«Mon but n'est pas de sauver la forêt, venger les animaux ou continuer avec ce travail tant que le cours du bitcoin ne sera pas remonté. J'ai compris qu'en réalité ce qui me motive est mon désir de casser les projets des truands, de ces alphas ayant perdu toute raison parce qu'ils se croient tout permis, parce qu'ils croient dur comme fer en leur impunité. Pourrir la vie à ceux qui, autour d'eux, ne voient pas la forêt, mais une simple ressource; pas des animaux, mais des cibles; pas des amis, mais des larbins.»Markiyan Kamysh, qui se bat aujourd'hui pour libérer son pays, nous livre avec Le Maître une odyssée ukrainienne:celle de Vadim, jeune hipster paumé, engagé presque malgré lui au coeur des forêts de Polésie, menacées de destruction par les mafieux. Ce roman de combat poétique et prophétique résonne comme un appel humaniste à la résistance et à la lutte contre la violence et la cupidité.
«Je vis dans une ville qui subit l'amour de plus de trente millions de personnes par an. Aucune raison de se plaindre, me direz-vous; il y a pire comme destin:être atteint de leucémie, de toxicomanie, ou encore survivre dans les déserts glacés des zones polaires où seules certaines variétés de lichens osent pousser. Et pourtant, aujourd'hui pour ses habitants, vivre à Venise signifie surtout observer sa ville en train de mourir.»Mariée à un Vénitien depuis de longues années, c'est seulement lorsqu'elle a su piloter sa topetta sur la lagune que Petra Reski s'est sentie pleinement vénitienne. Dans ce livre dédié à «sa» ville, elle partage ses souvenirs intimes entre le cinéma San Marco, le théâtre Ridotto et d'autres lieux mythiques et nous fait partager la parenthèse enchantée du confinement qui a rendu les canaux à ses habitants...Cette déclaration d'amour vivante et attachante est avant tout une contre-carte postale. Écrit sans complaisance, ce récit témoigne de la nécessité d'un engagement politique et citoyen pour sauver Venise de la corruption institutionnalisée, du tourisme destructeur et de l'urgence écologique qui la menacent.
«Nous autres, enfants de l'Europe des riches, qui a produit Auschwitz, nous qui passons pour des êtres civilisés, vivant dans une paix apparente depuis plus de soixante-dix ans, nous pensions être sortis de tout cela. Et aujourd'hui que le monde en est réduit au sauve-qui-peut, aujourd'hui que la grande fuite a commencé, nous sommes encore tout imprégnés du sentiment déraisonnable d'être étrangers aux désastres qui nous environnent.»Face à tant de violence destructrice, d'où pourrait bien venir un élan de reconstruction de l'Europe? Qu'y a-t-il encore d'authentique dans un Occident submergé par le matérialisme? Pourrons-nous nous rétablir sans avoir besoin d'autres guerres et catastrophes?À l'urgence de ces questions, Paolo Rumiz cherche une réponse dans les lieux et parmi les personnes qui continuent de tenir le fil des valeurs essentielles. Ce sont les disciples de Benoît de Nursie, le saint patron de l'Europe. Rumiz les a cherchés dans leurs abbayes, de l'Atlantique aux rives du Danube, des lieux plus forts que les invasions et les guerres. À l'heure où les semeurs d'ivraie tentent de déchirer l'utopie de leurs pères, les hommes qui y vivent selon une «règle» plus que jamais valable aujourd'hui nous disent que l'Europe est, avant tout, un espace millénaire de migrations.
Bram Johnson est une créature hors du commun. Un géant solitaire, métis esquimau à la tignasse rousse et au rire fou. À la fois une légende vivante et... un criminel. Capable de disparaître comme par magie, il parcourt les étendues glacées du Grand Nord canadien avec sa meute de loups assoiffés de sang, loin du monde des hommes. Pour les Indiens superstitieux du Barren, il s'agit d'un homme-loup !
Lancé à sa poursuite, Philip Raine, un patrouilleur de la Police montée, va connaître l'aventure la plus extraordinaire de son existence. Celle-ci commence par la découverte d'un mystérieux piège, fabriqué avec les cheveux d'une femme. Une tresse blonde comme personne n'en a jamais vu dans le pays. À qui appartient cette coiffure soyeuse aux reflets dorés? Et pourquoi le géant fou l'a-t-il en sa possession ?
En racontant l'histoire de Bram Johnson, James Oliver Curwood n'a pas seulement écrit un inoubliable roman d'aventure. Le Piège d'or est également un roman d'amour, mais aussi le premier « thriller psychologique » du Grand Nord.
1916. Au crépuscule d'un été ardent, Walter Eldridge, dit « Red » à cause de sa tignasse rouge comme un feu de brousse, vagabond issu d'une famille du Mississippi jadis fortunée, ruinée au lendemain de la guerre civile américaine, parvient à se faire engager par le Sparks World Famous Shows Circus. C'est à lui qu'est confiée la tâche de s'occuper des éléphants.
Mary, la vedette de la troupe, une splendide femelle, exerce un puissant ascendant sur ses congénères. Bien décidé à ne pas se laisser dicter sa loi par une bête, Red lui mène la vie dure. En plein spectacle, alors qu'il la roue une nouvelle fois de coups, Mary, excédée, se retourne contre lui et le tue en lui écrasant la tête. Aux cris de « à mort l'éléphant tueur ! » proférés par la foule en délire, le directeur doit se résigner à perdre son étoile.
Condamnée par la vindicte populaire, Mary sera pendue le lendemain, accrochée au câble d'une gigantesque grue.
Alfred Eibel nous entraîne dans les années 1950 au coeur de la capitale autrichienne:exsangue, déchirée, sous l'emprise de ses quatre occupants, Vienne n'aspire plus qu'à renouer avec son passé féerique. Le théâtre, le cinéma et l'opéra deviennent les planches de salut des Viennois, habités par la volonté d'oublier le nazisme. Les vedettes flamboyantes de l'avant-guerre font leur réapparition, qu'elles aient été compromises par le IIIe Reich ou contraintes à l'exil.C'est tout à la fois l'atmosphère du Troisième Homme, le roman de Graham Greene adapté au cinéma par Carol Reed, des cafés feutrés et des salons de thé, où l'on dégustait des Sachertorten en écoutant les opérettes de Franz Lehar et Le Chevalier à la rose de Richard Strauss, que nous restituent ces souvenirs. Hâtifs et vifs, magnifiés par le temps ou embaumés dans un rêve qui vire parfois au cauchemar, ils témoignent de la lente résurgence du merveilleux dans un monde peuplé de ruines:la Vienne magique et étincelante a-t-elle survécu au désastre? Telle est la question que se pose Alfred Eibel avec pertinence et nostalgie.