobstein, Philippe Thiébaut, Antoinette Le normand-romain, Alexandre Kostka, Thomas-W. Gaehtgens
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 20 Avril 2017
- 9782735123421
Le comte Harry Kessler (1868-1937) est une figure essentielle de la vie des arts en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Sa triple éducation allemande, anglaise et française le voue dès l'origine à une mobilité qui devient bientôt le maître-mot de son existence de collectionneur et de mécène, de critique, de directeur de musée. Resté longtemps inédit, le Journal qu'il a tenu pendant près de soixante ans en est le dépôt et le témoin assidu. Les quelque dix mille pages manuscrites de ses carnets livrent un document exceptionnel, le miroir alerte et sensible où Kessler capte sur le vif les mouvements qui ont agité les idées, la société, la politique et les arts à Paris, Berlin, Londres ou Bruxelles entre 1890 et la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Les deux volumes de la présente édition s'attachent en particulier aux considérations et aux propos sur l'art et les artistes de son temps. Lecteur de Nietzsche, Kessler a toujours vu dans l'art « le grand stimulant de la vie », il veut en faire le ferment et le levier, sinon d'une révolution, du moins d'une réforme et d'un progrès des esprits. À cette fin, il s'engage avec passion dans les débats esthétiques d'une époque aussi inquiète que féconde, il visite les ateliers, fréquente les artistes, les soutient et les impose contre le carcan des académismes, le conservatisme de la politique impériale et les idéologies délétères de la République de Weimar. Dans ce combat, l'art et les artistes français tiennent la vedette. Kessler en est l'infatigable champion, le passeur diligent et avisé, au moment où s'invente en Allemagne, avec Hugo von Tschudi à Berlin ou Alfred Lichtwark à Hambourg, l'idée même du musée moderne. -
C'est la singularité d'auteur excédant et déjouant en partie le système auteuriste qui nous a retenus dans l'examen des films de David Lynch. Aussi jouons-nous sa série Twin Peaks contre le film qui en est dérivé (sur le mode du pre-sequel), celle-là constituant un exemple réussi de l'intégration d'une logique auteuriste à la culture de masse, selon nous (cf. article de François Bovier et André Chaperon). Par ailleurs, la constitution de la figure de l'Auteur dans la presse spécialisée française est analysée dans une intervention de nature historiographique (cf. article de Raphaël Pasche). En consacrant plusieurs articles à des films-culte, il s'agit pour nous de prendre acte de cette double logique auteuriste et cultuelle qui détermine autant le discours de Lynch lui-même que celui de la critique qui en rend compte. Wild at Heart est interrogé dans son rapport à la culture de masse, notamment à travers une analyse des représentations ethniques qui s'appuie sur un examen minutieux des musiques utilisées par Lynch et sur une discussion de leurs implications esthétiques et idéologiques (cf. article de Laurent Guido). Le cas plus précis de l'intégration de chansons préexistantes, données comme préenregistrées dans Muholland Drive et variées dans leurs modes d'interaction avec la diégèse dans Blue Velvet, est également examiné (cf. article de Julia Canonica et Maria Da Silva).
Lost Highway et Mulholland Drive sont analysés dans leur mise en oeuvre d'une logique des possibles narratifs qui tend à délinéariser le récit filmique en vue de constituer un film palimpseste dont il revient alors au spectateur d'établir les significations, dans un mouvement d'émancipation par rapport au balisage opéré par le cinéaste (cf. article d'Alain Boillat). Enfin, Dick Tomasovic aborde les phénomènes d'immersion du spectateur dans l'univers de Lynch dont «l'inquiétante étrangeté» doit beaucoup au régime sensoriel particulier induit par certaines caractéristiques sonores.
Notre rubrique «cinéma suisse» débute par deux entretiens, dont l'un nous permet de revenir sur un film largement sous-estimé par l'ensemble de la critique suisse (Absolut de Wyder), tandis que l'autre donne la parole à Christophe Marzal peu avant la sortie de son film Au large de Bad Ragaz. Contrairement à ce film, Achtung, fertig, Charlie! a connu un succès public exceptionnel: les stratégies de production et de promotion dont il procède permettent de discuter le statut d'un film suisse réalisé selon un mode hollywoodien (cf. article d'Anne-Katrin Weber).
La question toujours largement débattue aujourd'hui de l'adaptation de sources littéraires à l'écran est analysée dans les termes juridiques du droit d'auteur (cf. article de Luc Amgwerd).
La trace filmique d'une installation réalisée par l'artiste lausannoise Elodie Pong invite à examiner comment le dispositif de la télésurveillance est pris en compte dans l'art contemporain (cf. article de Mireille Berton).
Notre rubrique se clôt sur un aspect historique à travers une étude qui retrace les activités menées en Suisse par le célèbre cinéaste d'avant-garde Hans Richter et les implications de la pratique du film de commande (cf. article de Pierre-Emmanuel Jaques). -
Le nouveau numéro de 1895 revue d'histoire du cinéma s'ouvre sur un Point de vue de Maria Tortajada sur les rapports de Bergson et du cinéma. Avec « Technique/discours. Quand Bergson inventa son cinéma », il s'agit d'envisager le dispositif imaginé par le philosophe du mouvement comme un cinématographe imaginaire. Dans la partie Etudes, Jean-Claude Seguin défriche un chapitre inédit de l'histoire du cinéma des premiers temps: « Les origines du cinématographe en Martinique entre 1897 et 1906 ». Camille Beaujeault s'attache à un film oublié de Gérard Philipe, interprète et réalisateur, les Aventures de Till l'Espiègle. Ce film populaire, comparable à Fanfan La Tulipe, victime de la « guerre froide » témoigne de son temps. Enfin Philippe Roger introduit à la correspondance entre André Bazin et le prêtre et philosophe Amédée Ayfre. Correspondance dont toutes les lettres signées Bazin sont publiées dans la partie Archives de la revue avec un dossier concernant la cinéphilie spiritualiste. Par ailleurs on propose l'édition critique d'un texte de Guido Aristarco, critique italien marxiste, consacré à Senso sur la question du réalisme. La partie Actualités comporte les habituelles rubriques consacrées aux livres, revues, colloques et festivals.